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ONGLE, subst. masc.
A. − [Désignant une partie du corps]
1. [Chez l'homme] Lame cornée faite de kératine, dure et à demi transparente, recouvrant l'extrémité dorsale de la dernière phalange des doigts et des orteils. Ses doigts longs bien façonnés en pointe, ses beaux ongles ovales et bombés (Colette,Sido, 1929, p.42).L'habitude de se ronger les ongles (onychophagie) est souvent révélatrice: par excès de concentration, le sujet se ronge lui-même (Mounier,Traité caract., 1946, p.364).On connaît les vers fameux de Lucrèce, qui décrivent les premiers hommes sans autres armes que leurs mains, leurs ongles et leurs dents (Hist. sc., 1957, p.1407).V. aussi auriculaire ex. 6.
SYNT. Les ongles des mains, des pieds; ongles de pied; lit, matrice, racine, corps, extrémité libre de l'ongle; gratter, égratigner de l'ongle, à coups d'ongle; se manger, se mordre les ongles; se brosser, se couper, se curer, se limer, se faire les ongles; brosse, ciseaux, lime à ongles; rouge, vernis à ongles; ongles courts, longs, carrés, pointus; ongles sales, noirs, soignés, polis, vernis.
MÉD. Ongle incarné. V. incarner2.
Expr. et loc.
Ongles en deuil (fam.). V. deuil A 2 a.
Pet à vingt ongles (vx et vulg.). Enfant. M. Gustave: Sais-tu ce que c'était, cette gonfle? (...) Andoche: Non? Tiens!... du vent? M. Gustave. −Oui! un vent! mais comme l'on dit vulgairement, un vent avec... vingt ongles au bout! (...) Hargue! un ch'ti n'enfant (Martin du G.,Gonfle, 1928, iii, 3, p.1233).
Se ronger les ongles, ou, plus rarement, se manger les ongles, se mordre les ongles.
Manifester de l'impatience ou de l'inquiétude. Je n'irai pas en Espagne; je m'y mangerais les ongles jusqu'au coude en attendant les dépêches (Mérimée,Lettre à une inconnue, t.2, 1859, p.48).Tous les hommes qu'elle voyait chez son père lui semblaient ennuyeux (...) Empressés, inquiets (...), se rongeant les ongles (A. France,Jocaste, 1879, p.37).
Vieilli. Se donner beaucoup de mal, faire des efforts pénibles et douloureux (pour résoudre un problème intellectuel, composer un ouvrage). Au moment où vous commencez à l'être [homme de famille, joyeux compagnon], voilà le style qui vous démange; plus de laisser-aller, plus de joie. Il vous faut rentrer dans votre bouge, polir votre mot, trouver votre rime, vous taper le front et vous ronger les ongles (Sainte-Beuve,Pensées, 1846, p.32).Ce sont de ces oeuvres dont parle Perse, qui veulent que l'on se morde les ongles jusqu'au sang (Flaub.,Corresp., 1853, p.180).
Rogner les ongles à qqn. Lui retirer une part de son pouvoir, de ses moyens d'action. Cette terrible Intendance de santé à laquelle je voudrais voir rogner les ongles (Stendhal,Mém. touriste, t.3, 1838, p.235).
Donner sur les ongles à qqn (vieilli). Le châtier, le reprendre vertement. (Ds Ac. 1798, Lar. 19e-20e, Lar. Lang. fr.). Synon. donner sur les doigts à qqn (v. donner II A 1).
Avoir du sang aux ongles, avoir du sang sous les ongles, avoir du sang au bout des ongles. Avoir de l'énergie, du courage. Elle vous dira elle-même son fait, mille diables! Les yeux dans les yeux, en public, car elle a du sang sous les ongles (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p.65).
Savoir qqc. sur l'ongle. Savoir couramment, à fond. (Dict. xixeet xxes.). Synon. savoir sur le bout des doigts (v. doigt I D 2).
Être qqc. (adj. qualificatif) ou avoir qqc. (subst. exprimant une qualité) jusqu'au bout des ongles, ou, vieilli, jusqu'aux ongles, jusque dans le bout des ongles. Être fortement doté de telle ou telle qualité. J'étais matérialiste et voltairien jusque dans le bout des ongles (Dumas père, Comment je devins auteur dramatique, 1833, introd., p.4).Ils n'ont pas cet air de race, de grand seigneur jusqu'au bout des ongles, qu'a mon oncle Palamède (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.761).
Faire rubis* sur l'ongle, payer rubis* sur l'ongle.
