| OUVERTURE, subst. fém. I. − [Correspond à ouvrir I] A. − Action de déplacer, d'ôter ce qui rendait un espace clos ou inaccessible; fait pour quelque chose qui fermait cet espace de se déplacer ou d'être déplacé de manière à le mettre en communication avec l'extérieur. Anton. fermeture, verrouillage.L'ouverture des portes; ouverture d'une trappe, d'un robinet. L'ouverture fréquente du couvercle permettait aux odeurs de se répandre dans la salle (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1855, p.40).Je n'étais pas seul à fréquenter ce lieu dès l'ouverture des barrières (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Menuet, 1882, p.1248).Autres raffinements en usage également sur les voitures américaines d'après guerre: les systèmes d'ouverture et de fermeture des glaces des portières à commande à distance (Tinard,Automob., 1951, p.353). − [Sans compl.] Il ne faut jamais partir en ballon avec un appendice fermé, à moins qu'il ne soit muni d'un appareil à ouverture automatique (Marchis,Nav. aér., 1904, p.78). − Spécialement ♦ CIN. Ouverture (en) fondu. ,,Apparition progressive de l'image en partant du noir total de l'écran`` (A. Berthomieu, Essai de gramm. cin., 1946, p.41). Anton. fermeture (en) fondu. ♦ PHOT. Ouverture (relative d'un objectif). Rapport du diamètre du diaphragme (d'un objectif) à la distance focale (d'apr. Sarm. Phys. 1981). On peut en déduire avec précision l'ouverture du diaphragme et la vitesse d'obturation (Prinet,Phot., 1945, p.43). B. − Action de mettre en communication avec l'extérieur un espace en déplaçant, en ôtant ce qui le rendait clos ou inaccessible; fait pour un espace clos ou inaccessible d'entrer ou d'être mis en communication avec l'extérieur. Anton. fermeture.Ouverture d'une tombe. Une seule ouverture de cette châsse, en 1496, attira cent quarante-deux mille pèlerins (Hugo,Rhin, 1842, p.73).L'ouverture et la fermeture des meubles (...) traversaient les paroles de l'abbé (Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.170). − En partic. ♦ Ouverture de + subst. désignant un (type d') établissement.V. infra V. ♦ Ouverture d'une lettre (ou mot du même parad.). Fait de décacheter une lettre pour voir ce qu'elle contient. Ils venaient assister à l'ouverture du testament et à la levée des scellés (Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.373).À la première ouverture de vos lettres, je me suis dit: Je le savais (Fromentin,Dominique, 1863, p.154). C. − P.ext. 1. [Avec un compl. désignant le bénéficiaire] a)
α) Ouverture de qqc. (à qqn/qqc.). Fait de rendre accessible, à quelqu'un ou à quelque chose, quelque chose qui ne l'était pas; fait, pour quelque chose, de devenir accessible à quelqu'un ou à quelque chose. Synon. déblocage; anton. blocage, fermeture.La liberté du commerce de la Mer Noire, l'ouverture de cette mer à toutes les flottes de l'Europe et de l'Amérique, ébranleraient la puissance de la Porte dans ses fondements (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.449).La Grande-Bretagne (...) finit par obtenir l'ouverture des détroits à ses navires marchands (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.531). − P.ell., au fig. Je me lie de plus en plus avec de jeunes prêtres (...). Je n'y éprouve aucune gêne, aucun empêchement. Ces commencements de liaison se font en toute ouverture de coeur, en toute simplicité, en toute ouverture de langage (Péguy,Argent, 1913, p.1121). − [Sans compl. indir.] Ce que fut pour moi cette entrée dans cette sixième (...), la nouveauté devant rosa, rosae, l'ouverture de tout un monde (...), voilà ce qu'il faudrait dire (Péguy,Argent, 1913, p.1130).
