| PAPIER, subst. masc. I. A. − Matière à base de cellulose, faite de fibres végétales naturelles ou transformées, réduites en une pâte homogène que l'on étend et sèche pour former une feuille mince. Étendage, séchage du papier; forme, moulin, pâte, usine à papier; bobine, rouleau de papier; feuille, main, rame, tonne de papier; cornet, nappe, paravent, sac, serviette en papier; couper, déchirer, découper, plier du papier. Ici prend fin l'ensemble désigné sous le nom de «partie humide» de la machine à papier. À ce moment, le papier contient encore une quantité d'eau (Civilis. écr.,1939, p.6-7).L'utilisation, dans l'industrie du papier et dans l'industrie textile, de pâtes à fibres courtes (Industr. fr. bois,1955, p.19). − Papier + déterm. (adj., subst. en appos. ou en compos., ou subst. en compl.). 1. [Nature et fabrication du papier] ♦ Papier (d')alfa*, de chiffon, de bois, de riz; papier recyclé; papier (de) paille; papier torchon*. ♦ Papier à la/de cuve*, à la forme*, à la main. 2. [Aspect du papier] Papier blanc; papier épais, fort, mince; papier lisse; papier mat; papier translucide, transparent; papier filigrané, gaufré, vergé; grain du papier, main de papier. Périodiques tirés sur papier glacé ou satiné (Coston,A.B.C. journ.,1952, p.172).Ces armures se représentent graphiquement (ou mise en carte) sur du papier quadrillé dont chaque rangée longitudinale de cases représente un fil de chaîne et chaque rangée transversale un fil de trame (Thiébaut,Fabric. tissus,1961, p.60). ♦ Papier bouffant*; papier crépon*; papier cristal*; papier de soie*; papier marbré*; papier maroquin*; papier(-)pelure*. ♦ Papier maïs. Papier très mince, de couleur jaune foncé, destiné à envelopper des cigarettes. Tiens, vous fumez des blondes (...)? J'aurais parié plutôt pour la pipe ou pour ces horreurs, là, comment dit-on, à papier-maïs (A. Terrel, Le Témoin est à la noce, Paris, Librairie des Champs-Élysées, 1984, p.34). 3. [Qualité du papier] Les bons textes publiés par Jouaust en élégants elzévirs et sur papier de choix (Dacier1944, p.127): 1. L'édition utilise des papiers ordinaires pour l'impression courante et des papiers de luxe (vélins et vergés, bible et simili-bible à base de chiffons ou d'alfa) pour les éditions soignées de bibliophilie. Les périodiques et catalogues utilisent du papier ordinaire blanc ou teinté ou du papier couché destiné aux publications plus soignées. Au journal est destinée une qualité spéciale; (...) ce papier, qui jaunit vite à la lumière, est de mauvaise conservation. Pour l'affiche, généralement de couleur, on utilise un papier de basse qualité contenant un pourcentage élevé de vieux papiers.
Civilis. écr.,1939, p.6-8. a) [Qualité supérieure] Papier bible*; papier chiffon*; papier couché*; papier de Chine ou (papier) chine*; papier du Japon ou (papier) japon*. ♦ Papier collé. ,,Papier traité de façon qu'il ne boive pas l'encre ordinaire, c'est-à-dire dont la pâte est imprégnée de résine avec addition du sulfate d'alumine`` (Lar. encyclop.). Papier contrecollé. ,,Ensemble de deux feuilles de papier collées l'une contre l'autre`` (Lar. encyclop.). ♦ Papier de Hollande ou (papier) hollande (v. hollande2). Papier originairement fabriqué en Hollande, dont la surface présente des vergeures. J'ai à votre disposition un des vingt-cinq exemplaires sur papier de Hollande de Dernières chansons (Flaub.,Corresp.,1872, p.10). ♦ Papier de sûreté. ,,Papier pour les billets de banque et autres valeurs, tel qu'on ne puisse le contrefaire`` (Forest. 