| ORDRE, subst. masc. I. − Disposition, relation intelligible entre les choses. A. − Rapport intelligible, satisfaisant aux exigences de l'esprit, pouvant être saisi ou institué entre différents éléments. L'intelligence comme la beauté se plaît à contempler: or, le miroir de l'intelligence, c'est le nombre. De là vient le goût que nous avons tous pour la symétrie; car tout être intelligent aime à placer et à reconnaître de tout côté son signe qui est l'ordre (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t.2, 1821, p.128).L'ordre, c'est la raison, c'est la vérité (Boucher de Perthes, Création,t. 5, 1838-41, p.251): 1. Elles [la Musique et l'Architecture] semblent vouées à nous rappeler directement, −l'une la formation de l'univers, l'autre, son ordre et sa stabilité; elles invoquent les constructions de l'esprit, et sa liberté qui recherche cet ordre, et le reconstitue de mille façons; elles négligent donc les apparences particulières dont le monde et l'esprit sont occupés ordinairement, plantes, bêtes et gens...
Valéry, Eupalinos,1923, p.84. − [Constr. avec un compl. prép. de ou un adj. spécifiant l'orig. ou la nature des relations d'ordre] Ordre du coeur, de l'esprit; ordre physique, vital. Dieu reconnu a priori pour expliquer le monde, les idées pour faire comprendre les réalités, la raison pour dominer l'expérience (...), les vérités intelligibles devançant dans l'ordre logique les vérités expérimentales, ne sont-ce pas tous les traits de l'idéalisme? (Ozanam, Philos. Dante,1838, p.227).Il y a (...) un ordre du corps. Mais il est manifeste que cet ordre n'est pas purement biologique. Il s'est fait sans les mots, contre les mots; pourtant il ne peut être aveugle (Sartre, Sit. I,1947, p.214): 2. Ce n'est (...) pas sur la répétition des mêmes jugements, ni sur l'assentiment unanime ou presque unanime, qu'est fondée uniquement notre croyance à certaines vérités; elle repose principalement sur la perception d'un ordre rationnel d'après lequel ces vérités s'enchaînent...
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p.115. B. − Disposition, succession régulière, constatée ou instituée. 1. a) Rapport de succession, classification obéissant à une règle ou à une convention. Ordre des matières, des sujets; ordre des différentes parties dans un exposé, un ouvrage; objets entassés sans ordre; classer des objets dans un ordre artificiel. Les mots échouent à prendre des postures nouvelles, qu'aucune réalité intérieure ne détermine; ils se présentent nécessairement dans l'ordre familier où la mémoire les a reçus (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p.288).Les troupeaux, suivant l'ordre des saisons, ont passé des hauteurs à la plaine et vice versa (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.82): 3. ... on ne saurait établir un ordre entre des termes sans les distinguer d'abord, sans comparer ensuite les places qu'ils occupent; on les aperçoit donc multiples, simultanés et distincts; en un mot, on les juxtapose, et si l'on établit un ordre dans le successif, c'est que la succession devient simultanéité et se projette dans l'espace.
Bergson, Essai donn. imm.,1889, p.86. − [Constr. avec un compl. prép. de ou un adj. indiquant le principe classificateur] Ordre d'arrivée, de départ; ordre d'inscription; ordre d'entrée en scène; classer des objets par ordre de grandeur, de taille, de prix; ordre d'importance, de préférence; ordre décroissant. Il y a trois choses qui mènent les actions humaines. Les voici, par ordre montant de puissance: la passion, l'intérêt, la vanité (Goncourt, Journal,1864, p.85).Si l'on a pu disposer les nombres en ordre croissant, c'est (...) parce qu'il existe entre eux des rapports de contenant à contenu, et qu'on se sent capable d'expliquer avec précision en quel sens l'un est plus grand que l'autre (Bergson, Essai donn. imm.,1889p.16): 4. Les anciens savaient déjà que le destin (...) était, non pas tant une fatalité, conduisant notre vie selon un chemin calculé par quelque divinité, mais avant tout une subtile liaison entre tous les moments d'une même vie; ces moments, qui nous apparaissent ordinairement, dans un ordre de succession chronologique, comme isolés les uns des autres, sont entre eux dans un rapport interne, assez semblable à l'unité d'un développement musical.
Béguin, Âme romant.,1939, p.113. ♦ Ordre alphabétique. Ordre de succession suivant la classification des lettres de l'alphabet. Tests de persévérance: exécuter un travail long et fastidieux, comme trouver trente épingles cachées dans une boîte de son; classer de nombreux mots par ordre alphabétique (Mounier, Traité caract.,1946, p.17). ♦ Ordre chronologique. Classification d'événements ou d'objets suivant leur succession dans le temps. Classer une correspondance, des documents par ordre chronologique. J'ai tracé un tableau rapide des révolutions que quelques écrivains français ont fait faire aux goûts littéraires de 1795 à 1810 (...). Je rappellerai ici les noms de ces écrivains en les plaçant dans un ordre chronologique (Delécluze, Journal,1827, p.373).Il existait un document fixant par ordre chronologique les diverses mesures à prendre en cas de tension politique (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.208). ♦ Ordre hiérarchique. Classification selon laquelle chaque terme est subordonné au suivant en fonction d'une norme établie. Après avoir passé par le bien absolu, on retrouve les biens illusoires et partiels, mais dans un ordre hiérarchique qui fait qu'on ne se permet la recherche de tel bien que dans la limite permise par le souci de tel autre (S. Weil, Pesanteur,1943, p.60). b) Spécialement − DROIT ♦ DR. CIVIL. ,,Ensemble d'héritiers légitimes qui, considérés collectivement, excluent un ensemble d'autres héritiers, également pris d'une manière collective, ou qui se trouvent exclus par eux`` (Cap. 1936). Ordre de succession. Il y a quatre ordres d'héritiers: 1oles descendants du défunt; 2ole père, la mère, les frères et soeurs et descendants d'eux; 3oles ascendants autres que les pères et mères; 4oles collatéraux autres que les frères et soeurs et descendants d'eux (Cap. 1936). ♦ PROCÉDURE. Procédure amiable ou judiciaire, tendant à régler la répartition du prix de vente d'un ou de plusieurs immeubles d'un débiteur entre ses créanciers privilégiés et hypothécaires, d'après le rang de leurs privilèges et hypothèques (d'apr. Cap. 1936). Ordre amiable, consensuel (ou conventionnel), ordre judiciaire; distribution par voie d'ordre. − LING. Ordre et construction de la phrase. Il suffit de retourner l'ordre des mots pour avoir leur sens retourné (Éluard, Donner,1939, p.173): 5. La construction est (...) la première partie de la syntaxe. Elle en est la plus importante, et celle dont l'utilité est la plus universelle; car il n'y a pas une circonstance dans le langage, quel qu'il soit, où il ne faille pour le rendre intelligible, établir un ordre quelconque entre les signes qui le composent...
Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p.171. ♦ Ordre grammatical (ou canonique); ordre logique; ordre psychologique. Dans une langue donnée, quand il existe une certaine liberté dans l'ordre des mots, on parle d'ordre grammatical ou ordre canonique pour celui qui est le plus conforme aux règles générales de la langue; d'ordre logique pour celui qui paraît conforme à la démarche supposée de la pensée; d'ordre psychologique pour celui qui résulte de l'état d'esprit de celui qui parle (Ling.1972). ♦ HIST. DE LA GRAMM. Ordre habituel (ou usuel, ou direct); ordre occasionnel (ou inverse). Sans préjuger de la valeur de l'ordre, on appelle parfois habituel ou usuel, ou direct celui que l'on constate normalement dans un type de phrase donné, occasionnel ou inverse celui qui apparaît comme exceptionnel par rapport au premier (Mar. Lex.1933).Ordre naturel* des mots. − MATH. Rapport de succession obéissant à une loi. Ordre de valeurs croissantes, décroissantes; ordre des nombres entiers; ordre sériel*. ♦ Relations d'ordre. ,,Relations asymétriques et transitives auxquelles satisfont des couples d'éléments d'un ensemble ordonné`` (Uv.-Chapman 1956). ♦ Statistiques d'ordre (ou de rang). Fonctions des observations tenant compte de leur rang et de leur valeur dans une série ordonnée, ou simplement des rangs (d'apr. Mor. 1968). On utilise les statistiques d'ordre lorsque les observations peuvent être rangées par ordre croissant ou décroissant, ou lorsque les mesures ne peuvent se faire que sur une échelle ordinale. Dans ce cas, peu importe la valeur absolue d'une observation, seul son numéro d'ordre intervient dans la statistique (Thinès-Lemp.1975). c) Loc. Ordre du jour. Liste des sujets classés à la suite les uns des autres dans l'ordre où ils doivent être abordés et examinés par une assemblée délibérante. Voter, demander l'ordre du jour; être à l'ordre du jour; inscrire une question à l'ordre du jour. L'ordre du jour avoué était de discuter la continuation de la grève; mais, en réalité, on attendait Pluchart, on comptait sur un discours de lui, pour enlever l'adhésion en masse à l'Internationale (Zola, Germinal,1885, p.1337).L'ordre du jour, qu'on avait lu à l'Officiel, était de tout repos, on continuerait les discussions sur les constructions navales (Barrès, Cahiers,t.5, 1906, p.62). ♦ Mettre à l'ordre du jour. Inscrire une question parmi celles qui doivent être discutées. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Passer à l'ordre du jour. Revenir à la discussion des questions inscrites après refus d'aborder une question non inscrite. La commission des pétitions fera sans doute son rapport sur celle-ci dans une des prochaines séances. Il serait bien regrettable si elle n'était point prise en considération, et si la chambre passait à l'ordre du jour (Borel, Champavert,1833, p.199). − P. méton. Résolution adoptée par une assemblée délibérante. Ordre du jour motivé; ordre du jour de confiance, de défiance. − (Être, mettre) à l'ordre du jour; faire partie de l'ordre du jour. Figurer parmi les questions d'actualité, parmi les préoccupations du moment. La question de la propriété et du communisme a été constamment à l'ordre du jour de l'Europe selon le conseil du Manifeste (Jaurès, Ét. soc.,1901, p.xxxii).La crise ne fait que commencer et se traduit moins par la lutte pour la paix, qui est à l'ordre du jour dans toute l'Europe, que par la perspective prochaine du krach de la paix civile entre les classes (Barrès, Cahiers,t.11, 1917, p.276). ♦ En partic. Figurer parmi les questions de l'actualité gouvernementale, dont le gouvernement s'occupe tout particulièrement. (Dict. xixeet xxes.). 2. a) Disposition, distribution dans l'espace conforme à une loi, à des règles. Objets rangés par ordre de grandeur, de taille. Tout le long [de la cave] s'étendaient des rayons, et sur ces rayons étaient couchées des bouteilles dans un ordre admirable (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p.17).Leur danse [des douze jeunes filles] était voluptueuse, molle et sans ordre apparent, bien que toutes les figures en fussent réglées d'avance (Louys, Aphrodite,1896, p.141).Un ordre s'ébauchait dans la cohue des vagues (Queffélec, Recteur,1944, p.128).Au XVIIesiècle, la lettre, seule, le plus souvent, italique ou romaine, compacte ou aérée, emplit la page de ses noirs bataillons en ordre régulier (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p.13). b) Spécialement
α) Dans le domaine des Beaux-Arts.L'ordre et les proportions. Dans son acception plus restreinte, la composition n'est autre chose que l'ordonnance, c'est-à-dire l'art de mettre en ordre les éléments du tableau (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p.496).
