| OISEAU, subst. masc. I. A. − Animal ovipare appartenant à la classe des vertébrés tétrapodes, à sang chaud, au corps couvert de plumes, dont la tête est munie d'un bec corné dépourvu de dents, dont les membres postérieurs sont des pattes et les membres antérieurs des ailes, ce qui le rend le plus souvent apte au vol. Croupion, gésier, jabot, oeuf, plume d'oiseau; bande, volée d'oiseaux; baguage des oiseaux; marchand d'oiseaux; piège à oiseaux; l'oiseau becquète; l'oiseau chante, crie, picore, siffle; l'oiseau vole; attraper, élever des oiseaux; oiseau apprivoisé, domestique, de basse-cour. Raboliot arriva comme déja elle [la buse] «finissait», les yeux mi-clos, les ailes raidies d'une contraction dernière. Il ramassa l'oiseau, un bel oiseau brun de plumage, taché de blanc. Du sang coulait à la pointe du bec; les serres noires et brillantes se repliaient, inertes, au bout des pattes vernies de jaune (Genevoix, Raboliot,1925, p.299): 1. Les ornithologistes auront également les moyens de satisfaire amplement leur curiosité; car ils y trouveront [en Louisiane] des oiseaux de toutes les grandeurs, dont le plumage est varié à l'infini, et depuis l'oiseau-mouche jusqu'à l'aigle, ou jusqu'au vautour, il y a des degrés incalculables à parcourir.
Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p.174. − ORNITH. Les oiseaux, ou l'oiseau, au sing. à valeur coll. Cette classe des vertébrés. Le bec des oiseaux est susceptible de mouvements beaucoup plus compliqués que les mâchoires des quadrupèdes; puisque non seulement le bec supérieur se meut plus ou moins sur la tête, mais que les parties de ce bec se meuvent les unes sur les autres (Cuvier, Anat. comp., t.3, 1805, p.60).Le squelette de l'Oiseau est très spécialisé et homogène dans ses caractéristiques, car il est organisé pour permettre le vol (Zool.,t.4, 1974, p.331 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ [Espèces] Oiseaux aquatiques, marins, terrestres; oiseaux migrateurs, de passage, voyageurs; oiseaux coureurs, grimpeurs, plongeurs, sauteurs; oiseaux de proie; oiseaux diurnes, nocturnes. Il est fréquent chez les Oiseaux coureurs (...), marcheurs (...) ou nageurs (...) de voir le pouce [des membres postérieurs] très réduit, parfois vestigial, voire absent (Zool.,t.4, 1974p.335). 1. En partic. a) [Espèces] V. oiseau-chameau, oiseau-chat, oiseau-lyre, oiseau-moqueur, oiseau-mouche. ♦ Oiseau des îles*; oiseau de paradis*. ♦ Oiseau royal. ,,Espèce du genre grue`` (Littré). HIST. DE LA MODE, loc. adj. ou adv. À l'oiseau (royal). Avec des plumes d'oiseau (dans la coiffure). Le gaillard rendait rêveuses des douairières coiffées à l'oiseau (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p.128).Une perruque à l'oiseau royal, aux ailes de pigeon, qui se terminait par une queue nouée (Morand, P. de Saligny,1947, p.122). ♦ Oiseaux des tempêtes. Groupe d'oiseaux voisins des pétrels. Les Hydrobatidae, très proches des Pétrels, groupent de petits Oiseaux dits «Oiseaux des tempêtes» répandus dans toutes les mers (Zool.,t.4,1974,p.479 [Encyclop. de la Pléiade]).Au sing. à valeur générique. L'oiseau des tempêtes, de la taille d'une hirondelle, au corps noir brunâtre avec une tache