2. [Chez l'animal]
a) Production cornée faite de kératine, recouvrant l'extrémité dorsale des doigts (des oiseaux, de certains mammifères, de certains reptiles). Ongles acérés, puissants. Une chauve-souris accrochée à un angle par les ongles de ses membranes (Gautier,Rom. momie, 1858, p.299).L'Autruche est caractérisée par un pied à deux doigts seulement, le médian puissant muni d'un ongle fort, l'externe réduit sans ongle (Zool., t.4, 1974, p.464 [Encyclop. de la Pléiade]):
1. Les quadrupèdes frugivores grimpants, tels que les rats, les écureuils, les singes, n'ont besoin que de leurs ongles durs et crochus, qu'ils enfoncent dans l'écorce des arbres, pour en atteindre les sommets. Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.94.
En partic. Griffe (des carnassiers, des oiseaux de proie). Les ongles des chats et de plusieurs autres quadrupèdes à fortes griffes s'unissent ainsi avec les dernières phalanges des doigts (Cuvier,Anat. comp., t.1, 1805, p.126).On sait qu'il [le chat-huant] possède un bec fort et crochu, tranchant, des ongles aigus doués d'une faculté de prise rapide, car c'est un rapace (Pesquidoux,Chez nous, 1923, p.206).
P. méton., FAUCONN. Serre (d'un oiseau de proie). En chasse au vol on dit les «ongles» pour les serres, dont l'ensemble est qualifié de main, comme pour l'homme (Duchartre1973).
Au sing. avec une valeur de plur., poét. Tel un aigle puissant pose, après le combat, Son ongle sur sa proie (Hugo,Orient., 1829, p.34).Et tous [des chiens], comme ouvriers que l'on met à la tâche, Fouillent ces flancs à plein museau, Et de l'ongle et des dents travaillent sans relâche (Barbier,Ïambes, 1840, p.20).
b) P. anal.
Vx ou littér. Sabot (des équidés et des ruminants). Chute de l'ongle (Ac. 1798-1878). Mon cheval ne touche pas la terre avec ses ongles (Quinet,Ahasvérus, 1833, 3ejournée, p.182).Ce n'est pas un aussi bon cheval que tu dis, Aristobule. Il a l'ongle mince. Les paturons portent à terre et l'animal sera bientôt estropié (A. France,Thaïs, 1890, p.166).Un remède pour guérir cette chose du chat. Un bibelot quoi, je ne sais pas au juste. Tu vois bien ce que je veux dire: des tresses de crins de cheval, un ongle de bouc (Giono,Colline, 1929, p.66).
ENTOMOL. Organe corné, en forme de crochet, situé à l'extrémité du tarse de certains insectes. Le doigt ou tarse des insectes forme la dernière pièce de la patte. Il est ordinairement composé de plusieurs articles, dont le dernier est terminé par un ou deux ongles crochus (Cuvier,Anat. comp., t.1, 1805, p.455).
c) Expr. et loc.
Avoir des ongles. Savoir se défendre, être prompt à la riposte. Ce n'est pas faiblesse chez lui [Th. de Banville], car il a des ongles et même très pointus; c'est le plus magnifique dédain que jamais critique ait montré pour ses justiciables (Zola,Nos aut. dram., 1881, p.306):
2. Oh! voyez! −cette main, −main qui n'a rien d'illustre, Main d'un homme du peuple, et d'un serf, et d'un rustre, (...) Et qui n'a pas d'épée, a des ongles, messieurs! Hugo,Roi s'amuse, 1832, p.434.
Avoir bec et ongles, dents et ongles; faire qqc. du bec et des ongles, des ongles et des dents. Avoir, employer tous les moyens possibles pour se défendre ou pour parvenir à ses fins. Elle ne voulut pas se soumettre à cohabiter avec son mari; elle se défendit en personne qui avait bec et ongles, soutenant qu'elle n'avait pas dit oui (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.5, 1859, p.413).C'est un rude assaillant. Il y va de l'ongle et des dents, sans compter les feintes et les ruses. J'entends par là qu'en polémique il a diverses méthodes (A. France,Vie littér., 1891, p.v).La Dorothée fit tant des pieds et des mains, des ongles et des dents qu'elle se fit épouser d'un honnête menuisier du bourg (Pourrat,Gaspard, 1922, p.165).
Avoir les ongles croches (arg.) ou les ongles crochus. Être avare ou malhonnête. On dit d'un avare ou d'un voleur qu'il a les ongles crochus; métaphore qui s'explique d'elle-même (France1907).V. croche1A:
3. C'est dans cette dernière pièce que nous reçut le capitaliste d'Oscar, jeune homme de trente ans environ, élégant et poli, n'ayant dans les formes rien d'usuraire, ni les ongles crochus, ni les lèvres pincées, ni l'oeil caverneux. Reybaud,J. Paturot, 1842, p.423.
Rem. Dans l'ex. supra, l'expr. demeure descriptive tout en prenant valeur de symbole.