β) ART MILIT. Disposition d'une troupe sur le terrain. Ordre dispersé, profond, mince; ordre en ligne, en colonne par deux. Il fallait que toute l'armée se rassemblât sur son extrême droite: opération dangereuse, si les neiges n'eussent pas alors couvert les débouchés des Alpes. Le passage de l'ordre défensif à l'ordre offensif est une des opérations les plus délicates (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.348).On comprenait qu'il était fier d'un si bel ordre de marche: une colonne de trois lieues et demie, c'était magnifique (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.2, 1870, p.186). − Ordre serré. Formation des unités militaires strictement définie par les règlements pour la progression ou le défilé, indépendamment des considérations tactiques du combat. Alignement, rassemblement en ordre serré; mouvements exécutés en ordre serré. La brigade Jonack s'engage (...). Elle présente une mince ligne de tirailleurs suivie par des bataillons en ordre serré, incapables de manoeuvrer (Foch, Princ. guerre,1911, p.206). − Ordre de bataille. Rang, position assigné(e) aux différents corps de l'armée pour se présenter au combat. [Berthelot] me proposa (...) pour préparer la bataille prochaine, de modifier l'ordre de bataille ainsi que les limites des zones d'action de la 4earmée (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.384).Rang assigné pour figurer dans les prises d'armes et les défilés. J'admirais l'ordre de bataille, les dispositions par sections, la course au pas gymnastique, les changements de front, les mouvements des centres et des ailes (Reybaud, J. Paturot,1842, p.170). ♦ P. méton. Document précisant l'organisation du commandement et la répartition des unités suivant leur dispositif stratégique ou tactique. Un de ces tableaux, sous une couverture intitulée en belle écriture ronde: ordre de bataille sur le front de Verdun au 20 mars 1916, et annexes, donnait la répartition des unités (...) telle qu'elle se présentait effectivement au 20 mars (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p.191). − Au fig. ou p. métaph. Les dernières applications de la photographie −qui couchent aux pieds d'une cathédrale toutes les maisons qui nous parurent si souvent, de près, presque aussi hautes que les tours, font successivement manoeuvrer comme un régiment, par files, en ordre dispersé, en masses serrées, les mêmes monuments (Proust, Guermantes 2,1921, p.365). − MAR. Ordre de convoi, de file, de front. Formation de navires en rangs serrés. (Dict. xixeet xxes.). − AVIAT. Escadrille en ordre triangulaire (Dict. xixeet xxes.). C. − Organisation satisfaisante et rationnelle. 1. Disposition, manière de ranger, d'arranger les choses, de déterminer leur place de la façon qui semble la plus satisfaisante, la plus fonctionnelle. Aimer l'ordre; avoir le goût, le souci de l'ordre; le bon ordre d'une maison; mettre de l'ordre dans une pièce, dans sa chevelure. Dans ce navire, tout était propre, luisant, frotté; il y régnait un ordre admirable, un arrangement minutieux des plus petits détails (Sue, Atar-Gull,1831, p.2).Un ordre merveilleux règne autour d'elle; il semblerait que les choses se classent et s'accommodent ainsi toutes seules, par la seule vertu de sa présence (Gobineau, Pléiades,1874, p.86): 6. Dans une armoire, seul un pauvre d'âme pourrait mettre n'importe quoi. Mettre n'importe quoi, n'importe comment, dans n'importe quel meuble, marque une faiblesse insigne de la fonction d'habiter. Dans l'armoire vit un centre d'ordre qui protège toute la maison contre un désordre sans borne. Là règne l'ordre ou plutôt, là l'ordre est un règne. L'ordre n'est pas simplement géométrique. L'ordre s'y souvient de l'histoire de la famille.
Bachelard, Poét. espace,1957, p.83. − P. méton. Qualité d'une personne qui a le souci de l'organisation, du rangement. Manquer d'ordre. Louise a beaucoup d'ordre et de soin. Jamais elle n'égare son mouchoir, ni ses rubans. C'est une grande qualité que l'ordre et tous les enfants devraient ressembler à Louise (Frapié, Maternelle,1904, p.119). ♦ [En fonction de déterm.] Homme, femme d'ordre. Personne d'ordre, de grand bon sens et de grand coeur, ma tante doublait exactement son mari (Gide, Si le grain,1924, p.414). − Être en ordre. Être rangé, disposé convenablement; être en état de fonctionner. (Re)mettre qqc. en (bon) ordre; (re)mise en ordre; (re)mettre de l'ordre dans qqc. (Fait d')organiser, ranger, disposer (de nouveau) convenablement. (Re)mettre sa chambre, ses dossiers en ordre; mettre sa comptabilité en ordre; mettre de l'ordre dans ses comptes, dans ses livres. Les Maheu se montraient reconnaissants envers leur logeur, son linge était lavé, raccommodé, ses boutons recousus, ses affaires mises en ordre (Zola, Germinal,1885, p.1274).Quand il eut mis toutes choses en ordre et comme il voulait qu'elles fussent pour dormir pendant son absence, il s'habilla proprement (R. Bazin, Blé,1907, p.271).Je passai ma cravate noire, je donnai un coup de brosse à mes cheveux, gestes derniers d'une mise en ordre tardive (Proust, Guermantes 2,1921, p.390). ♦ En partic. [Le compl. désigne un organisme, un service, une affaire] (Re)mettre en état de bon fonctionnement, (ré)organiser. (Re)mettre de l'ordre dans une administration, un service. Il n'y avait qu'à attendre que le général Pau ait pris son commandement et remis les choses en ordre (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.259).Permettre au commandant la remise en ordre des unités dont la nature même de la bataille avait dissocié tous les liens (Joffre, Mém.,t.1, 1931p.476). ♦ Loc. Mettre ses affaires en ordre. Prendre des dispositions pour régler sa succession. (Dict. xixeet xxes.). P.ext. Se préparer à la mort (Dict. xixeet xxes.). − Mettre (bon) ordre à qqc. Remédier à une situation fâcheuse ou défectueuse. Je me défiais des écarts de l'imagination: j'y mis bon ordre (Fromentin, Dominique,1863, p.244).Il ne fallait pas que la vie fût si facile pour moi, il y a quelqu'un qui s'est chargé d'y mettre bon ordre (Claudel, Père humil.,1920, ii, 2, p.521). − Mettre, donner, apporter (bon) ordre à qqc. (vx). Pourvoir à quelque chose en prenant toutes les dispositions nécessaires. (Dict. xixeet xxes.). − (Machine) en ordre de marche. En état de fonctionner. Une efficacité surveillée, tendue, alertée, se retrouvait, se rassemblait autour de nous à travers le noir; je la sentais nouer ses rênes dans mes mains, crépiter avec les intervalles exacts d'une machine en ordre de marche (Gracq,Syrtes, 1951, p.62). 2. Organisation, présentation des idées ou des faits de façon logique ou rationnelle (notamment dans le domaine du raisonnement, de l'argumentation). Sentiments difficiles à mettre en ordre. Le marquis avait besoin d'un chef d'état-major qui mît un ordre clair et facile à saisir dans toutes ses affaires d'argent (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.264).C'est cette science à la dernière heure qui gêna, perdit Clemenceau (...) Ribot de sa place lui fit des objections, qu'il ne comprit même pas très bien. Cependant il avait dérangé l'ordre de son discours (Barrès, Cahiers,t.5, 1906, p.124).J'essayais de mettre un peu d'ordre dans mes idées pour me préparer à une entrevue délicate (GracqSyrtes, 1951, p.45). ♦ [En fonction de déterm.] Esprit d'ordre. J'annonçais (...) cet esprit d'ordre et d'activité qui tient lieu de l'intelligence des affaires (Nodier, Fée Miettes,1831, p.86). − En partic., vx. Méthode. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Loc. Par ordre. Méthodiquement. −Ma parole, elle est à lier, s'écria Cadignan, stupéfait. Tu n'as pas un grain de bon sens, Mouchette, avec tes phrases de roman. Il bourra lentement sa pipe, l'alluma, et dit: −Procédons par ordre. Quel ordre? Combien d'autres avant lui nourrirent cette illusion de prendre en défaut une jolie fille de seize ans, tout armée? (Bernanos, Soleil Satan,1926, p.82). D. − Ensemble de règles, de lois. 1. Ensemble de lois régissant l'univers. L'ordre naturel est la loi d'une chose conforme à sa nature (Cousin, Philos. écoss.,1857, p.223).L'artiste qui prétend maintenir les lois de la beauté et manifester une pensée négatrice de toutes lois, trouble l'ordre profond des choses. Dans le réel tout se tient; qui proscrit l'ordre et la vérité dans la pensée doit les proscrire dans le style (Massis, Jugements,1923, p.275): 7. ... étant enfant je croyais à l'ordre du monde, je veux dire par là que je me figurais que tout était comme il devait être, que des lois justes gouvernaient la société entière; et peu à peu, je découvris avec un sentiment d'inquiétude qui dure encore, que le monde était en proie à une folie générale, que rien n'était solide, que tout était suspect, et que nous vivions dans un état voisin du chaos.
