| OR1, subst. masc. I. − [L'or en tant que métal] A. − Métal précieux, jaune brillant, mou, très dense, très malléable et très ductile, inaltérable à l'air, à l'eau et aux acides, qui se présente généralement à l'état natif sous forme de pépites ou de paillettes (symb. Au, noatomique 79): 1. Ô l'or! sang de la force implacable et moderne;
L'or merveilleux, l'or effarant, l'or criminel,
L'or des trônes, l'or des ghettos, l'or des autels;
L'or souterrain dont les banques sont les cavernes
Et qui rêve, en leurs flancs, avant de s'en aller,
Sur la mer qu'il traverse ou sur la terre qu'il foule,
Nourrir ou affamer, grandir ou ravaler,
Le coeur myriadaire et rouge de la foule.
Verhaeren,Mult. splendeur, 1906, p.111. 1. Ce métal à l'état natif. Filon, grain, paillette, pépite, poudre d'or; chercheur d'or; battre l'or, chercher, fondre, trouver de l'or. Ce pays produit un peu d'or; presque toutes les rivières y sont aurifères (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.62). ♦ Mine d'or. V. mine2II A ex. de Dabit et d'Abellio. ♦ Ruée* vers l'or. − Domaine des légendes, de la myth. (v. eldorado A).L'or du Rhin. L'or du Pactole et ses trésors liquides (Chénier,Épitres, 1794, p.180).Jupiter, métamorphosé en pluie d'or, donne naissance à Persée, dont l'image est placée sur le bélier céleste, appelé bélier à toison d'or (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p.235). ♦ Pommes d'or du jardin des Hespérides. V. Hespérides ex. de Leroux. ♦ Poule* aux oeufs d'or. Rameau* d'or. Toison* d'or. − ALCHIM. Faire, fabriquer de l'or. Tenter de transformer en or d'autres métaux. On avait imaginé qu'elle [la chimie] devait donner le secret de faire de l'or, et celui de rendre immortel (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p.179).Faire de l'or avec du cuivre et du plomb (Barrès,Cahiers Orient, 1914, p.63). − MINÉR. Or argental. ,,Alliage naturel d'or et d'argent`` (Duval 1959). V. électrum.Or blanc. ,,Ancien nom du platine`` (Brard 1838). Or graphique. Tellurure d'or argentifère. (Dict. xixeet xxes.). Synon. sylvane.P. anal. (de couleur). Or de chat. ,,Mica jaune lamelliforme`` (Littré) que l'on a pris souvent pour de l'or. 2. Ce métal entrant dans des composés ou des solutions. − CHIM. Or fulminant. ,,Oxyde d'or ammoniacal, susceptible d'être décomposé par la chaleur ou par un frottement très vif`` (Chesn. t.2 1858) et de devenir explosif. − PHARMACOL. Or colloïdal. Solution colloïdale d'or employée en thérapeutique générale dans les maladies infectieuses (tuberculose, rhumatismes). J'ai connu le cas d'un ami très riche qui absorbait de l'or colloïdal et qui a été bien attrapé: il s'est vu transformé en bronze, El Dorado, et il se faisait de la bile! (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.209). ♦ Liqueur d'or (vieilli). Eau-de-vie de Dantzig, ratafia dans lequel on a mis quelques paillettes d'or. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Sels d'or. ,,Médicaments anti-inflammatoires`` (Touit.-Perl. 1976). Il demandait aussi en même temps que je lui fasse des piqûres: avec des sels d'or (Céline,Voyage, 1936, p.366). − HIST. DE LA MÉD. Or potable. Dissolution de chlorure d'or que l'on prétendait très efficace pour maintenir en jeunesse. Paracelse assurait (...) qu'il avait mis au point certain élixir à base d'or potable capable d'apporter une jeunesse éternelle (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p.37). 3. Ce métal allié ou non à d'autres (argent, cuivre, nickel, platine) dans des proportions variables pour lui conférer une plus grande dureté: 2. L'or fin, c'est-à-dire pur, est dit de 24 carats ou mille millièmes (...); toute adjonction d'un autre métal modifie sa couleur en le rendant plus dur. L'or blanc est de l'or à 18 carats contenant 17 % de nickel, 5 % de zinc et 2,5 % de cuivre, l'or vert contient 22,5 % d'argent, 1,5 % de nickel et 1 % de cuivre.