blanche au-dessus de la queue (Rouch,Régions polaires,1927,p.193). b) Spécialement − FAUCONN. Oiseau dressé pour la chasse. Oiseau niais; porter, faire voler l'oiseau. Un jour qu'elle allait chasser à l'oiseau, doña Maria d'Avalos vit le duc d'Andria (France, Puits ste Claire,1895, p.272). ♦ Oiseaux de leurre. ,,Les faucons, les gerfauts et en général tous ceux qui servent à la haute volerie ou à la fauconnerie proprement dite et qui sont dressés à revenir au leurre`` (Ac.). ♦ Oiseaux de poing. Oiseaux ,,qui sont dressés à revenir sur le poing tels que les vautours et les éperviers`` (ibid.). ♦ Loc. verb. fig. vieillie. Être battu de l'oiseau. Être abattu par des malheurs ou des revers. Il se présente dans tout son livre comme si mécontent, si battu de l'oiseau, (...) qu'il est impossible de ne pas voir dans tout cela une disposition morale existante (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.3, 1862, p.46). − HÉRALD. ,,On nomme oiseau dans l'écu, celui dont on ne peut désigner l'espèce, on dit d'un oiseau becqué, langué, membré lorsque son bec, sa langue et ses jambes sont d'un autre émail que son corps`` (Grandm. 1852). − HIST. ROMAINE. Oiseau de bon, de mauvais augure. Oiseau qui, selon certaines croyances antiques, annonçait un événement heureux ou malheureux. Le Romain (...) ne sort jamais de chez lui sans regarder s'il ne paraît pas quelque oiseau de mauvais augure (Fustel de Coul., Cité antique, Paris, Hachette, 1885 [1864], p.255). − MYTH., POÉS. ♦ L'oiseau de Junon. Le paon. Le Grec, pour encadrer, humaniser le paysage, élève ces gradins du théâtre qui s'épanouissent pareils à la roue de l'oiseau de Junon (Mauriac, Journal 2,1937, p.194). ♦ L'oiseau de Jupiter. L'aigle. Que de fois j'enviai l'oiseau de Jupiter, Qui, traversant vos flots de ses rapides ailes, Superbe, prend l'essor aux voûtes éternelles (Delille, Trois règnes nature,1808, p.67). ♦ L'oiseau de Minerve. La chouette. Les méchants, en forçant Marat à se cacher dans les trous, en avaient fait un oiseau de nuit, l'oiseau de Minerve (France, Dieux ont soif,1912, p.247). ♦ L'oiseau de Vénus. La colombe. Les oiseaux de Vénus autour de ma fenêtre Du plus chéri des mois proclament le retour! (Lamart., Méditations,1820, p.212). − P. métaph. Shakespeare aimait, mais il ne croyait pas plus à l'amour qu'il ne croyait à autre chose; une femme pour lui était un oiseau, une brise, une fleur, chose qui charme et passe (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.191). 2. Expr. et loc. fam. a) [fondées sur la légèreté, l'insouciance de l'oiseau] ♦ Avoir un appétit d'oiseau, manger comme un oiseau. Manger très peu. À cet âge-là, on est bête, on n'aime rien, on mange comme un oiseau (A. France, Crime,Paris, Calmann-Lévy, 1900 [1881], p.225). ♦ Baiser d'oiseau. Baiser tendre et léger. Elle se pencha, vite, très vite, et mit sur la tempe du jeune homme un baiser d'oiseau, une caresse imperceptible (Duhamel, Combat ombres,1939, p.187). ♦ Chanter comme un oiseau. Être très joyeux. Je l'ai mise sur le lit. Elle chantait comme un oiseau (Jouve, Scène capit.,1935, p.123). ♦ Être, vivre comme l'oiseau sur la branche*. ♦ Cervelle, tête d'oiseau. Esprit