| ORIENT, subst. masc. A. − [Avec une minuscule] Littér. 1. a) Celui des quatre points cardinaux opposé à l'ouest, correspondant au lever du soleil; point du ciel, côté de l'horizon où le soleil apparaît le matin. Synon. est, levant; anton. couchant, occident (littér.), ouest, ponant (vx ou région. ou littér.).Au milieu d'un azur déjà pâle Le point d'or d'une étoile éclate à l'orient (Hugo,Rayons et ombres,1840, p.1104). Rem. Rarement avec majuscule. Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche! (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p.134). ♦ Soleil levant. Au rayon du brillant orient nous nous délivrerons de cette obscurité (Chateaubr.,Paradis perdu,1836, p.105). b) P. anal.
α) Éclat nacré propre aux perles, rappelant la lumière du soleil levant, et qui entre dans l'appréciation de leur valeur. Synon. eau.Perle d'un bel orient: 1. La scintillation de quelque passementerie d'or faux, l'orient trompeur d'un collier en perles de Venise l'éblouissaient et la tenaient comme en une sorte d'extase.
Gautier,Fracasse,1863, p.64. − P. métaph. Éclat, reflet de lumière. Son sourire se forme, et suit sur ses bras blancs Qu'éplore l'orient d'une épaule meurtrie, De l'humide Thétis la pure pierrerie (Valéry,Alb. vers anc.,1900, p.77).Ses yeux (...) que leur orient noir douait d'une sorte de connaissance prématurée (Romains,Hommes bonne vol.,1939, p.135).
β) Arg. Or (métal). C'est [cette chaîne de cou] du faux orient (Sue,Myst. Paris,t.1, 1842, p.268). c) Au fig. Ascension vers la réussite, débuts brillants. Anton. déclin, occident: 2. Aussi le même attrait qu'il avait éprouvé pour Gambetta dominateur des foules, à l'orient de sa vie publique, il l'éprouvait, aujourd'hui qu'il étudiait les budgets, pour le Grand Français qui commandait à l'argent [M. de Lesseps]...
Barrès,Appel soldat,1900, p.80. 2. Région située à l'est par rapport à un lieu donné (et sur une carte, à main droite par rapport au consultant). L'aube commençait à dessiner vivement les contours des sapins sur la montagne à l'orient de Verrières (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.220). 3. Orientation de marche, direction. Trouver son orient. On ne sait plus de quel côté les fleuves coulent; on est obligé de casser la glace pour apprendre à quel orient il faut se diriger (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.450).P. métaph. J'avais erré jusqu'à ce jour à l'aventure; je découvrais soudain un nouvel orient à ma vie (Gide,Si le grain,1924, p.434). B. − [Avec une majuscule] 1. Ensemble des pays situés à l'est de l'Europe et aussi parfois certains pays du bassin méditerranéen ou du sud de l'Europe centrale. Marseille, porte de l'Orient; peuples d'Orient; contes, épices, tapis d'Orient; couleurs, lumière, luxe, parfums de l'Orient; voyage en Orient: 3. Ce fut l'âge des voyants, d'hommes passifs et contemplatifs, ainsi que l'Orient actuel en oppose encore à notre type occidental, actif et cérébral.