Metta,Pierres préc., 1960, p.54. a) [L'or du point de vue de sa pureté] Bon or; vrai or; or contrôlé, poinçonné; essayer l'or avec une pierre de touche (v. essayer ex. 4 et I A 1 a chim.). La pureté de l'or s'exprime en millièmes (or pur = 1000 millièmes) ou en carats (or pur = 24 carats) (Lesc.1973). ♦ Or affiné ou or de coupelle. Or pur de tout mélange. V. coupelle B. ♦ Or bas. ,,Or qui est au-dessous de 750 millièmes`` (Chesn. 1858). ♦ Or fin. Or pur de tout mélange; en partic., or livré aux banques et à l'orfèvrerie au titre de 99,5 %. V. ex. 2. ♦ Or pur. Or à 24 carats, au titre de 1000/1000. V. ex.2. ♦ Or vierge ou or natif. Or qui n'a subi aucune opération métallurgique. (Ds Ac. 1835, 1878). ♦ Or de ducat*. ♦ Or d'essai. Or très fin qu'on emploie pour faire les essais. V. essai I A 1 a minér. ♦ Barre, lingot d'or. Masse de métal coulée sous forme de parallélépipède. Lingots d'or enfermés dans un coffre après qu'on les a pesés avec scrupule (Mauriac,Journal 3, 1940, p.227).Or (...) entreposé sous forme de lingots de 1 kg ou de barres de 12 kg dans une banque comme garantie des billets en circulation ou des liquidités internationales (Cotta1972). b) [L'or dans les alliages] ♦ Or anglais. Alliage d'or, d'argent et de cuivre employé en bijouterie. (Dict. xxes.). ♦ Or blanc. Alliage or-palladium ou or-nickel (d'apr. Duval 1959). ,,Alliage or-argent`` (Lar. Lang. fr.). V. ex. 2 supra. ♦ Or gris. Alliage d'or, d'argent et de cuivre comportant du fer. L'alliage connu sous le nom d'or gris renferme 1/5 à 1/6 de fer, il est d'un jaune gris (Wurtz,Dict. chim., t.1, 2evol., 1870, p.1405).Épingle de cravate, tige or gris (Catal. Madelios Cadeaux, 1936). ♦ Or jaune. Alliage d'or et d'argent. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Or rouge. Alliage d'or et de cuivre (Dict. xixeet xxes.). ♦ Or vert. Alliage d'or et d'argent (d'apr. Chesn. 1858). V. ex. 2 supra. ♦ Titre de l'or. Proportion d'or contenue dans un alliage et exprimée en parties pour mille ou en carats. Leur titre [des pièces d'or] est fixé à neuf dixièmes de fin et un dixième d'alliage (Loi du 28 mars 1803ds Doc. hist. contemp., 1803, p.113). c) [L'or traité, préparé en vue de la dorure ou de ses autres utilisations] Or filé; feuille d'or. ♦ Or battu, or en feuilles. ,,Or réduit en feuilles pour la dorure`` (Chesn. 1858). ♦ Or bruni. Or rendu lisse et brillant par le brunissage. Broche en or bruni, portrait de sainte sur émail (Larbaud,Journal, 1935, p.354). ♦ Or mat. ,,Or non poli`` (Chesn. 1858). ♦ Or moulu. Or réduit en parcelles avec lequel on dore au feu le bronze et le cuivre (d'apr. Jossier 1881). ♦ Or trait. Or passé à la filière (d'apr. Chesn. 1858). ♦ Or en/de coquille. ,,Feuilles d'or broyées avec du miel (...) dont font emploi les peintres et les coloristes`` (d'apr. Chesn. 1858). 4. P. anal. Métal ou préparation qui a les apparences de l'or et ses utilisations. ♦ Or couleur. ,,Couleur grasse et gluante dont les doreurs font usage pour appliquer les feuilles d'or battu`` (Chesn. 1858). ♦ Or faux. V. chrysocale (employé en bijouterie). ♦ Or mussif ou or de Judée. Bisulfure d'étain employé dans la dorure. Deux sulfures d'étain: le sulfure noir et le sulfure jaune ou l'or mussif (Gay-Lussacds Ann. chim. et phys., t.1, 1816, p.44). ♦ Or d'Allemagne. ,,Feuille très mince de cuivre jaune`` (Chesn. 1858). ♦ Or de Mannheim (vx). ,,Composition de cuivre et de zinc qui a l'apparence de l'or`` (Ac. 1835), utilisée en bijouterie. 5. PASSEM. Fil d'or, d'argent ou d'autre métal recouvert d'or dont on fait des broderies, des galons, des tissus précieux. Or fin, demi-fin. a) Fil de soie recouvert d'or: 3. −Père, je n'ai pas d'or à passer. Hubert (...) alla chercher au fond du bahut un écheveau, le coupa, effila les deux bouts en égratignant l'or qui recouvrait la soie...
