| OFFICIEL, -ELLE, adj. et subst. I. A. − ADMIN. PUBL. 1. a) Qui émane du gouvernement ou d'une autorité administrative reconnue. Synon. (partiel) gouvernemental.Quatre volumes de pièces officielles relatives aux opérations militaires et aux relations diplomatiques qui ont précédé les événements de 1814 (Delécluze, Journal, 1827, p.375).Les décrets, règlements, décisions et toutes les insertions aux bulletins officiels, dégelés, se fluidifièrent (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.427).Ni les journaux ni l'agence Ransdoc n'avaient reçu de communication officielle des statistiques de la maladie (Camus, Peste, 1947, p.1280). SYNT. Acte, avis, communiqué, décret, démenti, document officiel; décision, dépêche, lettre, note, notification, politique officielle; textes officiels; propositions, statistiques officielles; recueil officiel des lois. − Candidature* officielle. Candidat officiel. Personne dont la candidature est proposée par le gouvernement, par le chef d'État. Le préfet des Deux-Sèvres, avait osé se servir de son projet comme de manoeuvre électorale en faveur du nouveau candidat officiel (Zola, E. Rougon, 1876, p.143).Paul de Cassagnac lui a souvent reproché d'avoir été le candidat officiel de l'impératrice (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.415). − Journal* officiel, p.ell. emploi subst. masc., l'Officiel. En arrivant à la Chambre, on apprenait (...) la signature du décret qui a paru à l'Officiel de ce matin (Vogüé, Morts, 1899, p.337). b) P. méton.
α) Qui est employé pour la rédaction des textes administratifs, qui caractérise ce type de texte. Style officiel et administratif; expression, tournure officielle. (Ds Rob.). ♦ Langue officielle. V. langue II A 1. − P.anal. [En parlant d'une manière de s'exprimer, d'un style d'écriture] Froid et conventionnel. Prendre un ton officiel. Si le langage [d'une tragédie en prose], au lieu d'être épique et officiel, est simple, vif, brillant de naturel, sans tirades (Stendhal, Racine et Shakspeare, t.1, 1825, p.96).
β) Qui abrite des services de l'administration publique. Des rampes de gaz flambaient autour des bâtiments officiels, la sous-préfecture, la mairie, dessinant des inscriptions (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p.49). 2. a) Qui est certifié par l'autorité publique ou une autorité compétente. Anton. officieux (v. ce mot I B 1 a β).Nomination, nouvelle officielle. En 1849, il s'est importé en Grèce pour 1092 690 drachmes de bois de construction. Ces faits sont authentiques, ces chiffres officiels: quelles conséquences en peut-on tirer? (About, Grèce, 1854, p.129).J'avais juré de ne te rien dire. Cela ne sera pas officiel [une décoration] avant un mois ou six semaines (Maupass., Contes et nouv., t.1, Décoré, 1883, p.427). − P.ext., fam. Qui est absolument établi. Synon. incontestable, indéniable, indiscutable.Une chose officielle (Ac.1878).C'est bien la lanterne qui a mis le feu. Une certitude officielle (Pourrat, Gaspard, 1931, p.19). b) En partic., avec une nuance péj. et en impliquant des réserves. Qui est présenté comme vrai par l'autorité publique ou une autorité reconnue. La voix (...) m'avertissait formellement, accentuait syllabe après syllabe une version officielle [de la rupture d'une négociation de contrat] définitivement arrêtée (Gracq, Syrtes, 1951, p.127).V. affilée ex. 11: 1. D'année en année, de mois en mois parfois, la Pravda se corrige elle-même, les éditions retouchées de l'histoire officielle se succèdent, Lénine est censuré, Marx n'est pas édité.
Camus, Hommes rév., 1951, p.291. B. − 1. [En parlant d'un acte de la vie privée, d'un comportement] a) Qui se fait de manière publique ou qui est rendu public en respectant certaines règles. Anton. officieux (v. ce mot I B 1 b).Fiançailles officielles. Clélia avait grandement raison d'être triste, c'était une sérénade que lui donnait le marquis Crescenzi; une démarche aussi publique était en quelque sorte l'annonce officielle du mariage (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.313).On présuma que la demande officielle de la main de Cécile allait se faire (Balzac, Cous. Pons, 1847, p.90). b) P. anal.
