| PARENT, -ENTE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Au sing. et au plur. Celui, celle qui appartient à la même famille qu'une autre personne; l'ensemble des membres de la famille. Synon. parenté (pop. et région.), parentèle (littér.).Lady Mylfort: Il va y avoir une place vacante à la Cour!... Et, si vous avez une soeur, une nièce... quelque parente qui cherche fortune, enfin (Dumas père, Intrigue et amour,1847, i, 5, p.285).V. ami ex. 7: 1. Le jardin d'Hermès Anubis était une petite nécropole depuis longtemps abandonnée, une sorte de terrain vague où les parents ne venaient plus porter les libations aux morts...
Louïs, Aphrodite,1896, p.208. ♦ Parent éloigné. Parent dont on est séparé par beaucoup de degrés. Anton. proche parent.Il était (...) le seul «proche». Les cousins, les parents éloignés, qui avaient assisté au service de Paris, n'avaient pas cru nécessaire de faire le voyage de Crouy, par ce froid (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1355).Son frère Ferdinand avait l'air d'un parent éloigné qu'on invite quand on est treize à table (Aymé,Jument,1933, p.158). ♦ Parent pauvre. Parent qui n'est pas fortuné et dont on ne fait pas beaucoup de cas. Quand il reçoit un parent pauvre, ce féroce démocrate, qui rêve de tout courber sous le même niveau, n'allume pourtant pas le lustre du salon et ne descend pas à la cave chercher un panier de vieilles bouteilles (Coppée,Bonne souffr.,1898, p.98).On avait espéré de l'oncle Gaspard qu'il laisserait aux enfants une part de sa fortune. À présent, les choses changeaient. Gaspard avait mangé le plus clair de son avoir (...). Il devenait le parent pauvre (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.204): 2. ... on se racontait dans les dîners de famille qu'on avait «vertueusement» employé son dimanche à aller voir le «cousin Charles» que, le croyant un peu envieux et parent pauvre, on appelait spirituellement, en jouant sur le titre du roman de Balzac: «Le cousin bête».
Proust,J. filles en fleurs,1918, p.518. P. métaph. La feuille, cette parente pauvre de la fleur (Renard,Journal,1906, p.1033).Traiter qqn en parent pauvre; considérer qqn/qqc. comme un parent pauvre. Ne pas lui laisser la place qui devrait lui revenir; ne pas faire grand cas de quelqu'un, de quelque chose. L'énergie hydraulique fait donc figure de parent pauvre dans la famille des sources d'énergie (Thaller,Houille blanche,1952, p.11).♦ Petit parent. Synon. parent à la mode de Bretagne.Par le hasard d'une alliance, le vicomte s'était trouvé petit parent de cette famille [Boccanera] (...) et c'était ainsi, à titre complaisant d'oncle, qu'il avait séjourné plusieurs fois au palais (Zola,Rome,1896, p.30). ♦ Proche parent. Parent dont on n'est séparé que par très peu de degrés. Ma soeur, le petit sur l'épaule, un bras autour de mon cou, pleurait à chaudes larmes. (...) −Ah! disait-elle, avant de t'avoir cru mort, je ne savais pas que nous étions si proches parents (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.211).Les parents proches comme mère et fils (Warcollier,Télépathie,1921, p.290). ♦ Proverbe. Un bon ami vaut mieux qu'un parent (Ac. 1798-1878). − En partic. Celui, celle qui est du même sang que quelqu'un, qui est lié par consanguinité à une autre personne; ascendant, descendant ou collatéral. C'était mon frère, monseigneur, mon frère Philippe, mon seul ami, mon seul