Zola,Rêve, 1888, p.41. b) Fil, filé, feuille de métal imitant l'or. ♦ Or faux. ,,Filé d'or qui au lieu d'être recouvert d'une lame d'argent doré, était enveloppé d'une lame de cuivre brillant ou de laiton`` (Havard 1889). ♦ Or clinquant, or de Paris (vx). ,,Fil de cuivre aplati en lame employé comme le fil d'or pour lamer et broder les étoffes`` (Littré). ♦ Or tremblant (vx). ,,Feuilles d'or clinquant cousues sur des vêtements de mascarade, de manière à trembler au moindre mouvement`` (Laborde 1872). B. − Ce métal précieux entrant dans la fabrication et la décoration de nombreux objets. Objet en or massif, en or contrôlé. [P. ell. de la prép.] Doublé, plaqué or. 1. [L'or formant un objet précieux] Anneau, bracelet, chaîne d'or, en or. Ça n'est qu'une «reconnaissance» pour une breloque et un bracelet... Mais tout ça en or massif! absolument sûr!... contrôlé! dix-huit carats! (Céline,Mort à crédit, 1936, p.499): 4. [Minos] siégeait sur un trône (...) et tenait de la main droite (...) un sceptre d'or aussi haut que lui; de l'autre, une fleur trilobée, semblable à celles de ses colliers et semblablement en or, mais plus grande.
Gide,Thésée, 1946, p.1420. − [P. allus. à la Bible] Statue à la tête d'or et aux pieds d'argile. V. colosse ex. de Adam. ♦ Veau* d'or. SYNT. Agrafe, alliance, bague, bijou, clef, clou, collier, croix, médaille, montre, monture de lunettes, stylo à plume d'or ou en or; calice, candélabre, ciboire, ostensoir d'or ou en or; bulle, sceau d'or; aiguière, plat, vaisselle d'or; couronne d'or; casque, cuirasse, éperons d'or. − En partic. [L'objet en or ou en métal doré est signe d'un haut mérite reconnu] Décoration, palme d'or; gagner, recevoir le bol d'or, le disque d'or, une/la médaille d'or (v. médaille C 1). Les nombreuses couronnes de métal: or, argent et bronze, arrachées à l'enthousiasme populaire et conquises sur tant de rivaux par le roi de la lutte (Cladel,Ompdrailles, 1879, p.352).Il est très grand: médaille militaire et six étoiles dont quatre d'or (Vercel,Cap. Conan, 1934, p.26). − ODONTOL. Dent en or; bridge, couronne d'or ou en or. Bouche mince qui découvrait, dans ce sourire, toute une rangée de dents d'or (Bourget,Actes suivent, 1926, p.25). 2. [L'or dans la décoration] Ornement, décoration en or, en fil ou feuille d'or ou imitant l'or; filigrane d'or; lettre d'or. Tasses à filet d'or (Pourrat,Gaspard, 1925, p.31). − ARCHIT. Dômes en or du Kremlin (Verhaeren,Mult. splendeur, 1906, p.81).Il aimait à imaginer cette ville [Venise] où les maisons étaient une dentelle de pierre, où les toits étaient revêtus d'or (Maurois,Disraëli, 1927, p.16). − BEAUX-ARTS. Peinture sur fond d'or. Miniatures à fonds d'or plat ou diapré, étonnantes, des vierges de nativité, à peine pubères, mélancoliques et mutines (Huysmans,Oblat, t.2, 1903, p.95).Au plur. Décoration dorée ou peinture contenant une certaine proportion d'or. Les ors d'un tableau. Au plafond, les ors prodigués, les vitres niellées d'or et les rosaces d'or semblaient un coup de soleil (Zola, Bonh. dames, 1883, p.770). 3. [L'or dans les étoffes, la passementerie] Broderie, drap, galon d'or; robe brodée d'or. Fauteuil de velours cramoisi, à franges d'or et à bois doré (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.319).Pièce tendue de soie bleu pâle à semis de fleurs d'or (Druon,Gdes fam., t.1, 1948, p.64): 5. [Les ambassadeurs siamois] ont donné à l'empereur un pantalon dont le bas est brodé avec de petits ornements en émail, or, rouge et vert, et une veste de brocart d'or souple comme du foulard, dont les dessins, or sur or, sont merveilleux (...). Ils ont un or rouge et un or blanc qui, mariés ensemble, sont d'un effet admirable.