L'ongle du lion. La marque, l'empreinte de la supériorité, du génie, plus rarement, d'une puissance matérielle qui détruit. J'ai lu Mirabeau et reconnu l'ongle du lion (Lamart.,Corresp., 1834, p.21).J'allai à Saint-Cloud, M. Daru me rendit le manuscrit, çà et là déchiré marqué ab irato de parenthèses et de traces au crayon par Bonaparte: l'ongle du lion était enfoncé partout (Chateaubr.,Mém., t.2, 1848, p.267).
[Dans divers cont. métaph. où les ongles désignent quelque chose qui blesse, serre douloureusement, laisse une empreinte physique ou morale] Depuis huit jours qu'il avait senti les ongles du mal se desserrer un peu, sa tête fatiguée, vide, n'agitait qu'une seule pensée (Duranty,Malh. H. Gérard, 1860, p.233).Au dehors souffle une bise aiguë; sous de triples manteaux le passant, dans la rue, sent les ongles du froid (Murger,Nuits hiver, 1861, p.96):
4. Tu crois vivre toujours, sans qu'à ton front splendide Le temps avec son ongle ose écrire une ride? Gautier,Poés., 1872, p.267.
B. − P. anal.
1. Crochets de fer constituant un instrument de torture. Ces milliers de chrétiens attachés à des gibets, brisés par des roues, déchirés par des ongles de fer (Chateaubr.,Martyrs, t.1, 1810, p.85).Je me roulais sur les épines des aloès, les ongles de fer de ma discipline ne dérougissaient plus (Flaub.,Tentation, 1849, p.207).
P. métaph. J'ai le coeur dans un étau, dans ces diaboliques ongles de fer qui me torturèrent dès l'enfance (Bloy,Journal, 1892, p.38).
2. OPHTALMOLOGIE
a) ,,Pellicule qui commence en forme d'ongle ou de croissant vers l'angle interne de l'oeil et qui s'étend peu à peu jusque sur la prunelle`` (Ac.). Synon. onglet.
b) ,,Amas de pus entre l'iris et la cornée qui produit une tache de la forme d'un croissant`` (Ac. 1935; ds Ac. 1798-1878).
REM.
Ongulaire, adj.Relatif à l'ongle, au sabot. Chez les boeufs de travail, les altérations ongulaires sont redoutables, en raison à la fois du repos forcé qu'elles nécessitent et de la possibilité de complications, entraînant des boiteries persistantes (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux, 1896, p.330).
Prononc. et Orth.: [ɔ ̃:gl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Début xiies. «serre (des oiseaux de proie)» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1012); 2. 1121-34 «griffe des mammifères carnassiers (ici loup)» (Ph. de Thaon, Bestiaire, 40 ds T.-L.); 3. 1remoitié xiies. «sabot des ongulés» (Psautier Oxford, 68, 36, ibid.); d'où 4. loc. fig. qui s'appliquent à des hommes a) 1606 [avoir] bec et ongles (Nicot); b) 1611 coniecturer le lion par les ongles (Cotgr.); c) 1863 ouvrir l'ongle (Vigny, Destinées, p.168). II. 1. Ca 1130 «partie cornée qui chez l'homme revêt l'extrémité des doigts et des orteils» (Lois Guillaume, éd. J. E Matzke, 11: al ungle del petit dei); d'où 1370 ronger ses ungles (Oresme, Eth., 203 ds Littré); 1580 fig. (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, 26, p.146: m'estre rongé les ongles à l'estude d'Aristote); 2. a) xives. rongnier bien près les ongles à qqn (Lett. de Marcel ds Hist. de Flandre, t.II, p.390 ds Littré); b) 1842 avoir les ongles crochus «trait physique caractérisant un usurier» (Reybaud, loc. cit.); d'où 1896 «être avare, rapace» (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.); 3. loc. avec valeur superl. a) 1606 sur l'ongle «parfaitement» (Hist. maccar. de Merlin Cocc., XI ds Gdf. Compl.); b) 1694 jusqu'au bout des ongles (Ac.). III. Début xives. [ms.] art vétér. (Lapidaire de Berne, 1109 ds Lapidaires, éd. L. Pannier, p.142). IV. 1366 «tout instrument en forme d'ongle, de crochet, ici instrument de torture» (Mir. de st Ignace, 687 ds Mir. de N. D. par personnage, éd. G. Paris et U. Robert, IV, 97). Du lat. ŭngŭla «serre, griffe, sabot, ongle», dér. du lat. unguis «ongle» qui a disparu relativement tôt étant donné son absence dans les lang. rom. (v. FEW t.14, p.410); cet emploi de ŭngŭla est d'orig. pop., plusieurs parties du corps ayant, en lat. pop., reçu des désignations de ce genre (v. aussi jambe); jusqu'au xvies. le genre du mot est le plus souvent fém. comme son étymon latin. Fréq. abs. littér.: 1735. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1828, b) 3191; xxes.: a) 2495, b) 2607.