Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ORDURE, subst. fém.
A. − Le plus souvent au plur. Chose inutilisable, sale, dont on se débarrasse. Synon. déchet, détritus, immondice.Rues poudreuses, mais nettes de toute ordure (Fromentin,Voy., Égypte, 1869, p.76).Dans la désolation de la berge que couvrent des ordures, traînent des vieux pneus, s'amasse la ferraille (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.343):
1. Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'oeufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Queneau,Loin Rueil, 1944, p.9.
SYNT. Monceau, tas d'ordures; décharge, fosse aux ordures; collecte, incinération des ordures; balayer, enlever, vider les ordures; défense de déposer des ordures.
Ordures ménagères (v. ménager2). Vide-ordures*.
Boîte, caisse, panier, sac, seau à/aux ordures (vieilli). Poubelle. Leur bonne (...) jette à la boîte aux ordures tous les restes (...) de leur table (Bloy,Journal, 1907, p.359).Disposer çà et là des boîtes à ordures, afin que le public puisse y jeter ses papiers gras et détritus de toute sorte (Ponchon,Muse cabaret, 1920, p.175).V. avertissement ex. 2.
Jeter, mettre qqc. aux ordures. Se débarrasser d'une chose inutilisable, sale. Être bon à mettre aux ordures. Et ces fleurs, au bas de sa porte, comme contre une pierre tombale! (...) il les avait jetées aux ordures, immédiatement, après les avoir froissées avec rage (Montherl.,J. filles, 1936, p.987).
Au sing. avec valeur de coll. Ensemble, masse de choses inutilisables, sales; saleté. Et tel thésauriseur qui possède un milliard Dans l'ordure en plein jour ramasserait un liard (Pommier,Colères, 1844, p.39).Promenade dans un quartier épouvantable de tristesse et de saleté (...). L'idée que des hommes et des femmes sont contraints de vivre et de respirer dans l'ordure m'est pénible (Green,Journal, 1935, p.20):
2. Sous la fenêtre (...) prospérait un monceau de boîtes de conserve vides, de papiers (...), d'épluchures et d'immondices indéfinissables parmi lesquels flamboyaient ces écorces d'orange qui trouvent toujours moyen de rehausser, la palette de l'ordure. H. Bazin,Barbe, 1957, p.29.
En partic.
Vx. Impureté sécrétée par le corps. Cette plaie, cet abcès a bien suppuré, a bien jeté de l'ordure (Ac. 1835, 1878).
Excréments. Le dragon (...) allait aux latrines dont il rapportait l'ordure gâchée par ses pieds nus (Huysmans,Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p.131).J'allais porter au fumier les ordures des chats (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.108).
Loc. verb. Faire ses ordures. Déféquer. Ce chien est allé faire ses ordures au fond du jardin (Ac.1935).
Vx. ,,Poussière, (...) duvet, (...) paille, (...) toutes les petites choses malpropres qui s'attachent aux habits, aux meubles, etc. Nettoyez votre chapeau, votre manteau, il est tout plein d'ordures. Il lui est entré une ordure dans l'oeil`` (Ac. 1835, 1878).
B. − Toujours au sing., au fig., littér. Grossièreté, obscénité, corruption des moeurs. Vivre dans l'ordure. Magistrats débauchés qui traînent dans l'ordure une vieillesse flétrie (Chénier,Élégies, 1794, p.33).Le seul romancier de la sainteté que nous possédions [Bernanos] est aussi engagé qu'aucun de nous dans l'ordure du monde (Mauriac,Journal 3, 1940, p.264):
3. Toute l'ordure des idées utilitaires contemporaines, toute l'ignominie mercantile du siècle, étaient glorifiées en des pièces [dans Villiers de l'Isle-Adam] dont la poignante ironie transportait Des Essaintes. Huysmans,À rebours, 1884, p.258.
P. méton., au sing. ou au plur.
1. Acte, propos ou écrit empreint de grossièreté, d'obscénité, reflétant la corruption des moeurs. Chanter, crier, dire, écrire, hurler, vomir des ordures; flot d'ordures; livre plein, rempli d'ordures. Cet écrit, cette publication est une ordure (Ac. 1935). Une jeune Allemande (...) exhale des ordures: l'admiration pour Bismarck et la haine de la Sainte Vierge (Bloy,Journal, 1898, p.282).L'adultère, consenti par le mari, est une ordure (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1379):
4. Louis XIV, un être vicieux, après avoir (...) donné l'exemple de tous les scandales, crut (...) qu'en appelant des prêtres pour lui donner l'absolution de ses ordures, il serait encore assis à la droite du Seigneur, dans les siècles des siècles. Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.56.