Mérimée,Lettres à une inconnue, t.2, 1861, p.165. ♦ Défendre l'or et l'argent (vx). [P. allus. aux édits somptuaires] ,,Défendre de porter des étoffes, des dentelles, etc., tissues de fil d'argent doré`` (Ac. 1835, 1878). ♦ Être tout cousu* d'or. ♦ [P. allus. aux Parques qui filent la vie humaine] Jours filés d'or et de soie. Poét. et fig. Jours heureux. (Dict. xixeet xxes.). Des Parques si robustes et d'une si belle chair doivent filer des jours d'or et de soie d'une longueur indéterminée (Gautier,Guide Louvre, 1872, p.127). SYNT. Dentelle d'or; tissu brodé, broché, lamé d'or; robe, uniforme, ornement sacerdotal brodé(e) d'or; habits chamarrés d'or; képi, livrée galonné(e) d'or. 4. [L'or dans la monnaie] Pièce d'or; doublon, écu d'or. V. louis B ex. de Duhamel. − P. méton. Monnaie d'or. Bourse d'or; poches garnies d'or, pleines d'or. De mois en mois, les gages augmentaient. On payait, dans ce temps, en argent et en or aussi bien qu'en billets (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.90): 6. −Veille à l'or, mets de l'or devant moi. Eugénie lui étendait les louis sur une table, et il demeurait des heures entières les yeux attachés sur les louis...
Balzac,E. Grandet, 1834, p.223. ♦ Pop., au plur. Les pièces d'or (louis). L'or, il dit même «les ors», qu'il a reçus en paiement (A. France,Lys rouge, 1894, p.86). ♦ Pop., au fém. C'est de la bonne or que je vous donne (Cressot,Phrase et vocab. Huysmans, 1938, p.402). − FIN. Étalon monétaire reconnu par la majorité des grandes puissances au cours du xixes. Cours de l'or. L'abandon de l'or comme étalon monétaire n'empêcha pas les particuliers de continuer à spéculer sur lui, le considérant comme une valeur refuge face aux monnaies en perpétuelle dévalorisation (Gestion fin.1979): 7. Le rôle monétaire de l'or n'a cessé de croître jusqu'en 1914 et 60 % de la production d'or était utilisée pour la frappe des monnaies.
Lesourd, Gérard,Hist. écon., t.2, 1966, p.339. ♦ En compos. Étalon-or. Dans un régime d'étalon-or et même d'étalon de change-or pour les monnaies clés, chaque monnaie est définie par une certaine quantité d'or fin (Cotta1972). ♦ Franc(-)or. Unité monétaire de la France créée par la loi du 17 germinal an XI (7 avril 1803), définie légalement par sa valeur en or et correspondant alors à 290,33 mg d'or fin. ♦ Encaisse, réserve d'or ou, p. ell., encaisse, réserve or. Ensemble des valeurs en or (pièces, lingots, barres) entreposées dans une banque d'émission. Une émission excédentaire [de billets] se fait donc aux dépens de l'encaisse-or, à concurrence de cent pour cent (Baudhuin,Crédit et banque, 1945, p.151).Le stock d'or de la Banque de France (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p.70). ♦ En compos. Valeur-or. Valeur en or d'une monnaie. Au fig. Les diplômes, en ce temps-là, représentaient une manière de valeur-or (Valéry,Variété IV, 1938, p.196). C. − Ce métal, monnayé ou non, considéré sous le rapport de la richesse, de la fortune, du luxe qu'il représente. Je puis devenir riche, grand; je puis être gorgé d'or! (Borel,Champavert, 1833, p.92).On aimait l'or parce qu'il donnait le pouvoir et qu'avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu'il donne l'or et qu'avec cet or on en fait de petites (Montherl.,Maître Sant., 1947, ii, 1, p.630): 8. Ces trois variétés d'argentiers étaient habitués à considérer l'or bien plus en raison de leur religion que des qualités de l'or même. (...) Ils avaient pour l'or des égards rituels: toute augmentation de leur capital était pour eux une augmentation de leur dieu et de leur propre sainteté, et seul le caissier, gardant une idée juste dans les pouvoirs bas de l'or, se précipitait le samedi après-midi jouer aux courses.
