| OFFENSE, subst. fém. A. − Vx ou littér. Action causant un dommage ou un trouble corporel à quelqu'un, ou portant atteinte à l'intégrité de quelque chose. Synon. dommage.Une brise s'éleva, balaya les dernières offenses infligées par l'homme à la nuit, et entra par la fenêtre ouverte (Colette,Képi,1943, p.185).Boutiquiers sourcilleux pour qui toute offense, toute égratignure aux biens meubles ou immeubles (...) représentent le comble du sacrilège (Arnoux,Roi,1956, p.352): 1. ... une glace grande comme la main, dont le cadre doré subissait l'offense des mouches depuis l'enfance de Louisxv.
A. France,Dieux ont soif,1912, p.138. B. − 1. Littér. [Gén. avec un compl. introduit par à] Acte ou parole qui porte atteinte à une chose respectée, digne de considération ou d'intérêt ou qui lèse un sentiment respectable ou légitime. Synon. attentat, outrage.Offense au bon goût, aux bonnes moeurs, à la pudeur, à l'amitié. Son discours (...) se trouve être bien moins un hommage qu'une offense à la mémoire de cet aimable Saint-Evremond (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.13, 1868, p.456).Pourquoi le vide de ma droite le choquait-il particulièrement et considérait-il [le professeur] la pointe que poussait Évariste (...) comme une offense à la symétrie, un barbarisme esthétique ? (Arnoux,Algorithme,1948, p.81): 2. ... une vaste pièce chauffée, occupée par Alcide, tenait à la fois de l'atelier de peintre et d'un magasin d'épicerie. Clotilde ne s'apercevait pas de cette offense à ses principes ascétiques, et même ne soupçonnait pas l'étrange négoce qui procurait à son fils tant de victuailles.
Chardonne,Femmes,1961, p.41. ♦ Faire offense (à qqc.). Offenser, choquer. Traitons, en un mot, les lecteurs (...) comme des auditeurs, et n'allons point, sans de fortes raisons, faire offense à leurs sympathies (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.9, 1864, p.9). 2. a) Acte ou parole portant atteinte à l'honneur ou à la dignité de quelqu'un. Synon. affront, insulte, outrage.Faire une offense à quelqu'un; expier, oublier, pardonner, réparer, venger une offense; grave, légère offense. J'ai eu tort, monsieur (...). Mais comme l'offense a été publique, il faut que la réparation le soit (Dumas père, Teresa,1832, v, 4, p.227).C'est Péguy qui, analysant vers par vers la prière d'Iphigénie, montrait qu'elle était un chef-d'oeuvre d'offense et de cruauté (Brasillach,Corneille,1938, p.289): 3. Il n'avait su lui montrer que violence et grossièreté... Rien, jamais, ne pourrait effacer l'offense de cette inconvenante poursuite!
Martin du G.,Thib.,Été 14, 1936, p.316. ♦ Faire offense (à qqn). Offenser quelqu'un. Est-ce vous faire offense, Que de venir un peu causer? (Collin d'Harl.,Vieux célib.,1792, ii, 3, p.39). − Expr. (Soit dit) sans offense. Sans vouloir vous offenser. (Dict. xxes.). Il n'y a pas d'offense à. Il n'y a pas de mal (à quelque chose). −Ah, pardon! Les deux hommes se saluèrent. −Monsieur, il n'y a pas d'offense (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, 5etabl., iii, p.194). b) DR. PÉNAL. Insulte publique, outrage envers le chef de l'État français ou un chef d'État étranger. Dans le système français, seules les offenses envers le Président de la République (...) peuvent être poursuivies d'office en l'absence de plainte préalable (Civilis. écr.,1939, p.44-15). c) RELIG. Péché considéré comme une faute qui outrage Dieu. Expier ses offenses (Ac. 1798-1878). Devant ce sang versé [par le Christ] pour nos offenses, nous devons pardonner les offenses de notre prochain qui doit de même pardonner les nôtres (Monod,Sermons,1911, p.276). Prononc. et Orth.: [ɔfɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 «parole ou action qui blesse quelqu'un dans son honneur» (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. Fr. Koenig, I Mir 10, 704); ca 1225 estre en offense de «être coupable de» (Reclus de Molliens, Charité, éd. van Hamel, 67, 4); fin xiiies.-début xives. faire offense à «nuire à, porter dommage à» (Aimé de Montcassin, Hist. des Normands, éd. V. de Bartholomaeis, livre VIII, chap. 25, p.367, 1); 1482 offense «faute, délit» (ds Rec. gén. des anc. lois fr., éd. Isambert, t.10, p.888); 1694 (Ac.: Offense faite au Prince en la personne de son ambassadeur); spéc. 1819 dr. (Loi du 17 mai sur la répression des crimes et délits commis par la voie de presse, chap. III ds Collection complète des lois, éd. J. B. Duvergier, t.22, p.149: coupable d'offenses envers la personne du roi); 1881 (Loi du 29 juillet, art. 26, ibid., t.81, p.301: L'offense au Président de la République); 2. 1295 «attaque» (Ch., Arch. Nat., Mus., vitrine 50, 298 ds Gdf.) −début xviies. (D'Aub., Hist., III, 163 ds Littré), puis rare. Empr. au lat. offensa «fait d'être choqué, offensé» et au propre «action de se heurter contre», part. passé subst. de offendere, v. offenser. Cf. l'a. et m. fr. offension «offense» ca 1175 (Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 6859: ofension) −xvies. ds Gdf. et offens «id.» 1369 (Miracle de l'empereris de Romme ds Mir. ND par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, XXVII, t.4, p.267, 752). 2 sous l'infl. du sens propre du lat. offendere, v. offenser. Fréq. abs. littér.: 515. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 777, b) 500; xxes.: a) 749, b) 808. |