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PAROXYSME, subst. masc.
A. − MÉD. Phase d'une maladie, d'un état morbide pendant laquelle tous les symptômes se manifestent avec le maximum d'acuité. Accès qui atteint son paroxysme. Le jour où l'accès de Chanteau fut à son paroxysme, la maison entière trembla de ses cris (Zola, Joie de vivre, 1884, p.943).Beethoven est au paroxysme d'une longue crise d'otite, entérite, douleurs aiguës, dysenterie, affaiblissement général, désespoir (Rolland, Beethoven, t.2, 1937, p.565):
1. ... la crise épileptique, malgré son aspect paroxystique, n'est que la libération incohérente de la motricité primaire consécutive à un effondrement massif de l'énergie psychique. Le même phénomène explique que la seconde partie de la nuit soit le moment des paroxysmes de toutes sortes: crises épileptiques, spasmes génitaux, naissances, céphalées, celui aussi où l'on meurt plus qu'à tout autre. Mounier, Traité caract., 1946, p.177.
B. − P. ext.
1. [En parlant d'une sensation, d'un état affectif] Degré extrême. Rien n'est plus près d'un énergumène, en effet, qu'un homme au paroxysme du désir (Green, Journal, 1940, p.24).Les griefs accumulés depuis le début de la bataille de France et venus au paroxysme avec l'armistice conclu par Vichy (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.77):
2. Comment la raison résiste-t-elle? Et par quel mystérieux cheminement finit-on par dépasser ce paroxysme de détresse et de révolte, pour parvenir à cette espèce d'acceptation? Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.912.
SYNT. Atteindre à son paroxysme; porter, pousser (une émotion, un sentiment) à son paroxysme; au paroxysme de la colère, de la douleur, de la passion, du plaisir.
2. Moment le plus intense dans le déroulement de quelque chose. La scène de la nuit fut un paroxysme. Paul traita sa soeur et Agathe de grues infectes et Gérard d'entremetteur (Cocteau, Enfants, 1929, p.118).Fermant la fenêtre comme à regret sur la jaune illumination de l'orage alors à son paroxysme (Gracq, Argol, 1938, p.176):
3. Concevons-nous que le Parthénon et les Propylées, (...) les Dialogues de Platon (...) aient été l'oeuvre d'une époque fort ressemblante à 1793, d'un état politique qui entraînait, proportion gardée, plus de morts violentes que notre première révolution à son paroxysme? Renan, Avenir sc., 1890, p.420.
3. Dépassement de la mesure moyenne, des limites ordinaires. Pour nous, les paroxysmes de température ou de sécheresse, les brusques vagues de chaud et de froid sont une source continuelle d'épreuves (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.106):
4. On s'habitue au paroxysme. C'est une espèce de vice (...). Et tu juges du degré de détérioration que l'on atteint par ceci qu'un homme comme moi a pu (...) trouver que le ravin d'Haudromont, en pleine bataille de Verdun, ce n'était pas tout à fait du paroxysme. Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.208.
C. − GÉOL. Paroxysme (tectonique). ,,Période d'activité maximale dans la formation d'un édifice tectonique`` (Fouc.-Raoult Géol. 1980). La chaîne alpine a été datée du tertiaire (paroxysme post Miocène) avec assez de précision (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p.138).
REM.
Paroxyser (se), verbe pronom.,péj. [En parlant d'une chose] Atteindre un degré extrême, voisin de l'excès. Vous savez comme sont les sentiments en moi; ils se paroxisent aussitôt (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p.96).Au part. passé en emploi adj. [En parlant d'une pers.] Qui manifeste dans son caractère, sa conduite, une tendance aux excès. J'entends par mesure le sens des proportions (...). D'Annunzio ignore cet art. Il est tout le temps au bout de lui-même, tendu, forcé, paroxysé, et par moments il en est ridicule, car on craint une apoplexie (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.85).
Prononc. et Orth.: [paʀ ɔksism̭]. Ac. 1762, 1798: paroxisme, dep. 1835: -ysme. Étymol. et Hist.1. 1314 méd. peroxime (Henri de Mondeville, Chirurgie, § 914, éd. A. Bos, t.1, p.220); ca 1370 paroxime (Gui de Chauliac, Chirurgie ds Sigurs, p.68); fin du xives. [ms.] parocisme (Evrart de Conty, Problèmes d'Aristote, ms. B.N. fr. 210, fo59 vods Gdf. Compl.); 1552 paroxysme (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p.187); 2. 1818 fig. le paroxysme d'une passion (Nodier, J. Sbogar, p.187); 3. 1886 [éd.] paroxysme volcanique (Lapparent, Abr. géol., p.79). Empr. au gr. méd. π α ρ ο ξ υ σ μ ο ́ ς «id.», dér. de π α ρ ο ξ υ ́ ν ω «aiguiser contre, exciter, exacerber» (de π α ρ α ́ et ο ̓ ξ υ ́ ν ω «aiguiser, exciter», lui-même dér. de ο ̓ ξ υ ́ ς «aigu»). Fréq. abs. littér.: 275. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 318, b) 301; xxes. a) 339, b) 531.
DÉR.
Paroxysmique, adj.[En parlant d'une chose] Qui tient du paroxysme (v. supra B 3). Il ne s'agirait que d'un tout petit nombre d'armes et non pas, comme dans le concept atomique tactique de l'Otan de ces dernières années, d'un emploi paroxysmique d'armes de faible portée (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p.127). [paʀ ɔksismik]. 1resattest. 1611 paroximique (Cotgr.), 1832 paroxysmique (Raymond, s.v. paroxismique); de paroxysme, suff. -ique*.