1946). b) [Qualité inférieure] Papier bulle*; papier journal*. ♦ Papier gris. ,,Papier d'emballage grossier, de couleur grise, à base de vieux papiers de qualité inférieure`` (Lar. encyclop.). c) P. ext. ♦ Papier mâché. Pâte à papier mêlée de colle, de plâtre ou de poix, malléable et qui se prête à la fabrication de petits objets. Des ornements en bois et en papier mâché imitant le marbre (Stendhal,Rome, Naples et Flor., t.1, 1817, p.43).Loc. adj. fig. [En parlant du teint] De papier mâché. Dont l'aspect pâle ou terne indique la fatigue ou une mauvaise santé. Dans le chemin de fer en face de moi, un monsieur au teint de papier mâché, aux traits nerveusement tiraillés, aux yeux doucement ironiques (Goncourt,Journal,1894, p.498). ♦ Papier-pierre. ,,Carton très dur, obtenu avec la pâte à papier fortement comprimée`` (Forest. 1946). 4. [Format du papier] Papier grand/petit aigle*; papier colombier (v. colombier2); papier coquille*; papier couronne*; papier écu (v. écu2); papier Jésus*; papier(-)ministre (v. ministre rem. 2 b); papier pot*; papier raisin*. 5. [Destination du papier] Papier brouillard (v. brouillard2); papier buvard*; papier cache (v. cache2); papier d'emballage*; papier de bonbon; papier(-)filtre (v. filtre); papier garde (v. garde1); papier joseph (v. joseph2); papier kraft*; papier(-) témoin (v. témoin). ♦ Papier à cigarettes. Papier très mince dont on enveloppe le tabac pour faire des cigarettes. −Donne-moi une feuille de papier à cigarettes. −Pis avec ça? −Une allumette (Benjamin,Gaspard,1915, p.38). ♦ Papier hygiénique, papier de toilette, papier-cul (vulg., souvent abrégé en P.Q.). Papier doux utilisé quand on va aux toilettes. Rouleau de papier hygiénique. Nous appelons votre attention sur l'utilité, pour la bonne tenue des W.C., d'un distributeur de «papier hygiénique» (R. mens. Touring-Club de France,nov. 1901, p.489a ds Quem. DDL t.14).N'avait-il pas imaginé, dans son zèle hitlérien de l'épargne, de réglementer jusqu'aux dimensions de ce que nous appelions le «papier-cul»? (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.109).Les 2,5 kg de papier Q utilisés en moyenne chaque année par les Français (R.-H. Guerrand, Les Lieux, Paris, Éd. La Découverte, 1985, p.182). ♦ Papier mural, papier(-)peint, papier de tenture ou papier-tenture ou, p.ell., papier. Papier utilisé pour tapisser. Papier décoré, à carreaux, à fleurs; papier uni; rouleau de papier peint. Quoi de plus joli, par exemple, que les papiers-tentures qui ornent les murs de nos appartemens? (Say,Écon. pol.,1832, p.119).Les papiers peints ont un large emploi dans la décoration (Civilis. écr.,1939, p.6-8).[Le papier d'apprêt] évitera au papier de tenture d'être taché (Bonnel-Tassan1966, p.151). 6. [Papier ayant reçu un apprêt particulier ou servant de support à une autre matière] Papier abrasif, adhésif; papier gommé, imperméabilisé, paraffiné; papier-parchemin*; papier argenté. Enveloppez-le d'une feuille de papier huilé, la longueur du filet seulement (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p.139).Une carcasse de tête de cheval (...) nettoyée, lavée avec soin, recouverte de papier doré et ornée de rubans de toutes les couleurs (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 1, 1954, p.61). ♦ Papier collant*; papier émeri*, papier de verre*; papier(-) parchemin (v. parchemin); papier à réactif*; papier sulfurisé*. ♦ Papier d'Arménie. Papier odoriférant, qui se consume lentement, destiné à assainir et à parfumer l'atmosphère. Toutes ces âmes de l'élite qui brûlent d'un petit feu comme le papier d'Arménie, en laissant derrière elles une mauvaise odeur (Cocteau,Crit. indir.,1932, p.194). ♦ Papier de boucherie. ,,Papier rendu translucide par calandrage, et résistant à la graisse et au sang`` (Lar. encyclop.). ♦ Papier goudron, papier goudronné. Papier très épais, contrecollé à l'aide de goudron. V. pâte B 2 a, ex. de Haton de La Goupillière. ♦ Papier à mouches. Synon. de papier tue-mouches*.P. métaph. Nestor est un papier à mouches; il colle (Cocteau,Gd écart,1923, p.49). ♦ Papier sablé. Synon. (surtout région., Canada) de papier émeri*, papier de