| ORAGEUX, -EUSE, adj. A. − Relatif à l'orage. 1. Qui annonce, qui accompagne l'orage; qui en porte la marque, qui est troublé par un orage. C'était en août, l'atmosphère était brûlante et le ciel orageux (Ponson du Terr.,Rocambole,t.4, 1859, p.156).Certaines nuits orageuses et lourdes, le ciel flambait d'éclairs de chaleur qui incendiaient à l'horizon des amoncellements de nuages noirs (Moselly,Terres lorr.,1907, p.239). SYNT. Temps, vent orageux; flots, jours, nuages orageux; chaleur, mer, nuée, pluie, soirée orageuse. ♦ Il fait orageux. Il fait un temps d'orage. Il fait très orageux; un voile gris flotte entre le ciel et la terre (Gide,Journal,1914, p.449). 2. Qui est sujet aux orages. Dieu, dans ces climats orageux, [a] donné au figuier des banians un feuillage fort épais, et des arcades pour y mettre les hommes à l'abri de l'orage (Bern. de St-P.,Chaum. ind.,1791, p.99). B. − Qui rappelle certains caractères de l'orage (violence, agitation, couleur, bruit). Torrent orageux. Après avoir réveillé l'instrument endormi par un orageux placage d'accords (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.17).Le Rhône coule au fond de la vallée, tantôt près, tantôt loin, mais toujours orageux et jaune (Gautier,Italia,1852, p.16). C. − Au fig. Qui est agité, tumultueux, marqué par de la colère; qui est disposé à l'emportement. 1. [En parlant d'un milieu, d'un moment, d'un événement de la vie collective ou privée] Des paisibles vallons de l'Arcadie, j'avois été transporté à la cour orageuse d'un empereur romain (Chateaubr.,Martyrs,t.1, 1810, p.273).L'explication fut orageuse. Il me reprocha ma légèreté d'esprit et ma sécheresse de coeur (Sand,Hist. vie,t.4, 1855, p.337).Je désire me reposer, m'amuser, rêver au passé orageux, sourire au présent tranquille (Maurois,Disraëli,1927, p.77). SYNT. Monde, siècle orageux; assemblée, atmosphère, discussion, explication, séance orageuse; jeunesse, passion, vie orageuse. − En emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je m'accoutumais déjà à l'atmosphère de cette demeure placée sous le signe de l'instable et de l'orageux (Arnoux,Chiffre,1926, p.78). 2. [En parlant d'un aspect de la vie intérieure d'une pers.] Leurs pensées, orageuses tout à l'heure, se faisaient douces, comme des vagues qui s'apaisent (Flaub.,Bouvard,t.2, 1880, p.111).Lui qui savait le fond orageux et trouble de son âme (Rolland,J.-Chr.,Maison, 1909, p.988): 1. Visite désastreuse au Bon Marché (...). J'en sors fumant de colère (...). Le contact de cette foule m'est absolument odieux et détermine en moi la tristesse la plus orageuse. Je ne peux plus du tout supporter le monde.
Bloy,Journal,1897, p.250. 3. Plus rare. [En parlant d'une pers.] Mmede Duras fut si orageuse (...) qu'on déterra une ambassade vacante (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.542): 2. ... je m'étais éloigné à si grands pas qu'à me voir on pouvait penser que j'obéissais à des mouvements de colère. Et elle avait quitté le mas, de crainte de me retrouver plus orageux encore.
Bosco,Mas Théot.,1945, p.100. − [En parlant d'un trait physique] Front orageux. Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m'atteignaient (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.15). REM. Orageusement, adv.D'une manière orageuse. Le souvenir de Sibylle (...) soulevait en lui un tumulte d'idées et de sentiments où la passion, le regret et la colère se confondaient orageusement (Feuillet,Sibylle,1863, p.293).Jamais Hosannah, Alleluia ni Te Deum n'avaient si orageusement retenti dans l'église milanaise (Arnoux,Seigneur,1955, p.56). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀaʒø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1200 au fig. «disposé à s'emporter» (Règle de St Benoit, éd. A. Héron, 3168); b) 1564 temps orageux (Thierry), rare av. le xviiies. Dér. de orage*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 823. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2003, b) 1484; xxes.: a) 523, b) 680. Bbg. Quem. DDL t.25 (s.v. orageusement). |