β) En partic., au fig. − Ouverture + spécification désignant une capacité hum.Capacité (pour quelqu'un) à appréhender, à saisir quelque chose. Je ne lui trouve pas [à M. de Bonald] les vrais signes du génie, qui sont l'ouverture d'instinct, le renouvellement de vue, la prescience et la découverte de vérités nouvelles (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.4, 1851, p.445).L'influence de la mère (...) favorise aussi l'ouverture instinctive, la communication avec les zones inconscientes de la personnalité (Mounier,Traité caract., 1946, p.624). − Locutions ♦ Ouverture de coeur, ouverture du coeur. Sincérité, franchise. Mabillon parle à pleine ouverture de coeur; aucun arrière amour-propre ne corrompt la sincérité de ses aveux: tels sont les fruits de la religion (Chateaubr.,Rancé, 1844, p.209).[Ce] ton sec et serré (...) exprimait, chez Schleiter, la plus grande ouverture du coeur (Duhamel,Terre promise, 1934, p.46).V. ex. de Péguy supra C 1 a α. ♦ P.ell. Quelle silhouette hardie, quel élan irrésistible et pourtant gracieux de toutes les lignes, de tous les gestes. Quelle ouverture, quelle clarté dans le visage (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p.292). ♦ Ouverture d'esprit. Facilité de comprendre, de s'intéresser aux choses. Il a beaucoup d'ouverture d'esprit pour les mathématiques (Ac.1835, 1878).Vous avez du jugement, une grande ouverture d'esprit (A. France,Lys rouge, 1894, p.82).Les esprits de grande ouverture connaissent des évolutions nuancées et progressives (Mounier,Traité caract., 1946, p.644).Enfin, je vous amuse, ce qui, sans vanité, suppose chez vous une certaine ouverture d'esprit (Camus,Chute, 1956, p.1478).
γ) Spécialement − DROIT ♦ Ouverture d'une succession. Fait en vertu duquel les héritiers peuvent entrer en possession des biens du défunt (d'apr. Barr. 1974). L'ouverture de la succession se fait au lieu du dernier domicile du mort (Ac.1935).Celui-ci m'apprit, à mon grand étonnement, l'ouverture de ma succession (Balzac,Chabert, 1832, p.55). ♦ Ouverture à cassation, ouverture à requête civile (Ac. 1935). Fait de se pourvoir. Aucun moyen autre que les ouvertures de requête civile énoncées en la consultation ne sera discuté à l'audience ni par écrit (Code procéd. civile, 1806, art. 499, p.412). ♦ Ouverture du droit à qqc. Opération à la suite de laquelle quelqu'un se voit octroyer le droit de bénéficier de quelque chose. Cotisations afférentes à la période écoulée depuis la date d'ouverture du droit au bénéfice de l'assurance volontaire (Réforme Séc. soc., 1968, p.51). − Ouverture d'un compte. Opération par laquelle on devient titulaire d'un compte (d'apr. Procéd. banc. 1979). V. infra V. − Ouverture de/d'un crédit. Contrat par lequel le banquier s'engage à fournir à un client des capitaux par versements successifs jusqu'à concurrence d'une certaine somme (d'apr. cida 1973, Barr. 1974). b) Ouverture de qqn/qqc. à/sur qqc.Fait que quelqu'un ou quelque chose puisse accéder à quelque chose qui lui était inaccessible, dont il ne pouvait bénéficier. Anton. fermeture.Il aurait eu, bien entendu, pour conséquence l'ouverture de l'Union Soviétique au reste du monde (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p.67). − P.ell. Or ces peintures, (...) si on leur avait laissé faire retour à la Banque, c'était l'ouverture à toutes les revendications et la dislocation du musée du Louvre (Goncourt,Journal, 1866, p.305).L'ouverture au réel est autre chose que le désir épars de connaître pour ainsi dire du bout des doigts, caricature de l'amplitude de l'esprit (Mounier,Traité caract., 1946, p.642): 1. Les adversaires de la sensation se trompent à son sujet parce qu'en elle ce n'est jamais l'ouverture, mais la clôture (...) qu'ils voient. (Et je dirais (...) qu'il y a des sensations qui ferment au lieu d'ouvrir, mais ce sont les sensations intéressées, celles, à la recherche desquelles nous sommes partis, non point celles qui fondent sur nous).
