| PANNE1, subst. fém. Étoffe (de laine, soie, coton) travaillée comme le velours, dont le poil plus long et moins serré est couché, et qui sert dans la confection de vêtements ou dans l'ameublement. Panne grise, marron, noire; panne à poil uni. J'ai trouvé derrière un rideau de panne rose une façon d'alcôve étroite, un divan drapé de cette même panne rose, où des feuilles de platane ont laissé, en nuance de cendre-verdâtre, leur ombre cinq fois pointue (Colette,Cl. ménage, 1902, p.238).On avait poussé les tables contre les banquettes, de panne grise, et quelques couples bostonnaient sur le tapis pourpre, dans une lumière de jour finissant, qu'adoucissaient encore les rideaux de guipure (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p.835).♦ En partic. Tissu à poils ras couchés, brillants, utilisé pour la confection de vêtements. Culotte, robe de panne. Plus d'un curieux qui était entré dans le groupe un beau manteau doublé de panne sur l'épaule, et la pochette bien garnie, sortit de la presse en simple pourpoint, et ayant dépensé son argent sans le savoir (Gautier,Fracasse, 1863, p.298). − HÉRALD. Synon. de fourrure.Les Pannes sont des combinaisons de fourrures −employées sur les cottes d'Armes −et de couleurs. Les plus belles, fixées, devinrent l'Hermine et le Vair (P.-B. Gheusi, Le Blason et l'art héraldique, 1932, p.57). Prononc. et Orth.: [pan]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 penne «fourrure souvent employée comme doublure» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 742); ca 1165 pane (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13361); ca 1200 panne (Chevalier cygne, éd. C. Hippeau, p.110), subsiste comme terme de hérald. 1644 panne (Marc Vulson, Science heroïque, chap.6, p.42); 1690 panne ou penne (Fur.); d'où 2. ca 1228 pene «doublure (en tissu)» (Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 2200: La pene ert d'un cendal vermeil); ca 1250 penne «étoffe imitant le velours» (Roi Flore et belle Jehane, éd. Fr. Michel, p.23 d'apr. R. Levy ds Philol. Quart. t.14, p.260); xives. [date ms.] pane (Walter de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, var. ms. B, 38 après le vers 184); 1504 panne (ds Mém. de la Sté de Paris et de l'Île-de-France, 1902, p.304). Du lat. pĭnna «plume; aile», prob. var. de pĕnna «id.», v. penne, cf. F. Sommer, Handbuch der Lateinischen Laut - und Formenlehre, §53, p.58, att. en gallo-rom. au sens de «fourrure» (cf. FEW t.8, p.533b) qui aurait pu être influencé par le germ. (cf. m. h. all. vëder, «plume» et «fourrure», v. aussi Diez3p.654), plus exactement par le frq., puisque ce sens vit en a. prov.: pena «sorte de fourrure» dep. le début du xiiies. (Le moine de Montaudon, Chanson no9, éd. O. Klein, 51, p.56), cf. FEW t.8, p.534a. |