| * Dans l'article "PANACHE,, subst. masc." PANACHE, subst. masc. A. − Grande plume ou bouquet de plumes, souvent de couleurs diverses, liées à la base et s'épanouissant librement, utilisé(e) comme ornement. Panache flottant; panache de plumes, en plumes d'autruche, de paon. 1. [Dans les coiffures des femmes en tenue d'apparat] Il s'agissait de se décolleter, de se caparaçonner, de se lancer dans les falbalas et les panaches, de se produire au milieu de cette société choisie, étalage vivant de pierreries et de dentelles (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.192).Madame Arthur Pommerel, en velours pourpre, un panache de trois plumes d'autruche noires dans les cheveux (Chardonne, Dest. sent., i, 1934, p.34). 2. [Dans les coiffures masculines à certaines époques, en partic. dans la tenue milit. au xvies. comme ornement du casque] Casque à grand panache; casque, chapeau ombragé, orné d'un panache. Au-dessus de son casque d'airain, un triple panache blanc s'épanouissoit par étage et se balançoit dans l'air (Cottin, Mathilde, t.2, 1805, p.149).Des signori en justaucorps de velours noir à la Véronèse (...), tous le front ombragé du sombrero surmonté d'un panache ou d'une plume d'autruche (Giono, Bonheur fou, 1957, p.161).V. aigrette ex. 15, 20. − En partic. Signe distinctif porté par un chef militaire. Qu'on me rende mes tours, mes vassaux, mes bastilles, Mon panache, mon siége au conseil des Castilles (Hugo, Hernani, 1830, v, 3, p.134).Fritz [le général] (...): Ces grades, ces honneurs... le panache... Il est bien évident que je tiens à garder tout ça (Meilhac, Halévy, Gde duchesse Gérolstein, 1867, ii, 5, p.251): 1. ... le marchand d'estampes (...) avertit Desmahis qu'il lui donnerait désormais des sujets militaires à graver. −Il va nous falloir des victoires et conquêtes, des sabres, des panaches, des générau.. Nous sommes partis pour la gloire.
A. France, Dieux ont soif, 1912, p.308. ♦ [P.allus. aux paroles attribuées à Henri IV avant la bataille d'Ivry: Ralliez-vous à mon panache blanc; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire!] La politesse m'a dépouillé au vestiaire de la partie la moins anonyme de mon vêtement [le chapeau de Lafcadio]. Nul doute que vous ne vous y soyez ralliée comme au panache blanc d'ancienne mémoire (Gracq, Beau tén., 1945, p.157).P.plaisant. Je reconnais Mimi à sa robe, et Rougette à son panache blanc, toujours sur le chemin de la friandise (Musset, Mimi Pinson, 1845, p.256). ♦ P.méton. L'uniforme militaire (de parade); en partic., l'uniforme de l'officier supérieur. Avoir l'orgueil du panache. J'avais effectivement l'amour du panache! Les uniformes, les plumets, les plaques, les galons, tout ce qui était «costume» enfin me transportait d'admiration (Gyp, Éduc. prince, 1890, p.278).Parfois je vois moins de vrai courage que de vanité, de gloriole, dans certaines parades en gants blancs, et en panache sous le feu de l'ennemi (Gide, Journal, Feuillets, 1937, p.1279). 3. [Sur la tête d'animaux harnachés; au sommet d'objets utilisés au cours de cérémonies ou réservés à l'usage de hauts personnages] Panache de corbillard, d'un cheval de cirque; baldaquin à panaches. Sur leur tête [des dromadaires] ondulent de hauts panaches en plume d'autruche et de marabout (Du Camp, Nil, 1854, p.56).Balancé selon le pas du boeuf roux, le dais aux grands panaches de couleurs (Adam, Enf. Aust., 1902, p.15). B. − P.anal. (avec la forme, la légèreté, l'éclat d'un panache). Ce qui surmonte ou couronne quelque chose, flotte ou ondoie. De beaux oiseaux appelés aigrettes, à cause du panache de leur tête (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.269).La corde [du chaland] s'enfonçait (...) et coulait doucement le long de la berge, en inclinant les panaches soyeux des roseaux (Moselly, Terres lorr., 1907, p.265).Une de ces tornades dont le pied en pas de vis ramasse et porte à cent lieues un panache de sable, de graines, d'insectes (Colette,Sido,1929,p.58) : 2. Les tonneaux de poudre s'enflammaient, le pavillon de l'horloge sautait, avec une violence de poudrière. Une gerbe immense monta, un panache qui emplit le ciel noir, le bouquet flamboyant de l'effroyable fête.