Du Bos,Journal, 1926, p.115. 2. En partic. a) Propositions nouvelles, par rapport à celles qui ont déjà été faites, présentées à quelqu'un en vue d'entamer un processus, de le relancer. Synon. avance, offre.Je crois savoir qu'une ouverture vous sera faite pour la traduction en Angleterre par M. Bentley (Hugo,Corresp., 1861, p.365).Le tsar témoignait sa surprise que l'Empereur eût accepté les ouvertures du sultan, sans en prévenir ses alliés (Mérimée,Hist. règne Pierre le Gdds Journal des Savants, 1868, p.30). − [Avec un compl. spécifiant la nature de l'offre] Je profite de l'occasion de mes fouilles pour vous faire une ouverture de mariage (Labiche,Gramm., 1867, 8, p.146).Cette ouverture matrimoniale fut accueillie avec un enthousiasme à peine dissimulé (Feuillet,Mariage monde, 1875, p.31): 2. Le duc Philippe, estimant que le roi Charles, maître de la Champagne, était un prince à ménager, lui envoya, à Reims, David de Brimeu, bailli d'Artois, à la tête d'une ambassade, pour le saluer et lui faire des ouvertures de paix.
A. France,J. d'Arc, t.1, 1908, p.530. b) POL. Abandon d'une attitude d'hostilité, d'intransigeance ou d'ostracisme à l'égard d'un adversaire ou d'un partenaire politique (d'apr. Gilb. 1980). L'ouverture à l'Est; contacts d'ouverture; ouverture sociale. Le début d'un véritable mouvement d'interpénétration bancaire entre l'Est et l'Ouest (...) est surtout le fait d'une certaine politique «d'ouverture» en matière bancaire qu'entend poursuivre (...) l'URSS (Les Informations, 18 déc. 1972, p.32, col. 3).Le limogeage de M. Castro Villacanas (...) s'explique, dit-on à Madrid, par l'hostilité de la presse du Mouvement à la politique d'«ouverture» du chef du gouvernement espagnol (Le Monde, 16 févr. 1975, p.1, col. 1). c) Vx. Occasion, possibilité offerte pour réussir. Synon. expédient.C'est une ouverture que je vous donne. Je ne vis aucune ouverture pour parvenir à mon but (Ac. 1798-1878). II. − [Correspond à ouvrir II] A. − Espace vide, fente situé(e) dans un espace plein traversé généralement de part en part. Synon. trou. 1. [Avec un compl. indiquant l'espace plein] a) Ouverture dans qqc.Nous avons aperçu depuis plusieurs jours (...) une ouverture dans le rocher qui doit donner entrée à quelque caverne (Lamart.,Confid., 1849, p.58).Toutes les ouvertures dans les murailles étaient bouchées par des têtes (Flaub.,Salammbô, t.2, 1863, p.163).Des ouvertures dans les voûtes ou dans les plafonds permettaient aux défenseurs de la place de tirer à couvert sur l'assaillant (Mérimée,Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.239).Pour alléger les roues on y perça des ouvertures (P.Rousseau,Hist. transp., 1961, p.23). b) Ouverture de qqc.La voix monta par l'ouverture carrée du plancher (Schwob,Monelle, 1894, p.45). 2. [Sans compl.] Les voûtes romanes à nervures (...) reçurent généralement à leur sommet une large ouverture pour le passage des cloches (Lenoir,Archit. monast., 1856, p.127).La voussure d'une vaste excavation commençait à se dessiner au-dessus des eaux (...). Cyrus (...) dit simplement: «Dans une heure, l'ouverture sera praticable (...)» (Verne,Île myst., 1874, p.559).Ces déchets (...) sont mis dans un vase à large ouverture (Rousset,Trav. pts matér., 1928, p.72). B. − Espace vide, orifice par lequel l'intérieur de quelque chose communique avec l'extérieur. L'ouverture du ventricule, de la trachée; l'ouverture d'un tube, d'un tunnel. La vieille fille passa ses mains par l'ouverture des poches et défit son jupon de dessous (Balzac,Béatrix, 1839, p.248).Il donna devant elle l'ordre à son trésorier de déplacer une grosse pierre (...). Ils passèrent tous trois par l'ouverture que laissa la grosse pierre (A. France,Balth., Abeille, 1889, p.218).Une légère embarcation (...) avait accosté un cotre qui louvoyait à l'ouverture du golfe (G. Lerou.,Roul. tsar, 1912, p.140). 