| PARLANT, -ANTE, part. prés. et adj. I. − Part. prés. de parler1*. II. − Adjectif A. − 1. Qui parle, qui possède la faculté de parler. Je m'approche en même temps que la directrice: une mare s'est étalée sous la fillette et celle-ci, terrifiée, mal parlante, se défend: −J'avais... j'avais pas envie (Frapié, Maternelle, 1904, p.52).Il faut une masse parlante pour qu'il y ait une langue. À aucun moment, et contrairement à l'apparence, celle-ci n'existe en dehors du fait social, parce qu'elle est un phénomène sémiologique (Sauss.1916, p.112).Une image poétique, rien ne la prépare (...). Nous en arrivons donc toujours à la même conclusion: la nouveauté essentielle de l'image poétique pose le problème de la créativité de l'être parlant. Par cette créativité, la conscience imaginante se trouve être, très simplement mais très purement, une origine (Bachelard, Poét. espace, 1957, p.8). ♦ Empl. subst. masc., rare. Celui qui parle. Le reproche (...) que l'on fait aux fleurs de rhétorique dépeint le parlé, non le parlant, le lecteur, non l'auteur de clichés (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p.116). − LING. Sujet* parlant. − En partic. Qui reproduit, après enregistrement, la parole humaine. Horloge parlante (v. horloge A 1 en partic.). Il n'y a pas très longtemps qu'un homme cultivé, qu'une maîtresse de maison de bonne compagnie avouent qu'ils possèdent une machine parlante dans leur salon, car jusqu'à présent, cette prosaïque distraction impliquait un fâcheux encanaillement du goût et semblait réservée, par définition, à des ouvriers ou à d'humbles gagne-petit sans culture (Arts et litt., 1935, p.88-7).On a d'abord enregistré des instruments à vent, dont les sons étaient mieux reproduits que ceux des instruments à cordes; puis les voix, pour la même raison. Ce fut la grande période du «bel canto» (...) on peut dire que c'est le «bel canto» qui a lancé la machine parlante (Disque Fr., 1963, p.14).V. exutoire ex. 4. ♦ [P. oppos. à muet] . Film parlant, cinéma parlant; p.ell. du déterminé, le parlant. Procédé cinématographique, film où l'image est accompagnée de la reproduction synchronisée des sons et des paroles. Les films parlants n'étaient pas une nouveauté. Le cinéma avait déjà balbutié quelques mots dans les laboratoires Édison, en 1899 (...). Pathé avait organisé des présentations de films chantants avant 1900, tandis que Baron et Lauste proposaient d'ingénieux systèmes de synchronisation (Sadoul, Cin., 1949, p.219).En 1935, la généralisation du parlant fit considérer les négatifs muets comme dépourvus de toute valeur (L'Hist. et ses méth., 1961, p.1171). ♦ Banderole parlante. Phylactère des imagiers chrétiens du Moyen Âge et de la Renaissance. Aussi l'avons-nous vu [Grandville] souvent user du vieux procédé qui consiste à attacher aux bouches de ces personnages des banderoles parlantes (Baudelaire dsLar. Lang. fr.). 2. Fam. Qui aime parler, qui parle facilement, volontiers. Synon. causant.La bonne créature, redevenue confiante et parlante comme autrefois, rappelait en souriant mes espiègleries; disait combien je la faisais endêver soit en cachant ses balais, soit en mettant des poids très lourds dans son panier quand elle s'apprêtait pour aller au marché (A. France, Pt Pierre, 1918, p.243). − P. ext. Qui s'exprime volontiers au moyen du langage, qui fait grand usage du langage écrit ou parlé: . Vous le savez, mais vous ne l'avez peut-être pas assez médité, à quel point l'ère moderne est parlante [it. ds le texte]. Nos villes sont couvertes de gigantesques écritures. La nuit même est peuplée de mots de feu. Dès le matin, des feuilles imprimées innombrables sont aux mains des passants, des voyageurs dans les trains, et des paresseux dans leurs lits. Il suffit de tourner un bouton dans sa chambre pour entendre les voix du monde, et parfois la voix de nos maîtres.
Valéry, Variété III, 1936, p.282. B. − 1. Très expressif. Regards, gestes parlants; physionomie parlante; mains parlantes (v. main 1resection I B 1 b , ex. de Sazonova). Il n'avait rien perçu des paroles que prononçaient les hommes (...). Mais le cercle de leurs visages, sous la lampe, était assez parlant, et trop; c'était pire que des phrases de menace, pire que des injures de colère (Genevoix, Raboliot, 1925, p.219). − En partic. Très ressemblant, donnant l'illusion du réel. Peinture parlante, portrait parlant. Ce Massacre des Innocents [de Ghirlandajo] qui passe pour son chef-d'oeuvre (...). On dit (...) que les têtes sont parlantes et pleines de ces vérités de nature qui, plus tard, firent la réputation de Van Dyck (Stendhal, Hist. peint. Ital., t.1, 1817, p.154).Ces peintures et ces sculptures lui racontaient à lui-même sa vie en allégories passionnées, non froides comme sont souvent les allégories, mais vivantes, parlantes, réelles autant et plus que ne fut la réalité (Michelet, Journal, 1857, p.363). − HÉRALD. Armes parlantes. Armoiries dont les pièces représentent un ou des objets dont le nom suggère ou rappelle le nom des propriétaires. Les anciens appartements de M. Lemeunier de Fontevrault, où des moulins, armes parlantes, étaient brodés au satin des courtines et sur toutes les tentures (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.43).François de La Gorgette, prêtre à Vézelay, se vit gratifié d'un écu à un buste de jeune femme, la gorge découverte. Une famille Néant à Nogent-sur-Marne reçut pour marque un squelette. Ce sont là autant d'armes parlantes, celles qui, par quelque élément de leur décoration, rappellent le nom de celui qui les porte (L'Hist. et ses méth., 1961, p.749). 2. Au fig. Dont la signification n'est pas douteuse; convaincant. Indices parlants; preuves parlantes. Cet Henry! Le commencement de son manifeste, avec la hautaine et féroce revendication des tués et des blessés par ses bombes, c'est bien parlant aux imaginations anarchistes (Goncourt, Journal, 1894, p.562).Pour qui veut s'en donner la peine, il est facile de suivre dans les grandes oeuvres de Beethoven, surtout dans celles de la fin, le double travail, simultané, du subconscient et de la volonté. Elles sont «parlantes» (Rolland, Beethoven, t.1, 1937, p.25). REM. Parlatif, -ive, adj.,vieilli, synon. (supra II A 2).Les conversations avec les ouvriers, −surtout les écoutant; (ils doivent me trouver peu «parlatif», comme ils disent) (Larbaud, Journal, 1934, p.329). Prononc. et Orth.: [paʀlɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1718. Fréq. abs. littér.: 4524. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7081, b) 7446; xxes.: a) 6424, b) 5343. Bbg. Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t.32, p.121. |