Green, Journal,1942, p.211. − En partic. Principe de causalité, de finalité, lois déterminant l'organisation, l'évolution du monde considéré comme la manifestation d'une volonté organisatrice ou comme une propriété de la matière. [Malebranche] est aussi l'auteur de la belle théorie de l'ordre universel et immuable, en vertu duquel Dieu n'a pas à changer à tout moment les lois qu'il a données une fois pour toutes à la nature (Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p.456).L'heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l'ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l'ordre du monde, l'ordre du prince de ce monde, du prince dont le royaume est de ce monde (Bernanos, M. Ouine,1943, p.1494): 8. [Dieu] a mis sa ressemblance auguste dans l'ordre admirable qui est la forme de la Création; il a laissé son vestige dans les êtres qui la composent, en leur donnant, selon leur degré de perfection, un instinct qui les fait contribuer pour une part proportionnelle à l'ordre général. Ainsi, une impulsion puissante fait courir chaque créature dans une direction déterminée à travers la grande mer de l'existence, dilate le feu, condense la terre, fait battre les coeurs, éveille les esprits.
Ozanam, Philos. Dante,1838, p.162. − Loc. C'est dans l'ordre (des choses). C'est une chose normale, prévisible, inévitable. Les anciens sentoient, nous avons vu que cela n'étoit pas dans l'ordre, et nous raisonnons. Les sensations avoient des bornes nécessaires; mais, pour nous, notre marche est illimitée (Senancour, Rêveries,1799, p.235): 9. ... Charles, pour la première fois se révoltant, prit la défense de sa femme, si bien que Madame Bovary mère voulut s'en aller. Elle partit dès le lendemain, et, sur le seuil, comme il essayait à la retenir, elle répliqua: −Non, non! Tu l'aimes mieux que moi, et tu as raison, c'est dans l'ordre.
Flaub., MmeBovary,t.2, 1857, p.125. Rem. On relève employée dans ce sens, la loc. c'est dans l'ordre commun: En faisant pénitence de mon innocence, j'aurais préparé ma rentrée au conseil. C'eût été mieux dans l'ordre commun (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.255). ♦ P. ext. L'ordre des choses. Situation générale, ensemble d'événements. Bénissons l'ordre actuel des choses, auquel nous devons les avantages d'une navigation intérieure de plus de 500 lieues (...) dans le cours de laquelle on ne rencontre d'autre interruption que ce portage (Crèvecoeur, Voyage,t.2, 1801, p.189). ♦ Il est dans l'ordre, c'est dans l'ordre de + inf., que + subj. Il est normal, prévisible, inévitable de..., que... Il n'est pas dans l'ordre de faire ses amis de gens insupportables; mais il faut les supporter, les souffrir (Dupanloup, Journal,1876, p.61). 2. Organisation sociale; ensemble des lois et des institutions régissant une société (dans ses composantes politiques, économiques, juridiques, etc.). Ordre moral, politique, social; ordre établi, existant; nouvel ordre économique mondial, nouvel ordre monétaire. À travers la diversité des régimes politiques, le nouvel ordre bourgeois créé par la Révolution se développe. Voici que sous l'Empire, sous la Restauration, le système économique de la bourgeoisie, fondé sur la concurrence illimitée, commence à produire ses effets (Jaurès, Ét. soc.,1901, p.141).Vais-je devoir croire pour ne pas désespérer de moi-même que le capitalisme est un ordre éternel, capable de sanctifier comme un Dieu toutes les trahisons qu'on commet en son nom? Va-t-il falloir croire aux ordures de l'ordre? (Nizan, Conspir.,1938, p.242): 10. En juin 36, j'ai rendu visite aux employés du Louvre qui «occupaient» leur magasin. Ils étaient ahuris de joie (...) l'acte d'audace inouï qu'ils venaient d'accomplir (imaginez ce que représente pour un «calicot» une grève avec occupation) leur faisait entrevoir pour la première fois que l'ordre des choses qui les contraignait à travailler toute la journée, toute la vie, pour un salaire dérisoire, à trembler devant le chef de rayon, etc., n'était pas le seul ordre possible, qu'il leur appartenait de le modifier, qu'eux aussi pouvaient espérer le bonheur. Ils venaient de découvrir la possibilité du bonheur: ils en étaient comme ivres.
Vailland, Drôle de jeu,1945, p.172. ♦ HIST. (Seconde Guerre mondiale). Ordre nouveau. Les vainqueurs provisoires du continent européen s'efforcent de construire ce qu'ils appellent un ordre nouveau (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p.570). ♦ Nouvel ordre européen. Il y a eu trois camps de prisonniers français en Pologne: Graudenz, Rawaruska et Kobjercyn (...) [ils] réunissaient tous ceux dont la conduite ne laissait plus d'espoir qu'ils pussent un jour rallier le «nouvel ordre européen» (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.299). − DR. Ordre public. ,,Ensemble des institutions et des règles destinées à maintenir dans un pays le bon fonctionnement des services publics, la sécurité et la moralité des rapports entre les particuliers`` (Cap. 1936). Contraire à l'ordre public; troubler l'ordre public. C'est quand l'État est en danger, c'est quand l'ordre public est troublé, qu'il faut demander à la justice et aux lois un appui contre la révolte (Scribe, Bertrand,1833, iv, 5, p.198).L'ordre public et la sécurité des citoyens ne demandaient que la garantie des possessions; pourquoi la loi a-t-elle créé des propriétés? (Proudhon, Propriété,1840, p.203).Le maintien de l'ordre public appartient exclusivement à l'autorité française (De Gaulle, Mém. guerre,1954p.560). − P. méton. Stabilité sociale, respect des institutions en vigueur, de la hiérarchie sociale. Partisan de l'ordre. La France, sous un ordre apparent, est toujours en révolution (Michelet, Journal,1856, p.309).Comme ils [des sergents de ville] arrêtaient les voitures pour ne laisser passer personne, le jeune homme traversait, sans en avoir besoin, pensant faire plaisir à ces soutiens de l'ordre (Montherl., Bestiaires,1926, p.395): 11. «Le parti de l'ordre a toujours été le même» dit Renan. C'est l'organisation des maîtres du monde, profitant de l'ordre établi (...). C'est le parti des plus forts, où toutes les puissances sociales se concentrent. Avec la loi pour théorie, avec la force pour ultima ratio, il fera jouer tous les ressorts pour garder la possession d'État.
Clemenceau, Vers réparation,1899, p.IV. ♦ En partic. Absence de troubles dans la rue. Maintien de l'ordre; maintenir, faire régner l'ordre; forces de l'ordre (v. force I C 2). Il y eut des scènes sanglantes; des barricades se formèrent, et les troupes envoyées pour rétablir l'ordre furent obligées de faire feu (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.295).[P. allus. hist.] L'ordre règne à Varsovie. Les Prussiens entreront dans Paris et «l'ordre régnera à Varsovie»! (Flaub., Corresp.,1871, p.216): 12. Vous serez consigné quatre jours pour me poser des questions ridicules! Cette petite exécution fit son effet: on n'insista pas davantage, et les hommes, traînant leurs sabots, leurs gamelles au poing et leurs pains sous l'aisselle, s'en allèrent achever leurs repas où ils purent, sur le pied de leurs lits ou sur l'appui des fenêtres. Une fois de plus l'ordre régnait dans Varsovie.
Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., VI, p.74. Service d'ordre. Formation de police ou formation militaire destinée à maintenir l'ordre, à réprimer les troubles. Les casques du service d'ordre qui s'établissait luirent un peu sous un vague soleil (Aragon, Beaux quart.,1936, p.260).P. anal. Groupe de personnes assurant la sécurité et le déroulement sans troubles et sans heurts d'une cérémonie, d'une manifestation, d'un rassemblement. Quand le salon devenait trop plein, la dame d'honneur chargée du service d'ordre donnait de l'espace en guidant les habitués dans un immense hall (Proust, Guermantes 2,1921, p.456).Est-ce vrai, dit MmeBeurdeley, qu'on craint des incidents pour la représentation? −Oh! répliqua le couturier, il y a un discret service d'ordre (Aragon, Beaux quart.,1936p.214).♦ [En fonction de déterm.] Ma mère était une femme d'ordre et de hiérarchie (Maupass.,Contes et nouv., t.2, MllePerle, 1886, p.637).En vivant publiquement avec deux femmes sous le même toit, vous l'homme d'ordre, vous le défenseur des principes, vous rompez en visière à toutes les lois morales (Flers, Caillavet,M. Brotonneau, 1923, iii, 5, p.21). 3. Conformité à un règlement, à une norme; respect du règlement, de la discipline. À Metz la fermentation diminue aussi, et (...) il y a lieu d'espérer que l'ordre se rétablira dans tous les régiments (Marat, Pamphlets,C'est un beau rêve, 1790, p.231): 13. En vain avais-je suggéré que le tourniquet soit tourné d'une manivelle irrégulière, et les lames de zanzi recherchées pour leur tonalité incertaine. Gaston Litaize avait voulu tout faire rentrer dans l'ordre, et les objets avaient résisté. L'exécution elle-même sentait la baguette, la férule de l'interprétation mesurée.
Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p.25. − Rappel à l'ordre ♦ Admonestation adressée à une personne pour lui rappeler ce qu'il convient de dire ou de faire dans des circonstances données, ou pour lui rappeler un règlement. Jadis, on pouvait bavarder en pleine rue; les joueurs d'échecs et les acteurs, les membres du Conseil d'État et les ombres du Palais-Royal ne craignaient aucun coup de trompe, aucun dérapage, aucun rappel à l'ordre des agents (Fargue, Piéton Paris,1939, p.90). ♦ Peine disciplinaire appliquée par le président d'une assemblée délibérante à un membre qui n'en respecte pas le règlement. Si un membre de l'assemblée trouble l'ordre, il y est rappelé nominativement par le président; s'il insiste, le président ordonne d'inscrire au procès-verbal le rappel à l'ordre (Règlement Ass. nat.,1849, p.18).Peines prononcées par le président seul: ce sont le rappel à l'ordre et le rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal. Ces sanctions sont purement morales et ont la valeur d'une réprimande (Vedel, Dr. constit.,1949, p.412). − Rappeler qqn à l'ordre ♦ Rappeler quelqu'un à ce qu'il convient de dire ou de faire dans une circonstance donnée; rappeler un règlement. S'il se donnait, en étude, une demi-heure de relâche, il passait cette demi-heure à montrer à tous son oisiveté, se levant vingt fois de place, se faisant constamment rappeler à l'ordre par le surveillant (Larbaud, F. Marquez,1911, p.52).Des petites filles malingres, rappelées à l'ordre par une tape, se tordaient le cou vers la table merveilleuse (Cocteau, Enfants,1929, p.72).Vidame fit claquer sa langue contre ses dents, à petits coups secs, comme l'on fait pour rappeler à l'ordre une personne qui s'égare (Duhamel, Suzanne,1941, p.269). ♦ [Le suj. désigne le président d'une assemblée délibérante] Infliger une peine disciplinaire à un membre qui ne respecte pas le règlement. Le président, et lui seul, peut rappeler à l'ordre tout député qui est responsable d'un désordre quelconque (Lidderdale, Parlement fr.,1954, p.164).À l'ordre! [Cri par lequel les membres d'une assemblée invitent le président à infliger le rappel à l'ordre à l'un de leurs collègues] Presque tous montèrent sur les bancs, et, le poing tendu, vociféraient: «Athée! aristocrate! canaille!» pendant que la sonnette du président tintait sans discontinuer et que les cris «À l'ordre, à l'ordre!» redoublaient (Flaub., Éduc. sent.,t.2, 1869, p.132). II. − Catégorie, classe d'êtres ou de choses, rang dans un ensemble organisé, une série ou une classification. A. − Catégorie, classe distinguée par les caractères propres des éléments qui la composent. 1. Catégorie, classe de faits ou d'idées appartenant à un domaine particulier. ♦ [Constr. avec un adj. indiquant la nature de la catégorie ou de la classe] Ordre anatomique, chimique, cosmique, didactique, historique, intellectuel, juridique, matériel, physiologique. Il s'agit donc d'une crise générale des valeurs. Rien n'y échappe, ni dans l'ordre économique, ni dans l'ordre moral, ni dans l'ordre politique. La liberté elle-même cesse d'être de mode (Valéry, Variété III,1936, p.223).Dans l'ordre imaginaire, il devient normal que l'éléphant, l'animal immense, sorte d'une coquille de limaçon (Bachelard, Poét. espace,1957, p.107). ♦ [Constr. avec un compl. prép. de indiquant la nature de la catégorie ou de la classe] Ordre de la connaissance, de la morale, de la pensée; ordre des sciences. Un ordre de sensations et de raisonnements qui est tout à fait inaccessible à notre éducation et à nos habitudes (Nodier, Fée Miettes,1831, p.61).Il y a eu dans mon adolescence un ordre de faits très important pour mon avenir (J. Bousquet, Trad. du sil.,1935, p.39).Dans l'ordre des arts plastiques comme dans celui de l'érudition, les publications de l'Institut d'Égypte, les découvertes d'Herculanum renouvellent la connaissance de l'antiquité (Valéry, Variété IV,1938, p.103). − P. ext. Espèce, sorte, nature. Chose de même ordre, du même ordre; de tout ordre. Nous connaissons deux réalités d'ordre différent, l'une hétérogène, celle des qualités sensibles, l'autre homogène, qui est l'espace (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p.83).La morale se forme donc, se transforme et se maintient pour des raisons d'ordre expérimental: ce sont ces raisons seules que la science de la morale entreprend de déterminer (Durkheim, Divis. trav.,1893, p.xxxviii).Quant aux tiroirs du bureau, ceux de gauche étaient consacrés à des actes publics, à des contrats, aux affaires en cours, tandis que ceux de droite (...) semblaient plutôt réservés à des questions d'ordre personnel (Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p.1325). ♦ Loc. Dans le même ordre, dans un autre ordre d'idées; suivant cet ordre d'idées. De ce point de vue, d'un point de vue différent; suivant ce point de vue. Il serait assez intéressant de faire la coupe de tous les étages d'une maison, le facteur frappant à la porte, etc. (...) en suivant cet ordre d'idées, (...) je voudrais voir la coupe verticale d'une femme prude, offensée par un mot leste (Goncourt, Journal,1861, p.891).Si j'invoque le souvenir de ces petites libéralités, c'est à titre de simples circonstances atténuantes. Dans le même ordre d'idées et avant d'aborder la narration de mes malheurs, qu'il me soit permis de rappeler mon inébranlable attachement aux principes qui nous régissent (Courteline, Gend. sans pitié,1899, 2, p.158). − Spécialement ♦ MATH. Ordre d'un groupe. ,,Cardinal de l'ensemble de ses éléments`` (Bouvier-George Math. 1979). ♦ THÉOL. Ordre de la nature. État de l'homme considéré indépendamment de la grâce et de la vie surnaturelle (d'apr. Marcel 1938). Ordre de la grâce ou ordre surnaturel. État de l'homme par rapport à la grâce, à son élévation surnaturelle par Dieu (d'apr. Marcel 1938). L'unité de Dieu, premier principe dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la grâce; Dieu créateur et rédempteur, auteur de l'Ancien Testament et du Nouveau, à la fois juste et bon, qui a tiré du néant tout ce qui existe en dehors de lui, sans en excepter la matière (Théol. cath.t.4, 11920, p.1036). 2. Dans le domaine des Beaux-Arts.Ensemble architectural formé par les parties saillantes d'un édifice (colonnes, entablement, piédestal) caractéristiques d'un style. Ordre corinthien, ionique; ordre composite. Huit colonnes d'ordre dorique, sans base, soutiennent les côtés, et dix autres le fronton (Nerval, Filles feu,Isis, 1854, p.654).Une jolie rotonde composée de quatre péristyles en saillie, ornée de huit pilastres d'ordre toscan, le tout couronné par une galerie circulaire aux quatre colonnes accouplées soutenant vingt arcades (Fargue, Piéton Paris,1939, p.28). − P. méton. Partie d'un édifice construit dans tel ordre d'architecture. Il prisait les belles proportions des hôtels qui dressaient leurs ordres classiques, leurs portiques et leurs frontons entre cour et jardin (A. France, Vie fleur,1922, p.322). Rem. Ordre ne s'applique qu'à l'archit. gr. ou rom. et aux styles qui en sont dérivés. − P. anal. [En parlant d'un objet quelconque] Style. C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond (Flaubert dsLar. Lang. fr.). 3. SC. NAT. [Dans les classifications systématiques, notamment en bot. et en zool.] Division intermédiaire entre la classe et la famille. Ordre des conifères; ordre des primates. Sans l'immense consommation qui se fait, dans la nature, des animaux qui composent les premiers ordres du règne animal, ils accableroient bientôt et peut-être anéantiroient, par les suites de leur énorme multiplicité, les animaux plus parfaits qui forment les dernières classes et les derniers ordres de ce règne (Lamarck, Philos. zool.,t.2, 1809, p.14). B. − Catégorie, classe de personnes établie par l'attribution d'un rang dans une hiérarchie ou la soumission à des règles. 1. a) [Dans une société hiérarchisée divisée en plusieurs catégories ou classes sociales] Classe regroupant certains citoyens. Le Sénat, peu à peu éliminé de la marche des affaires par les empereurs, en tant qu'assemblée politique, reste l'expression d'une classe ou ordre sénatorial qui maintient sa participation au gouvernement tandis que se développe l'ordre équestre (chevaliers), grande pépinière des fonctionnaires impériaux (P. Grimal, La Civilisation romaine,Paris, Arthaud, 1962, p.482). − En partic. [Sous l'Ancien Régime] Chacune des trois classes composant la société française (noblesse, clergé et tiers état). N'est-il pas trop certain que l'ordre noble a des privilèges, des dispenses, même des droits séparés des droits du grand corps des citoyens? (Sieyès, Tiers état,1789, p.31).Enfin arriva ce jour tant désiré de l'ouverture des états (...). Les divers ordres du royaume revêtus des habits de leur état, la pompe de la religion (...), le roi revêtu des ornemens de la royauté, tout concourait à présenter le plus imposant des spectacles (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p.1585). b) DR. Chacune des quatre classes d'héritiers légitimes établies par la loi d'après le degré de parenté avec le défunt (v. supra I B 1 b). 