1. ARCHITECTURE a) Gén. au plur. [À propos d'un édifice] Avoir trop d'ouvertures; manquer d'ouvertures. À l'hôtel d'Assézat, elles [les colonnes] se superposent pour former avec les entablements et les ouvertures des façades, un fort habile ajustage (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p.137).Cet air passe sous le cendrier, s'élève (...) et s'échappe par des ouvertures ménagées sur la façade (Quéret,Industr. gaz, 1923, p.247). ♦ Ouverture sur + subst. désignant l'extérieur.Sa demeure, toute étroite, n'ayant qu'une seule ouverture sur la rue, à chaque étage, avait l'air d'une échelle de fenêtres (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Patronne, 1884, p.693). b) Largeur d'une baie. Cette fenêtre manque d'ouverture. 2. Au fig. Donner une ouverture sur. Nous comptons publier ce travail, mais nous en livrons, par avance, les éléments, désirant vivement que l'ouverture qu'ils donneront sur cet objet présente assez d'attrait pour provoquer d'autres efforts que les nôtres (Charles,Aperçu hist. orig. et développ. méth. géom., 1837, p.245). III. − [Correspond à ouvrir III] A. − Action de pratiquer un évidement, une trouée, un passage dans un espace plein. Synon. percement; anton. colmatage, occlusion, remplissage. 1. [Avec un compl. désignant l'espace qu'on ouvre] Bah! l'appendicite, une ouverture du ventre courante et sans véritables risques (Arnoux,Double chance, 1958, p.17). − CHIR., MÉD. ♦ Ouverture d'un abcès. Action de percer un abcès. Synon. incision.Il en est même un grand nombre pour lesquelles l'incision constitue toute l'opération: telles sont les scarifications, l'ouverture des abcès, la saignée, etc. (Nélaton,Pathol. chir., t.1, 1844, p.51). ♦ Ouverture du corps, du cadavre. Première phase d'une opération, d'une dissection durant laquelle on coupe les tissus. La frénésie (...) dépend de l'inflammation du cerveau, et sur-tout de ses membranes, comme le prouve l'ouverture des cadavres (Geoffroy,Méd. prat., 1800, p.101).À l'ouverture du corps, notre attention se porta (...) sur les poumons (Trousseau,Hôtel-Dieu, 1895, p.185). − En partic., vx. Action d'entamer quelque chose. Ouverture d'un pâté (Ac. 1798-1878). 2. [Avec un compl. désignant le type d'évidement] Dans les très mauvais terrains, la difficulté de maintenir les talus peut être un obstacle à l'ouverture d'une tranchée à ciel ouvert (Bricka,Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.215). − Au fig. Les forces de l'intérieur prendront comme objectifs: a) l'ouverture, au profit de forces alliées débarquées sur le littoral méditerranéen, de l'axe: Alès - Clermont-Ferrand (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.689). B. − Rare. Fait de se percer. Il faut éviter de les poser [des sangsues] sur le trajet de quelque vaisseau dont l'ouverture pourrait donner lieu à un écoulement de sang difficile à arrêter (Nélaton,Pathol. chir., t.1, 1844, p.29).L'inflammation aboutit à la suppuration ganglionnaire, avec ouverture de l'abcès à la peau (Demanche dsNouv. Traité Méd.fasc. 31927, p.11). − ALIM., FROMAGERIE. Développement des trous à l'intérieur des fromages du type du gruyère; trous à l'intérieur de ces fromages (d'apr. Clém. Alim. 1978). V.fruitier II A 3 ex. de Pouriau. IV. − [Correspond à ouvrir IV] A. − 1. Action d'écarter les parties de quelque chose ou de leur donner une dimension plus grande; fait de s'écarter ou d'acquérir une plus grande dimension. Anton. fermeture.Sur ses vieux traits naissaient des traits nouveaux: des taches d'un bleu mort, le pincement des narines, l'ouverture continuelle et lassée des lèvres (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.291).Le premier degré [du brevet de parachutisme] exige: (...) −quinze sauts à ouverture automatique (Jeux et sports, 1967, p.1631): 3. Les règles relatives à l'ouverture des signaux sont différentes selon qu'on laisse les sections normalement ouvertes ou normalement fermées.