Giraudoux,Bella, 1926, p.28. 1. Expr. et loc. ♦ Affaire d'or, en or (fam.). Affaire très rémunératrice ou très profitable. Le Gambrinus [une brasserie] ouvrit partout des succursales et fit des affaires d'or (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.234). ♦ Faim, soif, fureur de l'or (littér.). La passion effrénée de la richesse. Quand on a ouvert son âme à des passions d'une autre espèce, comme à la soif de l'or ou des honneurs, on leur immole tout (Robesp.,Discours, Jug. Louis XVI, t.9, 1792, p.89). ♦ Mine* d'or. V. supra I A 1.Veau* d'or. Adorer le veau* d'or. ♦ Jeter, distribuer, semer l'or (à pleines mains). Dépenser sans compter, inconsidérément, généreusement. On l'a vu parcourir nos rues, semant l'or et les conseils, prodiguant partout les plus sublimes soins (Latouche, L'héritier,Lettres amans, 1821, p.147). ♦ Couvrir d'or (qqn). (L')enrichir. C'est couvert d'or que vous en deviez repartir, les femmes calées sur un matelas d'obligations (Romains,Knock, 1923, i, p.7). ♦ Marcher sur l'or (Ac. 1835, 1878). Être riche. Être gorgé d'or, nager dans l'or; avoir des monceaux d'or (Ac. 1798-1935); Être riche. L'idée que Fontan les empêchait, elle, le gamin et sa mère, de nager dans l'or, l'enrageait (Zola,Nana, 1880, p.1309).Mod. Rouler sur l'or. Être riche. J. A. roule sur l'or −mais il aime donner à entendre qu'il saurait supporter d'être riche encore bien plus (Gide,Feuillets, 1911, p.352).[Souvent à la forme négative] Tout ça ne lui permettait pas de rouler sur l'or. Il avait eu de la difficulté même à se payer une petite Peugeot de rien du tout (Aragon,Beaux quart., 1936, p.38). ♦ Être cousu* d'or. ♦ Acheter, vendre au poids de l'or, à prix d'or. Acheter, vendre très cher. Cheval qu'elle avoit acheté à prix d'or (Cottin,Mathilde, t.1, 1805, p.288).Il n'y aurait pas eu cet engouement pour le navire merveilleux, (...) les passagers ne se seraient pas disputé les places à prix d'or (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p.108). ♦ Valoir de l'or. Avoir une grande valeur, être excellent, réunir de nombreuses qualités. Synon. valoir son pesant d'or.Manuscrit (...) qui vaut de l'or (Courier,Lettres Fr. et Ital., 1810, p.825). ♦ Promettre des monts d'or. ,,Promettre de grandes richesses`` (Ac. 1798-1935). ♦ Faire un pont d'or à qqn. L'avantager, lui offrir une situation lucrative. Je dirai à mon mari (...) qu'il faut à l'instant te faire un pont d'or (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.120).Le directeur de la Fleur du Saron, petit hebdomadaire rédigé en hébreu, lui offrait la fortune: un traitement de vingt francs par mois. S'élancerait-il sur ce pont d'or? (Tharaud,An prochain, 1924, p.192).Faire un pont d'or à l'ennemi (vieilli). ,,Lui faciliter la retraite`` (Ac. 1878, Littré). ♦ Pour tout l'or du monde (dans une phrase négative). Pour rien au monde. Pour tout l'or du monde, je ne voudrais pas changer de maître (Musset,A. del Sarto, 1834, ii, 1, p.76). ♦ C'est de l'or en barre. C'est quelque chose de sûr, de monnayable. Ma succession était de l'or en barre. Aussi m'aimait-on fort (Courier,Lettres Fr. et Ital., 1807, p.750).La parole de votre excellence est de l'or en barre pour moi (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.235). − Proverbe. Tout ce qui brille n'est pas or. Tout ce qui présente les apparences de la richesse, de la valeur n'en a pas toujours la réalité. V. briller ex. 6. 2. P. anal. (en tant que source de profit), mod. ♦ L'or noir. Le pétrole: 9. L'émergence, en moins de cinq ans, de l'Égypte comme exportateur non négligeable de pétrole est une véritable aubaine pour ce pays (...). Pourtant, malgré une production qui pourrait atteindre 50 millions de tonnes dans trois ans, l'or noir n'aura peut-être apporté qu'un répit...