Zola, Débâcle, 1892, p.615. SYNT. Panache de fumée d'une cheminée, d'une locomotive; panache d'étincelles, de flammes, de poussière; panache de feuillage, de fleurs, de verdure; panache d'un jet d'eau; panache de la queue d'un écureuil. − P.anal., région. (Canada). Bois d'orignal, de cerf ou de chevreuil. Nous voyions (...) au bord du lac, un vieil orignal mâle humer le vent, dressant sa tête et son panache énorme (Genevoix, Laframboise, Lac Fou, 1942, p.100). − Locutions ♦ En panache. [Souvent en parlant de la queue d'un animal] Deux jeunes chiennes secouant leurs queues en panaches parmi les verreries du comptoir (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., 3, p.249). ♦ Faire panache. Vieilli, HIPP. [En parlant du cavalier] Tomber en passant par-dessus la tête du cheval. Il se mit en boule, en bon héritier des cavaliers qui font panache (La Varende, Gentilsh., 1948, p.129).[En parlant du cheval] Faire une chute sur l'encolure après l'obstacle (d'apr. Tondra Cheval 1979). P.anal. [En parlant d'un cycliste] Passer par-dessus le guidon de sa bicyclette. Synon. faire un soleil*. (Dict.xxes.).[En parlant d'une voiture] Se retourner complètement. Synon. faire un tonneau*.[Théry] a manqué être tué à Nice, il y a quelques semaines, dans une promenade en automobile. L'auto où il se trouvait ayant soudain fait panache (Léautaud, Journal littér., 1, 1906, p.257). − Spécialement ♦ ARCHIT. Surface triangulaire et curviligne du pendentif (d'une coupole) (d'apr. Noël 1968). Élément de décoration en forme de plumes dans les chapiteaux introduit par Le Brun dans le chapiteau de l'ordre français à la place d'un ornement de feuilles (d'apr. Barb.-Cad. 1963 et 1971). ♦ HORTIC. ,,Bande ou tache de couleur différente, qui se trouve sur les feuilles de fleurs dites panachées`` (Lar. encyclop.). ♦ SERR. Targette, loqueteau, poignée à panache. ,,Anciens objets de quincaillerie dont la platine est découpée en forme de panache`` (Chabat 1881). ♦ TECHNOL. Partie supérieure d'une lampe d'église. Le panache porte le culot par le moyen de plusieurs chaînes (Ac.1798-1878). ♦ ZOOL., vieilli. Panache de mer. Annélide dont les branchies forment à l'entrée de leur tube calcaire, un panache paré des plus vives couleurs (d'apr. Bouillet 1859). C. − P. méton. [P.réf. à la mode d'orner de plumes les casques des guerriers depuis l'Antiquité (v. supra A 2)] .
