| * Dans l'article "PANTALON,, subst. masc." PANTALON, subst. masc. A. − 1. a) [Désigne une pièce de vêtement de dessus portée par les hommes et parfois par les femmes] Culotte longue descendant jusque sur le cou-de-pied. Synon. braies (vx), bénard, culbutant, falzar, fendant, froc, futal, grimpant (fam, pop. ou arg.).Sur le rebord d'une ravissante fenêtre carrée, un pantalon rouge, étalé tout ouvert, laissait tomber ses deux jambes le long du mur, et déployait avec une impudence bête son grand pont à doublure grise (Flaub.,Champs et grèves,1848, p.200).Cette sortie avait été pour elle l'occasion d'enfiler un pantalon tiré il ne savait d'où, et elle était charmante dans sa minceur, petite silhouette faussement masculine que dévorait un flot de cheveux (P. Gadenne,La Plage de Scheveningen, Paris, Gallimard, 1982 [1952], p.214): 1. Moi, qui suis un homme qui ne m'occupe pas de toilette, qui trouve cette chose au-dessous de moi et la méprise, il m'arrive d'acheter un pantalon, −le seul morceau d'habillement où il y ait encore de la fantaisie et qui soit matière à dépense de goût, −à acheter un pantalon pour une nuance, pour une disposition, comme on achète un bibelot, une orchidée.
Goncourt,Journal,1888, p.859. ♦ Pantalon à pieds (vieilli). Pantalon dont le bas se prolonge au delà du cou-de-pied et qui enveloppe le pied comme un bas. Bonjour (...) dit-il à M. Alidor, qu'il trouva en veston rose et en pantalon à pieds (A. France,Chat maigre,1879, p.295). ♦ Pantalon à la hussarde. V. hussard I B 2 a. − Loc. fig. ♦ Le petit doigt sur la couture du pantalon. Dans une position raide, celle du soldat au garde-à-vous, pour manifester le respect. La Guillaumette fit un pas en avant, vint prendre place près du sous-officier, et, les talons sur la même ligne, les pieds écartés en équerre, il laissa retomber ses bras sans affectation ni raideur, le petit doigt sur la couture du pantalon (Courteline,Train 8h47,1888, 1repart., V, p.50).Marollier, face au général, le petit doigt de la main gauche sur la couture du pantalon, la main droite à la tempe. −Vous avez raison, mon général! Vous avez raison! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, III, 17, p.70). ♦ User ses fonds de pantalon, ses pantalons sur les bancs d'une école. Synon. de user ses culottes*, ses fonds de culottes* sur les bancs d'une école.De la dureté ancienne exagérée, on passe à une exagération de douceur affaiblissante (...). Au collège Rollin, (...) sur ces bancs où nous avons tous usé nos pantalons sur le bois dur et lustré, mon petit cousin et ses camarades ont des ronds, comme les ronds des vieux (Goncourt,Journal,1861, p.941). ♦ Pop. Baisser le pantalon (devant qqn), baisser son pantalon (devant qqn) Se soumettre aux exigences, aux volontés de quelqu'un. Synon. baisser son froc*: 2. ... reprendre la même route, tous les matins, avec une fatigue qui s'accumule, pour recevoir, à la fin de la semaine, seulement ce qu'on veut bien vous donner, et qui suffit de moins en moins. (...) la colère les avait gagnés (...) après les premières discussions avec le patron. Il avait dit en effet, tout sec, que c'était à prendre ou à laisser. Un homme ne parle pas ainsi. «Qu'est-ce qu'il croit! avait dit Esposito, qu'on va baisser le pantalon?»
Camus,Exil et Roy.,1957, p.1597. ♦ Pop. Ne rien avoir dans le pantalon. Synon. de n'avoir pas de couilles* (au cul) (vulg.).«T'as donc pas envie de faire joujou avec ta souris?» «Eh dis! avec quoi que je le ferais? J'ai trop marché, il ne me reste plus rien dans le pantalon. Je veux dormir et seul» (Sartre,Mort ds âme,1949, p.202). ♦ Porter le pantalon (dans le ménage). Synon. de porter la culotte (v. ce mot A 1 b). − P. ext. Synon. de culotte (v. ce mot A 1 a et b).Deux tout petits de cinq à six ans, en pantalons courts, blouses et tabliers blancs par-dessus (Loti,Rom. enf.,1890, p.36).L'homme, jeune, brûlé de soleil, les cheveux blonds (...) portait un court pantalon laissant à nu les jambes musculeuses et poilues. La femme pouvait avoir vingt ans. En culotte aussi (Van der Meersch,Empreinte dieu,1936, p.223). ♦ Pantalon de cheval. Synon. de culotte* de cheval.Un pantalon de