| ORDURIER, -IÈRE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] Qui aime à dire, à écrire des choses empreintes de grossièreté, d'obscénité, reflétant la corruption des moeurs. Synon. cochon, immonde, obscène.Gens orduriers. Ce qui caractérise les auteurs orduriers, c'est l'absence d'imagination (Baudel.,Pauvre Belg., 1867, p.705): 1. On ne s'imagine pas combien il y a de femmes, avec des bouches d'anges, des yeux d'étoiles (...) qui, chez elles, sont grossières de langage, ordurières de gestes, et dégoûtantes à force de vulgarité...
Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.342. B. − [En parlant d'une chose] 1. Rare. Qui concerne les ordures, sale. Quelques poubelles heurtées, quelques roulements de camions, dépotoirs, voilà la musique ordurière de l'aurore d'une ville (Arnoux,Gentilsh. ceinture, 1928, p.126): 2. Mon Dieu! Que votre Saint-Nicolas du Chardonnet est une chose triste! décrépite, lézardée, crevassée, sale, non point de cette saleté auguste des âges, qui est la plus belle parure de la pierre, mais de cette malpropreté ordurière et poussiéreuse qui semble particulière à ces quartiers...
G. Leroux,Parfum, 1908, p.3. 2. [En parlant d'une chose abstr., d'une manifestation de l'esprit hum.] Empreint de grossièreté, d'obscénité, reflétant la corruption des moeurs. Synon. cochon, graveleux, obscène, sale.Mots, propos, termes orduriers; histoires, injures, insultes ordurières. Les livres dépravés ou suspects, poison des âmes, dont la fin du dernier siècle et le matérialisme ordurier de l'Empire avaient inondé alors les bibliothèques (Lamart.,Confid., 1849, p.113).L'idée qu'ils [les organes de l'homme] éveillent est joyeuse dans Aristophane sans être ordurière comme dans Rabelais (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.163).V. cabestan ex. 5: 3. C'est l'outrance même de Pot-Bouille qui me plaît, et la persévérance dans l'immonde. Le rendez-vous d'Octave et de Berthe dans la chambre de bonne et la salissure de leur misérable amour sous le flot ordurier des propos de la valetaille...
Gide,Journal, 1932, p.1137. REM. Ordurièrement, adv.D'une manière ordurière (supra B 2). Le geôlier ivrogne m'explique ordurièrement bien des choses. La trivialité a du bon; elle n'estompe rien (Arnoux,Algorithme, 1948, p.238). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀdyʀje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1718, 1740: ordurier, -iere; dep. 1762: -ier, -ière. Étymol. et Hist. A. Subst. masc. 1. 1688 «boîte à ordures» (Rich. t.2); 2. 1693 «homme qui dit des grossiéretés» (Anti-ménagiana, p.3 ds Littré). B. Adj. 1. 1716 «qui contient des grossièretés» (Voltaire, Correspondance, I, 38 ds Quem. DDL t.21); 2. 1718 «qui se plaît à dire des grossièretés» (Ac.). Dér. de ordure*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 80. |