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ORDONNATEUR, -TRICE, subst. et adj.
I. − Substantif
A. − Personne qui ordonne, met en ordre, dispose selon un certain ordre. L'abbé de la Roquette était, aux eaux, l'ordonnateur de toutes les fêtes, l'ame de tous les plaisirs (Jouy, Hermite, t.4, 1813, p.122).−Quel charmant appartement! C'est de votre goût? lui disait Madame Desmarets. Birotteau osa mentir en lui laissant croire qu'il en était l'ordonnateur (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.212):
. C'est un théâtre [le théâtre balinais] qui élimine l'auteur au profit de ce que dans notre jargon occidental du théâtre, nous appellerions le metteur en scène; mais celui-ci devient une sorte d'ordonnateur magique, un maître de cérémonies sacrées. Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.72.
− Vx. Ordonnateur (de l'univers, des mondes, du monde); ordonnateur-suprême. Dieu. Un système (...) dans lequel on n'admettait d'autre providence, d'autre ordonnateur du monde, que les lois nécessaires de la nature (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.127).Les révolutions (...) deviennent entre les mains de l'ordonnateur suprême, des moyens de perfectionner la constitution de la société (Bonald, Essai analyt., 1800, p.15).
− Ordonnateur (des pompes funèbres). Personne qui accompagne les convois et dirige les cérémonies mortuaires. Ils défilèrent les derniers devant le caveau; un ordonnateur qui avait des taches sur son habit noir leur tendit une petite pelle qui avait l'air d'être en argent et un vase empli de terre et de gravier (Nizan, Conspir., 1938, p.196).L'ordonnateur nous donna nos places. Le curé marchait en avant, puis la voiture (Camus, Étranger, 1942, p.1133).
♦ P. métaph. Personnage solennel, compassé. Clemenceau? Un personnage pittoresque, impulsif, cherchant l'effet (...); il console de tous les ordonnateurs de pompes funèbres: Brisson et les autres (Romains dsLar. lang. fr.).
− HIST. Ordonnateur général des bâtiments. Chef des architectes des rois de France. Mr. de Seignelay était surintendant et ordonnateur général des bâtiments du roi (Littré).
B. − LÉGISL. FINANCIÈRE, COMPTAB. Administrateur compétent pour ordonnancer le paiement d'une dépense engagée et liquidée. Dans les collèges, les services économiques ont beaucoup moins d'importance. Il n'y a en effet ni ordonnateur ni comptable, ces fonctions sont remplies par le maire et par le receveur municipal (Encyclop. éduc., 1960, p.349).Le ministre est également ordonnateur des dépenses (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.87).
− Empl. adj., HIST. Commissaire ordonnateur, ou p. ell. du déterminé, ordonnateur, subst. masc. Commissaire qui ordonnançait les dépenses de l'armée. Napoléon racontait qu'un ordonnateur en chef vint lui demander quelques signatures et le prier d'appuyer certaines nominations et certaines fournitures, ce qu'il n'hésita pas à promettre, parce que cela lui semblait juste (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.195).Le portrait de Hulot, peint par Robert Lefebvre en 1810, dans l'uniforme de commissaire ordonnateur de la garde impériale (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.156).
II. − Adj. Qui ordonne, qui met dans un ordre satisfaisant ou dispose selon un certain ordre. [Nous admirons] dans l'économie des phénomènes cosmiques, un ordre et un plan qui nous portent à y reconnaître l'oeuvre d'une intelligence ordonnatrice (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.205).Tous les éléments que le peintre admet dans son tableau, qu'ils soient d'ordre réaliste ou d'ordre plastique, sont aptes à tenir le rôle de principe ordonnateur (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.215).
− MATH. Lettre ordonnatrice. ,,Lettre dont les puissances croissantes ou décroissantes, dans les divers termes d'un polynôme entier, servent à indiquer l'ordre dans lequel on ordonne ces termes`` (Lar. encyclop.).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀdɔnatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1504, 2 juill. subst. «personne qui ordonne, met en ordre» chef ordonnateur de justice (Arch. de l'hôtel de ville d'Amiens, reg. aux délibérations de l'échevinage côté T, no20 ds A. Thierry, Rec. des monuments inédits de l'hist. du Tiers État, 1resérie, Paris, 1850-70, t.II, p.503); en partic. a) 1750 id. le souverain ordonnateur (Buffon, Hist. nat., t.III, p.523); 1784 adj. dieu ordonnateur du monde (Diderot, Opin. des anc. philos. [Japonais] ds Littré); b) 1829 subst. «celui qui dirige les funérailles» (Boiste); 1832 ordonnateur des pompes funèbres (Raymond); c) 1874 adj. lettres ordonnatrices (Lar. 19e); 2. 1690 subst. législ. financière (Fur.); d'où 1846 adj. commissaire ordonnateur (Balzac, op. cit., p.2 [1831 ordonnateur (Will.)]; 3. 1959 électron. (Électron.). Dér. de ordonner*; suff. -(at)eur2*. Fréq. abs. littér.: 117.