2. Groupe, association de personnes obéissant à des règles religieuses, morales, professionnelles. a) Communauté de personnes dont les membres, après avoir prononcé des voeux solennels, vivent dans l'état religieux sous l'observance d'une règle. P. ext. Toute communauté religieuse. Ordre de Saint-Benoît, des Carmélites; ordre cistercien; ordres monastiques, mendiants; abbé, chef, supérieur d'un ordre; règle, observance, habit d'un ordre. [J']endossai de nouveau la soutane pour entrer comme surveillant et professeur adjoint de sixième à l'institution Saint-Pierre, à Cervins (...) le supérieur appartenait à l'ordre des prêtres du Sacré-Coeur de Cervins (Billy, Introïbo,1939, p.165).V. enseignant II A 1 ex. de Gobineau et idée ex. 30. ♦ Tiers-ordre. Association affiliée à un ordre religieux, formée de fidèles vivant dans le monde ou de réguliers menant la vie de la communauté. Tiers-ordre séculier; tiers-ordre régulier. Le premier Tiers-Ordre remonte à S. François d'Assise, qui après avoir fondé les Frères Mineurs et les Clarisses, établit en 1221 un troisième Ordre pour les chrétiens vivant dans le monde (Foit.11968). b) Compagnie religieuse et militaire créée au Moyen Âge pour combattre les infidèles ou pour remplir une fonction hospitalière. Ordre du Temple (des Templiers), des Chevaliers Teutoniques; Ordre de Saint Jean de Jérusalem (devenu Ordre de Malte); Maître, Grand-Maître d'un Ordre. Ce voeu [de célibat] n'étoit pas général dans les ordres militaires chrétiens. Les chevaliers de S. Jacques-de-l'épée, en Espagne, pouvoient se marier; et dans l'ordre de Malthe, on n'est obligé de renoncer au lien conjugal, qu'en passant aux dignités de l'ordre (Chateaubr., Génie,t.2, 1803, p.473).La force de l'Ordre teutonique qui couvrait de tours carrées flanquées de poivrières aiguës la Bavière et les Sept Montagnes (Faure, Hist. art, 1912, p.306). c) Compagnie d'honneur instituée par un souverain ou un état, constituée par un ancien ordre de chevalerie ou créée, et dans laquelle on est admis soit par la naissance soit par le mérite ou les services rendus. Ordre de Saint-Michel, de la Toison d'Or, de la Jarretière, du Saint-Esprit: 14. Les uniformes surtout fatiguaient l'oeil de leurs broderies; les ordres étrangers, les plaques de pierreries, les grands cordons, tous les aigles allemands, toutes les jarretières anglaises, les toisons d'or et les couronnes de fer, les Cincinnatus et les Nicham Iftihar se déployaient sur les fracs civils ou militaires et formaient comme autant de ruisseaux d'or et d'argent...
Reybaud, J. Paturot,1842, p.227. ♦ [En France] Association honorifique dans laquelle l'État nomme les citoyens dont il veut récompenser les mérites personnels. Ordre de la Légion d'Honneur; Ordre des Arts et Lettres; Ordre (national) du Mérite; Ordre de la Libération (v. libération A 1 b β hist. ex. de De Gaulle). − P. méton. Décoration, insigne de l'appartenance à un ordre. Avoir l'ordre de la Légion d'Honneur. (Dict. xixeet xxes.). d) Organisme institué par une loi, chargé d'assurer la réglementation, la discipline et la défense de certaines professions libérales et auquel les membres de la profession sont tenus d'adhérer. Ordre des architectes, des avocats, des médecins; Conseil de l'ordre. V. bâtonnat ex. C. − Catégorie, classe distinguée du point de vue de la valeur attribuée aux éléments qui la composent. Faits d'un ordre plus important; intuition d'ordre supérieur. Vers huit heures, on soupait avec entrée, rôti, entremets, salade et dessert: on faisait une partie, et l'on allait se coucher. Il y a toujours eu à Paris des soupers d'un ordre plus relevé, et qui commençaient après le spectacle (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.246).Pour les harmoniques d'ordre élevé le nombre des vibrations tend vers une limite finie (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p.206). ♦ De premier ordre. De première qualité, excellent. Il peut réciter par coeur un nombre plus ou moins grand de fragments des poètes et, enfin, (...) il ajoute à cela d'avoir une belle écriture, ce qui est ici un mérite de premier ordre (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p.252).Je vous dis que vous avez là une chatte de premier ordre! (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.45): 15. Mais de tous ses mots, le plus goûté le fut par Françoise qui, encore plusieurs années après, ne pouvait pas «tenir son sérieux» si on lui rappelait qu'elle avait été traitée par l'ambassadeur de «chef de premier ordre», ce que ma mère était allée lui transmettre comme un ministre de la Guerre, les félicitations d'un souverain de passage après «la revue».
Proust, J. filles en fleurs,1918, p.483. ♦ De/du second ordre. Moyen, de qualité, d'importance moyenne. Je trouve des qualités charmantes au talent de M. de Musset; mais enfin, comme vous le dites vous-même, le total forme un talent du second ordre (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1844, p.74).La signature de la paix, qui occupa beaucoup plus l'opinion en France à cette époque, n'est aujourd'hui qu'un souvenir de second ordre, un événement passager qui n'eut point de stabilité, qu'on eut bientôt à considérer comme non avenu (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.2).S'ensevelir ici dans une vie de province qui n'a pas les attraits d'une sous-préfecture de second ordre? (Sardou, Rabagas,1872, i, 10, p.26). ♦ De troisième, quatrième ordre; du dernier ordre. Inférieur, de dernière qualité, médiocre. [Beethoven] préférera s'adresser à des poètes de second ordre, ou de troisième (Rolland, Beethoven,t.1, 1937, p.162).Une philosophie générale sur l'homme, la vie et ses problèmes, dignes d'un journaliste de troisième ordre (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p.103). ♦ De l'ordre de. Équivalent à, du genre de. Une «dépêche de Berlin» relatant les effroyables pertes russes en matériel de guerre, (...) se termine ainsi: «Quant aux pertes bolcheviques en hommes, le 13 février, dans ce secteur, elles ont été de l'ordre de mille, alors que les Allemands ne perdaient que onze hommes en tout et pour tout!» (Gide, Journal,1943, p.194).Un prélèvement de longueur quelconque (de l'ordre de quelques secondes à une minute par exemple) (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p.203). ♦ Ordre de grandeur. Catégorie d'importance. À les entendre, l'expérience religieuse de W. James est l'ouvrage pascalien de notre siècle. Cette assimilation, malgré ce qu'elle a de grossier, n'est point pour nous déplaire; elle accuse, par son exagération même, le danger de Pascal. Certes, nous sommes, avec lui, dans un autre ordre de grandeur (Massis, Jugements,t.1, 1923, p.287).Théoriquement du moins, matière et forme ne sont pas si opposées: de l'espace dans de l'espace, telles seraient nos architectures de matière, à cela près que l'ordre de grandeur enlève toute commune mesure à ces deux espaces, leur confère des qualités sensorielles, donc esthétiques, sans aucun rapport (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952p.51).V. grandeur I B 1 ex. de J. Rostand. D. − RELIG. Degré, grade dans la hiérarchie cléricale dans les Églises catholique et orthodoxe. Ordres ecclésiastiques; ordres mineurs (ordres de portier, lecteur, exorciste, acolyte); ordres majeurs (ordres de sous-diacre, diacre, prêtre). Un jeune homme (...) qui, entraîné par une irrésistible vocation, se destine à devenir bientôt prêtre des Missions étrangères, vient de m'adresser, au moment de recevoir les ordres majeurs et de prononcer le voeu suprême, une lettre qui m'a beaucoup ému (Coppée, Bonne souffr.,1898, p.69).Ma santé n'étant pas solide et m'ayant obligé plusieurs fois à prendre des congés, je ne fus pas appelé aux quatre ordres mineurs dans le délai normal (Billy, Introïbo,1939, p.76).V. anagnoste ex. 3. ♦ Sacrement de l'ordre, l'ordre. Sacrement conférant le pouvoir d'exercer les fonctions ecclésiastiques, plus particulièrement la prêtrise. Conformément au système protestant de l'universel sacerdoce des fidèles, les novateurs étaient obligés de nier le sacrement de l'ordre. Il n'est pas question de sacrement d'ordre dans l'Évangile; c'est le «fanatique» Denys l'aréopagite qui l'a inventé. Tous les baptisés sont prêtres (Théol. cath.t.14, 11938, p.559).Les rites essentiels du sacrement de l'ordre comportent aujourd'hui la porrection des instruments, qui n'existait pas jadis (Théol. cath.t.14, 11938p.569). ♦ Entrer dans les ordres. Se faire prêtre. Le pauvre garçon devint amoureux d'une jeune fille qui mourut dans un accident de chemin de fer. Il crut son coeur brisé à jamais et (...) pensa ne pouvoir moins faire que d'entrer dans les ordres. Il serait frère prêcheur (Aymé, Jument,1933, p.39). III. − Commandement, injonction. A. − Acte par lequel une autorité commande de faire quelque chose; ensemble d'injonctions, de dispositions impératives. Ces instants (...) n'étaient réellement consacrés qu'à recevoir le matin, ou congédier le soir, ceux de sa maison [de Napoléon] qui avaient des ordres directs à prendre de lui (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.397).Il allait des uns aux autres. Chacun invoquant des ordres supérieurs le renvoyait sans l'écouter (Peisson, Parti Liverpool,1932, p.19): 16. C'est alors qu'il donne l'ordre fou, l'ordre jugé délirant, absurde, imbécile et despotique par le peuple et par tout son entourage. Dare-dare, il dépêche vers le navire qu'il présume contaminé la barque du pilote et quelques hommes, avec l'ordre pour le Grand-Saint-Antoine d'avoir à virer de bord tout de suite, et de faire force de voiles hors de la ville, sous peine d'être coulé à coups de canon.