léger, insouciant, étourdi. Les idées de vengeance ne tenaient guère, avec sa cervelle d'oiseau (Zola, Nana,1880, p.364).V. cervelle ex.11. ♦ Léger, légère comme un oiseau. Qui semble voler comme un oiseau. Elle glissa le long des larges corridors (...), heureuse et légère comme un oiseau (L. de Vilmorin, Lit à col.,1941, p.262). ♦ Libre comme un oiseau dans l'air. Sans aucune entrave. Te voilà libre encore une fois comme un oiseau dans l'air (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p.104). ♦ Vivre en oiseau, comme un oiseau. Vivre avec insouciance, sans se préoccuper du lendemain. Le lendemain n'existait pas, elle vivait en oiseau, sûre de manger, prête à coucher sur la première branche venue (Zola,, Nana,1880p.1357). b) Familier ♦ Donner à qqn des noms d'oiseaux. Injurier, insulter quelqu'un. V. nom II A 1. ♦ Le petit oiseau va sortir! [Formule plaisante par laquelle le photographe demande à ceux qu'il photographie, de ne plus bouger et de fixer l'objectif]: 2. Du plus loin qu'il nous voyait, il se «plaçait», pour obéir aux injonctions d'un photographe invisible: la barbe au vent, le corps droit, les pieds en équerre, la poitrine bombée, les bras largement ouverts. À ce signal je m'immobilisais, je me penchais en avant, j'étais le coureur qui prend le départ, le petit oiseau qui va sortir de l'appareil...
Sartre, Mots,1964, p.16. 3. Loc. adv. a) À vol d'oiseau
α) En ligne droite, sans suivre de détours. −Où sont les tranchées bulgares? demanda le père Dubreuil. −Trois mille deux par le ravin, deux mille sept à vol d'oiseau (Vercel, Cap. Conan,1934, p.200).
β) En regardant de très haut, selon une perspective aérienne. Quand la clarté du jour se fera, on distinguera au fond de la perspective de toute une contrée vue à vol d'oiseau (Valéry, Variété III,1936, p.125). − P. métaph. [Venise] Le luxe se cache et la gaiété met des sourdines: cela rend difficiles les observations de moeurs à vol d'oiseau (Gautier, Italia,1852, p.297). b) À vue d'oiseau. Synon. vieilli (supra
β).Un plan à vue d'oiseau (Ac.). c) Aux oiseaux (vieilli). Très bien. Il est meublé aux oiseaux (Larch. 1858, p.618). 4. Proverbes. Il a battu les buissons* et un autre a pris les oiseaux. La belle cage* ne nourrit pas l'oiseau. Il vaut mieux être oiseau de campagne qu'oiseau de cage*. Petit à petit l'oiseau fait son nid. ,,On arrive progressivement à un résultat, à faire fortune, etc.`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). À chaque oiseau son nid est beau. ,,Chacun trouve beau ce qui lui appartient`` (Ac. 1935). B. − P. anal. 1. Péj. Individu. Il reviendra à la reprise de l'audience. Qu'est-ce que tu peux bien avoir à lui dire à cet oiseau-là? (A. France, Crainquebille,1905, 3etabl.). ♦ Un drôle d'oiseau, un vilain oiseau. Un individu peu recommandable, déplaisant. Qu'est-ce que Suzanne, qui est intelligente et jolie, peut aimer dans ce vilain oiseau?... c'est incompréhensible (Gyp,Raté,1891, p.151): 3. Un drôle d'oiseau [Ucello], entre nous, capable de fraterniser un jour, au Louvre, avec notre peintre, tellement dur et tendre qu'il combine en sa personne les longues dames des tapisseries à la Licorne et les Chevaliers considérables d'un tournoi.