cheval, retouché sur lui-même par le maître tailleur et dont les basanes ajustées singeaient la botte (Courteline,Train 8h47,1888, 1repart., 1, p.11). ♦ Pantalon de golf. Synon. de culotte* de golf, knicker-bockers.Il portait volontiers des pantalons de golf (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.310). Rem. Pantalon s'emploie gén. au sing. (sauf au Canada, où il est gén. au plur.), mais on rencontre dans des emplois vieillis: une paire de pantalons, des pantalons. C'est un gaillard qui (...) porte (...) des pantalons collans (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p.595). Supra ex. de Goncourt, Journal, 1861, p.941. SYNT. Pantalon de casimir, coutil, cuir, daim, drap, flanelle, laine, lin, nankin, toile, velours; pantalon collant, corsaire, droit, étroit, fuseau, large, moulant, serré; pantalon à (grand) pont, à jambes/pattes/pieds d'éléphant (vx), à l'éléphant, à la marinière, à revers, à sous-pieds; pantalon de tennis, de ski; pantalon de pyjama; pantalon fantaisie, habillé, rayé; pantalon de cérémonie, du dimanche; bas, braguette, bretelles, canon, ceinture, enfourchure, entre-jambes, fond, jambes, pli, poche, poche revolver, pont, sous-patte d'un pantalon; boutonner, enfiler, mettre, quitter, passer, porter un pantalon; pantalon de femme, d'homme, pour dame, unisexe; pantalon de zouave. b) P. méton., fam., vieilli
α) Pantalon rouge/garance. Soldat de la ligne. La garnison est en liberté, à cette heure-ci, et les pantalons rouges, farauds, ne se gênent pas. Déjà, en venant dîner, notre petite bande était escortée de sourires, de claquements de langue et de bruits de baisers jetés; ces manifestations exaspèrent la directrice qui fusille de ses regards les audacieux fantassins (Colette,Cl. école,1900, p.213). ♦ Donner dans le pantalon rouge. Accorder, de préférence, ses faveurs aux militaires. Gervaise (...) lui reprochait sa vie crûment et lui demandait si elle donnait dans les pantalons rouges, pour rentrer cassée à ce point (Zola,Assommoir,1877, p.744).
β) Pantalon bleu. Gendarme. Il n'a à craindre que les gendarmes; et encore, s'ils sont trop près, les pantalons bleus (Vallès,Réfract.,1865, p.6). c) Pièce de vêtement de dessus faisant partie du costume traditionnel des femmes dans certaines civilisations orientales. Elle apprit à fond la langue française dit adieu pour toujours à ses vestes brodées et à ses pantalons de soie rose (A. Daudet,Nabab,1877, p.125): 3. Ces costumes sont très-variés pour la couleur des étoffes et le nombre et l'éclat des joyaux; mais ils sont informes dans la coupe des vêtements. Ces vêtements consistent dans un pantalon à larges plis de satin rayé, noué à la ceinture par un tissu de soie rouge, et fermé au-dessus de la cheville du pied par un bracelet d'or ou d'argent; une robe brochée en or, ouverte sur le devant et nouée sous le sein, qu'elle laisse à découvert...
Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.196. 2. Fréq. au plur., vieilli. [Désigne une pièce de sous-vêtement féminin] Culotte à jambes en lingerie que les femmes portaient sous le(s) jupon(s) ou la combinaison. Pantalons brodés, festonnés; dentelles du pantalon; pantalons à coulisse; pantalons fendus à l'entre-jambe; pantalon de batiste. Elle [la femme comme il faut] ne porte ni couleurs éclatantes, ni bas à jours, ni boucle de ceinture trop travaillée, ni pantalons à manchettes brodées bouillonnant autour de sa cheville (Balzac,Autre ét. femme,1842, p.385).Il y avait des chemises et des pantalons avec des entre-deux de dentelle de Venise, très fine. J'avais un plaisir extrême à toucher tout cela (Larbaud,Barnabooth,1913, p.128).Il se plaignait avec indignation de la lingerie allemande, surtout de ces grossiers pantalons de toile qui enserrent la femme du nombril aux genoux, si difficiles à retirer et qui lui avaient gâté son premier plaisir (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.203): 4. Marguerite ôta sa robe (...). Elle apparut à peine vêtue d'un corset d'où émergeait la fine chemise à trou-trou nouée d'un ruban bleu, et d'un pantalon très court dont la broderie laissait voir les bas presque jusqu'au-dessus du genou.