Le Monde, 15 déc. 1981, p.24. ♦ P. anal. L'or blanc. La neige exploitée pour les sports d'hiver. La face noire de l'or blanc [les avalanches] (Télérama, 26 janv. 1983, no1724, p.32). ♦ Or vert. ,,Ressources que procurent soit l'agriculture ou la sylviculture, soit la vente de terrains agricoles pour la construction immobilière, ou la spéculation sur ces terrains`` (Gilb. 1980). II. − P. anal. Ce qui évoque l'or. A. − [Par sa couleur] 1. Couleur jaune, brillante et chaude qui rappelle celle de l'or. L'insecte ailé brilloit des plus vives couleurs; L'azur, le pourpre et l'or éclatoient sur ses ailes (Florian,Fables, 1792, p.93). − En partic. Lumière et reflets du soleil évoquant l'éclat de l'or. Son disque d'or et de feu [du soleil], descendant comme un incendie, derrière un vaste groupe de nuages, leur prêtait des teintes si chaudes et si animées qu'on eût pu se croire sous un ciel de la Grèce (Chênedollé,Journal, 1822, p.113).Les collines, sous l'avion, creusaient déjà leur sillage d'ombre dans l'or du soir (Saint-Exup.,Vol nuit, 1931, p.81).V. byzantin ex. 1. ♦ Rare. Clarté de la lune. Une nuit d'or, mon Aïcha! Cette nuit-ci était d'or parce qu'il faisait clair de lune. Mais pour un vrai braco, les nuits d'or sont nombreuses en hiver (Genevoix,Raboliot, 1925, p.66). ♦ Littér. et poét. Or des blés, des moissons, des cheveux. Mais dans l'herbe et sur la mousse pointent déjà l'améthyste des violettes, l'argent rosé des anémones et l'or des primevères (Amiel,Journal, 1866, p.219). − D'or ♦ Jaune* d'or. ♦ Subst. + d'or.Blés, fruit, sable d'or; lumière, nuages, rayons d'or. Le flot d'or de la jaune moisson (Hugo,Odes et ball., 1828, p.399).Le vin d'or aussi, le piquepoult (v. picpouille), mais d'or pâli tant il était chargé d'ans, qui teintait à peine le verre comme le premier rayon de jour le cristal du firmament (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.4).V. casque I B 2 ex. de Jouve. − Empl. en appos. avec valeur d'adj. Couleur or (Pesquidoux., Livre raison, 1928, p.221). Petit salon rouge et or (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.120). − Or + adj.Or mat, pâle, terni; or jaune, cuivré, roux. Jean dont chacun admirait la figure d'ange, les courtes boucles d'un or brûlé (Mauriac,Genitrix, 1923, p.333).Gros yeux à pupille allongée, dont l'iris est semé de paillettes d'or bruni (Genevoix,Raboliot, 1925, p.136).Barbe dorée, d'un or légèrement rouge (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p.113). ♦ Vieil or. Un vieil or très doux: 10. ... elles [les grilles] ne connaissent pas la surcharge du goût espagnol; elles sont sobres comme la matière dont elles sont forgées. Même dorées −ce qui est rare, et de quel vieil or usé, patiné, d'armure ancienne ou de cuir cordouan!
