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OUÏE, subst. fém.
I. − Subst. fém. sing.
A. − Vx. [Dans certaines expr.] Action d'entendre; audition. La vie retirée que je menais à Versailles parut étrange au traiteur qui me servait, il alla me dénoncer, et je fus arrêté comme un homme suspect. À l'ouïe de mon nom, je fus remis en liberté (Marat,Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p.137).À l'ouïe des cloches du matin, il s'est pris à dire: −C'est bien la dernière qui sonne, cette fois (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p.256).
− À portée d'ouïe. Aussi loin qu'on peut entendre (d'apr. Rob.).
− En partic. Ouïe de la cognée. Espace fixé par le code forestier à 250 mètres autour d'une coupe de bois, correspondant à la distance jusqu'à laquelle on pourrait entendre le bruit d'une cognée depuis la coupe, et sur lequel il est interdit de prendre du bois. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Sens qui permet la perception des sons. Synon. audition.Organes de l'ouïe; avoir l'ouïe bonne, fine, juste (synon. oreille); perdre l'ouïe:
1. Il bredouille et chevrote en parlant, comme s'il avait la fièvre. Cela lui donne l'air gauche et puéril. En outre, il a l'ouïe un peu dure. Il a donc bien fait de renoncer à la carrière ecclésiastique et oratoire. Amiel,Journal,1866, p.242.
− Expr. fam. Être tout(e) ouïe. ,,Écouter (quelqu'un) attentivement`` (Davau-Cohen 1972).
II. − Subst. fém. plur.
A. − ICHTYOL. Branchies et, p.méton., orifices externes de l'appareil respiratoire des poissons placés de chaque côté de la tête. Tenir un poisson par les ouïes. Nous leur [les Orotchys] voyions manger crus, avec une avidité dégoûtante, le museau, les ouïes, les osselets, et quelquefois la peau entière du saumon (Voy. La Pérouse,t.3, 1797, p.64).Une grande femme en cheveux qui montait, en portant sur la main, dans un bout de papier, un maquereau très frais, les ouïes saignantes (Zola,Assommoir,1877, p.540):
2. L'eau que ces animaux respirent entre par la bouche, passe entre les feuillets des branchies, baigne les vaisseaux nombreux qui s'y trouvent (...). L'eau ensuite sort latéralement par les ouïes, c'est-à-dire, par les trous qui sont ouverts aux deux côtés du cou. Lamarck,Philos. zool.,t.1, 1809, p.156.
B. − P.anal. (de forme ou de disposition). Ouverture pratiquée dans un objet, un dispositif. Ouïe d'un carter.
− Spécialement
1. ARCHIT. Abats-sons ou abats-vents placés dans le haut des clochers et munis de lames obliques (d'apr. Vogüé-Neufville 1971).
2. LUTHERIE. [Sur certains instruments à cordes] Ouvertures latérales de la table supérieure (sur le violon et les instruments de la même famille); ouvertures placées sur la colonne montante (sur la harpe). Les Ouïes (...) ont une influence notoire sur la masse d'air contenue dans l'instrument; si on les bouche, le son est abaissé; si leurs dimensions sont exagérées, le son hausse (Brenet,Dict. prat. et hist. mus.,1926, p.332).
Prononc. et Orth.: [wi]. Homon. oui. Ac. 1694-1718: oüye; dep.1740: ouïe. Étymol. et Hist.1. Ca 1100 «sens de la perception des sons» (Roland, éd. J. Bédier, 2012); av. 1542 a louye de (Selve, tr. Plutarque, Coriolan, 91 rods Hug.); 2. a) ca 1200 «oreille (par métonymie)» (Raoul de Cambrai, éd. P.Meyer, 1894), seulement en a. fr. (v. T.-L.); b) 1552 subst. plur. «organes des poissons» (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p.153 l. 41); 3. 1690 «ouverture de certains instruments de musique» (Fur.). Déverbal de ouïr*. Fréq. abs. littér.: 539. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1265, b) 658; xxes.: a) 501, b) 557. Bbg. Meier (H.). Die Benennung der fünf Sinnesvermögen... Rom. Forsch. 1979, t.91, pp.50-78.