parent! (Dumas père, Tour Nesle,1832, tabl. 3, 3, p.35).Karl fredonnait parfois: On n'peut pas êt' plus proch' parents Que frère et soeur assurément... (Sartre,Mots,1964, p.41). ♦ Fam. Nous sommes tous parents en Adam (Ac.1798-1935). ♦ Arg. Être parent du côté d'Adam. Être parent de quelqu'un à un degré trés éloigné. (Ds Hautel t.2 1808, Rey-Chantr. Expr. 1979). ♦ Proverbes. ,,Les rois et les juges n'ont point de parents`` (Ac. 1835, 1878). ,,Ils doivent sacrifier leurs affections personnelles à l'intérêt public`` (Ac. 1835, 1878). ,,Quand on est riche on a beaucoup de parens`` (Hautel t.2 1808). ,,Tout le monde se dispute l'honneur d'être de votre famille, ce qui n'arrive pas lorsqu'on est pauvre et ignoré`` (Hautel t.2 1808). − P. ext. Personne qui, par suite d'un mariage, le sien ou celui d'un proche parent consanguin, est entré dans une famille différente de sa famille par le sang. Synon. allié, apparenté, parent par alliance.Parent du côté de la mère, du père. B. − En partic., au masc. plur. 1. Ceux dont on descend en ligne directe. Synon. ancêtres, ascendants.Quand il [V. Hugo] cède plus obscurément à son imagination, et qu'il se choisit les ancêtres dont il eût aimé descendre (...) il se réclame des seigneurs du Rhin. Ce sont là ses parents d'élection (Barrès,Génie Rhin,1921, p.80).Il continuait par Velléda et les païens, «nos parents, monsieur, nos ancêtres», qui avaient rendu l'île célèbre et dont il fallait surpasser l'éclat (Queffélec,Recteur,1944, p.12). − Nos premiers parents. Adam et Ève. Dans mon enfance je me suis représenté souvent ce paradis terrestre, cet éden que toutes les nations ont dans leurs souvenirs, soit comme un beau rêve, soit comme une tradition d'un temps et d'un séjour plus parfaits; j'ai suivi Milton dans ses délicieuses descriptions de ce séjour enchanté de nos premiers parents (Lamart.,Voy. Orient, t.2, 1835, p.75): 3. «... C'est pour le genre humain qu'il a créé la terre et toutes les créatures qu'elle renferme, et il lui en a accordé un domaine subordonné au sien (...). Dieu fit cette donation au genre humain par ces paroles, qu'il adressa à nos premiers parents après la création: Croissez et multipliez, et remplissez la terre, etc.»
Proudhon,Propriété,1840, p.178. 2. Ceux qui ont donné la vie. Synon. de père et mère.Parents légitimes, illégitimes, naturels; bons parents; parents sévères, faibles, dénaturés. Nos parents, qui nous transmettent les avantages ou les vices de leur conformation, de qui nous tenons, et les traits distinctifs de la figure, et les dispositions à certaines affections physiques, ne peuvent-ils pas nous transmettre aussi cette partie de l'organisation physique, d'où dépendent l'intelligence, la force de tête, l'énergie de l'âme ou la sensibilité morale? (Condorcet,Esq. tabl. hist.,1794, p.238).Les préférences des parents pour leurs enfants jugent les époux. Dans la majorité des cas, le père ou la mère ont une prédilection pour l'enfant dans lequel ils se retrouvent eux-mêmes (Amiel,Journal,1866, p.245): 4. Un cas particulier est celui de la transformation des parents par leurs propres enfants. Il en est que la paternité rend sublimes, d'autres qu'elle rend bêtes. Les uns y sont pris par un mystère qui les entraîne après soi et les déloge de toute médiocrité, les autres n'y trouvent qu'occasion nulle part ailleurs offerte d'exercer une autorité sans justification ni discussion.