Cocteau, Poés. crit. I,1959, p.262. 2. a) Oiseau de malheur, de mauvais augure. [P. réf. à l'ornithomancie antique] Personne dont la présence annonce ou provoque quelque chose de fâcheux. Sturel gardait les yeux fichés à terre, pendant que le chef se rangeait ainsi à des vues sur lesquelles, deux mois auparavant, il le traitait d'oiseau de malheur (Barrès, Appel soldat,1900, p.437).Ne joue pas les oiseaux de mauvais augure (Vailland, Drôle de jeu,1945, p.45). b) Souvent iron. Oiseau bleu, oiseau rare. Personne (plus rarement chose) impossible à trouver, possédant des qualités idéales. Je crois que nous avons déniché l'oiseau rare, disait Louise (Dabit, Hôtel Nord,1929, p.176).Rirette pensait au bonheur, à l'oiseau bleu, à l'oiseau du bonheur, à l'oiseau rebelle de l'amour (Sartre, Mur,1939, p.107). 3. Oiseau de passage. Personne qui ne reste pas longtemps dans le même lieu. Cette méthode offrait à Pierrotin la possibilité d'empocher le prix de deux places pour une, quand un habitant du pays venait demander de bonne heure une place appartenant à un oiseau de passage qui, par malheur, était en retard (Balzac, Début vie,1842, p.305). 4. Oiseau de nuit. Personne qui veille quand les autres dorment. Il est onze heures, la plupart des lits sont vides: les oiseaux de nuit ont déniché (L. Barron, Paris étrange, in La Vie pop., 16avr.1882, p.117 ds Quem. DDL t.25). 5. Expr. L'oiseau s'est envolé. [En parlant d'un prisonnier ou d'une pers. recherchée par la police; p. ext. en parlant d'une pers. que l'on comptait rencontrer] Il n'y a plus personne. Anton. prendre, trouver l'oiseau, la pie au nid*.Un beau matin, à leur réveil, les villageois trouvent la porte de leur église ouverte et l'église vide: l'oiseau s'est envolé (Sartre, Diable et Bon Dieu,1951, ii, 5etabl., 4, p.167). II. − TECHNOL. ,,Sorte de caisse ouverte que les maçons emploient pour transporter le mortier à dos`` (Chabat 1881). ,,Chevalet dont les couvreurs se servent pour poser une planche et former un échafaud sur un toit`` (Chabat 1881). REM. Oisel, subst. masc. var. anc. rare et littér.V. oiselle ex. de Moréas.Au fig. Le coeur de ma mie Est un val fleuri Où chante l'oisel de mon rêve (Privas, Chans. sent.,1906, p.129). Prononc. et Orth.: [wazo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 oisel ornith. (Roland, éd. J.Bédier, 1616); ca 1165 oiseaus plur. (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6752 ds T.-L.); b)1771 à vol d'oiseau «en ligne droite» (Trév.); 2. a) α) fin du xives. «individu» (Froissart, Chroniques, éd. L.Mirot, t.12, p.167, 20);
β)1665 rare oiseau (La Fontaine, Joconde, 136 ds OEuvres, éd. Ad.Régnier, t.4 p.75); 1829 oiseau rare (Béranger, Chans., t.2, p.156);
γ)1883 drôle d'oiseau (Delvau); 3. 1872 se donner des noms d'oiseaux (Larch., p.184, avec citat. d'aut.). B. 1. 1358-59 maçonn. (Doc. ds Delaville-Le-Roux, Registre des comptes municipaux de la ville de Tours, RegistreI, p.47, §244); 2. 1832 «sorte d'auge à l'usage des couvreurs, des ardoisiers» (Raymond). Du b. lat. aucellus «oiseau» (cf.TLL), forme syncopée de *avicellus, dimin. de avis «oiseau». Oiseau, terme de maçonn., a prob. subi l'infl. de auge* et ses dér. (cf. aubjoel «id.», 1290 ds Gdf. Compl. et augeot «id.», Boiste 1808, s.v. oiseau, v. aussi FEW t.24, p.380b). Fréq. abs. littér.: 9928. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16 126, b) 18798; xxes.: a) 11944, b) 11205. Bbg. Chautard Vie étrange Arg. 1931, p.451. −Gilliéron (G.). Pathol. et thérap. verbales. Paris, 1921, pp.53-66. −Quem. DDL t.1, 6, 18. |