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ORAGE, subst. masc.
A. − Perturbation atmosphérique caractérisée par des phénomènes électriques (tonnerre, éclairs, foudre) et généralement accompagnés de fortes précipitations (pluie, grêle) ainsi que de rafales de vent. Bientôt le ciel prit une face menaçante, les nuages s'amoncelèrent, et un orage épouvantable éclata avec tonnerre, pluie et grêle (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p.302):
1. Il était dix heures du matin, le soleil d'avril trempait de lumière les tendres feuilles des arbres. Allégé par l'orage de la nuit, l'air avait une douceur délicieuse. A. France,Dieux ont soif,1912, p.47.
SYNT. Orage imminent, lointain, terrible; grand, gros orage; chaleur, ciel, jour, nuage, nuée, nuit, pluie, soir, temps, vent d'orage; la saison des orages; l'orage menace, s'éloigne, se prépare; il y a de l'orage; annoncer un orage; être surpris par l'orage; voir, sentir monter l'orage; voir se former un orage; avant, pendant, après l'orage; à l'abri de l'orage; à l'approche de l'orage; au plus fort, au sein de l'orage.
Orage de + subst.Orage de pluie. Le vent soufflait en rafales (...) tandis que des orages de grêle d'une extrême violence, s'abattaient sur la région, accompagnés d'éclairs et de coups de tonnerre (L'Humanité,19 janv. 1952, p.6, col.6).
Expressions
Faire de l'orage. Aujourd'hui, d'ailleurs, il fait de l'orage et j'ai mal à la tête (Flaub.,Corresp.,1875, p.265).
Le temps est, se met à l'orage. Si le temps n'était pas à l'orage, je ne sais comment je passerais la journée; mais le tonnerre retentit déjà dans les rochers (Senancour,Obermann,t.1, 1840, p.40).Pour comble, le temps se mit à l'orage (...). Le ciel devenait chaque jour un peu plus bas, mais l'orage n'éclatait point (Bosco,Mas Théot.,1945, p.61).
L'orage est sur qqn, sur qqc. L'orage sera sur nous dans une heure, peut-être moins (Duhamel,Nuit St-Jean,1935, p.220).
Subst. + d'orage.Qui est une caractéristique de l'orage appliqué à autre chose; qui a certaines caractéristiques propres à l'orage et à ses phénomènes (bruit, couleur, etc.). À ce moment, le train passait, dans sa violence d'orage, comme s'il eût tout balayé devant lui (Zola,Bête hum.,1890, p.37).Magnifique athlète de vingt ans aux prunelles d'orage (L. Daudet, Bacchantes,1931, p.22).
[Chez les Romantiques, comme thème privilégié qui associe les tourments de la nature à une exaltation intérieure, à une vie passionnée, à un appel vers l'inconnu] :
2. Levez-vous vîte, orages desirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie! Ainsi disant, je marchois à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimat; enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon coeur. Chateaubr.,Génie,t.1, 1803, p.435.
En emploi subst. fém., pop. ou vieilli. Toutes les orages qui viennent de là sont méchantes, dit l'institutrice (Renard,Journal,1901, p.683).
B. − P. anal.
1. (de phénomène phys.) Les orages de sable de la Libye, qui engloutissent des caravanes entières (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.141).Comme un volcan travaillé par des orages souterrains (Artaud,Théâtre et son double,1938, p.24).
ASTROPHYS. Orage magnétique. Perturbation du champ magnétique terrestre due à une éruption solaire libérant de très nombreuses particules. Des particules électrisées (protons) sont éjectées lors de l'éruption et provoquent lors de leur arrivée sur la terre les orages magnétiques et les aurores polaires (Schatzman,Astrophys.,1963, p.68).
2. (de bruit, d'intensité, etc.). Synon. tempête.Orage de larmes, de pleurs. Les yeux sont rouges et étincellans, la douleur de tête excessive (...). Ce violent orage est suivi d'un peu de calme et de rémission (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.52).Il y eut un orage d'applaudissements et de cris, où les trompettes de l'orchestre (...) mêlèrent leurs clameurs triomphales (Rolland,J.-Chr.,Aube, 1904, p.78).
[Avec une idée de fréquence, d'accumulation] Des orages de.Synon. une avalanche de.Des orages de traits, de flèches et de dards, Pour chasser les Troyens pleuvent sur leurs remparts (Delille,Énéide,1804, v, p.249).Avec des chiffres des chiffres... des orages de chiffres (Prévert,Paroles,1936, p.141).
C. − Trouble, agitation d'origine diverse affectant une ou plusieurs personnes, une collectivité. Pour détourner l'orage maternel qui s'amassait sur sa tête (Dumas père, Monte-Cristo,t.2, 1846, p.117).À travers les orages de l'histoire universelle (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.3, 1848, p.40):
3. Elle se leva toute droite. −Oui! dit-elle furieusement. Puis, elle eut un sourire. L'oncle dut calmer l'orage. À quoi bon se chamailler? Il valait mieux s'entendre. Zola,Pot-Bouille,1882, p.124.
SYNT. Orages domestiques, politiques; les orages de la jeunesse, de la passion, de la vie; les orages du monde, de la Révolution; conjurer, laisser passer l'orage; déchaîner, soulever un orage; faire, tenir tête à l'orage.
Expr. fam. Il y a de l'orage dans l'air. Il y a une atmosphère de nervosité laissant prévoir une querelle. Tu feras aujourd'hui tes vrais débuts. Il y a de l'orage dans l'air. Ça va chauffer (Vogüé,Morts,1899, p.191).
En partic. Trouble, agitation qui affecte quelqu'un intérieurement. Les orages du coeur. Au dedans de lui grondait un orage de rancune et de dépit (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.106).Sa sérénité radieuse dissipait les orages de l'âme (Ménard,Rêv. païen,1876, p.89).Au bout d'un moment il sentit au fond de lui des orages énormes s'accumuler (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937, p.113).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. «vent favorable» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 795) −xiiies., v. Gdf., T.-L.; 2. ca 1140 «tempête, grosse pluie» (Pélérinage Charlemagne, éd. G. Favatti, 378); 3.au fig. 1197 «malheurs» (Hélinant, Vers de la mort, XLI, 8 ds T.-L.); 4.1552 un orage de (Ronsard, Divers jeux rustiques ds OEuvres, éd. H.Chamard, t.5, p.48:... un perpetuel orage Et de souspirs et de pleurs). Dér. à l'aide du suff. -age* de l'a. fr. ore «vent» (att. de ca 1165, Benoît de Sainte-Maure, Troie, 27347 au xives., J. de Condé, II, 4, 93 ds T.-L.) à côté de aure*, et dont le dér. beaucoup plus fréq. orez, subst. masc., de même sens, est att. de ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 105) au xives. (G. Guiart, I, 6839 ds T.-L.); cf. a. prov. aura «vent, souffle» (xiies. ds Rayn.), prov. auro, oro «id.» (v. Mistral). Fréq. abs. littér.: 3677. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6857, b) 6311; xxes.: a) 3823, b) 4105.