[En antéposition expr. et péj.] Cette ordure de + nom de chose.C'est la ceinture à Clubin. Pardieu! Je lis dedans son ordure de nom (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.419).
P. exagér. Acte, propos, écrit ou objet de peu de valeur. On est arrivé jusqu'à 6000 fr. offerts pour la réimpression de mes 1èresordures littéraires (Balzac,Corresp., 1835, p.746):
5. L'intérieur des Dandillot dénotait une absence de goût rare malgré tout dans leur milieu social, et à Paris. Quelques objets assez beaux voisinaient avec des ordures de bazar, et prétentieuses, encore... Montherl.,Pitié femmes, 1936, p.1170.
2. Pop. Personne vile, digne de mépris. Courtial n'était qu'un salopiaud, la pire des charognes! Un faussaire! Y avait pas deux ordures comme lui (Céline,Mort à crédit, 1936, p.450).Mon vieux commissaire, y a six ordures dans les nouveaux qui veulent descendre le colonel (Malraux,Espoir, 1937, p.732):
6. Jean (...) marche sur l'avocat qui le regarde avec terreur et il dit, d'une voix forte: Débarrassez-moi de cette ordure: Je me défendrai moi-même. Sartre,Engrenage, 1948, p.153.
[En antéposition expr. et péj.] Cette ordure de + nom de pers.Regardez cette ordure de Sigismond. La gêne, l'humiliation et la rage se disputent son visage crispé (Montherl.,Malatesta, 1946, iii, 2, p.483).
[Employé comme injure très violente] Ordure! Tas d'ordures! Va-t-en, vieille ordure, et tâche de crever dans le repentir (Sartre,Mouches, 1943, i, 1, p.18).
REM. 1.
Ordurer, verbe intrans.Faire ses ordures, déféquer. Ces gens-là, (...) il ne faut pas croire qu'ils sont propres. Oh non! Ils ordurent partout, sauf le respect que je vous dois (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.133).
2.
Ordureux, -euse, adj. et subst.,pop., région. (Normandie). (Personne) qui ramasse des ordures. Le père Boitelle (...) avait (...) la spécialité des besognes malpropres (...). Quand on lui demandait (...) pourquoi il faisait cet ouvrage répugnant, il répondait (...): Si je suis ordureux, mé, c'est que mes parents m'ont opposé dans mes goûts (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Boitelle, 1889, p.271).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀdy:ʀ]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 «matière qui souille» (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1523: De l'odur kin istrat Les serpenz chacerat E venin et ordure, Itel est sa nature); b) 1316 «excrément» (Jehan Maillard, Le Roman du Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 4603); c) 1327 «immondices» (C'est li connisance la femme Pieron Grumial, chirogr. A. Tournai ds Gdf. Compl.); 1680, 30 oct. sac aux ordures (Mmede Sévigné, Lettres, éd. La Pléiade, t.3, p.50); 2. 1121-34 «souillure morale» (Philippe de Thaon, op. cit., 2796); 3. 1209 «poussière, petit débris» (Reclus de Molliens, Miserere, 6, 12 ds T.-L.); 4. [ms. commencement xves.] «action deshonnête» (Etienne Boileau, Livre des Métiers, 1repart., LXXIII, 4, var., éd. Lespinasse et Bonnardot); 5. 1408 «femme de mauvaise vie» (Arch. JJ 163, pièce 79 ds Gdf.); 1865, août terme d'injure (Goncourt, Journal, p.184: voulez-vous vous en aller, vilaine ordure!). Dér. avec suff. -ure*, de l'a. fr. ord «sale, immonde» (début xiies., Benoit, Voyage de Saint-Brendan, 1421 ds T.-L.) du lat. horridus «qui fait frissonner, terrible». Fréq abs. littér.: 862. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 234, b) 1540; xxes.: a) 2579; b) 1089. Bbg. Quem. DDL t.14 (s.v. ordureux); 19.