| PANTHÈRE, subst. fém. A. − ZOOL. Grand mammifère carnassier (de la famille des Félidés) vivant en Asie et en Afrique (léopard) à robe jaune marquée de taches noires ou entièrement noire (panthère noire de l'Inde et de Java). J'appris des habiles tireurs de ce pays à ne jamais manquer mon coup, ce qui me donna comme à eux la confiance d'aller à l'affût du tigre et de la panthère. Ce sont de bons animaux et leurs peaux se vendent bien (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p.185).Je dus lui conter toutes mes histoires de panthère noire apprivoisée, de jaguar fidèle (Giraudoux, Simon, 1926, p.95): . Seuls, éveillés par l'ombre, en détours indolents,
Les grands pythons rôdaient, dans l'herbe étincelants;
Les panthères, par bonds musculeux et rapides,
Dans l'épaisseur des bois chassaient les daims timides...
Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p.342. ♦ Panthère des neiges. Once (v. once2). Les principales adaptations qui marquent la faune montagnarde ont pour effet de la protéger du froid: développement de fourrure abondante (ours, lama, chinchilla, panthère des neiges, singes, yack, cochon domestique) (Zool., t.4, 1974, p.1377 [Encyclop. de la Pléiade]). − P. méton. Fourrure de cet animal. Le phoque nous vaut quelques modèles de sport, et l'ocelot, la civette, la panthère continuent à triompher sur les modèles du matin (Le Monde, 18 oct. 1951, p.9, col. 2). − P. anal. (d'aspect), BOT., en appos. Amanite panthère. Champignon toxique mais non mortel à ,,chapeau brun piqueté de restes de volves, strié sur son bord, aux lamelles et pied blancs`` (Plantefol, Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.165). B. − P. anal., fam. ou pop., vieilli 1. Beauté à la mode, courtisane en vue. Vers 1840, il a été de mode d'appeler panthères les beautés à la mode. C'était, par analogie, une race inférieure à celle de la lionne, qui florissait vers le même temps, mais elle était plus carnassière, plus mangeuse d'hommes (Larch.1880).C'était la correspondance d'une panthère. Chacune de ces femmes nocturnes avait à la ceinture un loup de velours, vert, rouge ou noir, aux doubles faveurs d'acier (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.135). − P. ext. Maîtresse. Eh bien, moi, mon conseiller, moi qui suis orphelin d'épouse et de maîtresse, car j'avais les deux, une régulière et une panthère, moi je vous déclare que je m'en passe fort bien (Morand, Pt théâtre, Matr. d'Éphèse, 1942, i, 7, p.16). 2. Femme emportée, jalouse, violente. −(...) Je sens que ce que je dirais à Henriette ne lui irait pas, et puis je n'aime pas trop à tenir conversation avec elle. −Ah ça, vous la prenez donc pour une panthère. Je n'ai jamais vu une terreur pareille. Allons, c'est moi qui irai l'apprivoiser... (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p.284). 3. Individu anarchiste. Les rentes de M. Clemenceau sont (...) enviées par les panthères (Le Figaro, mars 1887ds Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p.565).Vous avez lu le procès de l'anarchiste Duval, de la panthère des Batignolles (...) l'anarchie est donc au moins d'actualité (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1887, p.157). 4. Loc. Faire sa panthère. Flâner, ne pas travailler. [Le Camarade] passait tout son temps à rôder dans le faubourg d'un cabaret à un autre, «à faire sa panthère», comme disaient les ouvriers parisiens, par allusion sans doute à ce mouvement de va-et-vient qu'ils voient aux fauves encagés (A. Daudet, Jack, t.2, 1876, p.264).En face du comptoir, sur un banc, Bibi-la-Grillade, le dos contre le mur, fumait sa pipe d'un air maussade. −Tiens! Bibi qui fait sa panthère, dit Coupeau (Zola, Assommoir, 1877, p.620). Prononc. et Orth.: [pɑ
̃tε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: panthere; dep. 1740: -thère. Étymol. et Hist. 1121-34 pantere (Philippe de Thaun, Bestiaire, éd. E. Walberg, 461). Empr. au lat. panthera «panthère», du gr. π
α
́
ν
θ
η
ρ «guépard, sorte de panthère». Fréq. abs. littér.: 234. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 318, b) 595; xxes.: a) 268, b) 242. Bbg. Quem. DDL t.6. _Sain. Sources t.2 1972 [1930] pp.149-150. |