Béguin,Âme romant.,1939, p.79. ♦ Extrême-Orient, Moyen-Orient, Proche-Orient (v. rem. infra). ♦ P. méton. Pensée, philosophie, culture, civilisation orientales. Cette obstination de l'Orient à ne pas sortir du symbole se retrouve dans son architecture même (Faure,Espr. formes,1927, p.222). − HISTOIRE ♦ Empire d'Orient. Synon. empire byzantin.V. empire II E 1 e. ♦ Empire latin d'Orient. V. empire II E 1 f. ♦ Question d'Orient. Ensemble des problèmes politiques posés par la décadence de l'Empire ottoman à partir du xviiiesiècle. La Prusse avec son Zollverein nous préparait des embarras. La question d'Orient restait pendante (Flaub.,Éduc. sent.,t.2, 1869, p.79). − RELIG. Église(s) d'Orient ♦ Au sing. Église orthodoxe byzantine, par opposition avec l'Église d'Occident. Le scrupule a des frontières historiques. Il était inconnu de l'Église d'Orient (Mounier,Traité caract.,1946, p.694). ♦ Au plur. Églises chrétiennes d'Orient, notamment du Proche-Orient, de rite latin ou oriental, catholique ou non, ayant des liens d'attache avec Rome. Églises nestoriennes d'Orient; chrétiens d'Orient. Quant à la liturgie gallicane, l'on peut, en examinant son ossature, la croire issue, en partie, des Églises de l'Orient (Huysmans,Oblat,t.2, 1903, p.185). ♦ Grand schisme* d'Orient. 2. États, nations d'Orient. Relations de l'Orient et de l'Occident: 4. Pour l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, la révolution jeune-turque a été une grosse déception. Parce qu'elles avaient partie liée avec l'ancien régime; parce qu'elles méditaient, grâce à la somnolence vieille-turque, une main mise sur l'Orient dans la direction du golfe Persique...
Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.107. C. − FR.-MAÇONN. Grand-Orient. L'une des principales loges maçonniques françaises (constituée initialement à Paris par des représentants des loges de province). Prends d'abord l'exemple de la Haute-Maçonnerie (...). D'un côté, le Grand-Orient, à tendances politiques, se trouve en gros attiré par la Révolution politique et économique dont le pôle est en Russie (Abellio,Pacifiques,1946, p.262): 5. Un ordre du jour du Grand-Orient de France a proclamé que les insurrections, jadis le plus saint des devoirs, deviennent abominables et scandaleuses dans les pays qui affichent sur les murs la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Maurras,Kiel et Tanger,1914, p.144. − P. méton. Ville où siège une loge. Trois ans à l'Orient de Douai: la loge des Amis-réunis (Adam,Enf. Aust.,1902, p.241). REM. En compos. a) Orient-Express. Célèbre train rapide international reliant Paris à Istambul. Voir Larbaud, Barnabooth, 1913, p.275. b) Extrême-Orient. Ensemble des pays de l'Asie orientale. Voir Goncourt, Journal, 1877, p.1171. c) Moyen-Orient. Ensemble des pays s'étendant de la Turquie à l'Inde. Voir De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.112. d) Proche-Orient. Ensemble des pays à l'est de l'Europe occidentale; ensemble des pays de l'Europe de la côte méditerranéenne bordant l'Asie (Albanie, Yougoslavie, Bulgarie, Roumanie, etc.). Voir Sartre, Nausée, 1938, p.54.Rem. Moyen-Orient et Proche-Orient ont pu désigner les mêmes pays et être ainsi considérés tous deux comme synon. de Levant (v. ce mot III B 2). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀjɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 «l'Asie et certains pays du bassin méditerranéen» (Roland, éd. J. Bédier, 401); b) 1641 «habitants, nations de l'Orient» (Corneille, Horace, IV, 5); c) 1778 fr.-maçonnerie orient (d'apr. FEW t.7, p.413a); 1778 grand-orient (ibid.); 2. début du xiies. «région située vers l'est par rapport à un point donné» (S. Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 211); 3. a) 1remoitié du xiies. «un des quatre points cardinaux, situé du côté de l'horizon où le soleil se lève» (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 67, 36); b) 1573 «éclat (des yeux)» (Ph. Desportes, Les Amours de Diane, I, XXI, éd. V. E. Graham, p.58); 4. 1742 «reflet nacré des perles» (A. J. D'Argenville, L'Hist. nat., 101 d'apr. FEW t.7, p.413b). Empr. au lat. class. oriens «un des quatre points cardinaux, l'est; pays du levant», part. prés. de oriri «se lever». Fréq. abs. littér.: 1671. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3956, b) 2857; xxes.: a) 1357, b)1382. |