Bricka,Cours ch. de fer, t.2, 1894, p.179. 2. Spécialement a) DANSE. L'ouverture de jambe se rapproche beaucoup du rond de jambe mais, tandis que ce dernier se prend par un développé et se fait lentement, l'ouverture de jambe se fait d'un trait (Meunier,Danse class., 1931, p.207). b) ÉLECTR. Ouverture d'un circuit électrique. Fait de rendre un circuit électrique discontinu; état d'un circuit électrique discontinu (d'apr. Méd. Biol. t.3 1972). En 1832, il observa, lors de l'ouverture ou de la fermeture d'un circuit électrique, des étincelles d'autant plus vives que la longueur du circuit était plus grande (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.220). c) OPT. Ouverture du diaphragme, d'un objectif (et mots du même parad.). Fait d'augmenter la largeur du diaphragme, etc. Un diaphragme de platine est placé dans le plan du foyer-image (...) pour limiter l'ouverture de l'objectif à une valeur telle que l'aberration sphérique ne vienne pas limiter le pouvoir séparateur (P.Selme,Le Microscope électron., Paris, P.U.F., 1970, p.67). d) SPORTS (de ballon) − Action de passer le ballon à un coéquipier en vue de créer l'occasion d'un mouvement d'attaque (d'apr. Petiot 1982). Le demi centre italien Monti intercepte de la tête une ouverture dirigée vers l'ailier (L'Auto, 5 juin 1934, p.1 ds Grubb Sports 1937, p.53).Un but est cependant marqué pour Reims par Tobia à la quatorzième minute, sur ouverture de Petitfils (L'OEuvre, 10 nov. 1941). ♦ P.méton. Trou entre les joueurs. En rugby, il faut trouver l'ouverture (L'OEuvre, 21 janv. 1941). − [Rugby] Demi d'ouverture. Joueur ayant spécialement pour tâche de provoquer le trou dans la défense adverse afin de permettre un mouvement d'attaque pour son camp (d'apr. Petiot 1982). Blaise (...) avait (...) réussi un essai de justesse, en extrême coin, intransformable, en dépit de l'adresse du demi d'ouverture (Arnoux,Solde, 1958, p.16). B. − Espace dégagé par quelque chose qui s'est ouvert ou qu'on a ouvert; espace laissé entre deux parties de quelque chose (dont l'écartement peut varier). Synon. espacement, écartement; anton. fermeture, jointure.La lune glissant à travers l'ouverture des persiennes (Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.198).On ne voyait que les mains qui sortaient tremblotantes par l'ouverture du manteau (Gautier,Fracasse, 1863, p.363).Par l'ouverture du vallon, on voit briller dans la plaine le long clocher de Baba-Maniglia qui sort de la fourrure des bois (Giono,Poids du ciel, 1938, p.129): 4. Dantès (...) pesa sur le manche de la pioche, et le couvercle après avoir crié éclata. Une large ouverture des ais rendit les ferrures inutiles, elles tombèrent à leur tour...
Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.295. − [Sans compl.] Cette chaussée (...) se terminait à deux encablures environ de la pointe du continent, laissant une ouverture assez large (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.145). − Numéral + nom de mesure + d'ouverture.Un canal de cent cinquante toises d'ouverture la divise en deux parties (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.238). − Au fig. Il profite de la moindre ouverture dans la garde de son adversaire (Écho des sports, 1936). ♦ P.ell. La mort est chargée de pratiquer, jusqu'au fond de nous-mêmes, l'ouverture désirée. Elle nous fera subir la dissociation attendue. Elle nous mettra dans l'état organiquement requis pour que fonde sur nous le feu divin (Teilhard de Ch.,Milieu divin, 1955, p.94). − En partic. ♦ Ouverture d'un angle. Écartement des deux lignes formant un angle (d'apr. Ac. 1935). La mesure, le diapason vocal, la voix humaine. C'est pour la musique ce que l'ouverture de l'angle optique est pour la peinture (Delécluze,Journal, 1824, p.76). ♦ Angle d'ouverture (de qqc.). Angle formé par l'écartement de deux parties de quelque chose. Un dispositif de réglage (...) permet de faire varier l'angle d'ouverture des mâchoires (J. Cahen, Bruet,Carrières, 1926, p.196).P.ell. Synon. angle.Nous eûmes connaissance d'une île qui paraissait très-étendue, et qui formait avec la Tartarie une ouverture de 30 degrés (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.27). ♦ Ouverture de compas. Écartement des branches d'un compas. Le sujet perçoit deux pressions simultanées et distinctes si l'ouverture du compas atteint une dimension suffisante (Hist. sc., 1957, p.1652).Au fig. Synon. de envergure.L'auteur (...) a l'ouverture de compas de l'oeuvre de Proust (Du Bos,Journal, 1922, p.154). − LING. Distance entre l'organe articulateur et le lieu d'articulation dans la prononciation d'une voyelle. Synon. aperture. (Dict. xxes.). − OPT. Ouverture du diaphragme (et mots du même parad.). Il est possible de choisir parmi quatre diaphragmes d'ouvertures différentes (800 mm, 32 mm, 20 mm, et 10 mm) que l'on peut aisément substituer entre eux en cours d'observation (P.Selme,Le Microscope électron., Paris, P.U.F., 1970, pp.67-68). − TRAV. PUBL. Ouverture d'un pont. Distance qui sépare les culées d'un pont. L'enchantement de mon ami a commencé au pont sur la rivière, qui est romain et dont l'arche unique a bien soixante pieds d'ouverture (Stendhal,Mém. touriste, t.1, 1838, p.289). ♦ Au fig. Ouverture d'esprit. V. Supra I C 1 a β. V. − [Correspond à ouvrir V] A. − 1. [Avec un compl. désignant une période temporelle ou un processus] Fait d'entamer un processus; mise en place (d'un processus). Synon. commencement, début; anton. arrêt, fin.L'ouverture du congrès, du bal, du spectacle, de l'audience, de la séance; l'ouverture des négociations, des pourparlers, des cours; l'ouverture d'une nouvelle ère. Le nouveau régime marin s'installe en Europe avec l'ouverture de la période liasique (Lapparent,Abr. géol., 1886, p.243).Une heure sonna, la cloche annonça l'ouverture du marché (Zola,Argent, 1891, p.209).C'est à Damas (...) que j'appris, le 23 juin 1941, l'ouverture des hostilités entre Russes et Allemands (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.193). − En partic., rare, littér. Ouverture du jour. Début du jour. Voici ce que pourrait dire le jeune homme qui (...) contemple sans comprendre l'ouverture du jour (Claudel,Tête d'Or, 1901, 1repart., p.180). − CHASSE, PÊCHE. Premier jour de la période où l'on a le droit de chasser tel ou tel type de gibier ou de pêcher tel ou tel type de poisson. L'ouverture de la