T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p.100. − Au plur. Les ors. Les diverses nuances de couleur que peut prendre l'or. Cette figure fière et fine, ces cheveux de deux ors mêlés (R. Bazin,Blé, 1907, p.132).Le mail de Saint-Pierre, dont les platanes perdaient sans hâte leurs feuilles, éclatait de toute la lumière des ors et des roux (Daniel-Rops,Mort, 1934, p.516). 2. Spécialement − BOT. Bouton* d'or. Verge* d'or. − HÉRALD. ,,Émail de couleur jaune ou plus rarement dorée`` (Past. Hérald. 1979), représenté en gravure par des pointillés.Et nous, Rezeau, descendant des de Tanton, nous sommes tout de même roturiers, malgré nos armoiries (de gueules au lion d'or passant) (H. Bazin,Vipère, 1948, p.143). B. − [Par son excellence] 1. [Dans des comparaisons] ♦ Franc comme l'or. Nature très droite, franche comme l'or (Mauriac,Th. Desqueyroux, 1927, p.191).[Vin] franc comme l'or et frais comme l'oeil (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 3etabl., 9, p.1634). ♦ Juste comme l'or. Très exactement pesé, mesuré. La demie de sept heures sonnait comme ils mettaient le pied sur le seuil de la gare. C'était donc pour eux, juste comme l'or, une avance de cinq quarts d'heure (Courteline,Train 8 h 47, 1888, 2epart., 1, p.89). ♦ Pur comme l'or. Très pur. Ma jeunesse a été pure comme l'or (Musset,Lorenzaccio, 1834, iii, 3, p.184). 2. P. métaph. et au fig. Chose merveilleuse ou parfaite. L'or de Racine (v. ferblanterie ex. de Gide). Ce qu'il me faudrait, tu vois, c'est une femelle dans le genre de celle de la voiture. Ça, mon vieux, c'est de l'or (Giono,Baumugnes, 1929, p.22). 3. Loc. adj. D'or, en or a) [En parlant d'un inanimé] Rêve d'or; voix d'or: 11. Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire
Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait
Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort
J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.
Éluard,Capitale douleur, 1926, p.140. ♦ Âge d'or. Époque mythique des premiers temps du monde où les hommes vivaient heureux dans la pureté des moeurs et l'abondance des biens naturels. Homme de l'âge d'or. ,,Homme qui rappelle cette époque`` (Ac. 1835-1935). La simplicité des cabanes, où vivoient les peuples de l'âge d'or (Chateaubr.,Génie, t.2, 1803, p.452).Il célébrait l'âge d'or dont les livres lui avaient dit qu'il était simple, vertueux et pauvre (Guéhenno,Jean-Jacques, 1948, p.148).V. âge ex. 41.P. ext. Période de plein épanouissement d'un art, d'une civilisation. Âge d'or de la Grèce, de la littérature et des arts. V. âge ex. 42. ♦ Bouche d'or. C'est un saint Jean bouche d'or. V. bouche ex. 75. ♦ Coeur d'or. V. coeur II D 3 c ex. de Balzac. ♦ Crosse d'or évêque* de bois, crosse de bois évêque* d'or. ♦ Livre d'or. V. livre1III A 1 c. ♦ Noces* d'or. ♦ Nombre* d'or. ♦ Règle d'or. Règle donc l'observation et l'application sont particulièrement profitables. Gide n'avait-il pas imprimé en caractères gras et dans le plein milieu de son livre cette règle d'or: Assumer le plus possible d'humanité (Guéhenno,Journal homme 40 ans, 1934, p.129).Style [de Sarah Bernhardt], si démodé maintenant, parce que nous avons fait de la simplicité au théâtre une règle d'or (Disque Fr., 1963, p.15). b) [En parlant d'un animé] Personne de caractère excellent, parfait. Un ami, un caractère, un mari en or. Dès qu'assis devant l'écran plus besoin de s'occuper d'eux. Un public en or (Céline,Voyage, 1932, p.435).Ah! oui, ce qu'il était gentil, hein? et doux et pas fier. Un garçon en or, ce petit saint François (Aymé,Cléramb., 1950, iv, 2, p.199). c) Loc. verb., pop., vulg. L'avoir en or. ,,Être né sous une bonne étoile`` (Esn. 1966). 