verre* (d'apr. Bél. 1974). B. − P. anal. Feuille très mince (d'étain ou d'aluminium) utilisée pour présenter ou emballer divers produits. Papier d'aluminium. La machine à influence [de Wimshurst] (...) se compose (...) de deux plateaux (...) portant un certain nombre de secteurs métalliques formés de papier d'étain (Turpain,Applic. prat. ondes électr.,1902, p.38).Les broderies de leur collet étaient faites de papier d'argent (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.232). C. − [Le papier considéré comme support de l'écriture ou d'une techn. de reproduction] Feuille ou ensemble de feuilles sur quoi l'on écrit ou reproduit quelque chose. Bloc de papier; papier à lettres; papier millimétré, quadrillé, rayé, réglé; papier vierge; papier à en-tête; papier photographique (synon. papier sensible*); papier à autographie* ou autographique; papier(-)calque (v. calque); papier carbone*. Il prit du papier et écrivit beaucoup (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.375).V. papetier ex. 2: 2. L'échine pliée, perdu dans des choses graves, il mettait sa grande ombre noire au milieu de la douceur effacée de la mansarde. Et, parfois, un pinson qu'il avait ramassé dans les halles, par un temps de neige, se trompait en voyant la lumière, jetait son cri dans le silence que troublait seul le bruit de la plume courant sur le papier.
Zola,Ventre Paris,1873, p.732. − IMPR. (Exemplaire) à grand papier. Dont les marges sont très larges (d'apr. Lar. 20e). (Exemplaire) à petit papier. Dont les marges sont très étroites (d'apr. Lar. 20e). − En partic. ♦ Papier Canson. ,,Papier à dessin, résistant et lisse, fabriqué principalement dans la région d'Annonay`` (Lar. encyclop.). ♦ Papier brouillon. ,,Papier de qualité inférieure quelque peu brouillard, pour faire des calculs ou des brouillons`` (Forest. 1946). Onglets et cavaliers (...) papier brouillon (Catal. Papest, Nancy, 1976, p.52). ♦ Papier-copie, à copie. Papier mince, employé pour copier un texte, pour le mettre au net. J'avais plié mon papier-copie comme pour un devoir scolaire (Barrès,Cahiers, t.10, 1913, p.153). ♦ Papier Ingres. Type de papier vergé, dont le poids varie de 80 à 160 g et généralement employé pour les dessins au crayon. ♦ Papier à dessin. ,,Papier apprêté blanc et solide`` (Lar. encyclop.). La direction de la tête de l'oiseau est juste par rapport à l'angle formé par le papier à dessin (Warcollier,Télépathie,1921, p.265). ♦ Papier à/de musique*. Au fig. Réglé* comme du papier à musique. ♦ Papier d'écolier. ,,Papier de petit format, destiné aux devoirs des écoliers et aux écritures courantes`` (Lar. encyclop.). − [Le papier matérialisant l'écriture, le dessin dans la création littér. ou artist.] Confier au papier; coucher, mettre sur le papier. Seignobos n'a point écrit son livre pour le vain plaisir de noircir du papier (L. Febvre, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p.97). ♦ Barbouiller*, gratter*, gribouiller du papier; jeter* sur le papier. − Expr., le plus souvent au fig. Sur le papier. Par écrit, en projet, théoriquement. Je faisais partie (...) sur le papier, de la dernière classe à prendre sur cette nouvelle milice (Verlaine,OEuvres compl., t.5, Confess., 1895, p.156). II. A. − Feuille, morceau de papier sans forme définie ni destination précises. Bout de papier; cocotte en papier; ramasser les vieux papiers. L'histoire de la lettre d'un mystérieux agent, soi-disant trouvée dans une corbeille à papiers, n'existe naturellement que dans l'imagination et n'a jamais été une réalité (Affaire Dreyfus,1898, p.195).La corbeille débordante de papiers récoltés dans les coins et sous les bancs (Frapié,Maternelle,1904, p.264).V. boulette ex. 7. ♦ Papiers gras. Papiers ayant contenu de la nourriture et maculés de graisse. Autour de leur banquette, devant ce morceau de plancher souillé