truite, du brochet. Quelques invitations chez leurs aristocratiques voisins de Grosbourg, à l'ouverture de la chasse (...) furent en ces dix années les faits marquants de sa vie (A. Daudet,Pte paroisse, 1895, p.29). ♦ Loc. Faire l'ouverture. Aller à la chasse ou à la pêche le premier jour où il est autorisé de chasser ou de pêcher. Depuis trois mois tu me promets de faire l'ouverture aux Roches (...) moi je compte sur toi, je n'invite personne (...) parce que je sais que tu aimes mieux plus de gibier et moins d'invités (Gyp,Pas jalouse, 1893, p.308).L'auto revient enfin −mais vide. Le médecin a été faire l'ouverture dans la Nièvre; il ne rentrera que demain soir (Martin du G.,Devenir, 1909, p.194). 2. En partic. a) Début de la (re)mise en exploitation de quelque chose, de la (re)mise en service d'un établissement (généralement ouvert au public). Anton. fermeture.L'ouverture d'un cinéma, d'une grande surface, d'une exposition, d'une école. Mon roman paraîtra, sans faute, mercredi prochain 17, jour de l'ouverture du canal de Suez (Flaub.,Corresp., 1869, p.92).Avant d'entreprendre l'ouverture d'une exploitation à ciel ouvert on commencera par déterminer le périmètre (J. Cahen, Bruet,Carrières, 1926, p.62). ♦ Ouverture de la Chambre. Début de la session parlementaire. S'il paraît le 10 ou le 12 novembre [mon roman], on aura le temps de le lire avant l'ouverture de la Chambre (Flaub.,Corresp., 1869, p.83). b) Moment où un établissement ouvre ses portes au public et (re)commence à fonctionner. Faire l'ouverture. Demain, à l'ouverture des bureaux, j'espère être le premier (J.-J. Ampère, Corresp., 1824, p.291).Il descendait le matin, dès l'ouverture de la boutique (Aragon,Beaux quart., 1936, p.15). B. − 1. Cérémonie(s), festivité(s) accompagnant et/ou constituant la mise en exploitation d'un service, d'un établissement ou le début de quelque chose (exposition, etc.). Synon. inauguration; anton. clôture.L'ouverture des Jeux Olympiques. Tout contribue à faire de l'ouverture du Salon un événement dans la capitale (Jouy,Hermite, t.3, 1813, p.310).Le lendemain 5 mai, l'ouverture des États Généraux fut encore une cérémonie (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.1, 1870, p.217): 5. ... j'ai combiné mon voyage de façon à pouvoir assister, le 22, à l'inauguration du Vieux-Colombier. Le spectacle choisi pour cette ouverture était une oeuvre élisabéthaine...
Martin du G.,Souv. autobiogr., 1955, p.LXV. − Locutions ♦ Discours d'ouverture. Discours par lequel on ouvre une séance, une cérémonie. M. Bail fit un discours d'ouverture également inconvenant, suivi d'une visite également satisfaisante (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.4, 1859, p.41). ♦ Leçon d'ouverture. Première leçon que donne un professeur nouvellement nommé dans un établissement prestigieux. Synon. leçon inaugurale*.Grande affirmation et dont tout récemment, dans sa leçon d'ouverture du cours des antiquités nationales au Collège de France, Camille Jullian, de son point de vue d'historien, soulignait la valeur et la portée (Febvre, A. Meillet et l'hist., [1913] ds Combats, 1953, p.162). 2. JEUX DE CARTES ♦ (Belote, tarot)Fait de jouer une couleur qui ne l'a pas encore été. Ouverture à coeur. ♦ (Bridge),,Première enchère faite par le camp qui décide qu'il a suffisamment de jeu pour pouvoir jouer un contrat final et ainsi marquer dans sa colonne`` (Alleau 1964). Certains ont proposé d'ouvrir de 3 Trèfles (3 Trèfles de Saint-Mandé). Mais les ouvertures de 3 étant réservées aux barrages (jeux faibles) il y a là une complication qui risque d'entraîner de graves malentendus (G. Versini,Le Bridge, 1968, p.32). ♦ (Poker)Combinaison minimale de cartes, convenue à l'avance par les joueurs et que celui qui veut ouvrir les enchères devra avoir dans son jeu (d'apr. Alleau 1964). Ouverture à une paire de dames. Quand un joueur a ouvert, les autres peuvent à leur tour écarter, même s'ils ne détiennent pas la figure nécessaire. Le premier qui a joué devra garder cette figure pour la montrer (...) à ses adversaires, et justifier ainsi son ouverture (Alleau1964). 