Mounier,Traité caract.,1946, p.163. − Beaux-parents*. − Parents adoptifs. Parents qui ont adopté un/des enfant(s). Oreste arrive d'Athènes où il a été élevé par des parents adoptifs (G. Marcel,Heure théâtr., 1959, p.187). − P. anal. Parents spirituels. Parrain et marraine d'un baptisé, de leur filleul. (Ds Littré, DG, Rob., Pt Rob., Lar. Lang. fr., Lexis 1975). − Grands-parents* ♦ Vieilli, fam. Parents les plus proches et plus particulièrement les plus dignes de respect et de considération. Voilà donc l'amour de père! se répétait Julien l'âme navrée, lorsque enfin il fut seul. Bientôt parut le geôlier. −Monsieur, après la visite des grands parents, j'apporte toujours à mes hôtes une bouteille de bon vin de Champagne (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.497). − Arrière grands-parents. V. arrière III A 2. C. − 1. SOCIOL., ETHNOL. V. clan1A 2 ex. 1. 2. Parent de plaisanterie. ,,Personne liée à une autre de famille ou d'ethnie différentes par la parenté à plaisanterie ce qui lui interdit toute dispute avec une personne et l'autorise à la plaisanter sans ménagements`` (Invent. Particul. Lex. Fr. Afr. n. 1983, p.357). Je lui ai pardonné parce que nous sommes des parents à plaisanterie (Clad,Lexique Wolof-Français,1976,no42, t.I, ds Invent. Particul. Lex. Fr. Afr. n. 1983, p.357). D. − BIOL., p.ext., au sing. et au plur. 1. Celui qui appartient à la même famille du règne animal ou végétal. Les animaux qui présentent les mêmes formes larvaires sont désormais reconnus comme parents (E. Perrier, Philos. zool. av. Darwin,1884, p.190).Un autre proche parent de notre boeuf est le buffle, non point le bison américain qui n'a jamais été domestiqué, mais le vrai buffle aquatique des Indes (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.59): 5. Les reptiles sont à cette époque les rois des terres et des eaux, ils se lancent même à la conquête de l'air (ptérodactyle); mais, dans ce domaine ils trouveront leurs maîtres: les oiseaux, dont les premiers, par les dents, la queue, se révèlent leurs proches parents.
Combaluzier,Introd. géol.,1961, p.153. 2. Être vivant; animal ou végétal, qui engendre un autre être. Lamark (...) cherche à démontrer que les espèces, ou ensembles et successions d'êtres descendus de communs parents, sont modifiables et variables (Renouvier,Essais crit. gén. 3eessai, 1864, p.122).Le «message génétique» est transmis du parent à la progéniture, au moyen de ces chaînes de polynucléotides, qui demeurent intactes, à travers les générations (Privat de Garilhe,Acides nucl.,1863, p.101).V. parental ex.: 6. ... une certaine paire de chromosomes sera formée de deux éléments différents: un chromosome C à gène gris, un chromosome A à gène blanc. Cet hybride (CA) sera gris, tout semblable au parent gris...
Cuénot, J. Rostand,Introd. gén. ét.,1936, p.13. E. − P. anal. ou au fig. Ce qui, sans découler d'une origine commune, présente des traits communs; ce qui a subi des influences communes. 1. Celui, celle qui présente des traits communs avec quelqu'un d'autre, qui a un comportement semblable ou des liens étroits. Notre peintre est parent, quoique à distance, de Martin Schoen et d'Albert Dürer (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.31).Nous avons été formés sur un même sol, dans des moeurs communes, avec des habitudes lorraines de penser et de sentir. Nous sommes des parents (Barrès,Cahiers, t.4, 1906, p.169): 7. Les Lettres sur Jean-Jacques sont un hommage de reconnaissance envers l'auteur admiré et préféré, envers celui même à qui Mmede Staël se rattache le plus immédiatement. Assez d'autres dissimulent avec soin, taisent ou critiquent les parents littéraires dont ils procèdent.
