| OREILLETTE, subst. fém. A. − Objet en rapport avec l'oreille. 1. ,,Petit linge qu'on met derrière l'oreille lorsqu'il s'y trouve quelque écorchure`` (Littré). 2. COSTUME a) Autrefois, notamment au xvies., couvre-oreilles généralement en velours ou en satin. (Ds Gay t.2 1928, Leloir 1961). b) Autrefois, petit cercle de métal mis sur l'oreille pour soutenir les boucles et pendants d'oreille quand celle-ci n'est pas percée. (Ds DG, Gay t.2 1928). B. − Ce qui ressemble plus ou moins à une oreille. 1. ANAT. [Chez certains Invertébrés et chez les Vertébrés] Cavité (ou une des deux cavités) du coeur qui reçoit le sang et l'envoie dans le ventricule. Contraction, systole des oreillettes. Les veines caves supérieure et inférieure ainsi que la veine coronaire arrivent à l'oreillette droite; quatre veines pulmonaires débouchent dans l'oreillette gauche (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p.184).L'appareil circulatoire [des Invertébrés] présente sa structure la plus évoluée chez les Céphalopodes. Non seulement le coeur est puissant avec un ventricule et deux oreillettes, mais les coeurs accessoires branchiaux sont particulièrement importants (Physiol., 1969, pp. 568-169 [Encyclop. de la Pléiade]): . Le coeur [chez les animaux à respiration branchiale] présente une constitution architecturale des plus simples avec une seule oreillette et un seul ventricule. Chez les Oiseaux et chez les Mammifères (...) le coeur est divisé en quatre cavités comprenant une oreillette et un ventricule droits pour le sang noir non hématosé, une oreillette et un ventricule gauches pour le sang rouge revenant des poumons.
Encyclop. Sc. Techn.t.21970, p.673. ♦ Oreillette primitive. ,,Portion du tube cardiaque représenté par une cavité unique située en arrière de la région bulbo-ventriculaire`` (Méd. Biol. t.3 1972). 2. ART CULIN. Beignet. (Ds Ac. Gastr. 1962). 3. BOTANIQUE a) Champignon du genre Agaric, à pédicule blanchâtre, court, cylindrique, à chapeau arrondi d'un gris plus ou moins foncé, un peu roulé sur les bords et à feuillets blancs (d'apr. Privat-Foc. 1870). Les connaissances cryptogamiques de Lirot, dressé par son maître, se bornaient à trois variétés: sa voix annonçait toujours soit un cèpe, soit un potiron, ou encore de ces petites oreillettes blanchâtres qui dégagent une forte senteur de farine (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p.27). b) Oreillette rouge des arbres. Trémelle améthyste. (Ds Nouv. dict. d'hist. nat. (Deterville), 1818 ds Quem. DDL t.20). C. − Partie latérale, saillante de quelque chose qui rappelle l'oreille par sa forme ou sa position. 1. Partie d'une coiffure qui pend de chaque côté et couvre l'oreille. Synon. oreille, oreillère, oreillon.Oreillettes d'une casquette doublées en peau. Il s'était acheté une casquette de velours amarante, aux oreillettes toujours soigneusement rabattues, dans la crainte des courants d'air (Reider, MlleVallantin, 1862, p.26).Les hommes sont coiffés du bonnet phrygien, rouge ou orange à oreillettes (Morand, Air indien, 1932, p.135). 2. Partie rembourrée, située de chaque côté du dossier de certains fauteuils, permettant d'appuyer la tête. Synon. oreille, oreillon, oreillard.Le tort que je me fis en me refusant un fauteuil à oreillettes où j'aurais médité plus noblement (Barrès, Homme libre, 1889, p.52). 3. Appendice, saillie, anneau situé(e) généralement de part et d'autre d'un objet et qui permet de le saisir, de le fixer. Synon. oreille, oreillon.Lancé dans le balancement formidable de la cloche, il saisissait le monstre d'airain aux oreillettes, l'étreignait de ses deux genoux (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.182).Une arche portative (...) ayant des deux côtés des oreillettes pour passer des leviers, constituait tout leur matériel religieux (Renan, Vie Jésus, 1863, p.6).[Le clavier] est fixé par de longues vis qui traversent le fond du piano; ces vis sont tantôt apparentes, à oreillettes, ou dissimulées (Huberson, Nouv. manuel accord. et répar. pianos, 1926, p.79). 4. BOT. ,,Chacune des expansions foliacées situées généralement à la base du pétiole ou du limbe`` (Forest. 1946). A la jonction du limbe et de la gaine, on peut trouver une petite membrane plus ou moins longue et dentelée, la ligule et, de chaque côté de cette dernière, à la base du limbe deux stipules ou oreillettes. La présence ou l'absence d'oreillettes, leur caractère glabre ou pubescent, la longueur de la ligule permettent de différencier la plupart des céréales dès le stade herbacé (Encyclop. Sc. Techn.t.31970, p.16). 5. ZOOLOGIE a) [Chez certains Insectes] Appendice, renflement sur une partie du corps. 1erarticle des antennes très grand, fortement dilaté en oreillette (E. Perrier, Zool., t.1, 1893, p.1254).L'appareil de récolte [des abeilles mellifères] consiste en une corbeille de longs poils incurvés sur les tibias postérieurs; une oreillette, dilatation de la base des métatarses, sert parfois de pince à cire (Zool., t.2, 1963, p.890 [Encyclop. de la Pléiade]). b) ,,Expansion du sommet des valves chez les Mollusques Lamellibranches`` (Quillet 1965). Les 2 valves [de la coquille Saint-Jacques] présentent de plus des stries de croissance. Charnière avec 2 oreillettes égales. Chair très appréciée (G. et N. Houvenaghel-Crèvecoeur, Guide nature de la mer, 1978, p.62). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀ
εjεt]. Ac. 1694: oreillete ou orillete; 1718: oreillete; dep. 1740: oreillette. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 oreillete «petite oreille» (Fierebras, éd. A. Kroeber et G. Servois, 4112); 2. a) 1492 orillecte p. méton. «pièce de coiffure féminine supportant des pendants d'oreille» (Argenterie de la Reine, Arch. KK ds Gdf.); b) 1664 oreillette «patte qui pend d'une coiffure» (Chr. Huygens, OEuvres complètes, t.5, p.28 ds Fonds Barbier: sa callotte est avec des oreillettes); c) 1680 «bandage sur une oreille blessée» (Rich.); 3. 1654 anat. «cavité du coeur» (Th. Gelée, L'anat. fr. ds Fr. mod. t.14, p.286); 4. bot. a) 1790 oreillette des arbres «trémelle améthyste» (J. J. Paulet, Traité des champignons, t.1, p.557a: Oreillettes des arbres... a. Rouges... b. Blanches [cf. R. Ling. rom. t.44, p.231 et Quem. DDL t.20]); b) 1796 orillette «mâche» (Feuille du Cultivateur, 22 nivôse an IV ds Brunot t.9, p.1132 [mot des Ardennes]), v. Roll. Flore t.6, p.229); 5. 1812 «partie latérale d'un dossier de fauteuil» (Jouy, Hermite, t.2, p.139: une bergère à oreillettes). Dér. de oreille*; suff. -ette (-et*). Au sens 3, cf. déjà oreille (1314, Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 317: l'oreille ou la cornille du cuer). Fréq. abs. littér.: 162. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p.10. _Pauli 1921, p.100. _Quem. DDL t.13, 15. |