| OCCUPATION, subst. fém. A. − [Correspond à occuper I A] 1. Action d'occuper (un lieu, un espace, une surface); résultat de cette action. Aux premiers temps de l'occupation humaine en ces contrées alluviales (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.152).Le mouvement n'est jamais l'occupation successive par un mobile de toutes les positions situées entre les deux extrêmes (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.311). − En partic. Action d'occuper (un logement); résultat de cette action. L'expérience a prouvé que (...) l'absence de pharmacies, de dispensaires médicaux ou leur édification bien après l'occupation des logements causaient une grande incommodité aux habitants (Gds ensembles habit., 1963, p.10). − Spécialement ♦ DR. CIVIL. ,,Mode d'acquisition de la propriété résultant de la prise de possession d'une chose sans maître avec l'intention de se l'approprier`` (Cap. 1936). Droit d'occupation. Le principe d'occupation est abandonné; on ne dit plus: la terre est au premier qui s'en empare (Proudhon, Propriété, 1840, p.192). ♦ DR. PUBL. Occupation sur le domaine public. Action d'établir des installations particulières sur le domaine public en vertu d'une concession ou d'une permission; résultat de cette action (d'apr. Cap. 1936). ♦ GÉOGR. ÉCON. Occupation du sol. Utilisation de l'espace d'un point de vue productif (agriculture, industrie). Le secteur de la plaine se singularise (...) par le caractère intensif de son activité agricole; l'occupation du sol est continue dans l'espace (Wolkowitsch, Élev., 1966, p.151). ♦ URBAN., DR. ADMIN. Occupation du sol, des sols. Organisation de l'espace dans une ville. (Ds George 1970). Plan d'occupation des sols (P.O.S.). Plan dressé par les services d'urbanisme d'une commune, arrêtant les règles et les servitudes d'utilisation de son sol, découpant notamment celui-ci en plusieurs zones ayant chacune une affectation dominante (logements, bureaux, industries, commerces) selon une densité déterminée (d'apr. Barr. 1974 et Jur. 1981). − Au fig. Action d'occuper (un emploi, un rang dans une collectivité, dans la société); résultat de cette action. Les menues faveurs que leur permet déjà de distribuer l'occupation de quelques places politiques (Sorel, Réflex. violence, 1908, p.250). 2. Action d'occuper (un lieu, un espace) sans autorisation ou par la force; résultat de cette action. Qui sait s'ils ne croyaient pas consacrer comme un droit religieux l'occupation de nos landes par leurs troupeaux! (Sand, Hist. vie, t.4, 1855, p.34).L'occupation de leur terre [des Indiens] par des maîtres persans, chinois, anglais (Barrès, Cahiers, t.13, 1921, p.154): 1. Une partie des terrains nationaux a été affermée régulièrement; une autre a été occupée irrégulièrement par des particuliers qui y ont fait des défrichements, planté des arbres (...). Comme cette occupation est fort ancienne (...), il faut bien reconnaître en leur faveur une sorte de droit de prescription qui ne les rend pas propriétaires, mais qui ne permet guère de leur enlever le champ qu'ils ont planté.
About, Grèce, 1854, p.304. a) Dans un cont. milit. − Action d'occuper (une position stratégique); résultat de cette action. Il était nécessaire de renforcer l'occupation des Hauts-de-Meuse aux alentours de cette place [Verdun] (Joffre, Mém., t.1, 1931, p.166). − Action pour un État belligérant vainqueur d'installer une force armée, souvent une administration sur le territoire d'un État vaincu; résultat de cette action; temps que dure cet état de fait. Occupation militaire; l'occupation allemande, romaine; armée, corps d'occupation; autorités d'occupation. L'occupation étrangère avait cessé, la prospérité reparaissait, les plaisirs étaient possibles (Balzac, Lys, 1836, p.224).À chaque porte des petits détachements frappaient, puis disparaissaient dans les maisons. C'était l'occupation après l'invasion (Maupass., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.116): 2. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des États-Unis.
