| PALLADIUM1, subst. masc. A. − ANTIQ. Statue de Pallas que l'on croyait tombée du ciel et dont la possession était supposée assurer la sauvegarde de la ville de Troie (celle-ci tomba aux mains des Grecs lorsque Diomède et Ulysse l'eurent dérobée). [Les Grecs] portaient le voile [de Pallas] jusqu'à l'Erechtéion (...) véritable reliquaire où l'on gardait le palladium tombé du ciel (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.214). − [P.réf. aux événements ci-dessus] On n'attendait que la mort de cette princesse [Mmede Longueville] pour commencer le blocus final où le célèbre monastère [de Port-Royal] devait succomber. Il n'y avait plus de palladium dans Ilion (Sainte-Beuve,Portr. femmes, 1844, p.320). − P.anal., plais. Arrêtons-nous un peu au carrefour d'une rue écartée (...). Là est une bizarre statue servant de fontaine publique (...). C'est l'illustre Mannekenpis, dit le premier bourgeois de Bruxelles. On sait que cette figure est le palladium de Bruxelles (Nerval,Rhin et Flandre, 1852, p.263). B. − P.anal. ou au fig., vieilli. Entité concrète ou abstraite assurant la sauvegarde ou la survie d'une collectivité, d'une institution, d'une valeur. Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l'impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale (Chateaubr.,Essai Révol., t.1, 1797, p.xxxi).La charte constitutionnelle, en garantissant les bons principes de la Révolution, est le palladium du trône et de la patrie (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.169): . Allez au centre [de la termitière]. Là est le mystère de ce petit monde; là est son palladium, son idole, entourée sans cesse des soins d'une foule empressée (...). C'est la reine ou la mère commune, épouvantablement féconde, d'où sort non interrompu un flux d'environ soixante oeufs par minute, ou quatre-vingt mille oeufs par jour!
Michelet,Insecte, 1857, p.237. − P.plaisant. Le gilet de flanelle, cette sauvegarde, ce tuteur de la santé, ce palladium chéri de Bouvard et inhérent à Pécuchet, sans ambages ni crainte de l'opinion, des auteurs le déconseillent aux hommes pléthoriques et sanguins (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.77). Prononc. et Orth.: [paladjɔm]. Att. ds Ac. dep. 1762. [-djɔ
̃] ds Fér. 1768, prononc. vieillie selon Littré. Au plur. des palladiums. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 pallade «statue de Pallas» (Eneas, 1086 ds T.-L.); ca 1165 pallade et palladion (Troie, 25726, 24408, 25403, ibid.); 1562 Palladium (Du Pinet, Hist.du Monde de Pline Second, Lyon, t.2, livre 33, chap. 12, p.590); 2. 1748 «garant de la conservation de quelque chose» (Montesquieu, L'Esprit des lois, éd. J. Brethe de la Gressaye, 5epart., livre 26, chap. 15, t.3, p.314). Empr. au lat. palladium, du gr. π
α
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ν désignant la statue de Pallas considérée par les Troyens comme le gage de la sauvegarde de leur ville. Fréq. abs. littér.: 22. |