3. ÉCHECS. Série de coups par lesquels on débute une partie. Ouverture hongroise. Mais comment renoncer aux échecs, après avoir passé tant d'heures exaltantes à analyser une variante, à décortiquer une ouverture, à peaufiner une attaque? (Le Monde, 18 déc. 1982, p.22, col. 5). 4. MUS. Pièce orchestrale servant d'introduction à un opéra, un oratorio, une cantate (d'apr. Mus. 1976). L'ouverture de Don Juan; jouer l'ouverture. L'ouverture du «Vaisseau Fantôme» est vigoureusement instrumentée (Berlioz,À travers chants, 1862, p.307).À la Madeleine, nous avons eu la première partie d'Élie, plus une ouverture bucolique de Weber (Amiel,Journal, 1866, p.84). − P.anal. OEuvre orchestrale indépendante présentant les caractéristiques d'une ouverture dramatique (d'apr. Pinch. Mus. 1973). Ouverture des Hébrides (de Mendelssohn). ♦ Morceau d'ouverture. Morceau servant d'introduction à une oeuvre. Quand on eut pris place, Lucilio joua un beau morceau d'ouverture (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t.1, 1857, p.299). ♦ Ouverture (à la) française. Ouverture composée d'un mouvement lent en mesure binaire suivi d'un mouvement vif en mesure ternaire (d'apr. Mus. 1976). [Bach] emprunte à la majesté de l'ouverture française (Pirro,J.-S. Bach, 1919, p.92).L'ouverture française, dont Lulli avait fixé (...) le plan, comprenait (...) un premier mouvement et une conclusion d'allure grave, un morceau central animé et fugué (Brenet,Dict. prat. et hist. mus., 1926, p.332). ♦ Ouverture (à l') italienne. Ouverture composée d'un allegro, d'un andante, puis d'un presto (d'apr. Mus. 1976). 5. SOCIOLING. Règles, rituels d'ouverture. Formes conventionnelles ou régulières par lesquelles on entame une conversation. Les règles d'ouverture sont, au début de la conversation, davantage que dans son déroulement ultérieur et dans les séquences de clôture, marquées par l'utilisation de ces petits mots du discours qui ne sont pas toujours interchangeables et dont l'emploi doit être déterminé par le type d'ouverture souhaitée (J.-M. Caréds Fr. auj., sept. 1985, no71, p.15). Prononc. et Orth.: [uvε
ʀty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Fin xies. ovredure (?) «linteau, ce qui est au-dessus d'une porte» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, p.104, 759); 1121-34 uverture «ce qui est ouvert» (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 3099); 2. 1293 ouvreture «action d'ouvrir» (Anc. cart. de Cauchy, p.230 ds Gdf. Compl.); spéc. 1643 «pourparlers, négociations» (Lettre de Louis XI, II, 151 ds Bartzsch, p.155); 1581 «action de commencer (d'une saison)» (De Bara, Blason des armoiries, 140); 1682 (Le Père Ménestrier, Des Ballets anc. et mod., 257: le ballet a trois parties: l'Ouverture, les Entrées et le Grand Ballet); 1691 mus. (Ozanam, p.664, 6: L'Opera est une Piece de Theatre, où la Musique regne depuis le commencement jusqu'à la fin: il commence par l'Ouverture, qui a ordinairement une Fugue dans la derniere de ses deux reprises). D'un lat. pop.*opertura, altération du lat. class. apertura «ouverture, trou», formé sur le supin apertum de aperre, v. ouvrir. Fréq. abs. littér.: 2427. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4823, b) 3699; xxes.: a) 2820, b) 2527. |