de papiers gras, de pelures de bananes et d'oranges, qu'eux-mêmes ne voyaient pas, un cercle de curiosité fugitive s'établissait (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.490). ♦ Chiffon* de papier. − BEAUX-ARTS. Papiers collés. ,,OEuvres d'art ou de décoration constituées avec des papiers collés sur une surface`` (Bég. Peinture 1982, p.936). Synon. collage. B. − 1. Feuille sur laquelle est écrit ou imprimé un texte. Liasse de papiers; papier dactylographié, manuscrit; papier confidentiel, précieux, secret; brûler, cacher des papiers; fouiller dans les papiers de qqn; mettre de l'ordre dans ses papiers; serviette bourrée de papiers; papiers d'affaires; lire, signer un papier. Il excellait à écouter aux portes, (...) à fureter des papiers intimes ou à se servir de fausses clefs, pour voir le dedans d'un secrétaire (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.56).Le coureur tend un papier griffonné au crayon; mais pendant que l'officier essaye de lire, le coureur lui débite, en haletant toujours, le contenu du message qu'il s'est gravé dans la tête pour le cas où il perdrait le papier (Romains,Hommes bonne vol.,1938, p.39). − Loc. verb. fig. ♦ Être dans les (petits) papiers de qqn. Être bien vu de quelqu'un. Au reste elle m'a beaucoup demandé de vos nouvelles, il faut que vous soyez terriblement bien dans ses papiers (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, p.207). ♦ Vieilli. Rayer qqn/qqc. de ses papiers. Ne plus faire cas de, ne plus compter sur quelqu'un/quelque chose. Conserver la Chambre est absurde et odieux, maintenir les lois d'exception est folie: je ne sais pas marcher au rebours du bon sens. Rayez-moi donc de vos papiers (Chateaubr.,Corresp.,1821, p.157). − En partic. ♦ Jeu des petits papiers. Jeu dans lequel chacun des joueurs écrit un élément de phrase sur une feuille de papier qu'il passe à son voisin après l'avoir pliée de façon à ce que ce dernier ignore ce qu'il a écrit avant de lire. La vicomtesse d'Oilly aimait les jeux d'esprit, bien qu'elle n'en eût guère. On jouait chez elle (...) aux petits papiers, comme c'est encore la mode aujourd'hui (Feuillet,Camors,1867, p.239). ♦ Vx, le plus souvent au plur. Gazette, journal. Papier-nouvelles; papier public et, p.ell., papier. Il serait, sans doute, à désirer que l'Assemblée nationale proscrivît tous ces papiers-nouvelles qui circulent dans les rues de Paris (Le Dénonciateur national,5 août 1789, no3, in Walter, La Révolution fr. vue par ses journaux, p.38 ds Quem. DDL t.11).Les versions des nouvellistes et des papiers publics ne sont pas moins diverses sur ce qui se passe à Coblentz et dans les autres lieux (Robesp.,Discours, Guerre, t.8, 1792, p.133).Tout retentit de ma gloire, les papiers de Lyon etc., les sociétés, les préfectures; on annonce mon passage comme celui d'un personnage important (Chateaubr.,op.cit.,1802, p.72). ♦ Vieilli, pop. Papier à douleur, papier-douleur. Papier (traite, facture, quittance) présenté au paiement ou à propos d'un paiement. La Comédie humaine est souvent le drame de la vie pénible −le pain ou l'habit arraché à crédit ou payé à terme, avec les fièvres de la faim et les frissons du papier-douleur (Vallès,L'Insurgé, 1886, p.41 ds Quem. DDL t.1). 2. En partic. a) Pièce ou document administratif. Entre Volat et Tancogne existait un pacte tacite, aux clauses multiples et délicates, de ces clauses qu'un papier officiel ne pourra jamais mentionner (Genevoix,Raboliot,1925, p.87). − Spécialement ♦ DR. CIVIL. Papiers domestiques, papiers de famille. Papiers privés possédés par une famille, pouvant servir de commencement de preuve par écrit. Dépouiller les archives des particuliers, les papiers de famille, les actes privés, les journaux du temps, les arrêtés municipaux (Valéry,Variété IV,1938, p.131). ♦ DR. FISCAL Papier timbré