Aymé,Jument,1933, p.260. ♦ Pantalon-jupon (vieilli). Pantalon très ample et très large qui permet (par sa forme) de supprimer un jupon pendant l'été. Que (...) de pantalons-jupons incrustés de chantilly imitation (Colette,Chambre d'hôtel,1940, p.161). − P. ext., vieilli. Culotte, slip. Elle fit tomber son pantalon à ses pieds puis le ramassa et le posa soigneusement sur sa robe avec son soutien-gorge (Sartre,Le Mur, Paris, Gallimard, 1978 [1939], p.86). B. − 1. THÉÂTRE. ,,Toile peinte, masquant une découverte dans un décor`` (Mots rares 1965). 2. AÉRON. Pantalon de roue. Carénage profilé entourant la roue et la jambe du train d'atterrissage d'un avion, lorsqu'il n'est pas escamotable. (Dict. xixeet xxes.). 3. CHORÉGR. Première figure du quadrille français. Au premier quart du XIXes., le Q[uadrille] moderne se compose définitivement de cinq figures: pantalon, été, poule, pastourelle, finale (Brenet,Dict. prat. et hist. mus.,1926, p.374). Prononc. et Orth.: [pɑ
̃talɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1583-84 Panthalon, nom d'un personnage de la commedia dell'arte (Brantôme, Des Dames ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t.7, p.347); 2. 1679 «personnage bouffonnement hypocrite» (Cardinal de Retz, Mém., éd. A. Feillet, t.2, p.62). II. 1. 1585 pantaleon «costume de Pantalon» (P. de L'Estoile, Mémoires-journaux, t.2, p.182, d'apr. T. Jaroszewska ds Kwart. neofilol. t.28, p.300; 1628 pantelon «costume allant du cou aux pieds et dont les chausses tombaient droites» (doc. 15 sept. ds Arch. hist. du départ. de la Gironde, t.1, p.19: Pour la facon de l'abit et pantelon); cf. 1651, J. Loret, La Muze historique, 22 janv., t.1, p.85: Il n'avoit point de haut-de-chausses, Mais un pantalon seulement; 2. 1790 «longue culotte sans pieds» (Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, p.160); 3. 1797 désigne un sous-vêtement féminin (La Petite poste de Paris, no2, nivôse an 5, 20 ds Quem. DDL t.20). III. Emplois techn. 1. 1840 désigne une partie d'un décor de théâtre (Brisebarre et Jemma, L'Homme qui tue sa femme, II, 1 ds Quem. DDL t. 3); 2. 1842 désigne une des figures de la contredanse (Ac. Compl.). Empr. à l'ital. Pantalone, nom d'un personnage bouffon de la commedia dell'arte qui était vêtu d'un costume dont les chausses tombaient droites sur les pieds. En ital. ce nom fut d'abord un sobriquet appliqué aux Vénitiens (cf. début xviies., A. d'Aubigné, Confession du sieur de Sancy ds OEuvres, éd. Weber, p.636) parce que prénom très fréquent à Venise, St Pantaleone étant le patron de la ville. Voir FEW t.7, p.565b et T. Jaroszewska ds Kwart. neofilol. t.28, pp.293-304. Fréq. abs. littér.: 1843. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1320, b) 3723; xxes.: a) 3109, b) 2846. DÉR. 1. Pantalonner (se), verbe pronom.Se vêtir d'un pantalon. Tirésias, maîtrisant son mari, lui ôte son pantalon, se déshabille, lui passe sa jupe, le ligote, se pantalonne, se coupe les cheveux et met un chapeau haut de forme (Apoll.,Tirésias,1918, I, 4, p.888).− [pɑ
̃talɔne], (il) -onne [-ɔn]. − 1reattest. 1859 (Mozin-Biber, Dict. complet des langues fr. et all., Suppl. d'apr. FEW t.7, p.565a); de pantalon, dés. -er. 2. Pantalonné, -ée, part. passé en empl. adj.Qui porte, qui est vêtu de pantalon (supra A 1 et 2). Morny (...) qui ne couchait jamais avec une femme, mais qui, tous les matins, sur un coin des divans officiels de l'appartement du premier au Corps Législatif, sacrifiait à Vénus avec une visiteuse enjuponnée, pantalonnée, tout jouissant et tout satisfait de ce seul et unique frottement des parties naturelles (Goncourt,Journal,1886, p.596).Je ne connais pas d'être plus impressionnable, ni plus dévoré d'appréhensions que ce colosse aux pieds d'argile [Judet] −et quels pieds! −pantalonné en toutes saisons de drap militaire (L. Daudet, Temps Judas,1920, p.41).Pantalonné de + nom de couleur (sans article).Pantalonné de blanc, de gris. Croquebol, cavalier de 1reclasse (...) s'était allongé sur son lit et y sommeillait à plat ventre, présentant à la société un énorme derrière pantalonné de rouge (Courteline,Train 8h47,1888, 1repart., 6, p.65).− [pɑ
̃talɔne]. − 1reattest. a) 1842 «cerclé dans toute sa longueur (d'un tonneau)» (Mozin-Peschier), b) 1876 «vêtu d'un pantalon» (E. Bergerat ds Journ. offic., 7 mai, p.3136, 2ecol. ds Littré Suppl.); de pantalon, suff. -é*. 3. Pantalonnier, -ière, subst.Personne spécialisée dans la confection des pantalons. (Dict. xixeet xxes.). − [pɑ
̃talɔnje], fém. [-ε:ʀ]. − 1reattest. 1878 (Lar. 19eSuppl.); de pantalon, suff. -ier*. BBG. −Furukawa (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp.117-118. _Greimas Mode 1948, pp.83-87. _Hope 1971, p.297. _Kohlm. 1901, p.51. _Migl. 1968 [1927), p.98, 103 passim. _Poirier (Cl.). L'Anglicisme au Québec et l'héritage fr. Trav. de ling. québécoise. 2. Québec, 1978, p.54. _Prigniel (M.). Sur les noms pop. du tablier et du pantalon. Fr. mod. 1967, pp.103-106. _Quem. DDL t.16, 20, 22, 27. _Ranft 1908, p.136 (s.v. pantalonné). _Sain. Sources t.1 1972 [1925] p.374. |