| PARSEMER, verbe trans. A. − Couvrir par endroits une surface, en y répandant çà et là quelque chose, le plus souvent pour orner, embellir. Parsemer une robe de fleurs. Ces «ombres de soleil» dont l'art héraldique parsème quelquefois le champ de ses blasons (Gautier,Fracasse,1863, p.55).Buccaferrata, après avoir (...) esquissé nous ne savons quelle grossière copie du Christ au Tombeau de Titien, pour achever de défigurer ce chef d'oeuvre, parsemait le ciel incommensurable de légions d'anges bouffis noyés parmi les nuages (Fabre,Rom. peintre,1878, p.125): 1. Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poëtes
L'image d'un ballet de fleurs
Baudel.,Fl. du Mal,1857, p.159. − P. anal. Parsemer un livre de notes, de ratures. Turquoise (...) écrivit les lignes suivantes, qu'elle eut soin de parsemer de nombreuses fautes d'orthographe (Ponson du Terr.,Rocambole,t.2, 1859, p.379). − Au fig. Agrémenter, émailler. Parsemer une conversation, un discours de déclamations, de plaisanteries. Chaque délégué ajoutait à ce topo général (...) son petit grain de sel particulier. Les uns (...) parsemaient leur laïus de deux ou trois railleries à l'encontre des Allemands (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.153): 2. Tout mortel qui s'avise de bâtir se donne un maître s'il traite avec un entrepreneur; cinquante maîtres s'il emploie directement des ouvriers. Aucune des servitudes dont l'existence est parsemée n'est plus lourde, plus incessante, plus remplie de périls.
Reybaud,J. Paturot,1842, p.245. − Empl. pronom., littér. Se répandre. Je sais aussi me parsemer et me sentir en toutes choses. Cet hiver je suis resté de longs moments à ma fenêtre à soutenir la force du vent, qui venait de la mer et coulait inflexiblement pendant des jours entiers (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.38). B. − [Le suj. désigne qqc.] Être répandu, éparpillé sur quelque chose. Des fleurs parsèment les champs; des trous d'obus parsèment la campagne. Un sable noir, mêlé à de la poudre de corail, parsemait les sentiers (Flaub.,Salammbô,1863, p.4). − Parsemé de qqc.Canal parsemé de feuilles mortes; campagne parsemée de bocages, d'étangs, de marécages; ciel parsemé d'étoiles; gazon parsemé de fleurs; plage parsemée de coquillages; visage parsemé de taches de son. En cet endroit, la rivière, large comme un lac, est parsemée d'îles vertes (Balzac,Grenadière,1832, p.225).Elle leur parut (...) enveloppée d'un manteau de velours d'azur tout parsemé de perles du plus grand prix (Montalembert,Ste Élisabeth,1836, p.89).Ô toi que j'ai nommé ici, ô mon pays Tout parsemé de blé, de vigne et de maïs! (Jammes,Géorgiques,Chant 5, 1912, p.17): 3. C'est une plaine entre deux chaînes de montagnes, traversée par le Nil, parsemée d'obélisques, de colonnades, de frontispices, de colosses.
Flaub.,Corresp.,1850, p.192. Prononc. et Orth.: [paʀsəme], (il) parsème [-εm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 2emoitié du xves. parsemé de (Chronique de la Pucelle, éd. Vallet de Viriville, 1859, p.277, cf. Gdf. Compl.); 1576 trans. «couvrir (une surface) par endroits de quelque chose» (R. Belleau, Pierres précieuses, Dédicace [II, 156] ds Hug.); 2. av. 1788 [en parlant de choses] «être répandu çà et là sur quelque chose» (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, t.13, p.60 ds Littré). Comp. de par1* et de semer*. Fréq. abs. littér.: 258. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 476, b) 182; xxes.: a) 310, b) 342. Bbg. Bogacki (K.). Les Prédicats locatifs statiques en fr.: ét. de sém. et de synt. Warszawa, 1977, p.66. _ Duch. Beauté 1960, p.95. |