Foch, Mém., t.2, 1929, p.306. ♦ HIST. CONTEMP. [Gén. avec une majuscule] Période de la seconde guerre mondiale pendant laquelle la France a été occupée par les Allemands. Pendant l'Occupation, sous l'Occupation, le Paris de l'Occupation. Pour ces quelques Français, l'occupation aura été une époque d'euphorie (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p.398). b) Occupation (de + un lieu de travail).Action d'occuper (un tel lieu) de la part de grévistes; résultat de cette action. Occupation des locaux. Imaginez ce que représente pour un «calicot» une grève avec occupation (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.171). B. − [Correspond à occuper I B] 1. Action de s'occuper, de consacrer son temps, ses soins à quelque chose. Le systême du gouvernement [de Venise] interdisant à ses sujets l'occupation des affaires politiques... (Staël, Corinne, t.3, 1807, p.72).Je ne fais rien, et j'ai la fatigue de l'occupation (Maine de Biran, Journal, 1816, p.125).J'avais là une heure au moins d'occupation (Maupass., Contes et nouv., t.2, MmeBaptiste, 1882, p.354). 2. Action d'occuper le temps, un attribut d'une personne. Les sports (...) ne proposent aux intellectuels que l'occupation d'une heure oisive (Barrès, Barbares, 1888, p.78).C'est singulier, cette occupation de la pensée de Stendhal par la femme (Goncourt, Journal, 1890, p.1129).Ce qui me donne le plus de mal (...), ce sont les trilles avec occupation différente des autres doigts de la même main (Gide, Journal, 1929, p.919). 3. P. méton. Ce à quoi quelqu'un consacre son temps, ses soins; ce qui absorbe quelqu'un ou un de ses attributs. Faire le filet, dans une salle de verdure du parc, n'y a-t-il pas là une occupation pour toutes les mains, pendant quelques après-midi? (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p.754).Les gens allaient à leurs occupations, riants, bruyants, affairés (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p.207).J'avais été la tragique occupation de sa vie (Gide, Journal, 1949, p.337). SYNT. Occupation favorite; occupations diverses, journalières, sérieuses; occupations champêtres, domestiques, intellectuelles, manuelles, professionnelles; occupation de coeur, d'esprit; la grande, la seule, l'unique occupation de qqn; au milieu de ses occupations; ses occupations retiennent qqn; chercher, trouver une occupation; prétexter des occupations; se livrer à une occupation; retourner, vaquer à ses occupations. − En partic. Emploi, travail. Serait-il capable d'être employé, de découvrir une occupation quelconque qui pût assurer du pain à sa femme? (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1497): 3. Mes compagnons à Londres avaient tous des occupations: les uns s'étaient mis dans le commerce du charbon, les autres faisaient avec leurs femmes des chapeaux de paille, les autres enseignaient le français qu'ils ne savaient pas.
Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.437. 4. Vieilli ou région. (Canada). Préoccupation, inquiétude, souci. Ça doit être l'occupation qui le fait tasser (Guèvremont, Survenant, 1945, p.19): 4. Eh! mon Dieu, dit-il à sa soeur, ne semble-t-il pas que vous n'ayez jamais vu de prince, pourquoi tout ce tracas? Donnez-lui un bon dîner (...) et un appartement honnête (...); à voir votre occupation, il semblerait qu'il faut lui donner un spectacle et un feu d'artifice.
Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1865. ♦ Donner de l'occupation à qqn. Lui donner du souci, de l'embarras. Quoiqu'elle [la planète Terre] vous ait donné plus d'occupation à elle seule que tous les autres mondes réunis, vous aviez un faible pour elle (Renan, Drames philos., Jour an, 1886, p.700). Prononc. et Orth.: [ɔkypasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 «ce à quoi on consacre son activité, son temps» (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 42871); b) 1343 «soin, souci que l'on prend de quelque chose, peine, embarras» (Miracles ND par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, t.1, p.245, 40); 2. a) 1360 «action de s'emparer d'un bien» (Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. Secousse, t.3, p.434); b) 1372 «possession de fait d'une chose immobilière avec ou sans droit» (doc. ds Gdf. Compl.); c) 1515 «action de se rendre maître militairement d'un lieu, d'un territoire, d'un pays» (d'apr. FEW t.7, p.301b); 1690 (Fur.); d) 1690 «fait de remplir un espace» (ibid.). Empr. au lat. occupatio «prise de possession, ce qui accapare l'activité». Cf. au sens 2c occupement (Boccace, Nobles malh., IX, 27, fo243 ro, éd. 1515 ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 2330. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4141, b) 3223; xxes.: a) 2212, b) 3318. DÉR. Occupationnel, -elle, adj.,psychiatrie. [Correspond à supra B; en parlant d'une thérapeutique] Qui consiste à donner aux malades diverses activités (travail, expression artistique, sports, jeux) à travers lesquelles ils s'expriment et ont une vie relationnelle. L'hôpital possède vingt-six ateliers: ferronnerie, vannerie, poterie, etc. C'est la «thérapie occupationnelle» (La Croix, 14 févr. 1964ds Gilb. 1980).− [ɔkypasjɔnεl]. − 1reattest. 1951 thérapeutique occupationnelle (G. Palmade, La Psychothérapie, p.35 ds Rob. Suppl.); de occupation sens 1, suff. -el (-al*). |