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PAIX, subst. fém.
I. − [P.oppos. à l'état de guerre]
A. − Situation d'un pays, d'un peuple, d'un état qui n'est pas en guerre. L'arbre de la paix (l'olivier); l'autel de la paix; la colombe de la paix; congrès de la paix; homme de paix; volonté de paix; en temps de paix; paix mondiale; jouir de la paix; rester, vivre en paix; cimenter, consolider, maintenir, préserver, rétablir, sauvegarder la paix; compromettre, menacer, troubler, violer la paix. La guerre finie, chacun des combattants va sortir des tranchées rassasié d'horreur, avec un immense désir de paix (Barrès,Cahiers, t.11, 1917, p.229).Le jour où ceux qui aiment la paix comprendront la grandeur que peut revêtir la guerre, peut-être seront-ils plus près de la paix universelle dont ils veulent nous doter (Faure,Espr. formes,1927, p.13):
1. Rien ne saurait nous détourner de suivre la vocation séculaire de notre pays. Mais rien ne pourrait nous faire oublier que sa grandeur est la condition sine qua non de la paix du monde. De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.631.
Paix armée. Paix pendant laquelle chaque belligérant reste sur le pied de guerre prêt à reprendre les hostilités, ou pendant laquelle des États se livrent à la course aux armements en prévision d'un conflit. La paix armée pèse d'ailleurs si lourdement sur les peuples, grève à ce point les budgets, impose aux individus de si sensibles gênes dans un temps de liberté morale et politique croissante (...) qu'il semble à bien des esprits tout à fait improbable que cette paix contradictoire, ce faux équilibre, ne se change insensiblement dans une véritable paix, une paix sans armes, et surtout, sans arrière-pensées (Valéry,Variété IV,1938, p.65).
Paix perpétuelle*.
Proverbe. Si tu veux la paix, prépare la guerre (trad. du lat. Si vis pacem, para bellum).
B. − Traité de paix et, p.méton., paix. Traité conclu entre belligérants pour mettre fin à l'état de guerre. Clauses, négociations, offres, pourparlers de paix; paix acceptable, boiteuse, forcée, fourrée, honorable, honteuse, imposée, juste; conclure la paix; négocier, ratifier, signer la paix. Au sein même du gouvernement certains songeaient, dit-on, à faire la paix à tout prix (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.355).Ceux qui opteront pour l'affirmative seront libérés les premiers à la signature de la paix (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.291):
2. Les conditions furent que le roi quitterait la coalition et enverrait un plénipotentiaire à Paris, pour y traiter de la paix définitive; que jusqu'à la paix ou à la rupture des négociations, Ceva, Coni, Tortone, ou à son défaut Alexandrie, seraient remises sur-le-champ à l'armée française, avec toute l'artillerie et les magasins... Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.358.
Paix séparée. Traité de paix conclu par un cobelligérant alors que ses alliés continuent la guerre. Mon père n'est pas désireux de poursuivre cette guerre inutile et coûteuse. Naturellement nous ne sommes pas en mesure de conclure une paix séparée, mais je puis vous garantir que les opérations militaires seront conduites sans excès de zèle (Sartre,Mains sales,1948, 4etabl., 4, p.149).
Paix des braves. ,,Paix accordée dans des conditions honorables à ceux qui ont combattu avec bravoure`` (Lar. Lang. fr.).
II. − [P.oppos. à un état d'agitation, de discorde]
A. − [Paix qui concerne la collectivité nationale] Conditions de vie fondées sur l'entente entre citoyens et groupes sociaux. Établir l'ordre et la paix; paix scolaire; paix sociale. Que disoient vos persécuteurs? Ils disoient que vous propagiez des doctrines dangereuses; que votre secte, ainsi qu'ils l'appeloient, troubloit l'ordre et la paix publique (Lamennais,Paroles croyant,1834, p.207).Toute ma conclusion c'est que dans la paix civile il se fait présentement en France la pire capitulation d'idées (Clemenceau,Vers réparation,1899, p.41):
3. Les philosophes, ayant présentement des situations bourgeoises expriment et justifient la psychologie et la morale de leur classe, compliquées par la psychologie spéciale de leur groupe professionnel. Cette psychologie bourgeoise veut la paix. «L'ordre et la paix.» Un progrès rationnel, raisonnable et facile. Nizan,Chiens garde,1932, p.140.
Gardien* de la paix.
ANTIQ. ROMAINE. Paix romaine (pax romana). Paix que Rome faisait régner sur les pays conquis. Imposer la paix romaine aux barbares. Mais le monde civilisé, une fois assis dans la paix romaine, offrait un spectacle plus admirable encore (Larbaud,F. Marquez,1911, p.123).
HISTOIRE
Paix du roi. [Dans certaines guerres civiles] Trêve de vingt-quatre heures que les partis observaient le jour de la fête du roi. (Dict. xixeet xxes.).
