| PARADE1, subst. fém. A. − 1. Étalage (d'un objet, d'une qualité, d'un comportement) pour se faire valoir. Cela n'est mis que pour la parade (Ac. 1935). N'y a-t-il pas dans ces affiches excessives d'abnégation et d'honneur beaucoup d'ostentation? C'est plutôt parade qu'autre chose (Hugo, Homme qui rit, t.1, 1869, p.176). − Loc. verb. Faire parade de qqc. Faire étalage de, faire valoir quelque chose dans le but d'attirer sur soi l'attention. La conversation continue, on parle des projets de mariage, d'une tenue de maison; la jeune fille fait grande parade d'économie, le jeune homme grand étalage de magnificence (Flaub., Smarh, 1839, p.71).Je trouve un peu mesquin l'orgueil qui consiste à aller devant elle [la société] faire parade des crimes ou des péchés qu'on a commis contre l'ordre établi et méprisé (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p.237): 1. Mmede Granville (...) avait vécu loin du monde, avec un vieux mari, et avait exercé son esprit pour s'occuper, sans avoir ni l'occasion ni le désir d'en faire parade.
Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1592. 2. Loc. adj. De parade a) Destiné à l'ornement, à l'apparat, dans une cérémonie ou dans une circonstance officielle. Synon. d'apparat.Appartement, meubles de parade; épée de parade; habits de parade. La fiancée du roi de Neustrie quittait son lourd chariot de voyage pour un char de parade, élevé en forme de tour, et tout couvert de plaques d'argent (Thierry, Récits mérov., t.1, 1840, p.351).Une marchande en grande coiffe de parade (Hamp, Marée, 1908, p.26). ♦ Cheval de parade. Cheval que l'on monte dans les cérémonies, carrousels, fêtes hippiques ou circonstances officielles. Le service du festin fut commandé par les plus hauts barons du royaume (...), montés sur leurs chevaux de parade et vêtus de drap d'or (Barante, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.198). ♦ Lit* de parade. b) Purement extérieur, conventionnel. Synon. de façade.Les gentils-hommes, les grandes dames en moire, velours et falbalas, en roides et opulentes toilettes; tout l'appareil d'une cérémonie de cour et, sur les figures graves, un air de parade et de représentation (Lemaitre, Contemp., 1885, p.191): 2. L'instruction obligatoire a fait du français, dans les bas-fonds de Paris, une langue morte, une langue de parade que le peuple ne parle jamais et qu'il finira par ne plus comprendre; il aime l'argot qu'il a appris tout seul, en liberté; il hait le français qui n'est plus pour lui que la langue de ses maîtres et de ses oppresseurs.
Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.119. B. − ART MILIT. 1. Revue que l'on faisait passer autrefois aux troupes de la garde montante; défilé de ces troupes. Une chose me charmait pourtant, la parade. Tous les jours la garde montante défilait, tambour et musique en tête, au pied du perron, dans la Cour Verte (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.75). 2. Rassemblement des troupes qui doivent être passées en revue et défilé de celles-ci en grande tenue. Synon. défilé, revue.J'ai aujourd'hui grande parade, mon amie; je verrai toute ma vieille garde, et plus de soixante trains d'artillerie (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1809, p.195). ♦ Pas de parade. Pas cadencé exécuté par les troupes à pied, lors des parades. Les enfants (...) avaient entendu le son du pas de parade, et leurs petits visages s'épanouissaient (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p.188).Vous ne savez pas quel soldat est le soldat allemand, vous qui ne l'avez pas vu comme moi défiler au pas de parade, au pas de l'oie (Proust, Temps retr., 1922, p.808). ♦ Parade (d'exécution). Rassemblement des troupes devant lesquelles on lit et on exécute la sentence du tribunal militaire. La parade de la dégradation militaire de Dreyfus (Goncourt, Journal, 1895, p.710).Devant ses juges, à la parade d'exécution où son épée fut brisée, ses galons lacérés, où il [Dreyfus] fut proclamé traître, il répondit: «Je suis innocent» (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.420). − Loc. verb. Défiler (à) la parade. V. défiler2. 