| PANACHER, verbe trans. A. − [Correspond à panache] 1. Rare. Orner (d'un panache de plumes). Synon. usuel empanacher.Panacher un casque. − Au part. passé. Une grosse dame panachée de plumes et de fleurs (A. Daudet, Immortel, 1888, p.281). 2. P.anal. Orner, surmonter, couronner (de quelque chose qui flotte ou ondoie comme un panache). J'ai vu aussi la mer (...) soulevée et panachant d'écumes les rochers (Barb. d'Aurev., Memor. 4, 1858, p.115). 3. P.métaph. ou au fig. Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise, Panaché d'indépendance et de franchise (Rostand, Cyrano, 1898, i, 4, p.44). B. − [Correspond partiellement à panachure] 1. Mélanger diverses couleurs; orner (d'une autre couleur) en tranchant sur celle du fond. Synon. barioler, bigarrer, chamarrer.Les bosquets où l'on danse sont panachés de belles fleurs nouvelles (Murger, Scène vie boh., 1851, p.202). − Au part. passé. Panaché de + subst. indiquant une couleur.Maintenant, il était tout flambant neuf, serré dans une élégante redingote, la boutonnière fleurie d'une rosette panachée de couleurs vives (Zola, Argent, 1891, p.186).Des vinaigriers et d'autres arbres d'agrément panachés de blanc et de vert (Pourrat, Gaspard, 1931, p.136). − Empl. pronom. La terre se couvre de marguerites, de pensées, de jonquilles, de narcisses, d'hyacinthes, de renoncules, d'anémones (...). Des clairières se panachent d'élégantes et hautes fougères (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.59). − HORTIC. Cultiver, faire produire des variétés de diverses couleurs mélangées. Le juge dépotait, repiquait, arrosait, marcottait, greffait, mariait et panachait ses fleurs (Balzac, Cabinet ant., 1839, p.128). ♦ Empl. pronom. et intrans. Prendre diverses couleurs. Les tulipes commencent à panacher, à se panacher. (Dict.xixeet xxes.). 2. Composer d'éléments divers et variés, notamment en cuisine. Synon. mélanger.Panacher une garniture de légumes. (Dict.xxes.). Panacher deux parfums (Caput 1969). − P.anal. [Le compl. désigne des pers., des produits de l'activité hum.] Si le roman doit durer encore, il faut l'interrompre ou le panacher de distractions (Sand, Corresp., 1867, p.169).Les délicieuses tables «panachées» de mondains et d'artistes, que composaient Madame Straus, les dames Henri et Arthur Baignères (Blanche, Modèles, 1928, p.111). 3. Au fig. Humilité panachée d'orgueil que nous avons remarquée chez eux (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.255).Les théories de son héros sur l'instinct génésique se panachent de mots crus (Montesquiou, Mém., t.3, 1921, p.292). C. − [Correspond à panachage (dr. constit.)] Dans une élection, mélanger les noms de candidats pris sur des listes concurrentes pour composer sa propre liste. L'électeur conserve la liberté de panacher plusieurs listes. Sont déclarés élus au premier tour les candidats ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés (Fonteneau, Conseil munic., 1965, p.31). Prononc. et Orth.: [panaʃe], (il) panache [panaʃ]. Ac. 1694, 1718: pennacher ,,on prononce panacher``; dep.1740: panacher. V. panache. Étymol. et Hist.A.1. 1667 «orner de diverses couleurs» (P.Morin, Rem. nécessaires pour la culture des fleurs, p.142); id. se panacher «prendre diverses couleurs» (en parlant d'une fleur) (Id., ibid., p.284); 2. 1866 «mêler des éléments différents» (Delvau); 3. 1912 dr. électoral panacher une liste (Lar. mens. t.2, nov., p.567b). B. 1833 au fig. «orner de panaches» (Quinet, Ahasverus, p.223: habiller de phrases une ombre, un squelette, moins que cela, un rien; le coiffer de rimes, le chausser d'adverbes, le panacher d'adjectifs, le farder de virgules). Dér. de panache*; dés. -er. |