Paix de Dieu. [Au Moyen Âge] Interdiction prononcée par l'Église de tout acte hostile contre des personnes et des biens déterminés en cas de guerre privée entre seigneurs. Si vous voulez considérer plus en grand l'influence du christianisme sur l'existence politique des peuples de l'Europe, vous verrez qu'il prévenoit les famines, et sauvoit nos ancêtres de leurs propres fureurs, en proclamant toutes ces paix, appelées paix de Dieu, pendant lesquelles on recueilloit les moissons et les vendanges (Chateaubr.,Génie, t.2, 1803, p.565).
B. − [Paix qui affecte les individus entre eux] Absence de conflit, de querelles entre personnes; état de concorde. Paix en famille; la paix des foyers; paix du ménage; paroles de paix; avoir la paix chez soi; faire la paix avec qqn, avec son prochain. Chaque homme, à votre exemple, répond des crimes et des maux qui se commettent dans son enceinte; et lui-même il ne peut en commettre aucun, sans troubler la paix et le bonheur de ses semblables (Saint-Martin,Homme désir,1790, p. 173).Le dos rond, il courait de son air d'homme gras et doux, désireux de vivre en paix avec tout le monde (Zola,Germinal,1885, p.1361):
4. ... je ne veux point imiter ces hommes qui, conduits par la vanité et le plaisir qu'on trouve naturellement à parler de soi, révèlent au monde des secrets inutiles, des faiblesses qui ne sont pas les leurs et compromettent la paix des familles. Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.547.
Spécialement
1. RELIGION
Baiser de paix. Accolade que se donnent pendant la messe les membres du clergé ou les fidèles. Se donner la paix. (Dict. xxes.).
Au fig. Se donner le baiser de (la) paix, se donner la paix. Se réconcilier. Le fait est rare, et une vieille tradition, datant de l'époque où les Rezeau étaient réellement une famille, une vieille tradition naturellement abolie depuis la mort de grand'mère, veut qu'en pareille occasion toute l'assistance se lève pour se donner le baiser de paix (H. Bazin, Vipère,1948, p.104).
Plaquette d'ivoire, de bois ou de métal ouvragée représentant habituellement un sujet de la Passion et que le célébrant donne à baiser aux fidèles:
5. Le vaillant Maître Orfèvre, à l'oeuvre dès matines, Faisait, de ses pinceaux (...) Sur la paix niellée ou sur l'or du fermail Épanouir la fleur des devises latines. Heredia,Trophées,1893, p.102.
2. DR. CIVIL. Juge de paix. V. juge A 1 a.Justice de paix. V. justice C 2 b β en partic.
III. − [P.oppos. à l'état de trouble]
A. − [Paix due à un environnement paisible] Absence de trouble, de bruit.
1. [Paix dont jouit une pers.] Avoir la paix; vivre en paix; laisser qqc. en paix (ne pas s'en inquiéter, ne pas s'en occuper); foutre (vulg.), ficher (fam.) la paix à qqn. −«Non, monsieur. Ah! c'est calme!» −«Il n'y a pas à dire, on nous fiche bien la paix!» ricana Léon, avec un rire forcé (Montherl.,Célibataires,1934, p.813).Eh bien! non! Qu'on me laisse la paix, à la fin! J'en ai assez des amours des autres! (Mauriac,Mal aimés,1945, iii, 2, p.232):
6. En revanche, la fouille policière des colis, l'éventration brutale des boîtes, l'inquisition au coeur des pains d'épice et le malpropre coup de sonde au fond des confitures ont soulevé parmi le peuple des «pères tranquilles», qui sans cela ne demandait qu'à travailler en paix, des rancunes inextinguibles. Ambrière,Gdes vac.,1946, p.232.
Interj. [Pour réclamer le silence, la réserve] Paix! et, vx, paix là!:
7. chloris, à Sylvandre: Favorisé, vous pouvez dire l'être: J'aime la danse à m'en jeter par la fenêtre, Et si je ne vais pas sur l'herbette avec eux C'est bien pour vous. (Sylvandre la presse) Paix là! Que vous êtes fougueux! Verlaine,Jadis,1884, p.215.
La paix. −La paix ! dit La Pérouse. Parce que j'ai eu le tort de t'interroger une ou deux fois, tu te crois précieux, indispensable (Bernanos,Joie,1929, p.653).
Sans paix ni trêve. Sans relâche. Que diraient-ils, ces rois de la terre, s'ils pensaient un instant à la guerre sans paix ni trêve que les rivages de leurs royaumes livraient à la mer? (Queffélec,Recteur,1944, p.67).
Loc. proverbiale. Il faut laisser les morts en paix. Il faut s'abstenir de parler d'eux, en les critiquant ou en en disant du mal.