Artaud, Théâtre et son double,1938, p.20. SYNT. Ordre écrit, verbal; ordre exprès, formel, impératif; ordre de grève, d'emprisonnement, de réquisition, de mobilisation; intimer un ordre, l'ordre à qqn de faire qqc.; dire, crier un ordre; transmettre un ordre, les ordres; exécuter, recevoir, suivre un ordre; exécuter un ordre à la lettre, au pied de la lettre; obéir aux ordres; enfreindre, transgresser un ordre; contrevenir, désobéir aux ordres; se conformer, se soumettre, se plier aux ordres; vos désirs sont des ordres. 1. Locutions a) Verbe (+ prép.) + ordre ♦ Agir sur ordre. Agir en exécutant un ordre reçu d'un supérieur et non de sa propre initiative. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Avoir, recevoir ordre de + inf.Avoir reçu la mission, la consigne de. La garde du palais est confiée au colonel Koller, qui a ordre de repousser la moindre attaque par la force (Scribe, Bertrand,1833, iv, 5, p.199).Je reçus ordre de me porter sur eux [les ennemis] et de les déloger (Vogüé, Morts,1899, p.256). ♦ Avoir qqn/qqc. à ses ordres. Avoir quelqu'un/quelque chose sous son autorité, à sa disposition. Il m'apprit (...) que le lendemain matin j'aurois à mes ordres une voiture, un cocher et deux domestiques (Fiévée, Dot Suzette,1798, p.125).Les gens d'affaires, voyant toujours Grandet prêt à tout, pouvaient imaginer qu'il avait à ses ordres une fée ou un démon (Balzac, E. Grandet,1834, p.73). ♦ Avoir qqn sous ses ordres. Avoir quelqu'un comme subordonné. Un homme si important... qui a sous ses ordres quarante employés et deux patrons (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, ii, 2, p.12).Deux gars qu'on a sous ses ordres depuis au moins deux ans, ça se reconnaît à autre chose qu'à la figure... ça se reconnaît à la taille, à l'allure (Vercel, Cap. Conan,1934, p.101). ♦ Donner ordre de + inf., que + subj.Donner la mission, la consigne de. Je donne ordre qu'il soit fait un supplément de 20000 francs par mois à ta cassette, pendant ton voyage, à compter du 1eravril (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1808, p.158).Lorsqu'il aperçut l'immonde vieille (...), le roi se souvint de sa promesse et donna ordre qu'on ouvrît une des chambres de granit à la juive, et qu'on l'y laissât prendre autant d'or qu'elle en pourrait porter (Gautier, Rom. momie,1858, p.316).L'ennemi se saisit de cet homme et lui donne ordre de recueillir toutes les armes, sous peine de mort (Alain, Propos,1921, p.328). ♦ Être aux ordres (de qqn). Être, se mettre à disposition, se soumettre aux ordres (de quelqu'un). L'armée active de Sardaigne (...) était commandée par le général autrichien Colli, qui lui-même était aux ordres du général Beaulieu (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.346).Mes comparses, les rois de France, étaient à mes ordres et n'attendaient qu'un signe pour me donner les leurs (Sartre, Mots,1964, p.108). ♦ Être sous les ordres de qqn. [Dans une hiérarchie] Être le subordonné de quelqu'un. À partir du moment où tu es sous mes ordres, mets-toi bien dans la tête que tu n'as plus rien à toi (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 4, p.113). b) Prép. + ordre ♦ À vos ordres! [Formule utilisée pour signifier que le locuteur est aux ordres, disposé à exécuter les ordres d'un supérieur] J'espère que vous allez continuer à nous en servir de bonnes, sur Paris. Ici, on n'est plus au courant, vous savez. −À vos ordres, mon commandant, dit Morhange (Benoit, Atlant.,1919, p.59).P. ext. ou p. plaisant. Wil, je vous retiens pour ma partie de trictrac... Wil: C'est donc une revanche que vous voulez... vous l'aurez... à vos ordres (Sue, Atar-Gull,1831, p.25).Allons, mauvais sujet, reprit-elle, invitez vite une de ces demoiselles et faites-nous vis-à-vis. −À vos ordres, duchesse!... Il s'inclina plaisamment, pirouetta sur ses talons et revint bientôt avec une danseuse (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.11). ♦ Avec ordre de + inf.En ayant l'ordre de. [Nana] dînait avec Lucy Stewart, Caroline Héquet, Maria Blond, en compagnie de messieurs écorchant le français, payant pour être amusés, les prenant à la soirée avec ordre d'être drôles, si blasés et si vides, qu'ils ne les touchaient même pas (Zola, Nana,1880, p.1451). ♦ Jusqu'à nouvel ordre. Jusqu'à ce qu'un nouvel ordre, une nouvelle disposition vienne préciser ou modifier la situation. Jusqu'à nouvel ordre, entendez bien ceci: quand je verrai cette croix, vous serez le fils cadet de mon ami le duc de Chaulnes (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.227).P. ext. En l'état actuel des choses. Un fait social, (...) telle est et restera, du moins jusqu'à nouvel ordre, la cause de cette répartition [de l'habitat et des cultures] singulièrement exclusive, qui ne répond à rien d'impératif dans les conditions physiques (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.192). ♦ Par ordre Suivant l'ordre, en respectant un ordre. La dernière exécution qui fut faite aux Halles en 1477, fut celle du malheureux duc de Nemours, dont les enfans, placés sous l'échafaud par ordre du cruel Louis XI, furent couverts du sang de leur père (Jouy, Hermite,t.4, 1813, p.288).C'était cette heure où dans les cafés, par ordre supérieur, on retardait alors le plus possible le moment de donner la lumière (Camus, Peste,1947, p.1306).[Le plus souvent en abr. P.O.] Mention précédant la signature d'un subordonné agissant au nom d'un supérieur. La délégation de signature par ordre (p.o.) a, en général, un sens plus restrictif que par autorisation (Spr.1967). ♦ Sur l'ordre de qqn. En obéissant à l'ordre de quelqu'un, en se conformant à la volonté de quelqu'un. Elle avait fui Smolensk en poste, sur l'ordre exprès de son mari, au moment où il y arrivait, derrière la garde (Adam, Enf. Aust.,1902, p.80). 2. Au fig. ou p. métaph. Les ordres de la providence. [Les généraux, les maréchaux] chacun selon sa nature, sa race, son arme ou son emploi, vivent dans l'avenir et se tiennent aux ordres du destin (Valéry, Variété IV,1938, p.67). 3. P. méton. Document écrit spécifiant une mission, une consigne. J'ouvris la pendule, et j'en tirai vivement l'ordre cacheté (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.48).Je suis bien jeune, monsieur, pour que l'on veuille m'écouter; il faudrait un ordre écrit de votre main (Stendhal, Chartreuse,1839, p.64).Dans deux jours (...) nous partons. Nous quittons le bordj. Nous nous enfonçons là-bas, vers le sud. L'ordre ministériel est arrivé hier matin (Benoit, Atlant.,1919, p.10). ♦ ADMIN. Ordre de virement*, de paiement*; ordre de reversement*. B. − Dans le domaine comm. et financier 1. Décision déterminant une opération commerciale. Ordre d'expédier, de livrer; ordre d'expédition, de livraison. Pereire sortait de son salon, il laisse tomber comme par mégarde, en tirant un mouchoir de sa poche, un ordre d'achat (Goncourt, Journal,1865, p.134).Son notaire de Montreuil a déjà l'ordre de vente de la ferme des Charmettes, moulin et tout (Bernanos, Soleil Satan,1926, p.73).Si (...) nous donnons en bourse des ordres d'achat, les coupons touchés ne nous consoleront pas de l'effritement ininterrompu des valeurs (Mauriac, Noeud vip.,1932, p.305). − Absol. Commande. Passer ses ordres; feuilles d'ordres. Des Grassins vint prendre les ordres de son client au moment où la famille était à table (...). −Mangez tranquillement, Grandet, dit le banquier. Nous causerons. Savez-vous ce que vaut l'or à Angers, où l'on en est venu chercher pour Nantes? Je vais en envoyer (Balzac, E. Grandet,1834, p.165). − En partic. ♦ Ordre de bourse. Mandat d'acheter ou de vendre une valeur en bourse donné à un intermédiaire accrédité. Avez-vous donné l'ordre de bourse pour mes Suez? −Non, l'attention de la Bourse est retenue en ce moment par les valeurs de pétrole. Mais il n'y a pas lieu de se presser étant donné les excellentes dispositions du marché (Proust, Fugit.,1922, p.631). ♦ Ordre lié. V. lié II A 2 b. ♦ Ordre (à cours) limité. Ordre de bourse qui ne doit être exécuté qu'à partir d'un cours déterminé par le client. Les ordres à cours limité sont valables pour le mois courant et jusqu'à la fin du mois suivant, s'ils sont donnés après le 25 du mois courant (Boud.