ou, moins usuel, papier marqué. ,,Papier mis en vente par l'Administration de l'enregistrement, marqué d'un timbre officiel (...) et dont l'emploi est obligatoire pour certains actes`` (Barr. 1974). L'engagement, sur papier timbré avec signature légalisée, de servir pendant dix ans dans l'enseignement public (Encyclop. éduc.,1960, p.382).Papier libre ou, moins usuel, papier mort (p.oppos. à papier timbré). Papier qui ne porte pas de timbre fiscal. Tout amateur voulant pratiquer ce sport [la chasse sous-marine] doit en faire la déclaration sur papier libre au service de l'Inscription maritime (Boyer,Pêches mar.,1967, p.22). − Au plur. Papiers (d'identité). Papiers qui établissent l'identité de quelqu'un. Se procurer de faux papiers; avoir ses papiers en règle; perdre [tous] ses papiers. L'adjudant remit Fabrice à un officier de gendarmerie qui, d'un air grave, lui demanda ses papiers. Fabrice montra son passeport qui le qualifiait marchand de baromètres «portant sa marchandise» (Stendhal,Chartreuse,1839, p.31): 3. J'ai à peine mangé ma mortadelle qu'ils se lèvent, viennent à moi et me disent: Monsieur, vous avez mangé de la mortadelle, vos papiers d'identité, s'il vous plaît! Je leur ai donc dit que quand on avait dîné comme ils avaient dîné, on ne venait pas chicaner les gens pour une rondelle de saucisson et leur demander les papiers d'identité... J'ai refusé de montrer mes papiers...
Triolet,Prem. accroc,1945, p.33. ♦ En partic. Papiers de bord. Documents réglementaires que le commandant d'un navire ou d'un avion doit avoir à son bord. Tout navire est ainsi astreint d'avoir, parmi ses papiers de bord une «patente de santé» délivrée par l'autorité sanitaire (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p.200).Papiers de bord, du véhicule ou, p.ell., papiers. Ensemble des documents justificatifs de la situation régulière d'un véhicule automobile et de son conducteur. ♦ Papiers militaires. Livret militaire et diverses pièces attestant la situation militaire de quelqu'un. (Dict. xxes.). b) COMM., FIN. ♦ Papier bancable*. ♦ Papier-monnaie*. P. ell. L'or ne leur suffit plus [aux filles], il leur faut du papier maintenant (Poulot,Sublime,1872, p.116).V. filigrane ex. 2. ♦ Papier commercial, de commerce. Effet de commerce qui peut être remis à l'escompte d'une banque. Je reçus enfin de Francfort tout l'argent de la lettre de change (...). Ceci me parut valoir beaucoup mieux que le papier de commerce qui m'avait été adressé d'abord (Nerval,Lorely,1852, p.41).Papier financier, papier de crédit. Effet financier représentatif d'un crédit divers (d'apr. Gestion fin. 1979). Papier court, long. ,,Le papier est qualifié de court lorsque son échéance est prochaine, et long si celle-ci est éloignée`` (Baudhuin 1968). c) Arg. des courses hippiques. Liste des chances théoriques, établie d'après leurs performances, que peuvent avoir les concurrents d'une épreuve. Sur le papier, P. est indiqué comme vainqueur du Derby (Le Sport,10 janv. 1872ds Petiot 1982). ♦ Faire, jouer le papier. ,,Choisir les chevaux sur lesquels on misera, d'après la lecture du journal spécialisé`` (Galtier-Boissière, Devaux, Dict. arg., 1939, p.77). d) JOURN. Article rédigé pour un journal. Il avait fini son papier et gagné sa consommation (Vallès,Réfract.,1865, p.139).On entendait, au premier lointain, les coups de battoir d'Adolphe, tirant une morasse du papier tant attendu (L. Daudet, Vers le roi,1920, p.191).V. papelard2ex. de Beauvoir: 4. L'écrivain a le temps de revoir minutieusement ce qu'il a écrit, de corriger, de modifier, de polir, de fignoler ses phrases, de soigner son style. Tout cela est refusé au journaliste qui, tout en respectant les règles ordinaires de la composition littéraire, est contraint de rédiger ses papiers [it. ds le texte] dans des conditions peu confortables.
