| OMBREUX, -EUSE, adj. A. − 1. a) Synon. de ombragé (v. ce mot II A).Chemin ombreux; allée, vallée ombreuse. Les tilleuls entrelaçaient leur feuillage ombreux et touffu (...). Il n'y pénétrait qu'un jour faible et doré (Karr,Sous tilleuls,1832, p.31).Assis sur le bout ombreux d'un banc aux trois quarts trempé de soleil, M. Bergeret oubliait, sous les arbres (A. France,Orme,1897, p.143).Ce dessous de l'herbe ombreux et vert, plein d'humidité et d'ombres (Giono,Joie demeure,1935, p.300). b) Synon. de ombré (v. ce mot II A 1 b).L'échancrure ombreuse des corsages (Faure,Hist. art,1921, p.113).L'intimité de la pièce ombreuse (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.97). 2. P. méton. a) [En parlant d'un tableau, etc.] Où l'ombre, les ombres prédomine(nt). Ce qui rattache Whistler (...) à Velasquez, c'est (...) le choix d'une harmonie ombreuse où frissonnent quelques lueurs d'argent et d'or (Mauclair,De Watteau à Whistler,1905, p.306).Meule jaune-clair définie par deux lignes (...) pour devenir, côté éclairé, un cône jaune-orangé-clair se profilant sur un fond vert foncé, et, côté ombreux, un hémisphère gris-violet, se découpant sur fond clair (Lhote,Peint. d'abord,1942, p.14). b) Littér. Qui caractérise, évoque l'ombre. La chambre silencieuse Dégage une odeur ombreuse De feuillage et de lilas (Claudel,Poés. div.,1952, p.841). B. − P. anal., rare. Synon. de ombrageux (v. ce mot A, p.anal.).Vos yeux dardent toujours sous leurs ombreuses franges L'or acéré de leurs regards (Cros,Coffret santal,1873, p.54). C. − Au fig. 1. Rare. Pudique, prompt à s'effaroucher. Synon. ombrageux (v. ce mot B 2 a).Coeurs ombreux De pudeur belle et rude (Jouve,Trag.,1922, p.105). 2. Indistinct, secret, ignoré. [Le public] a su l'Ode à la Colonne, l'Ode à l'Arc de Triomphe, mais il ignore les parties mystérieuses, ombreuses, les plus charmantes de Victor Hugo (Baudel.,Art romant.,Th. Gautier, 1859, p.460).Aux gouffres ombreux et scintillants de la sieste, où l'intelligence ne se déplace qu'au ralenti (...) où les contacts sont flous et les lumières équivoques et dorées (Arnoux,Calendr. Fl.,1946, p.178). REM. Ombreusement, adv.De manière ombreuse, avec des ombres. Une faille ravineuse (...) glissait, ombreusement, furtivement, vers la rivière (Gide,Si le grain,1924, p.427). Prononc. et Orth.: [ɔ
̃bʀø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1694, puis dep. 1835. Étymol. et Hist. a) xiiies. [ms.] «où il y a de l'ombre» (Continuation de Perceval, ms. P. 31756, éd. W. Roach, t.4, p.481); b) 1542 fig. «sombre» (Trad. de la Genese d'Aretin, p.14 ds Gdf. Compl.: umbreux augure). Du lat. umbrosus «ombragé; sombre; qui donne de l'ombre» (de umbra, v. ombre). Fréq. abs. littér.: 146. Bbg. Gohin 1903, p.317. |