| PALABRE, subst. A. − [En Afrique noire] ,,Assemblée coutumière, généralement réservée aux hommes, où s'échangent les nouvelles, se discutent les affaires pendantes, se prennent les décisions importantes`` (Inventaire des particularités lex. du fr. en Afrique noire, 1983). ♦ Arbre à palabres. ,,Arbre sous lequel se réunissent les gens du village pour discuter. Allons nous asseoir sous l'arbre à palabres`` (J. David, Dict. du fr. fondamental pour l'Afrique, Paris, Didier, 1974). B. − P.anal., le plus souvent au plur. 1. Discussion longue et difficile en vue d'un résultat précis. Obtenir qqc. après maintes palabres. Le Commandant me dit que ce sont des pèlerins, se rendant à la Mecque, et qu'ils marchandent le prix de leur passage (...) ils sont accoutumés aux marchés des soukhs, aux rabais obtenus après de longs palabres (Maurois, Mes songes, 1933, p.271).À Lumbreras (...), il nous faut de longues palabres (...) pour payer très cher un peu de jambon racorni et une miche de pain de l'autre semaine (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p.73): . ... j'allais une fois le mois à Cracovie procéder aux emplettes nécessaires pour nos universités et nos théâtres. Je n'en avais obtenu l'autorisation qu'après un bon semestre de palabres, non sans insistance et sans ruse...
Ambrière, Gdes vac., 1946, p.319. 2. Discussion interminable et souvent oiseuse. Palabre politique; aimer la palabre. J'avais beaucoup d'amis et nul n'a eu plus que moi le goût des palabres sans fin, des confidences, des lettres (Mauriac, Écrits intimes, Commenc. d'une vie, 1932, p.11).Quant à moi, (...) je mesurais ce que ces palabres avaient de vain et de conventionnel, puiqu'elles n'avaient pas pour objet la seule solution valable: se rétablir outre-mer (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.54). Prononc. et Orth.: [palɑ:bʀ
̥], [-abʀ
̥]. ,,L' a est assez long et fermé dans les finales -abre et -avre (...) toutefois cette prononciation n'est pas absolument générale, notamment pour palabre et cinabre`` (Mart. Comment prononce 1913, p.32). Étymol. et Hist.1. 1604 [éd.] «parole grandiloquente» (Feu-Ardent, Entremangeries ministrales, p.278); 2. a) 1728 [éd.] «discours d'un nègre» (Labat, Nouvelle relation de l'Afrique occidentale, Paris, t.2, p.240); b) α) 1752 fém. plur. «petits présents faits aux rois noirs par les commerçants européens» (Trév.);
β) 1842 «conférence dans laquelle on offre ces présents» (Ac. Compl.); c) 1842 fém. ou masc. «discours long et inutile» (ibid.). 1 empr. directement à l'esp. palabra «parole», de l'a. esp. parabla «id.» (v. Cor.-Pasc.), du lat. parabola, v. parabole1et parole; 2 empr. à l'esp. palabra par l'intermédiaire des Africains commerçant avec les Français après avoir commercé avec les Espagnols. Voir FEW t.7, p.605b. Fréq. abs. littér.: 57. |