α) Qui est connu de tous sans avoir été rendu public. Synon. flagrant, notoire, patent, reconnu.Leur vice était public, officiel, patent (Maupass., Contes et nouv., t.1, Femme de Paul, 1881, p.1221).Elle opinait qu'une liaison officielle avec Solange serait pour lui une chaîne beaucoup plus lourde que le mariage (Montherl., Démon bien, 1937, p.1312).
β) Avec une nuance péj. Qui est affiché tout en étant dépourvu d'authenticité. Synon. de façade (v. ce mot C).Cette amabilité officielle de secrétaire d'ambassade ou d'hôtelier suisse... (Martin du G., Devenir, 1909, p.13).La charité offre-t-elle plus de ressources aux femmes? Que de déboires elle réserve à celles qui ont une âme trop sincère pour se satisfaire de la charité officielle ou mondaine (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1227). 2. [En parlant de l'application d'un ensemble de préceptes] Qui est consacré par l'usage ou la tradition et qui fait autorité tout en manquant parfois d'originalité. Art officiel; culture, morale officielle. L'expérience victorieuse de l'eau de noyer me confirme dans ma défiance des remèdes minéraux et dans ma circonspection avec la médecine officielle (Amiel, Journal, 1866, p.345).L'Église officielle avait dû composer ici autrefois avec les hérésies (Gracq, Syrtes, 1951, p.188): 2. Il y a deux littératures: ... une littérature officielle, écrite, conventionnelle, professée, cicéronienne, admirative; l'autre orale, en causeries de coin de feu, anecdotique, moqueuse, irrévérente, corrigeant et souvent défaisant la première...
Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p.127. II. A. − [En parlant d'une pers.] 1. a) Qui fait partie du gouvernement ou qui représente légalement, à l'échelon national ou local, l'autorité publique; qui a été désigné par une autorité compétente. Anton. officieux (v. ce mot I B 2).Porte-parole, représentant officiel du gouvernement; agent officiel d'une société; personnages officiels. Un groupe d'hommes graves, gens très décorés, messieurs officiels à têtes blêmes et muettes (Zola, Curée, 1872, p.335).Les ingérences publiques des agents officiels britanniques (...) ont cessé au moins momentanément (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.467).Léo Szilard, dont le génie est toujours de quelques années en avance, obsédé par la crainte que l'Allemagne ne gagne la course atomique, essaie d'intéresser les milieux officiels à ces problèmes (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.32). − Emploi subst. masc. Membre du gouvernement ou de l'administration à l'échelon national ou local. Cortège, entrée, tribune des officiels. J'aperçois Conan au premier rang des officiels (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.36).Ces réformes qui lui concilient les officiels du parti (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.46).Le général Marshall, M. Caffery, nous accueillirent à l'aérodrome au milieu d'un nombreux concours d'officiels, de curieux, de journalistes (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.209). ♦ En partic. Personne chargée d'organiser une manifestation sportive et de veiller à son déroulement. (Dict. xxes. excepté Ac.). La tribune des officiels. b) Qui est proche du gouvernement, en partic. qui soutient les thèses gouvernementales ou qui est reconnu par les pouvoirs publics. Écrivain officiel; salons officiels. Une certaine nervosité régna dans les sphères officielles (Joffre, Mém., t.1, 1914, p.208).Les penseurs officiels du régime semblent ne pas s'apercevoir que la condition humaine est complètement changée par les progrès récents des techniques (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.169). 2. P.anal. a) Qui est reconnu pour tel à l'exclusion d'autres ayant le même emploi ou jouant le même rôle. Synon. attitré, en titre.Il mettait sa dernière dignité à rester «monsieur» pour les domestiques et les familiers de la maison, l'homme qui, donnant le plus, était l'amant officiel (Zola, Nana, 1880, p.1458). b) Qui représente la tendance, l'école faisant autorité. Un assez vilain recueil des paradoxes soutenus par des marxistes officiels à ce sujet (Sorel, Réflex. violence, 1908, p.339).Le sens de l'entreprise d'Orsay est de ne pas se limiter aux chefs-d'oeuvre, de présenter aussi les peintres «officiels» interdits de cimaise depuis 1945, et certains artistes secondaires, tels Victor Gilbert ou Jules Adler (Le Monde, 24 juin 1983, p.17). − Emploi subst. , domaine des Beaux-Arts.Claude Monet qui expose maintenant avec les officiels (Huysmans, Art mod., 1883, p.109). B. − P.méton. [Correspond à supra A 1] 1. [En parlant d'un bien matériel] Dont un membre du gouvernement ou une autorité administrative dispose dans le cadre de ses fonctions; qui se rattache à la fonction de ces personnes. Portrait officiel; voiture officielle; macaron officiel. Le baron, dans son trouble, écrivit la lettre suivante sur son papier officiel, à têtes imprimées (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.256).