| OMETTRE, verbe trans. A. − Ne pas faire ou ne pas mentionner, par oubli ou par négligence, quelque chose que l'on est censé faire ou mentionner. 1. Omettre + subst. ou pron. a) Cour. Oublier ou négliger de mentionner (un ou plusieurs éléments). Synon. taire, passer sous silence.Alors, elle lui conta leurs amours. Dans un flot de paroles intarissables, revivant les moindres faits, s'animant à les revivre. Elle n'omettait rien, fouillait sa mémoire, ainsi que pour une confession (Zola,Rêve,1888, p.137): 1. Une académie serait utile, composée d'une vingtaine d'écrivains −si on en trouvait vingt −ayant à la fois le sens phonétique et le sens poétique de la langue. Au lieu de rendre des arrêts par prétérition, au lieu de se borner à omettre, dans un dictionnaire inconnu du public et déjà démodé quand il paraît, les mots de figure trop étrangère, elle agirait dans le présent, et les formes refusées ou bannies par elle seraient proscrites de l'écriture et du parler.
Gourmont,Esthét. lang. fr.,1899, p.102. ♦ Emploi pronom. passif. Ce détail ne peut, ne doit pas s'omettre (Boiste1834). − [Le compl. désigne le nom d'une pers.] Oublier de citer (quelqu'un) dans un texte, une énumération où il aurait dû logiquement trouver sa place. Il lui témoigna son aversion, en l'omettant dans son testament, où il faisait des legs à tous ses amis (Michelet,Hist. romaine,t.2, 1831, p.205).Cher vieux, Vallette me dit que je t'ai omis sur la liste des envois (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1897, p.299). b) Oublier quelque chose de manière généralement involontaire. En débouchant chez MM. Lafitte et Caillard, je m'aperçus que j'avais omis ma valise (Labiche,Deux papas,1845, i, 3, p.388).Mais la contrariété d'avoir omis cette brosse persista jusqu'à ce que le cocher, en s'arrêtant, rompit la chaîne de ces réminiscences et de ces regrets (Huysmans,À rebours,1884, p.172). c) Littér., emploi pronom. réfl. S'oublier, faire acte d'abnégation. Tous ces travailleurs (...) ont une similitude, et la voici: le désintéressement. Marat s'oublie comme Jésus. Ils se laissent de côté, ils s'omettent, ils ne songent point à eux (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.856). 2. Omettre de + inf., omettre que + ind.Oublier, négliger de faire ou de mentionner quelque chose, délibérément ou non. Je viens vous souhaiter votre fête. Ce qui est bizarre, c'est que vous ayez omis de m'inviter (Hermant,M. de Courpière,1907, i, 11, p.10).Sans omettre que ces forages de tunnels minaient le sol dans tous les sens et menaçaient Paris d'effondrement (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.30). B. − Excepter, exclure. 1. [Le compl. désigne une pers.] :
2. Jusqu'alors j'avais tout incliné, vu tous s'incliner devant moi (si j'omets Dédale; mais il était mon aîné de beaucoup. Au surplus, même Dédale me fut soumis).
Gide,Thésée,1946, p.1450. − Emploi pronom. S'omettre de + subst.S'exclure (de): 3. ... on était agacé d'entendre accuser tout le monde, et probablement bien souvent sans aucune espèce de preuves, par quelqu'un qui s'omettait lui-même de la catégorie spéciale à laquelle on savait pourtant qu'il appartenait et où il rangeait si volontiers les autres.
Proust,Temps retr.,1922, p.787. 2. [Le compl. désigne un inanimé] V. omis I B.Si l'on omet les théâtres qui, de toute tradition, ne ferment pas et continuent, les vacances, à jouer leur répertoire (Mallarmé,Dern. mode,1874, p.722). Prononc. et Orth.: [ɔmεtʀ
̭], (il) omet [ɔmε]. Ac. 1694: obmettre; 1718: obmettre ,,quelques-uns prononcent et écrivent omettre``; dep. 1740: omettre. Étymol. et Hist. 1. 1337 omettre «laisser de côté quelque chose» (Saint-Hilaire, Arçay, A. Vienne ds Gdf. Compl.); 2. 1907 subst. masc. (Nouv. Lar. ill. Suppl.: omis. Terme employé pour désigner les jeunes gens qui, par omission, n'ont pas été inscrits sur les tableaux de recensement de leur classe). Empr., d'apr. mettre*, au lat.omittere «laisser aller; renoncer à», comp. de ob «devant» et mittere «envoyer, laisser aller». Fréq. abs. littér.: 283. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 387, b) 491; xxes.: a) 367, b) 387. |