Coston,A.B.C. journ.,1952, p.93. REM. -papier, élém. de compos.V. coupe-papier, gratte-papier. Prononc. et Orth.: [papje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. Fin xiiie-déb. xives. [ms.] (Arch. Douai CC156 ds J. Finot, Relations commerciales entre la France et la Flandre, 1894, p.172: Queval qui porte papiers); 1355, 25 nov. Troyes moulin à paupier (Arch. départ. Aube G 3423, Bail du moulin le roi); 1387, 19 sept. Ville-sur-Saulx, Meuse molin a papier (Arch. départ. Meurthe-et-Moselle, B 343, fol. CCCXXVII); 1451 Lorraine pauppier (Hist. de Metz, V, 571 ds Gdf.); spéc. A. Papiers de différentes qualités, destinés à différents usages a) xives. utilisé en méd. (Moamin et Ghatrif, III, 8, 5 ds T.-L.); 1543 papier painct (Inventaire du mobilier de Guy de Mergey ds Havard t.4, col. 70); 1575 papier collé (Paré, OEuvres, éd. J. Malgaigne, XVII, t.2, p.610b); 1671 papier blanc (Pomey); 1680 papier bleu, gris (Rich.); 1760 papier verré (L'Avant-coureur, 10 nov., p.687-688 d'apr. Havard t.4, col. 60); 1850 papier filtre (Dorvault, L'Officine, p.790 ds Quem. DDL t.12); b) 1695 papier mâché (Ch. G. Le Clerc, Chirurg. complette, 265 d'apr. FEW t.7, p.590a [cette réf. paraît erronée]); 1775 (Mercure, août d'apr. Havard t.4, col. 60); 1773 fig. des organes de papier mâché (Voltaire, v. mâcher1A 1 b); 1835 visage de papier mâché (Ac.). B. Papiers apprêtés pour différents usages ca 1508 papier d'acquit (Comptes de la construction du château de Gaillon, éd. A. Deville, p.499); 1674 papier marqué (Sévigné, Lettres, 29 janv., éd. Gérard-Gailly, t.1, p.699); 1675 papier timbré (Id., ibid., 30 oct., p.895); 1680 papier réglé (Rich.); 1690 papier de musique (Fur.). II. Support de l'écriture. A. Feuille, ensemble de feuilles sur lesquels figure un texte écrit; document écrit 1. a) 1308 pappier a registrer les lettres (doc. ds Gdf. Compl.); ca 1393 papier de la despense (Ménagier, II, 58 ds T.-L.); 1552 papiers brouillars «minutes, brouillons» (Est., s.v. Adversus - adversaria); 1573 papiers terriers (G. Paradin, Hist. de Lyon, p.107 ds Gdf. Compl.); b) loc.
α) 1585 estre en le papier de (qqn) «avoir des comptes à lui rendre, un mauvais traitement à lui faire subir» (Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J.M. Guichard, § 15, p.225); av. 1755 être mal sur les papiers de (qqn) (Saint-Simon, Mém., éd. G. Truc, t.5, p.332); 1798 être bien (ou mal) dans les papiers de (qqn) (Ac.);
β) 1587 en papier «par écrit» [opposé à «dans les faits»] (Lanoue, 24 ds Littré); av. 1592 en papier opposé à en effet (Castelnau, 115, ibid.);
γ) 1640 rayez cela de vos papiers (Oudin, Curiositez, s.v. rayer); 1654 rayer quelqu'un de ses papiers (Scarron, Virgile travesti, éd. Paris, 1858, IV, 170a ds Richardson); 2. a) fin xives. «engagement par écrit» (E. Deschamps, VII, 236, 103 ds T.-L.); 1670 papier volant «papier qui ne fait pas foi en justice» (Patru, Plaidoyers, 3 ds Littré); b) 1748 «effet (lettre de change, billet au porteur...) représentant de l'argent comptant» (Montesquieu, Esprit des Lois ds OEuvres, éd. R. Caillois, p.651: Comme l'argent est le signe des valeurs des marchandises, le papier est un signe de la valeur de l'argent); 3. a) 1736 plur. «tous les documents qu'un navire doit avoir à bord» (Aubin); b) 1835 (Ac.: Ce voyageur n'avait pas ses papiers). B. Ca 1349 «feuille destinée à recevoir un texte écrit» (Dial. fr.