3. Évolution de cavaliers lors d'un défilé, d'un carrousel. Il montait un cheval vraiment très attirant dans lequel on sentait beaucoup de nerfs, de courbettes et de pétarades que le cavalier dominait fort bien, n'en laissant passer d'entre ses jambes que juste ce qu'il fallait pour une très jolie parade (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p.82). C. − SPECTACLES 1. HIST. DU THÉÂTRE. Farce bouffonne qui était destinée à amuser le public. Les vrais amateurs ne souffraient pas que l'on pesât dans la même balance une tragédie, une comédie de caractère, un opéra-comique et une parade de la foire (Jouy, Hermite, t.3, 1813, p.230).C'est sur des théâtres roulants (...) qu'au seizième et au dix-septième siècle on a joué (...) en Italie les parades vénitiennes d'Animuccia (Hugo, Homme qui rit, t.2, 1869, p.85). − [P. réf. au style de parade du xviiies., charabia utilisant en les déformant des mots savants] L'édition complète et en feuilles d'un Commentaire sur Euripide, écrit en style de parade (Jouy, Hermite, t.3, 1813, p.212): 3. Les parades de Beaumarchais n'étaient pas destinées à l'impression (...). Trois des parades actuellement connues (...) mettent en scène quelques-uns des personnages traditionnels de la commedia dell'arte. Une autre (...) s'inspire très directement des dialogues de Vadé et du dentiste Lécluse
P. Pia, Préf.ds Beaumarchais, Théâtre, t.2, éd. Club. fr. du livre, 1960, pp.438-439. 2. Exhibition à l'extérieur d'un cirque ou d'une baraque foraine pour attirer le public et l'inciter à entrer. Nous, avec mes frères et mes neveux, on vous fera une parade dans les rues de la ville et devant le chapiteau comme vous n'en trouverez pas beaucoup, parce que cela se perd, Monsieur (G. Dumas,Cirque Dumas, Quend-Plage,25 juill. 1971ds Hotier Cirque 1972). D. − ZOOL. ,,Ensemble des rites, des cérémonies qui, chez beaucoup d'animaux, précèdent l'accouplement`` (Animaux 1981). Tout son être alors vibrait du grand courage nécessaire pour les luttes qui suivaient la parade nuptiale dont elles n'étaient que la forme suprême, et il évoquait devant les rivaux blessés, honteux et vaincus, la femelle plus fluette docile au désir du maître (Pergaud, De Goupil, 1910, p.52). Prononc. et Orth.: [paʀad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Av. 1455 «étalage que l'on fait d'une chose afin de se faire valoir» (Georges Chastellain, Dit de Vérité, strophe L ds OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.6, p.235); b) 1558 licts de parade (J. Du Bellay, Divers jeux rustiques, XXXVI, 175 ds OEuvres poét., éd. H. Chamard, t.5, p.157); c) 1561 [éd.] faire parade de (qqc.) (Calvin, Institution de la relig. chrestienne, I, 11, § 15, p.65); 2. a) α) 1571 «exhibition des forces militaires en face de l'ennemi» (Belleforest, Du maniement et conduite de l'art et foi militaires, p.55 ds Fonds Barbier);
β) fin du xvies. «évolution des cavaliers dans un carrousel, une revue» (Brantôme, Grands capitaines étrangers, éd. L. Lalanne, t.1, p.44); b) 1665 «défilé militaire» (Art. du 25 juillet ds Réglement fait par le Roy pour lever plusieurs difficultez meuës entre les officiers de ses troupes..., depuis le Réglement du douzième Octobre 1661, p.18, art.XXIII: faire la parade); 3. a) 1680 «scène burlesque jouée à la porte d'un théâtre forain afin d'engager le public à y entrer» (Rich.); b) 1731 «pièce de théâtre» (Le Tailleur, parade ds Proschwitz Beaumarchais, p.150). Dér. de parer*; suff. -ade1*; empr. à l'esp. parada «id.» (v. Al.), dér. de parar «arrêter un cheval court», du lat. parare, v. parer3. Bbg. Brown (J. L.). Contribution à l'ét. du nom parade. Fr. mod. 1959, t.27, pp.111-124. _Quem. DDL t.1. |