| OISON, subst. masc. A. − Petit de l'oie sauvage ou domestique. Le regard oblique d'une oie sur les sept oisons qui la suivent (Renard,Journal,1904, p.901). ♦ Oison bridé. Oison auquel on a placé une plume dans les ouvertures de la partie supérieure du bec, pour l'empêcher de passer à travers les haies. (Dict. xixeet xxes.). − P. méton. Chair de cet animal. Je vous pourrais montrer à Amiens plus de quatorze vieilles rôtisseries bien odorantes (...) j'aimerais voir un bon et gros oison en broche (A. France,Rabelais,1909, p.104). B. − P. compar. ou p. anal., péj. ♦ Loc. Se laisser plumer comme un oison. Se laisser dépouiller: . Ses résignations, à lui, me font bouillir; pas moyen de l'amener à se défendre; il s'est laissé plumer comme un oison, disant merci à tous ceux qui voulaient bien prendre, et prenaient au nom du Seigneur.
Gide,Caves,1914, p.771. ♦ Oison (bridé). Jeune personne niaise, facile à mener. Qu'est-ce à dire, oison bridé? (Sand,Hist. vie,t.3, 1855, p.326).Ce niais couronné, cet oison, valait-il qu'on se donnât tant de peine à gouverner pour lui son royaume? (Druon,Louve Fr.,1959, p.117).Quel novice, quel oison fais-tu encore, quoique tu te prétendes recuit et trempé par un malheureux demi-siècle (Arnoux,Visite Mathus.,1961, p.166). REM. 1. Oisonne, subst. fém.,péj. Jeune fille peu intelligente, sotte. Mais, petite oisonne, (...) à quoi cela te servirait-il de te noyer? C'est bête comme tout la mort (Huysmans,Marthe,1876, p.74).Emploi adj., hapax. [En parlant d'une chose] Bête. [Manette] avait la virginité bête et heureuse d'impressions, l'allégresse un peu oisonne de la Parisienne à la campagne (Goncourt,Man. Salomon,1867, p.237). 2. Oisonnerie, subst. fém.Simplicité excessive, qui confine à la bêtise. Avec le vide de sa vie en place et son lointain provincialisme dans le département de Seine-et-Oise, Saint-Gratien ressemble à une petite cour tombée en enfance. L'oisonnerie de Mmede Galbois s'étale tout à son aise (Goncourt,Journal,1877, p.1200). Prononc. et Orth.: [wazɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. Ca 1230 «petit de l'oie» (Gaydon, 276 ds T.-L.); 1532 oison bridé (Rabelais, Pantagruel, XIX, éd. V.-L. Saulnier, p.158); 2. 1585 oison coiffé «personne très crédule, facile à mener» (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.2, p.258); 1588 oison «id.» (Montaigne, Essais, III, 7, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.916); 1611 oison bridé «id.» (Cotgr.). Réfection, d'apr. oiseau*, de l'a. fr. osson (xves. ds Gdf., s.v. oison), qui s'est maintenu dans les parlers de l'Est, FEW t.1, p.172a, et qui est issu du b. lat. *aucio, -onem, dér. de auca (v. oie). Cf. auciun «petit de l'oie» dès le viiie-ixes. ds les Gl. de Cassel (Bartsch Chrestomathie 1, 16). Fréq. abs. littér.: 52. Bbg. Lerat (P.). Le Ridicule et son expr. ds les comédies fr. de Scarron à Molière. Lille, 1980, pp.117-118. |