2. [Paix émanant d'un lieu, d'un moment privilégiés] Paix des bois, des champs, du soir; paix de la campagne. Charmantes vieilles gens, qui après la longue veille de la vie, côte à côte, vont s'endormir côte à côte dans la paix de la nuit! (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1520).Les grillons chantent. Rien ne bouge, la nuit est une grande paix pleine d'étoiles (Giono,Gd troupeau,1931, p.36):
8. Déjà se faisaient dans les champs et dans les sentiers ce silence de toutes choses et cette paix inquiète qui précèdent les orages. Feuillet,Veuve,1884, pp.177-178.
B. − [Paix intérieure] État d'âme qu'aucune inquiétude ne vient troubler. La paix du bonheur; la paix éternelle (celle que l'on trouve après la mort); avoir sa conscience en paix; achever ses jours en paix; chercher, trouver la paix; goûter une paix profonde, être en paix avec soi-même. La religion de la douleur rend la paix à l'âme (Amiel,Journal,1866, p.187).Il n'y a que le monde qui soit assez grand pour exprimer la paix de mon esprit avec lui-même, l'enchantement d'une pensée entrant dans la demeure de vérité (J. Bousquet, Trad. du sil.,1935, p.10):
9. Là, que faut-il pour le bonheur? La paix, la douce paix du coeur, Le désir vrai qu'on nous oublie, Le travail qui sait éloigner Tous les fléaux de notre vie, Assez de bien pour en donner, Et pas assez pour faire envie. Florian, Fables,1792, p.199.
En partic., RELIG. La paix de Dieu, du Seigneur; la paix soit avec vous; allez en paix; paix sur la terre aux hommes de bonne volonté; l'ange de paix (Jésus Christ); ministre de la paix (le prêtre). Dieu merci, c'est Hozleur qui est mort. Paix à ses cendres! Il a été tué dans un accident d'automobile (Bernstein,Secret,1913, i, 6, p.9).Mais le sol de la patrie envahie est une terre sacrée. Qu'ils reposent en paix, ceux qui se sont couchés sur elle en la défendant (Bordeaux,Fort de Vaux,1916, p.68):
10. De toutes les créatures que je connaisse, il n'en est pas d'autre à qui je le puisse remettre si librement. Vous ne m'avez donc rien dérobé. Soyez en paix. Bernanos,Joie,1929, p.704.
Prononc. et Orth.: [pε]. Rouss.-Lacl. 1927, p.135: ,,Beaucoup de personnes, surtout parmi les jeunes, disent avec un e moyen: abcès, décès, ... paix``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 2emoitié du xes. «concorde, tranquillité régnant dans les rapports entre deux ou plusieurs personnes» (St Léger, éd. J. Linskill, 109: Et Ewruïns fist fincta pais); b) 1160-74 en paiz «en toute tranquillité» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9852); c) 1688 juge de paix, v. juge; 2. a) ca 1100 «rapports calmes entre concitoyens, absence de troubles, de violence» (Roland, éd. J. Bédier, 391); b) ca 1155 tenir en pais (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 38); 3. a) ca 1100 «situation d'une nation, d'un État qui n'est pas en guerre» (Roland, 73: Branches d'olives en voz mains porterez, Ço senefiet pais et humilitet); b) α) ca 1200 «trêve» (Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 543: Pes ne demandent ne triwes nen unt pris); β) 1317 «traité de paix» (Doc. ds Gdf. Compl.); ca 1439 traichiet de paix (Antoine de La Taverne, Journal de la Paix d'Arras, éd. A. Bossuat, p.66). B. 1. a) Ca 1050 «état de tranquillité que donne l'accomplissement des préceptes religieux» (Alexis, éd. Chr. Storey, 623: En icest siecle nus acat [Alexis] pais e goie); b) 1160-74 «état de celui dont le repos n'est pas troublé» (Wace, Rou, III, 546); 2. a) début du xiies. estre en pais «rester tranquille» (St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 872); b) 1165-70 lessier (aucun) an pes (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1278); 3. 1779 [éd.] «état, caractère d'un lieu où il n'y a ni agitation ni bruit» (Roucher, Les mois, t.2, p.25). C. 1. a) Ca 1200 relig. doner la pais (Graindor de Douai, Conquête de Jérusalem, 7192 ds T.-L.); b) 1690 baiser de paix (Fur.); 2. 1306 «patène que l'on baise à la fin de la messe» (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 589: Je alai prenre la pez au clerc et la portai au roy). Du lat. pax, pacis «paix (après une guerre, tranquillité, repos [au propre et au fig.])». La graphie étymol. paix a évincé l'anc. forme pais ou pes. Le sens C 1 remonte au lat. chrét. pacem dare «donner le baiser de paix» (cf. Blaise Lat. chrét. et FEW t.8, p.95a, note2). Fréq. abs. littér.: 10816. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16783, b) 12638; xxes.: a) 14482, b) 16196. Bbg. Antoine (G.). Liberté, égalité, fraternité. Paris, 1981, pp.42-57. _Dub. Pol. 1962, p.363. _Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.167-168. _Quem. DDL t.5, 9.