| ORBE1, adj. A. − CHIR., vieilli. Coup orbe. ,,Coup qui n'entame pas la chair, mais qui fait une forte contusion, une grande meurtrissure`` (Ac. 1798-1935). B. − ARCHIT. [En parlant d'une façade] Qui n'a pas d'ouverture. Mur orbe (Noël 1968). REM. Orbevoie, orbe-voie, subst. fém.,archit. Fenêtre ou arcade simulée dans un mur, sur un meuble. Rosaces, quadrilobes, fenestrages à claire-voie ou à orbe-voie décorent les dossiers des sièges, les vantaux des meubles (Viaux,Meuble Fr., 1962, p.156). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀb̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 orbs «aveugle» (Alexis, éd. Chr. Storey, 552) −1611 (Cotgr.: orbe); b) ca 1140 fig. orp «obscur, mal fondé» (Geoffroi Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4959); 2. fin xiies. orbe «obscur, sombre» (Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 493); répertorié comme vieux mot par Ac. Compl. 1842 et Lar. 19e; subsiste dans des empl. spéc. 1233 orbes cops «coup qui meurtrit la chair sans l'entamer» (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, IV, 316, 25 ds Morlet, p. 291); 1260 archit. orbes arkes «arcades aveugles» (Villard de Honnecourt, Album, éd. H. R. Hahnloser, planche 60 et p. 162). Du lat. orbus «privé de» qui a pris le sens de «aveugle» dès le iies. chez Apulée (cf. les corresp. rom.: roumain de l'Ouest orb, ital. dial. du Nord orbo, v. REW36086 et FEW t. 7, p. 391a) et s'est substitué au lat. caecus (d'où l'a. fr. de l'Ouest cieu, l'ital. cieco, le catalan cec, l'esp. ciego, le port. cego, v. REW31461). Cf. G. Rohlfs, Rom. Sprachgeogr., 1971, § 56, pp. 76-77, et carte 31. Le sens de «aveugle» qui apparaît d'abord dans des empl. de orbus dans des syntagmes comme orbus luminibus chez Ovide ds OLD, s'explique peut-être aussi par le rapprochement avec orbis «orbite, oeil», v. Ern.-Meillet. Orbe a été évincé par aveugle* et ne se maintient plus, surtout dans des dér., que dans qq. dial. du Sud; v. aussi le dér. orvet*. |