| PARAGE1, subst. masc. A. − Au sing., vieilli. Qualité, extraction, haute naissance. Si un gentilhomme qui n'étoit pas de parage se faisoit armer chevalier, on lui tranchoit les éperons dorés sur le fumier (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.406).Ce contrebandier (...) a encore cinq filles très jolies (...) qui nous ont fait les honneurs de leur maison avec une grâce parfaite, mieux vraiment que n'eussent fait beaucoup de personnes de meilleur parage (Mérimée,Lettres Mmede Beaulaincourt, 1866, p.6).[La mère de Jeanne de Poitiers] lui avait laissé son char de voyage, ainsi que plusieurs dames de parage (Druon,Poisons couronne, 1956, p.112). − Loc. De haut parage. De grande lignée, de haut rang. Tu vois là-bas ce gros et grave personnage qui s'avance (...) C'est un homme d'État et du plus haut parage (Barbier,Satires, 1865, p.101).M. César avait eu des façons de haut parage. Il était encore ébloui par la délicatesse de l'avoué (Pourrat,Gaspard, 1930, p.144): 1. Aux repas elle ne pouvait se résoudre à prendre place loin de son époux, et allait toujours s'asseoir à ses côtés, ce qui était déjà alors expressément contraire à l'usage observé par les dames de haut parage.
Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, p.43. ♦ P. métaph. Cette maison, avec son toit élevé, ses cheminées de haut parage et ses lucarnes, gracieux ovales qui ressemblent à des cadres vides, attendant leurs portraits (Barb. d'Aurev.,Memor. 3, 1856, p.85). ♦ Au fig. Ce bateleur arrogant et misérable avait accompli les choses contraires à l'ordre naturel. Si un pauvre hère pouvait tant, que ne réussirait pas un magicien de haut parage, quelqu'un entre ces sublimes chevaliers de l'art royal (Adam,Enf. Aust., 1902, p.110): 2. Aussi le pauvre corps souffre-t-il sans bien comprendre, car à sa manière il aime sa compagne, qui est mieux née que lui (...). Il est fier d'elle, au fond. Il se souvient qu'elle est de haut parage (...). À vrai dire, il ne sait pas bien comment lui parler, à sa belle âme.
Green,Journal, 1942, p.272. B. − HIST., DR. Mode de détention particulier d'un fief entre frères afin de pallier les inconvénients du partage tout en présentant l'indivisibilité au fief, l'aîné seul prêtant hommage au suzerain et répondant des services au fief. Parage légal. Les coutumes cherchèrent (...) à masquer ces partages par le système compliqué du «parage», dont il existe d'ailleurs bien des variantes: l'aîné reste seul responsable vis-à-vis du seigneur des services dûs (sic) par le fief tout entier; il est «miroir de fief» (Fr. Olivier-Martin, Hist. du dr. fr.,Paris, CNRS, 1984 [1950], p.264). ♦ Tenure en parage. Fait de détenir une terre selon ce mode; p.méton., terre ainsi détenue: 3. Les ménages de frères restent souvent ensemble, même après la disparition des parents. Parfois, surtout semble-t-il à la campagne, plusieurs générations de parents ou d'alliés vivent sous le même toit. On appelle ces grandes familles des «communautés familiales». Elles ont existé chez les nobles et sont à la base de la tenure en parage.
Fr. Olivier-Martin, Hist. du dr. fr.,Paris, CNRS, 1984 [1950]p.271. Prononc. et Orth.: [paʀa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1050 «origine» (Alexis, éd. Chr. Storey, 248: A grant poverte deduit son grant parage); b) ca 1140 de halt parage «de haute naissance» (Geffroi Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3625); 2. a) ca 1140 «égalité de conditions entre aîné et puîné malgré l'inégalité du partage» (Id., ibid., 6014); b) 1520 «tenure de fief entre frères dans laquelle il n'y a pas de partage au regard du seigneur» (Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.4, p.873a). Dér. de pair1*; suff. -age*. |