| OEIL(-)DE(-)BOEUF,(OEIL DE BOEUF, OEIL-DE-BOEUF) subst. masc. A. − ARCHIT. Lucarne, fenêtre ronde ou ovale pratiquée dans la partie supérieure d'un édifice ou dans un mur. L'escalier se développait derrière de manière à laisser pour cette chambre un petit cabinet éclairé par un oeil-de-boeuf sur la cour (Balzac, U. Mirouët, 1841, p.140).En face de la fenêtre surplombant le jardin, un oeil-de-boeuf regardait la cour (Flaubert, Coeur simple, 1877, p.61): 1. Mais comment faire comprendre à des prêtres que la laideur est sacrilège et que rien n'égale l'effrayant péché de ce bout-ci, bout-là de romain et de grec, de ces peintures d'octogénaires, de ce plafond plat et ocellé d'oeils-de-boeuf d'où coulent, par tous les temps, les lueurs avariées des jours de pluie...
Huysmans, En route, t.1, 1895, p.20. B. − P. méton. Salon de l'OEil(-)de(-)Boeuf ou absol. l'OEil-de-Boeuf. Antichambre du grand appartement du roi à Versailles où se réunissaient les courtisans. Il publia, contre cette même comtesse Dubarry, un quatrain satyrique, véritable emporte-pièce, qui le fit surnommer l'Archiloque de l'oeil-de-boeuf (Fongeray, Soir. Neuilly, t.1, 1827, p.4). − P. ext. Antichambre. Accablé de fatigue, je m'assis sur les échelons d'une échelle appuyée contre le tronc d'un pommier. J'étais là dans l'oeil-de-boeuf du château de Butschirad, ou au balustre de la chambre du conseil (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.477). − P. anal. Horloge oeil-de-boeuf ou absol. oeil-de-boeuf. Horloge dont le cadran rond ou ovale rappelle la forme de la lucarne du même nom. Seules, les ménagères venues là pour laver leurs petits paquets de linge, se hâtaient, en regardant l'oeil-de-boeuf accroché au-dessus du bureau (Zola, Assommoir, 1877, p.390): 2. Pour tout mobilier [à la cantine]: le comptoir, des bancs (...) et une dizaines de tables (...) c'était là tout, avec une horloge oeil-de-boeuf dont on avait perdu la clef...
Courteline, Train 8 h 47, Début, 1885, I, p.174. C. − BOT. ,,C'est la camomille jaune, ou la camomille des teinturiers`` (Doin, Dict. teint., 1828). V. anthémis. Prononc. et Orth.: [oejdəboef]. Ac. 1694-1762: oeil de boeuf; dep. 1798: oeil-de-boeuf. Plur. des oeils-de-boeuf. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 oil de boef «reliquaire de forme ovale» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 5694); en a. fr. seulement; 2. 1530 archit. «fenêtre ronde ou ovale pratiquée dans la partie supérieure d'un édifice ou dans un mur» oeul de beuf (ds Mélanges normands, VII, 112 ds FEW t.7, p.318b); d'où 1787 «antichambre du grand appartement du roi à Versailles» (Mercier, Tableau de Paris, t.IV, p.148 ds Havard t.3); 1829-33 Chroniques de l'OEil-de-Boeuf (Touchard-Lafosse, titre ds Dict. Lettres fr., xixes.); 3. 1605 bot. «pissenlit» (Serres, VI, 15 ds Hug.); 1628 id. «marguerite» (Guy de La Brosse, Nature des plantes, p.280 ds Roll. Flore t.7, p.48); 1677 mar. yeux de boeuf «poulies qui servent à manoeuvrer l'étrague» (Dassié, L'Archit. navale, livre I, chap.10). Comp. de oeil*, de de* et de boeuf*. Fréq. abs. littér.: 82. |