| OSSIFIER, verbe trans. A. − 1. [Peu usité à l'actif] ,,Changer en substance osseuse les parties membraneuses et cartilagineuses`` (Ac.). Plusieurs causes contribuent à ossifier, dans la vieillesse, certaines parties du corps qui auparavant étaient molles (Ac.).Au passif. [Les poissons] avaient une taille relativement petite; leur colonne vertébrale n'était pas encore complètement ossifiée (Boule, Conf. géol., 1907, p.85). 2. Au fig. Rendre solide, endurcir. [L'organisation végétale] doit rester un globe immuable et mort, jusqu'à ce que des siècles sans nombre achevant sa vieillesse, et ossifiant tous les liens dont la souplesse ou l'irritabilité maintenoient ses parties, déterminent sa dissolution (Senancour, Rêveries, 1799, p.234): . Les versets succédaient aux versets, ils tombaient goutte à goutte, inexorablement, ainsi que l'eau d'une voûte froide, une eau pétrifiante qui ossifierait le coeur, y glacerait les affections et les tendresses, l'empêcherait de battre pour ce qui fait de l'être humain sur la terre un membre aimant d'un monde aimant...
Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p.238. B. − Empl. pronom. 1. Se transformer en tissu osseux. La particularité de la consolidation des fractures réside, d'après ce même auteur, dans le fait que l'animal n'élimine pas les fragments d'os brisés, mais qu'il les enrobe dans un tissu fibreux résistant qui s'ossifie par la suite (Vidron, Chasse, 1945, p.105). 2. Au fig. S'endurcir, devenir insensible. Mon coeur se serre comme s'il allait s'ossifier dans mes entrailles, et rester un rocher pour l'éternité (Musset, Lorenzaccio, 1834, iv, 2, p.216).Il faut bien admettre (...) que la parole s'est ossifiée, que les mots, que tous les mots sont gelés, sont engoncés dans leur signification, dans une terminologie schématique et restreinte (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.141). C. − Empl. part. passé adj. 1. Qui a les caractères du tissu osseux. Ligament ossifié; colonne vertébrale, excroissance cartilagineuse ossifiée. On a coutume de regarder comme des os simples ceux dont les parties ossifiées se soudent dès la première jeunesse, comme les vertèbres, l'os occipital, le frontal, etc. (Cuvier, Anat. comp., t.1, 1805, p.106).Vers la fin des temps secondaires, les poissons osseux, aux écailles molles, aux vertèbres bien ossifiées apparaissent (Boule, Conf. géol., 1907, p.121). 2. Au fig. Qui est endurci, insensible. La figure de son père le frappa: le grand jour démasquant toute la ruine de son visage, meurtri, ossifié, méconnaissable (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p.161).Civilisations arrêtées. Civilisations ossifiées. On songe aux insectes: rigidité, immobilité, point d'essor possible (L. Febvre, De Spengler à Toynbee, [1936] ds Combats, 1953, p.132).Le milieu social [en Amérique] est moins hiérarchisé et moins ossifié qu'en Europe, le milieu économique y est plus ouvert aux initiatives individuelles hardies (Vedel, Dr. constit., 1949, p.56). REM. Ossifiant, -ante, part. prés. adj.Qui transforme en tissu osseux. La radiographie (...) montre (...) une périostite ossifiante limitée déformant une épiphyse, ou diffuse formant un manchon plus ou moins épais qui confère à la diaphyse un aspect irrégulièrement cylindrique (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p.567). Prononc. et Orth.: [ɔsifje], (il) ossifie [ɔsifi]. V. os. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. 1697 (Le Maître en chir. ou Abrégé de chir. de Guy de Chauliac ds Fr. mod. t.14, p.293); 2. 1834 fig. «rendre insensible, endurcir (en parlant du coeur)» (Musset, loc. cit.). Formé des élém. ossi- (v. os1) et -fier, sur le modèle des verbes comme nidifier*, pétrifier*. Fréq. abs. littér.: 60. |