| ORGANICISME, subst. masc. A. − PHILOS. Doctrine d'après laquelle la vie résulte de l'organisation du corps, du fonctionnement des organes eux-mêmes. L'organicisme imagine une liaison organique de la durée (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p.80): 1. Les conceptions intermédiaires, qu'il s'agisse de l'organicisme biologique, ou du behaviourisme finaliste en psychologie, ne sont que de vaines subtilités, dissimulant une profonde indécision de pensée et la contradiction interne d'un «cercle carré».
Ruyer,Cybernétique,1954, p.168. B. − MÉD. [Correspond à organique A pathol.] Doctrine d'après laquelle toute maladie a son origine dans la lésion d'un ou de plusieurs organes et qui accorde une place prépondérante à l'anatomie pathologique. Il existe encore des médecins d'un grand mérite qui perdent leur temps à discuter le vitalisme, l'animisme, l'organicisme, etc... Ce sont là les restes historiques d'une autre époque (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p.190). C. − SOCIOL. Doctrine qui assimile la société à un organisme vivant. Dans ses Principes de sociologie 1879, il [Spencer] tente d'appliquer les thèmes généraux de son évolution à la vie sociale, sous la forme d'un organicisme intransigeant qui réduit la sociologie à la biologie (Hist. sc.,1957, p.1571). − ÉCON., POL. Doctrine qui assimile le système économique à un corps vivant (d'apr. Bern.-Colli Extr. 1976): 2. ... on étonnerait sans doute beaucoup les théoriciens (...) en leur disant qu'ils ne sont pas parvenus à rompre complètement avec les naïvetés de l'organicisme (...). Pour l'organicisme de toutes formes, la nation est essentiellement un «grand individu»...
Perroux,Écon. XXes.,1964, p.137. Prononc.: [ɔ
ʀganisism̭]. Étymol. et Hist. 1. 1846 «doctrine qui fait remonter la vie aux organes eux-mêmes» (Rostan, Exposition des principes de l'organicisme ds Lal. 1968); 2. 1855 méd. «théorie ramenant toute maladie à une lésion matérielle d'un organe» (Littré-Robin); 3. 1901 sociol. «doctrine qui assimile les sociétés à des organismes vivants» (Bouglé, Le Procès de la sociologie biologique, Rev. Philos. II, 140 ds Lal. 1968). Dér. sav. de organique*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 31. DÉR. 1. Organicien, -ienne, adj. et subst.a) Méd. a/ ) Qui est relatif à l'organicisme. Synon. organiciste (infra dér. 2 a).Ainsi, avec l'école organicienne (...), l'étude morphologique des tumeurs va prendre son complet développement (Roussy dsNouv. Traité Méd. fasc. 5, 21929, p.23).b/ ) (Celui, celle) qui est adepte de l'organicisme. Synon. organiciste (infra dér. 2 b).C'est [M. Littré) un physiologiste et un organicien en toute étude (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.5,1863, p.251).b) [En parlant d'un chimiste] Qui est spécialisé en chimie organique. Berthelot, le grand chimiste organicien français (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.1,1931,p.287).Cette théorie (...) devait se développer, rendre de grands services, puis se heurter à de graves objections, surtout de la part des chimistes organiciens (Hist. gén. sc.,t.3, vol.1,1961, p.207).Empl. subst. Quand les organiciens ont été amenés à imaginer des doubles et des triples liaisons, ils devaient, non seulement, tenir compte du jeu des valences, mais encore expliquer toute une série de réactions d'addition qui confirmaient leur schéma (Caillière, Hénin,Minér. argiles,1963,p.23).Les travaux des biochimistes attiraient l'attention des organiciens sur des composés tels que les stéroïdes, (...) les vitamines, les acides nucléiques et les hormones (Hist. gén. sc.,t.3, vol.2,1964,p.436).− [ɔ
ʀganisjε
̃], fém. [-jεn]. − 1resattest. 1858 méd. subst. et adj. «relatif à l'organicisme» (Littré-Robin), 1931 «qui est spécialisé en chimie organique» (Plantefol, loc. cit.); de organicisme, suff. -ien*. 2. Organiciste, adj.a) Qui relève de l'organicisme. Synon. organicien (supra dér. 1 a α).La médecine expérimentale (...) ne sera ni vitaliste, ni animiste, ni organiciste (Cl. Bernard,Introd. ét. méd. exp.,1865, p.348).La différenciation progressive des sociétés et des organismes complète la vision organiciste de l'univers en la replaçant dans le temps (J. Vuillemin,Être et trav.,1949,p.75).Ce n'est pas ici le lieu de montrer en détail avec quelle aisance et quelle cohérence cette interprétation organiciste du fait social explique (...) la marche de l'histoire (Teilhard de Ch.,Phénom. hum.,1955, p.340).b) Qui est adepte de l'organicisme. Synon. organicien (supra dér. 1 a β).Les deux erreurs opposées de l'«atomistique» des historiens superficiels, qui appellent décrire une civilisation en inventorier pêle-mêle les aspects divers, et de l'«intégralisme» des théoriciens organicistes du type Spengler-Toynbee (Marrou,Connais. hist.1954,p.175).Empl. subst. On imagine aisément les développements philosophiques (...) d'un organiciste, disciple de Goldstein, sur les performances de la machine d'Ashby, si on lui jouait le mauvais tour de les lui donner à interpréter en lui cachant qu'il s'agit d'une machine (Ruyer,Cybernétique,1954, p.68).Quelques auteurs de second plan comme A. Schaffle (1831-1903), organiciste, L. Gumplowicz (1838-1909), darwiniste social (Traité sociol.,1967, p.54).− [ɔ
ʀganisist]. − 1resattest. 1858 subst. et adj. «en méd. relatif à l'organicisme» (Littré-Robin), 1900 sociol. subst. (Novicow, Les castes et la sociologie biologique, Rev. philos. II, 373 ds Lal. 1968); de organicisme, suff. -iste*. |