| PACTISER, verbe intrans. A. − Vx. Établir un pacte, une convention; négocier un pacte. Il est interdit aux avoués de pactiser avec leurs clients sur le montant des sommes qui font la matière du procès (Ac.1835, 1878). B. − P.anal. 1. Pactiser avec qqn.S'accorder, se mettre d'accord avec une personne ou un groupe de personnes. Depuis quatre mois mon pays est calme. Les rebelles ont pactisé avec le gouvernement; un nouveau président semble réaliser enfin la dictature intelligente et ferme dont la nation avait besoin (Larbaud,Barnabooth,1913, p.363). − En partic., péj. S'accorder, s'entendre avec quelqu'un de façon répréhensible. Il faut (...) guillotiner quiconque (...) fomente l'insurrection ou pactise avec l'étranger (A. France,Dieux ont soif,1912, p.20).À fréquenter les Allemands, on finissait par acquérir autour de soi une réputation (...) de gens qui pactisent avec l'ennemi (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.198). 2. Pactiser avec qqc.S'arranger de quelque chose; composer avec quelque chose. Il accusait Rougon (...) de pactiser (...) avec les idées libérales (Zola,Argent,1891, p.191).Des catholiques s'imaginent entrer dans l'esprit du pape en pactisant avec l'esprit des «libertés modernes» condamnées par le pape (Maritain,Primauté spirit.,1927, p.128). − En partic., péj. Avoir pour quelque chose une indulgence coupable. Si le comble de la sagesse consistait à pactiser avec le mal, si le mal n'était que dans l'excès du mal, cette façon de perfidie était bonne (Jouhandeau,M. Godeau,1926, p.46): . Quiconque a trempé dans le journalisme (...) est dans la nécessité cruelle (...) de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses...
Balzac,Spend. et mis.,1844, p.14. ♦ Absol. Les préjugés, les lâchetés!... (...) Que je pactise? Jamais, jamais! (Rostand,Cyrano,1898, v, 6, p.225).Tous ces gens qui ont pactisé, qui ont trouvé de médiocres accommodements avec ce qu'ils appellent la morale par peur du scandale (G.Marcel, Heure théâtr.,1959, p.120). Prononc. et Orth.: [paktize], (il) pactise [-i:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.1. 1352-56 pastigier «conclure un pacte» (Bersuire d'apr. FEW t.7, p.462a); 1368 id. (doc. ds Du Cange, s.v. pascissi); 1481 pactiser (id., s.v. pactum); Fur. 1690, Trév. 1704-52 notent: ,,ne se dit guère qu'en mauvaise part``; 2. 1762 «transiger, composer» (Rousseau, Émile, II ds OEuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.4, p.362). Dér. de pacte*; suff. -iser* (lat. -izare, francisé une première fois en -igier, FEW t.7, p.463, note 8). Fréq. abs. littér.: 69. DÉR. Pactisation, subst. fém.[Correspond à supra B 2] Action de transiger avec quelque chose; résultat de cette action. Elle les avait [son fils et sa fille] dès l'enfance armés d'une intraitable morale, leur enseignant la religion sans faiblesses et le devoir sans pactisations (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Veillée, 1882, p.795).− [paktizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1795 honteuse pactisation (Babeuf, Le tribun du peuple, 10déc., no36, p.224 ds Quem. DDL t.11); de pactiser, suff. -(a)tion*. |