| PARODIE, subst. fém. A. − Vieilli. Texte composé pour être chanté sur une musique connue. (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Texte, ouvrage qui, à des fins satiriques ou comiques, imite en la tournant en ridicule, une partie ou la totalité d'une oeuvre sérieuse connue. Voici les premiers vers de la Ballade des célébrités du temps jadis, parodie de la Ballade de Villon (Lemaitre, Contemp., 1885, p.15).Que l'exécutant (...) accélère sur les notes de la 4emesure [de cette pastorale] (...) et cet air si charmant (...) devient une parodie (Mathis-Lussy, Rythme mus., 1911, p.75).C'était d'abord des parodies littéraires comme: Elle a vécu, Myrto, la jeune tarentule. Son beau corps a roulé, sous la vague, virgule... (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.61). − SPECTACLES. [Au cabaret en particulier] Contrefaçon burlesque d'une pièce de théâtre connue. La parodie, proprement dite, ne peut guère avoir lieu sur le théâtre des Allemands; leurs tragédies, offrant presque toujours le mélange des personnages héroïques et des personnages subalternes, prêtent beaucoup moins à ce genre (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p.194).Derrière les acteurs (...) se projetaient de grandes ombres bizarres qui semblaient jouer la pièce en parodie, et contrefaire tous leurs mouvements avec des allures disloquées et fantasques (Gautier, Fracasse, 1863, p.179): 1. C'est que la parodie nous délivre d'admirer les autres, au lieu que la comédie nous délivre de nous admirer nous-mêmes; et ajoutez que la parodie ne distingue point et livre au ridicule tout un homme, alors que la comédie sauve celui qui rit par le rire; ainsi la comédie ne va point contre le respect, mais la parodie y va toujours...
Alain, Beaux-arts, 1920, p.168. 2. P. anal. Imitation grossière qui ne restitue que certaines apparences. Synon. caricature.Monstrueux marmot à cheveux gris dont chaque pas hésitant était comme une parodie sacrilège de l'enfance (Bernanos, Imposture, 1927, p.432).Une morne bonne humeur une parodie de gaîté sonnait dans cette misère (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p.308): 2. Djali, comment fait maître Guichard Grand-Remy, capitaine des pistoliers de la ville, à la procession de la chandeleur? Djali se dressa sur ses pattes de derrière et se mit à bêler, en marchant avec une si gentille gravité que le cercle entier des spectateurs éclata de rire à cette parodie de la dévotion intéressée du capitaine des pistoliers.
Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.77. ♦ Parodie de justice, de jugement. Justice, jugement sommaire. Une parodie de jugement, escamoté (...) une plaidoirie ahurissante, qui n'était qu'une espèce de confirmation du réquisitoire (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.253). Prononc. et Orth.: [paʀ
ɔdi]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1615 «imitation burlesque d'une oeuvre sérieuse» (Nesmond, Remonstrance faicte..., l'An 1615 ds Remonstrances, ouvertures de palais et arretz, éd. 1617, p.476); b) 1827 «contrefaçon, imitation grotesque» (Hugo, Préf. Cromwell, p.11); 2. 1751 [éd.] «couplet, strophe composés pour être chantés sur un air connu» (Voltaire, Siècle de Louis XIV, Berlin, t. 2, ch. 26, p.100). Empr. au gr.
π
α
ρ
ω
δ
ι
́
α «imitation bouffonne d'un morceau poétique» (dér. de π
α
ρ
ω
δ
ο
́
ς «auteur de parodies», de π
α
ρ
α
́ «à côté de» et de ω
̓
δ
η
́ «chant», v. ode), plutôt qu'empr. au lat. parodia (hapax de glossateur, semble-t-il, v.Gaff.). Fréq. abs. littér.: 198. Bbg.Hempel (W.). Parodie... Germ.-rom. Mon. 1965, t. 15, pp.150-158. |