Sainte-Beuve,Portr. femmes,1844, p.71. 2. Ce qui présente une ressemblance avec autre chose. Il est bien vrai que la médecine et la divination sont très proches parentes (J. de Maistre, Éclairciss. sur sacrif.,1821, p.311). II. − Adjectif A. − Qui appartient à la même famille, au même genre, à la même espèce. On peut au contraire choisir les plantes parentes telles qu'elles diffèrent totalement, en ce qui concerne les caractères dont on étudie l'hérédité (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.548). − LING. Langues parentes. ,,Deux langues sont dites parentes (...) quand elles résultent de deux évolutions différentes d'une même langue parlée antérieurement ainsi l'italien et le français`` (Mar. Lex. 1951): 8. Franz Bopp étudie les rapports qui unissent le sanscrit avec le germanique, le grec, le latin, etc. Bopp n'était pas le premier à constater ces affinités et à admettre que toutes ces langues appartiennent à une même famille; cela avait été fait avant lui (...). Bopp n'a donc pas le mérite d'avoir découvert que le sanscrit est parent de certains idiomes d'Europe et d'Asie, mais il a compris que les relations entre langues parentes pouvaient devenir la matière d'une science autonome.
Sauss.1916, p.14. B. − P. ext. Parent (de).Qui est proche de, semblable à, analogue à. Le style est parent de la grandeur d'âme, et (...) la volonté de plaire ou d'étonner y est tout à fait contraire (Alain,Beaux-arts,1920, p.202).Les Monténégrins sont physiquement parents des Albanais, bien que Serbes par la langue (Haddon,Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p.132).Une critique formulée par Radcliffe-Brown, et en des termes parents (Traité sociol.,1968, p.455): 9. C'est des phrases hachées dont j'ai reconnu l'origine. Le morceau de: Gloire à la Providence! ressemble un peu trop à un morceau de Haendel, le choeur des chevaliers allant au combat est parent de l'air écossais dans la Dame Blanche...
Balzac,Gambara,1837, p.103. REM. 1. Parentaille, subst. fém.,péj. Ensemble des parents (supra I A). Toute ma parentaille est venue à mon jugement. J'ai manqué tomber en syncope (Courier,Lettres Fr. et Ital.,1821, p.903). 2. Parenternel, -elle, adj.,hapax. Qui se rapporte aux parents (père et mère). La nature de l'affection conjugale se retrouve donc dans l'affection paternelle et maternelle (pourquoi parenternelle nous manque-t-il comme opposé de filiale?) (...). Notre langue est très imparfaite pour le vocabulaire familial (Amiel,Journal,1866, p.245). Prononc. et Orth.: [paʀ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 2emoitié xes. subst. masc. plur. «le père et la mère collectivement» (Saint-Léger, éd. J. Lindskill, 14); ca 1050 «ancêtre» (Saint-Alexis, éd. Chr. Storey, 203); 1694 nos premiers parents «Adam et Ève] (Ac.); 2. 2emoitié xes. «celui, celle qui est de la même famille» (Saint-Léger, ibid., 117); 1120-50 lor proceain parent (Grand mal fit Adam, I, 121 ds T.-L., s.v. prochain, VII, 1937, 35); 1594 proche parent (Coutumier Général, 2, 1100 d'apr. FEW t.7, p.643a); 1690 être parent du côté d'Adam «être parent à un degré très éloigné» (Fur.); 1798 les grands parens «les plus considérables parmi les proches parents» (Ac.); 1874 traiter qqn en parent pauvre (Zola, Conquête Plassans, p.1087); 3. empl. adj. 1821 «se dit de ce qui a des affinités communes avec quelqu'un» (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.2, p.341: le prêtre et le chevalier français sont parens); 1916 langues parentes (Sauss., loc. cit.). Du lat. parentem, acc. de parens «père ou mère», plur. parentes «le père et la mère». Fréq. abs. littér.: 6663. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7679, b) 8629; xxes.: a) 11860, b) 10027. Bbg. Invent. Particul. Lex. Fr. Afr. n., 1983, p.357. _Lévi-Strauss (Cl.). Les Struct. élém. de la parenté. Paris, 1949, passim. _Quem. DDL t.1 (s.v. parentaille). |