-Frabot1970). ♦ Ordre au comptant*. Ordre au mieux*. Ordre à prime*. Ordre à terme*. 2. Endossement (d'un billet, d'un chèque, d'une lettre de change). Mettre un ordre, à l'ordre de qqn, son ordre au dos d'un billet; hypothèque à ordre; titre à ordre. Billet du 30 avril dernier, souscrit par Séchard fils, ordre Lucien de Rubempré 2 mai. Compte de retour: 1037 fr 45 c (Balzac, Illus. perdues,1843, p.596).Lheureux (...) dicta un (...) billet, par lequel Bovary déclarait devoir payer à son ordre, le 1erseptembre prochain, la somme de mille soixante et dix francs (Flaub., MmeBovary,t.2, 1857, p.53).Voici, sous ce pli, une traite de 1600 fr à vue à l'ordre de ta mère sur Mallet frères (Hugo, Corresp.,1865, p.489). ♦ Billet* à ordre. ♦ Payable, payer à l'ordre de. [Mention inscrite sur les effets de commerce et les chèques afin de permettre leur cessibilité par endossement] (Dict. xxes.). C. − Dans le domaine milit. 1. Prescription impérative, écrite ou verbale, d'exécuter une mission. Ordre d'attaque, d'attaquer, de bombardement, de bombarder, de faire feu, d'ouvrir le feu. Lanrezac en vint à me dire qu'il n'avait pas reçu d'ordre écrit lui prescrivant d'attaquer (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.332). ♦ Ordre préparatoire. Ordre prescrivant à une troupe de s'organiser et de prendre les mesures nécessaires en vue de l'exécution d'une mission. J'obtins l'autorisation du ministre d'envoyer un ordre préparatoire à tous les corps d'armée, qui partit le 1eraoût à une heure du matin (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.224). ♦ Ordre d'exécution. Ordre commandant l'exécution d'une mission annoncée par un ordre préparatoire. L'état-major de l'armée fit aussitôt partir les ordres d'exécution relatifs aux trois premières mesures (Joffre, Mém.,t.1, 1931p.209).Je vous donnerai, alors, l'ordre général d'exécution de l'opération que vous déclencherez quand vous voudrez, en tenant compte des suggestions du commandement britannique (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p.646). ♦ Ordre de route*. Ordre de mobilisation. «Vraisemblablement, l'ordre de mobilisation sera lancé aujourd'hui 1eraoût dans l'après-midi. Faites procéder immédiatement à toutes opérations intérieures de nature à faciliter mobilisation» (Joffre,, Mém.,t.1, 1931, p.224). ♦ Ordre de poursuite*. 2. a) Vx. Réunion au cours de laquelle un chef militaire donnait ses ordres. Aller à l'ordre. N'y avait-il rien de nouveau à l'ordre? (Ac.). b) Ordre du jour. Ensemble des instructions, des ordres d'un chef militaire pour la journée; p. méton, diffusion de ces instructions. Le sergent-major donne lecture de l'ordre du jour adressé le 10 mars par le général en chef aux soldats de Verdun (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p.96).Outre la vaste diffusion donnée à l'ordre du jour du 25 août 1941, on prit donc soin, dans certains stalags, de faire signer aux prisonniers une note par laquelle ils reconnaissaient en avoir reçu communication (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.199). − Ordre général de l'armée, du corps d'armée, de la division, de la brigade, du régiment. Ordre du jour des commandants de ces unités. (Dict. xxes.). − Citation à l'ordre du jour ou, p. ell., citation à l'ordre d'une unité. Mise à l'ordre du jour d'un militaire ou d'une unité pour sa conduite exemplaire. Citation à l'ordre du jour de l'armée; citation à l'ordre du régiment. Capitaine lorsque la guerre éclate, il est nommé chef de bataillon le 24 août 1914. Comment il a commandé son bataillon, une citation à l'ordre de l'armée le montre (Bordeaux, Fort de Vaux,1916p.164).Je vous demande de m'adresser, d'urgence, la première liste de propositions pour la Croix de la Libération, Médaille Militaire et citations à l'ordre des Forces Françaises Libres (De Gaulle, Mém. guerre,1954p.680). ♦ Citer qqn à l'ordre du jour, à l'ordre d'une unité; citer à l'ordre de la Nation. Il contait à Aurelle la mort de son fils, un splendide garçon, trois fois cité à l'ordre de l'armée. Il en parlait avec un orgueil et une résignation vraiment admirables (Maurois, Sil. Bramble,1918, p.115). 3. Mot d'ordre. Ensemble de deux expressions secrètes constituant un signal de reconnaissance. Nous regardions une sentinelle que la patrouille quittait, après l'échange du mot d'ordre (Adam, Enf. Aust.,1902, p.92). − P. ext. Consigne, résolution commune aux membres d'un parti, d'une association, d'un groupe quelconque. C'est une sorte de mot d'ordre convenu entre les amis les plus influents de la liberté et des intérêts du peuple, que l'égalité est une chimère! (Proudhon, Propriété,1840, p.155).«Pas de quartier!» C'était le mot d'ordre des deux côtés (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.2, 1870, p.266).Les mesures les plus strictes s'étendaient à toutes les couches de la population. Produire et se priver, tels étaient les mots d'ordre (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.340).Pour tous, union et discipline. Voilà le mot d'ordre plus nécessaire que jamais (De Gaulle, Mém. guerre,1954p.536). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀdʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Classe ou rang dans un ensemble organisé 1. a) ca 1100 «les différents degrés auxquels élève le sacrement qui confère le pouvoir d'exercer les fonctions ecclésiastiques, en particulier la prêtrise» (Roland, éd. J. Bédier, 3639); 1280 antrer en ordre (Charta... in Chartul. S. Petri de Monte ds Du Cange, s.v. ordo 6); 1763 entrer dans les ordres (Bachaumont, Mém., p.255); b) ca 1135 «groupe de personnes vivant en communauté sous l'observance d'une règle, après avoir prononcé des voeux solennels» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 516); 2. 1155 «nom donné aux classes dans lesquelles sont répartis les citoyens d'une société hiérarchisée» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6024: l'ordre de sun parage); en partic. ca 1355 «chacune des 3 classes qui composaient la société française avant la Révolution de 1789» la concorde des ordres (Bersuire, fo97 ds Littré); cf. 1585 (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel ds OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.1, p.269: les trois ordres d'Eglise, Noblesse et le tiers estat du peuple); 3. 1174 «compagnies de caractère religieux et militaire, créées surtout à l'époque des croisades, pour soigner les pèlerins ou combattre les Infidèles» (Etienne de Fougères, Marières, éd. R. A. Lodge, 147: Haute ordre fut Chevalerie); 4. ca 1223 «catégorie de faits ou d'idées que l'esprit distingue par des caractères propres» ordre de mariage (Gautier de Coinci, Miracles Vierge, éd. F. Koenig, I Mir. 22, 10); en partic. 1657-62 «catégorie de valeurs qui ne sauraient être comparées à celles d'une autre catégorie» (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, 308, p.540); 1674 l'ordre de la nature (Malebranche, Rech. vér., V, 1 ds Littré); 5. ca 1223 «catégorie d'êtres ou de choses considérés du point de vue de la valeur qu'on leur attribue» (Gautier de Coinci, op. cit., II Mir. 26, 568); 1654 une âme de premier ordre (Guez de Balzac ds G. Guillaume, J. L. Guez de Balzac et la Prose fr., Paris, 1927, p.381); 1851 du même ordre de petitesse (Cournot, Fond. connaiss., p.179); 6. début xiiies. «chacune des neuf classes hiérarchiques dans lesquelles sont répartis les anges» les nuef ordenes des angeles (Maurice de Sully, Homélies, éd. C. A. Robson, 23, ligne 27); 7. 1360 «compagnie d'honneur instituée par un souverain ou par un État, dans lequel on était admis du fait de sa naissance, des services rendus, etc.» d'où fin xives. «insigne, décoration remise aux membres de cette compagnie» (Froissart, Chron., éd. L. Mirot, XII, 250: [des] seigneurs qui portent une orde des chevaliers d'outremer); cf. ca 1500 (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, I, p.195: [il] portoit l'ordre de la Jarrectière); 8. 