| PANTOIS, -OISE, adj. A. − Qui est profondément déconcerté par l'effet d'une vive surprise, d'une situation inattendue (v. pantelant II A 2 c). Synon. ahuri, coi, estomaqué (fam.), suffoqué (fam.), stupéfait, sidéré (fam.), soufflé (fam.).Rester, demeurer pantois. Je pratique assez énergiquement le nil admirari; mais je restai tout ébahi et tout pantois devant cette étrange cérémonie (About,Roi mont., 1857, p.134).Devine-t-il à quel point cette esquisse laisse pantois, incrédules et déconcertés ceux de ses lecteurs qui savent combien, au XVIesiècle encore, ville et campagne se pénétraient intimement au lieu de se tourner le dos (L. Febvre,Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p.93): . ... je fus, pour M. Joliclerc, un élève bien inattentif. Les questions qu'il me posait venaient m'atteindre et m'étonner au sein des nuées olympiennes d'où je retombais pantois.
Duhamel,Notaire Havre, 1933, p.107. Rem. Les dict. de l'Ac. et Pt Rob. ne signalent pas le fém. qui est rare. Il est cependant att. par les autres dict. et on relève chez Arnoux (Roi, 1956, p.54): Hein! Duchesse! Vous voilà pantoise! Quatre oeufs durs, un litre de Bordeaux garanti, trois douzaines de saucisson d'Arles, le meilleur, un demi camembert, une miche. B. − Rare. [Parfois suivi d'un compl.] Synon. de pantelant (v. ce mot II A 2 b).Nul n'est jugé par contumace Devant le divin tribunal. Tout pantois de crainte et tout blême Chacun y comparaît lui-même (Pommier,Enfer, 1853, p.31).Frère blanc s'est arrêté au milieu de la cour, pantois encore de sa terreur; des spasmes lui parcourent la croupe (Genevoix,Rroû, 1931, p.21). Prononc. et Orth.: [pɑ
̃twa], fém. [-wa:z]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1546 couillon pantois (Rabelais, Tiers Livre, XXVIII, éd. Screech, p.199); b) 1550 «palpitant, haletant» (Ronsard, Odes ds OEuvres compl., éd. P. Laumonier, t.1, p.65); 2. ca 1584 «penaud» (Brantôme, Des dames, ibid., éd. L. Lalanne, t.9, p.77). Dér. régr. de l'a. fr. pantaisier, pantoisier «palpiter, frémir» (ca 1160, Eneas, 8125 ds T.-L.), «haleter» (ca 1165, Guillaume d'Angleterre, 2731, ibid.), att. jusqu'au xvies. (v. Hug.), du lat. pop.*pantasiare «avoir des visions, rêver» (qui a vécu dans l'a. prov. pantaizar, pantaisar, pantaiar «rêver» et pantais «rêve, inquiétude, trouble», v. Rayn. et Levy (E.) Prov.), d'où, par l'intermédiaire d'un sens «faire un mauvais rêve, un cauchemar», «haleter, être oppressé, suffoqué, hors d'haleine» (cf. sicilien pantasciari «être oppressé», calabrais pantasiari «inquiéter, tourmenter», cat. pantaixar «être oppressé, hors d'haleine sous l'effet de l'émotion», dial. de Venise et Vérone pantes' àr «id.», v. REW3no6459 et DEI). Le lat. est un empr., fait à une époque où le φ était encore un -p- aspiré, au gr. φ
α
ν
τ
α
σ
ι
ω
̃ (de φ
α
ν
τ
α
σ
ι
́
α , v. fantaisie) «faire naître une idée, se figurer, imaginer». Fréq. abs. littér.: 20. |