| PACIFICATEUR, -TRICE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Personne qui contribue à rétablir la paix dans un pays, sur un territoire, parmi un peuple jusque là secoués par la guerre, par la rébellion. La gloire n'est due qu'aux ouvrages ou aux actions utiles. Alexandre, vengeur de la Grèce; Auguste, pacificateur de Rome (Jouy, Hermite, t.5, 1814, p.306).La personnalité du général Roques était de moindre poids que celle du pacificateur de Madagascar [Lyautey] (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.386): 1. ... tels furent Marceau, Moreau, Hoche, Joubert; les deux derniers destinés à tenir lieu de Bonaparte, lequel naissant à la gloire traversa soudain le général Hoche, et illustra de sa jalousie ce guerrier pacificateur mort tout à coup après ses triomphes d'Altenkirken, de Neuwied et de Kleinnister.
Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.503. B. − Celui, celle qui apporte le calme, la sérénité, la paix intérieure. [Delacroix] a peint Orphée, le faiseur de calme, le pacificateur par l'harmonie (Barrès, Mystère, 1923, p.98).Elle rougit, humiliée dans ses intentions de pacificatrice (Colette, Duo, 1934, p.202): 2. Les efforts qui ont été tentés pour amener la disparition des causes d'hostilité qui existent dans la société moderne, ont incontestablement abouti à des résultats, −encore que les pacificateurs se soient bien trompés sur la portée de leur oeuvre.
Sorel, Réflex. violence, 1908, p.81. − P.métaph. [En parlant de choses abstr.] Dea n'avait qu'à se montrer, toute la lumière qui était en Gwynplaine sortait et allait à elle (...) Quelle pacificatrice que l'adoration! (Hugo, Homme qui rit, t.2, 1869, p.168). C. − Vx. ,,Nom donné aux membres de plusieurs sectes anabaptistes qui prétendaient que leur doctrine établirait sur la terre une paix perpétuelle`` (Littré). II. − Adjectif A. − Qui contribue à rétablir la paix. «Si l'Allemagne est tellement attachée à la paix», hasarda Jacques, «pourquoi ne le prouve-t-elle pas davantage, aujourd'hui, en exerçant une action franchement pacificatrice sur son alliée autrichienne?» (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.414). B. − Qui tend à apporter le calme, la sérénité, la paix intérieure. Le substitut se lève, d'un mouvement exaspéré, mais le président, d'un geste pacificateur, le calme et l'invite à se rasseoir (Courteline, Article 330, 1900, p.284).L'effort nu serait inefficace sans la médiation de la fonction pacificatrice par excellence: l'habitude (Ricoeur, Philos. volonté, 1949, p.296). Prononc. et Orth.: [pasifikatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) début xvies. «personne qui rétablit la paix» (J. Fossetier, Chroniques Margueritiques, ms. Bruxelles 10510, fo193 rods Gdf.); b) 1654 «personne qui procure la sérénité» (Molière, La Jalousie du Barbouillé, scène 6); 2. 1860 [éd.] «ce qui procure la sérénité (en parlant d'une chose abstraite)» (Michelet, Femme, p.133); B. Adj. 1. 1768 [éd.] «qui vise à apaiser les coeurs, les esprits» (Voltaire, Sermon préché à Bâle le 1erjour de l'an 1768, par Josias Rossette, p.39); 2. 1788 «qui tend et contribue à établir la paix» (Fér. Crit., avec citat. d'aut.: assemblée pacificatrice). Empr. au lat. pacificator «celui qui pacifie», dér. de pacificatum, supin de pacificare, v. pacifier. Fréq. abs. littér.: 39. |