| ONGUENT, subst. masc. Substance grasse ou résineuse, de consistance molle, pâteuse, servant à divers usages. Synon. baume.A. − Substance aromatique utilisée autrefois pour adoucir, parfumer la peau. Elle inventait des raffinements, nue devant sa glace, se faisant frotter les membres d'onguents, de baumes, d'huiles aromatiques (Zola, E. Rougon, 1876, p.301).Les objets de toilette, l'attirail des instruments, fards, poudres et onguents dont se servent les dames, sont rangés dans des boîtes et des coffrets (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p.159). B. − Médicament externe, variété de pommade composée essentiellement de résines ou de corps gras auxquels on ajoute diverses substances. Onguent suppuratif, onguent citrin, onguent populeum. Malgré l'onguent de la mère et les cataplasmes, ma ridicule infirmité ne se guérit pas (Flaub., Corresp., 1864, p.141).Aux changements de saison, sa figure, son cou, ses bras s'éraflaient de dartres sanglantes (...) et elle était obligée de rester quelques jours à l'infirmerie, couverte d'amidon et d'onguents (A. Daudet, Évangéliste, 1883, p.81): . La flagellation était finie. Deux valets du tourmenteur-juré lavèrent les épaules saignantes du patient, les frottèrent de je ne sais quel onguent qui ferma sur-le-champ toutes les plaies, et lui jetèrent sur le dos une sorte de pagne jaune...
Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.267. ♦ P. métaph. Nous sommes quittes de ce vilain feu d'enfer. Pour celui du purgatoire, ce n'est que brûlure de chandelle, qui se guérit avec l'onguent d'une douzaine de messes (Mérimée, Chron. règne Charles IX, 1829, p.68). − Onguent(-)gris, onguent napolitain. Onguents renfermant du mercure et utilisés essentiellement comme antiparasitaires, antisyphilitiques. Allons, mes poux n'auront pas besoin d'onguent-gris (Corbière, Amours jaunes, 1873, p.212).Voir Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t.1, 1929, p.355. − Onguent miton(-)mitaine*. C. − Produit servant à engluer les plaies des arbres. Il eut la précaution pour les boutures d'enlever les têtes avec les feuilles. Ensuite, il s'appliqua aux marcottages (...). Comme il serrait les ligatures! Quel amas d'onguent pour les recouvrir! (Flaub., Bouvard, t.1, 1880, p.31). − Onguent de Saint-Fiacre (patron des jardiniers, des horticuleurs). L'onguent de Saint-Fiacre est formé avec deux tiers de terre glaise et un tiers de bouse de vache (Brunet, Mat. vitic., 1909, p.65). REM. Onguenter, verbe trans.Appliquer un onguent sur. Il s'est borné à onguenter avec zèle les plaies du captif (Kahn, Conte or et sil., 1898, p.310).Emploi pronom. réfl. V. morbaque s.v. morpion ex. de Céline. Prononc. et Orth.: [ɔ
̃gɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1478 «médicament qu'on applique extérieurement pour guérir les plaies» (N. Panis, trad. de la Chirurgie de Gui de Chauliac, fo6 ds Sigurs, p.483); 1751 onguent gris (J.-J. Vadé, La Pipe cassée, p.21); 2. 1509 «parfum» ungens (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. Stecher, I, 330); 3. 1644 proverbe ungent miton mitaine «remède qui ne fait ni bien ni mal» (Scarron, Suite des OEuvres burlesques, éd. M. Cauchie, p.215); 4. 1793 onguent saint Fiacre «produit utilisé pour soigner les arbres» (L'abbé Rozier, Cours complet d'agriculture théorique, 7, 250 d'apr; FEW t.14, p.35b); 5. 1847 arg. «argent» (Dict. arg., p.110). Empr. au lat. ungentum «parfum liquide, huile parfumée, essence». Fréq. abs. littér.: 99. |