À chaque instant (...) des hommes se présentaient, gantés de blanc, dans une tenue officielle (Zola, Nana, 1880, p.1190).L'homme qui m'en fait le compte est assis à son bureau officiel, en face d'un grand crucifix d'argent (Mauriac, Journal 2, 1937, p.132). 2. [En parlant d'une manifestation] Qui est présidé par un représentant du gouvernement ou de l'administration dans l'exercice de ses fonctions, qui est organisé par les autorités. Banquet, cortège officiel; soirées, visites officielles. Les réceptions de la préfecture (...) les bals officiels (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.723).Il y avait agapes officielles présidées par le ministre (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.136).La réception officielle par le chef de l'État et le gouvernement (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.18). 3. Avec une nuance iron. [En parlant d'un trait de caractère] Propre à un représentant du gouvernement ou à un responsable de l'administration. Aussi considérait-il l'autorité, l'autorité officielle, comme la plus belle chose du monde. Un chef de bureau lui semblait un être d'exception, vivant dans une sphère supérieure (Maupass., Contes et nouv., t.1, Hérit., 1884, p.468). − P.anal. Compassé et solennel, empreint de componction. Elle prit l'air suffisamment dédaigneux, officiel et enviable gardé pour les rapports avec la clientèle (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.414). Prononc. et Orth.: [ɔfisjεl]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1778 «qui émane d'une autorité reconnue; qui en a la garantie, la caution» (Courrier de l'Europe, 24 févr., III, p.125 [texte trad. de l'angl.] ds Proschwitz Beaumarchais, p.276); 1791 (Domergue, Journal de la Langue fr., t.7, p.276 ds Gohin, p.275: Ce mot [...] paraît dater de quelques années avant la Révolution: [...] nouvelles officielles, lettre officielle); spéc. 1869 Journal officiel, créé le 2 janv.; 2. 1822 «qui est rendu public conformément aux usages» ici péj. (Stendhal, Amour, p.49: Quoi de plus sot [...] que la présentation officielle et presque sentimentale du futur [it. ds le texte] à la jeune fille!); 3. 1825 dans le domaine de l'art «qui est conforme à des règles strictes» souvent péj. (Id., Racine et Shakspeare, t.1, p.96); 4. 1825 «qui fait autorité» (Brillat-Sav., Physiol. goût, p.360: La Fondue [...] J'en donnerai la recette officielle); 5. id. «qui est organisé sous la responsabilité des autorités» (Id., ibid., p.61: dîner officiel); 6. 1829 «notoire, reconnu de tous» (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., t.2, p.548: son point de départ officiel [de l'école sensualiste] est Locke); 7. 1830 «qui est nommé par une autorité, qui en dépend» (Stendhal, Rouge et Noir, p.8); 8. 1839 «qui est de façade, de commande, sans correspondre à rien de réel» (Barb. d'Aurev., Memor. 2, p.396: cette adoration officielle [à l'égard d'une femme] que j'affecte). Empr. à l'angl. official, att. au sens 1 dep. 1533, lui-même empr. au b. lat. officialis (v. NED et official). Fréq. abs. littér.: 1873. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1490, b) 2492; xxes.: a) 3364, b) 3335. DÉR. Officialisation, subst. fém.,admin. publ. Action d'officialiser; résultat de cette action. Voici quelques chiffres qui prouvent de façon plus tangible un essor [du sport scolaire] que nul ne songe à contester. Ils sont fournis par le nombre des équipes engagées (...) dans les trois dernières années, c'est-à-dire depuis l'officialisation de cet organisme [Le Comité parisien de l'O.S.S.U.] (L'OEuvre, 28 janv. 1941).− [ɔfisjalizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1933 (L'Auto, 4 août, p.1 ds Grubb Sports); de officiel d'apr. l'angl. officialization (1907 ds NED), dér. de to officialize (officialiser*), cf. Rey-Gagnon Anglic. BBG. −Dub. Pol. 1962, p.355. _Quem. DDL t.6 (s.v. art officiel). _Ranft 1908, p.72. |