1556 archit. chapiteaux d'ordre composite (Ph. de Lorme, Pièces justificatives, XII ds M. Roy, Artistes et monuments de la Renaissance en France, I, 272); 9. av. 1594 «organisme créé en vue d'assurer la réglementation et la défense d'une profession libérale» ordre [des avocats] (Pasquier, Lettres [éd. 1619], t.1, livre 7, p.420, à Monsieur de Basmaison [mort en 1594)); 10. 1779 «division de la classification des êtres vivants» (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Paris, Imprimerie royale, p.215); 11. 1936 dr. «chacune des quatre classes d'héritiers légitimes» (Cap.). B. Relation intelligible 1. a) 1119 «rapport de succession qui obéit à une loi» l'ordre des questïuns (Philippe de Thaon, Comput, 2518 ds T.-L.); xves. ordre iherarchique (v. hiérarchique); 1734 ordre chronologique (Dubos, Hist. crit. monarchie fr., p.507); b) 1771 pol. ordre du jour «liste des questions qu'une assemblée délibérante doit examiner au cours d'une séance, classées dans l'ordre où elles doivent être discutées» (d'apr. Mack., p.118); cf. 1789 (Régl. du 29 Juill., ch. I, 6 ds Brunot t.9, p.772, note 1); 1818 fig. être à l'ordre du jour «être la préoccupation du moment» (Maine de Biran, Journal, p.175); 1822 remettre qqc. à l'ordre du jour «remettre à la mode» (Obs. modes, 30 nov., VII, 528); 2.ca 1145 «détermination de la place des choses, manière de les arranger d'une façon satisfaisante pour l'esprit» .XV. degrez en ordre (Wace, Conception ND, éd. W. Ray-Ashford, 574); a) ca 1500 donner ordre à qqc. «prendre des dispositions en vue de» (Commynes, op. cit., p.125); 1538 mettre ordre à qqc. «pourvoir à quelque chose; l'organiser» (Est.); 1609 mettre bon ordre à qqc. «remédier à une situation défectueuse» (Régnier, Satire, XI, 27 ds OEuvres compl., éd. G. Raibaud); b) 1540 mettre ordre à ses affaires (Amadis, 36 ds IGLF); 1727 choses mises en ordre (Marivaux, Indig. philos., p.294); 3. 1155 «relation intelligible qui peut être saisie entre plusieurs termes» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 11265: cunta Tot en ordre le visïun); 4. fin xiies. «succession, disposition dans l'espace conforme à une règle» par ordre assises (Béroul, Tristan, éd. A. Ewert, 4136); en partic. 1540 milit. marchons en bon ordre (Amadis, 91); 1690 ordre de bataille (Fur.); 5. 1174-76 «ensemble de lois qui régissent la nature» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4824); 1580 l'universel ordre des choses (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, XIV, p.55); 1580 l'ordre naturel (B. Palissy, Disc. admin., p.286 ds IGLF); 1768 c'est dans l'ordre (Barthe, Fausses infidélités, scène II, p.14); 6. 1314 «organisation, enchaînement des idées ou des faits qui obéit à des exigences logiques ou rationnelles» l'ordre de l'art (H. de Mondeville, fo90 verso ds Littré); en partic. a) 1672 «méthode» (Molière, Femmes sav., III, 2); b) 1746 ordre des mots (Condillac, Essai or. con., p.98: il change l'ordre des mots d'une période); c) 1956 math. relation d'ordre (Uv.-Chapman); 7. a) ca 1500 «qualité d'une personne qui aime le rangement» (Commynes, op. cit., II, 273); 1690 homme d'ordre (Fur.); 1770 esprit d'ordre (Raynal, Hist. philos. pol., p.233); d'où b) 1527 en ordre «se dit d'une personne convenablement vêtue» (Loyal serviteur, ch. 54, ds Hug.); 8. a) ca 1500 «système des lois et des institutions qui régit une société» (Commynes, op. cit., I, 10: le mauvais ordre et justice qu'il faisoit en son royaulme); en partic. 1725 l'ordre public (Montesquieu, Discours, Discours rentrée parlem. de Bordeaux, p.46); 1761 ordre social (Rousseau, Nouv. Héloïse, t.3, p.243); b) ca 1660 «stabilité sociale résultant du respect des lois» maintenir l'ordre (Esp[rit] ds Trév. 1704); cf. 1776 le maintien de l'ordre (Condillac, Comm. gouverner, p.64); 9. 1507 dr. ordre de droit «procédure amiable ou judiciaire qui permet de répartir le prix d'un immeuble entre les créanciers hypothécaires, suivant l'ordre d'ancienneté de leurs inscriptions» (Coutumes du Bailliage de Touraine, chap.XX, I ds Nouv. Coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, IV, 612); 1936 répartition par voie d'ordre «id.» (Cap., s.v. distribution par contribution); 10 1665 «respect du règlement, situation conforme à une règle» aller dans l'ordre (Molière, Am. méd., II, 3); 1751 rentrer dans l'ordre (Abbé Prévost, Clar. Harlowe, p.253); 1754 rappeler qqn à l'ordre (Bonnet, Essai psychol., p.110). C. Commandement 1. ca 1225 «acte par lequel une personne, une autorité commande à quelqu'un de faire quelque chose» (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, LXXVII, 4); a) av. 1546 donner ordre que (L. Labé, I, 43 ds IGLF); 1679 avoir ordre de (Bossuet, Hist., III, 6 ds Littré); 1686 recevoir l'ordre de (Id., Le Tellier, ibid.); b) 1720 [faire qqc., agir] sur les ordres de qqn (Hamilton, Fleur d'Epine, p.252); c) 1734 avoir sous ses ordres (Dubos, Hist. crit. monarchie fr., p.26); 1734 être sous les ordres de qqn (Id., ibid., p.49); d) 1737 avoir qqc. à ses ordres (Le Sage, Gil Blas, p.1121: il y aura toujours un carosse à vos ordres); 1751 avoir qqn à ses ordres (Duclos, Mém. Hist. moeurs, p.124); 2. a) 1675 «acte qui détermine une opération commerciale» (J. Savary, Le Parfait négociant, Paris, t.1, p.138); 1903 ordre de Bourse (Nouv. Lar. ill.); 1936 ordre au mieux (Cap. [1930 cours au mieux (Lar. comm.)]); b) 1675 «endossement d'un billet» (J. Savary, op. cit., p.145); 1771 billets à ordre (Helvétius, De l'homme, p.52); 1903 mention à l'ordre de (Nouv. Lar. ill.); 3. 1684 «réunion au cours de laquelle les militaires viennent prendre leurs instructions» (Dangeau, I, 12, 12 mai ds Littré); 1755 ordre du jour «ensemble des instructions d'un chef militaire pour la journée ou publication qui est faite par son ordre» (Argenson, Journ. mém., p.303: le général se contenta de porter à l'ordre du jour que les ivrognes ne monteraient pas à la tranchée); 4. 1686 «mot d'ordre» (Dangeau, I, 378 ds Littré); 1793 mot d'ordre (La Martelière, Robert, II, 5, p.21); 5. 1690 «document comportant la mission à exécuter» il a son ordre par écrit (Fur.); en partic. 1690 milit. (ibid.: Il est venu ordre sur ordre de faire marcher l'armée); 1903 ordre de route (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. class. ordo «rang, rangée; classe de citoyens, succession; distribution régulière» (d'où les sens nouv. en fr.) d'apr. les formes des cas obliques; le sens de «prescription» s'est développé parallèlement à celui de «prescrire» qu'a pris ordonner*; pour ordre du jour dans le domaine pol. (B 1 b), l'hyp. d'une formation à partir de l'angl. order of the day (Bl.-W.1-5, FEW t.7, p.408a, note 4, Barbier ds Mod. Lang. R. t.16 1921, p.146) se heurte au fait que l'expr. angl. n'est att. qu'en 1792 dans un texte relatif au vocab. de la Révolution fr., où elle est la trad. du fr. ordre du jour, trad. favorisée par le fait que ordre y est employé au sens de l'angl. order (lui-même empr. au fr. au xiiies.). qui, dès le xves. avait le sens de «procédure réglementaire, usage établi» puis au xviiies. celui de «marche à suivre dans la conduite des débats dans une assemblée», sens qui subsiste encore dans l'expr. order of the day (v. Rey-Gagnon Anglic.); le genre du mot a été fluctuant jusqu'au xviies.: l'initiale vocalique a fait qu'il a été souvent fém. Fréq. abs. littér.: 25481. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)43280, b) 30182; xxes.: a) 28703, b) 38003. Bbg. Brunet (L.). Du Style au service de l'ordre. Déf. Lang. fr. 1979, no100, pp.21-24. _ Colloquio Internaz. del L. I. E. 2. 1977. Ordo. Roma, 1979, pp.279-345, 371-407, 425-470. _ Dub. Pol. 1962, pp.357-360. _ Marcellesi (Chr.). Retour aux sources: qq. aspects du vocab. de l'informat. In: [Mél. Guilbert (L.)]. Paris, 1979, pp.177-180. _Quem. DDL t.1, 11, 16. _Robinet (A.). Lexicogr. philos. d'ordre de la nature. R. internat. de philos. 1978, no124/125, pp.238-259. _Sauvé (M.). L'Ordre du jour ou les ordres du jour? Meta. 1977, t.22, pp.274-277. |