-flam., F 3 a ds T.-L.); ca 1393 (Ménagier, II, 250, ibid.: escripre sur le papier); 1606 papier à escrire lettres (Nicot). III. Papyrus (la plante) 1remoitié xives. (Gloss. Abavus, Vat. lat. 2748, 4022 ds Roques t.1, p.192: papirus: jonc vel papier). Le lat. papyrus «papyrus, roseau d'Égypte» a désigné la plante et deux produits fabriqués avec ses fibres: la feuille mince servant de support à l'écriture (Iers.) et la mèche de lampe, de cierge (ives. Hilaire, Paulin de Nole). D'une var. lat. vulg. *papilus (Thomas (A.), Nouv. Essais, p.177), l'a. prov. pabil «mèche» (xiies. − gasc. Marmande xives. [ms.] ds Levy Prov.; gasc. mod. babit «id.» ds Lespy-Raym.); d'une autre var. en -ellu, l'a. prov. pabel «id.» (gasc. ca 1230 d'apr. FEW t.7, p.589b; déb. xives. [ms.] Petit Thalamusg de Montpellier, éd. Soc. archéol. de Montpellier, 1840, p.273); d'une 3evar. *papelius, le judéo-fr. paveil «sorte de jonc» (fin xies., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, 782) type répandu dans divers dial., v. FEW, loc. cit. Les feuilles de papyrus furent exportées d'Égypte en Europe occidentale jusque vers la fin du viiies., l'arrivée des Arabes dans la vallée du Nil au vies. ayant progressivement mis un terme à leur exportation. Il fut dès lors peu à peu remplacé dans les pays occidentaux par le parchemin presque exclusivement en usage encore au xiies. À cette époque, papyrus commença à désigner le papier de chiffon, d'orig. chinoise, fabriqué ensuite par les Arabes (après la prise de Samarkand, 751) qui l'introduisirent vers le déb. du xies. en Espagne et de là en Italie du Nord (lat. médiév. papirus relevé à Gênes en 1163, FEW t.7, p.593b), d'où il se répandit en France où fonctionnent des moulins à papier vers le mil. du xives. en Champagne et en Lorraine, v. A. Blum, La Route du papier, 1946, p.22 et supra I. En Italie du Nord, le mot se présente sous deux formes: le type paper à l'Ouest, issu par voie demi-sav. de paperium (altération de papyrum d'apr. le suff. -erium), relevé au xiiies. (Statuta mercatorum de Piacenza, p.451 d'apr. FEW t.7, p.595 a, note 32), d'où le fr. papier; le type palpei (parpé) au Centre, issu d'une forme en palp- (d'orig. discutée, peut-être issu de paper devenu *parper (n *palper, cf. lat. médiév. palperium xiiies., Statuta [...] Piacenza, p.484, ibid.), d'où le fr. paupier, répandu en Lorraine et en Champagne, supra, cf. aussi le dér. paupelier, v. papetier. L'a. prov. papier (1268 papir Langon ds A. Luchaire, Rec. de textes de l'anc. dial. gasc., Paris, 1888, gloss.; 1296 bala de papier [papier transporté de Majorque à Marseille] Notules de Giraud Amalric d'apr. A. Blum, op.cit., p.54; 1343 papier ds Comptes des frères Bonis, éd. E. Forestié, t.1, p.19; 1344 papier lombart e catala, ibid., p.111) est −soit directement venu de l'Italie du Nord [cf. la présence dans le Comtat, au xives., de papetiers de Florence, de Turin, de Savoie, v. H. Chobaud, Les débuts de l'industr. du papier dans le Comtat Venaissin, 1930, pp.7-27 et 40] −soit empr. au fr. Fréq. abs. littér.: 9812. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12129, b) 16083; xxes.: a) 15323, b) 13545. Bbg. Barb. Loan-words 1921, p.258. _Dauzat Ling. fr. 1946, p.325. _Humbley t.2 1974, p.642. _Quem. DDL t.1, 6, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 20, 21, 25. |