1. Ce qui dénote l'élégance virile et la fière allure du guerrier, la vaillance chevaleresque, la bravoure spectaculaire ou héroïque. Entre représentants des classes dominantes, la guerre avait gardé quelque chose de courtois, de conventionnel, de «bien élevé» (...). Une urbanité de gens policés, quelque chose qui rappelait encore l'ancien état de choses, la guerre en dentelles, le panache, la loyauté réciproque (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.230). ♦ Le goût, l'amour du panache. Goût, amour de la vaillance chevaleresque, de la bravoure. Latins, amoureux du panache et du galon d'or (Clemenceau, Iniquité, 1899, p.231).Le général de cavalerie J. B. Stuart dont la hardiesse, la bravoure et le goût du panache l'apparentent à Murat (Green, Journal, 1934, p.200). ♦ Avoir du panache. [Le suj. désigne un chef milit.] Savoir enlever ses troupes par l'exemple et la contagion de son enthousiasme (d'apr. Ac. 1935). P.ext. Avoir du panache. Avoir fière allure, de l'allure. C'est difficile de se faire des illusions dans un garni. Les clients n'ont pas de panache. C'est en douce qu'ils voyagent sur la vie d'un jour à l'autre sans se faire remarquer (Céline, Voyage, 1932, p.441). 2. Ce qui a de l'allure, de l'élégance, du brio ou de l'éclat. Bourgeoisie (...) si affamée de places, d'emplois, de distinctions, de panache (Zola, Rome, 1896, p.464).Il appréciait les gestes élégants, les jolis sentiments, la désinvolture, l'allure, le panache, la frivolité, l'ironie (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.36). − Avec une nuance péj. Synon. gloriole, grandiloquence.Entichée de noblesse, −et d'argent aussi, depuis qu'elle en avait, −aimant par dessus tout le panache et la pose, elle ne pardonnait pas à la petite Coryse une simplicité (...) qu'elle ne comprenait point (Gyp, Mariage Chiffon, 1894, p.10).Tous nous avons lu cela dix fois pour une, à une certaine grandiloquence près, un certain panache qui fait à peine illusion (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p.133). − Arg. et pop. Avoir son panache. ,,Être gris`` (France 1907). Avoir son panache. ,,S'empourprer le visage comme un plumet d'uniforme`` (Larchey 1878). Synon. avoir son plumet*. Prononc. et Orth.: [panaʃ]. Ac. 1694, 1718: pennache ,,on prononce panache``; dep. 1740: panache. Transformation de pen- en pan- p.anal. avec de nombreux mots commençant par pan- et de signif. approchante (v. FEW t.8, p.536 b et 538 a). Étymol. et Hist.1. Ca 1524 pennache «bouquet de plumes» (Epistre adressee à feu Monsrde Bayard, poés. attribuée à J. Lemaire de Belges ds OEuvres, éd. J. Stecher, t.4, p.364); 1527 pannache (Hist.du chevalier Bayart, par le Loyal Serviteur ds M. Petitot, Coll. des Mém. relatifs à l'hist.de France, 1resérie, t.15, p.206); 1546 panache (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap.18, p.136: un panache de plumes Indicques chassant les mouches d'autour); spéc. 1551 «bouquet de plumes ornant un casque» (Ronsard, Tombeau de Marguerite de Valois, 218 ds OEuvres, éd. P.Laumonier, t.3, p.65); 2. 1617 p.ext.pennache «touffe formée par les plumes de la queue d'un oiseau» (D'Aubigné, Aventures du baron de Faeneste, I, 13 ds OEuvres, éd. H. Weber, p.696); 3. spéc. a) 1735 panache cuis. nom donné aux oreilles de cochon (Cuisinier mod., t.3, p.57 ds Quem. DDL t.1); b) 1762 «partie supérieure d'une lampe d'église» (Ac.); 4. 1854 au fig. (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t.13, p.49: Qu'il y ait dans tout ceci et dans la manière dont Villars le raconte, un peu d'appareil, de mise en scène et d'air de gloire, qui en doute? Villars a le panache comme naturel). Empr. à l'ital. pennachio «bouquet de plumes sur un casque» (dep.le xives., Ciriffo Calvaneo ds Tomm.-Bell.), du lat. chrét. pinnaculum «pinacle, faîte», dér. de pinna «plume, créneau» (cf. pinacle). L'initiale pa- est due à l'infl. des nombreux mots commençant par pan- (v. FEW t.8, p.537a et 538a). Fréq. abs. littér.: 393. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 593, b) 889; xxes.: a) 629, b) 310. DÉR. Panachard, -arde, adj. et subst.,péj. (Celui, celle) qui aime le panache, la gloire militaire; (celui, celle) qui fait preuve d'un patriotisme exalté, de chauvinisme. La croix de guerre avec palme, pas une recommandation! s'écrie M. Georges, presque indigné, car il était profondément panachard (La Varende, Indulg. plén., 1951, p.166).− [panaʃa:ʀ], fém. [-aʀd]. − 1reattest.1898 «qui aime la gloire» (A. Daudet, Soutien de famille, p.223 ds Pauli, p.28); de panache, suff. -ard*. BBG. −Dauzat Ling. fr. 1946, p.39. |