4. Loc. adv. D'or. Dire, parler d'or. Avoir (aux yeux de son interlocuteur) un raisonnement juste, des propos pleins de bon sens. Vous parlez d'or, Hennedyck, mais qui vous l'assure, ce droit? (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.133). REM. Orerie, subst. fém.,rare. Ornement, bijou en or. Le diacre et le sous-diacre aux dalmatiques chamarrées D'orerie et de perle à quelque Eldorado pillées (Verlaine,OEuvres compl., t.3, Dédicaces, 1890, p.77). Prononc. et orth.: [ɔ:ʀ]. Homon. or2, or3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Métal précieux de couleur jaune I. Sens symboliques et métaphoriques A. Symbole des moyens matériels, de l'argent, de la richesse 1. ca 881 (Ste Eulalie, 7 ds Henry Chrestomathie, p.3: Elle [Eulalia] no'nt eskoltet les mals conselliers Qu'elle Deo raneiet ..., Ne por or ned argent ne paramenz); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 888: Pur tut l'or Deu ne volt estre cuard; 1540: Tient Durendal [Rollant], qui plus valt que fin or); ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y.G. Lepage, 2102 réd. AB: Ne vos faudrons por tot l'or de cest mont); 2. fin xes. l'accent est mis sur le caractère périssable, la vanité de la richesse (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 385: Argent ne aur non i donat [Christus] Mas que son sang et soa carn [cf. la note de l'éd. renvoyant à I Pierre I, 18-19: scientes quid non corruptibilibus auro vel argento redempti estis...sed pretioso sanguine...Christi]); ca 1200 (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1906: Sor lou covre est biaus li ors Mais tost faut celle doräure). B. Symbole de ce qui a une valeur, un mérite, des qualités rares ca 1200 (Guiot de Provins, op. cit., 1208: N'est pas tout ors qu'en voit relure); fin xiiie[ms.] (Proverbes fr., éd. J. Morawski, 1371: N'est pas or quanque luit); 1559 (Amyot, Hommes illustres, Cicéron, XXIX ds OEuvres, éd. G. Walter, t.2, p.765: son style était un fleuve d'or coulant); 1583-84 (Brantôme, Dames galantes, 1erdiscours, éd. Paris, Garnier, 1931, p.70: M. de Dole, qui disoit et escrivoit d'or, emporta le prix); 1668 (Boileau, Satire IX ds OEuvres, éd. F. Escal, p.53: Et préférer le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile). C. Désigne la couleur jaune, celle de l'or 1. ca 1273 hérald. (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 999: Qui l'escu portoit d'or a un yon d'azur); 2. 1578 (Ronsard, Sonets et madrigals pour Astrée, VIII, 2, ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.17, p.187: Adieu cheveux, liens ambitieux, Dont l'or frizé me retint en service [cf. xiies. Narcissus, éd. M. Thiry-Stassin et M. Tyssens, 96: Caviaus...Qui plus luisent c'ors esmerés]). II. Désigne le métal sous ses différentes formes (pièces, bijoux, objets...) A. 1. Ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 526: De lur tresors prenent l'or e l'argent); ca 1100 (Roland, 185: Quatre cenz muls cargez de l'or d'Arabe); 1552 l'or de Tholose (Rabelais, Quart livre, éd. R. Marichal, XV, 100); 2. a) ca 1050 (St Alexis, 586: D'or e de gemmes fu li sarqueus parez); ca 1100 frein, esperuns, corone d'or; sele a or batue; elme a or gemet (Roland, 92, 345, 3236; 1331; 1995); 1160-74 faire une ymage de or (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 96); 1174-76 melder sun or a fundre le vëel fig. allusion à l'érection du veau d'or (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 2183 ds T.-L.); ca 1200 (Jean Bodel, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 483: ...ma chartre où li seaus d'or pant); b) ca 1100 or mer, neielez (Roland, 115, 684); ca 1170 or batu, infra II B; xves. or filé (ds M. de Laborde, Notice des émaux du musée du Louvre, t.2, p.411); 1562 or blanc (Du Pinet, Pline, Lyon, C. Senneton, t.2, p.560); 3. 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 7005: ... E dras de soie a or batuz); 4. 1260 paindre de couleur a or (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXXVIII, 12); 1559 (Amyot, op. cit., Démosthène, XXVII, t.2, p.727: des paroles qu'il avait fait écrire en grosses lettres d'or dessus son écu); 5. 1563 (Palissy, Recepte vér., p.55 ds Hug.: Aucuns philosophes alchimistes disent sçavoir rendre l'or en eau par quelque dissolution:...s'ils le peuvent dissoudre, il est potable); 1566 or potable (Kerquifinen, tr. Gelli, Disc., VII, p.241, ibid.). B. L'or considéré quant à son poids, sa valeur ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1579: ...Plus de .IIc. mars d'or batu); ca 1200 (Renaut de Montauban, 230, 25 ds T.-L.: Cent livres de fin or; 230, 33: mil mars d'or pesés). Du lat. aurum «or; objet fait en or; monnaie d'or, or monnayé; fig.: richesse; la couleur de l'or». Fréq. abs. littér.: 14101. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 21303, b) 22982; xxes.: a) 21861, b) 16332. Bbg. Kristol (A.M.). Color. Berne, 1978, pp.334-337. |