| OCCIRE, verbe trans. Tuer. − Littér. ou dans le style arch. À onze ans, vous occîtes de votre main l'assassin de votre père (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t.2, 1857, p.288).Et quand il les eut tous occis, d'autres chevreuils se présentèrent, d'autres daims, d'autres blaireaux (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p.95).C'est absolument comme s'il accusait les professeurs qui vantent la bataille de Poitiers et Charles Martel écrasant les Sarrasins de vouloir occire nos mahométans d'Algérie (Barrès,Scènes et doctr., t.1, 1902, p.64). ♦ Emploi abs. On ne s'est pas demandé (...) ce que c'est en soi que le droit de la guerre; quel en est le principe, (...) jusqu'à quel point il est permis de saccager et d'occire (Proudhon,Guerre et Paix, 1861, p.423). − P. plaisant. ou dans le style burlesque. Nous étions dans le vrai en nous disant qu'Éverard n'eût pas voulu occire seulement une mouche pour réaliser son utopie (Sand,Hist. vie, t.4, 1855, p.322).Tant qu'à faire de les occire j'aimais mieux m'en charger moi-même!... J'ai réfléchi à un moyen... J'ai pensé comme si c'était moi... Moi j'aimerais pas au couteau... non!... J'aimerais pas à être étranglé... non!... J'aimerais pas être écartelé... détripé... fendu en quatre (Céline,Mort à crédit, 1936, p.503). ♦ Emploi pronom. réfl. Le calamiteux garçon, trop sensible, hélas! subissait alors mille supplices et, sûrement, il était déjà décidé, malgré tout, à s'occire (Cladel,Ompdrailles, 1879, p.370). ♦ Au fig. C'est un étudiant qui a résolu de pourfendre et d'occire toutes les mauvaises pièces (Halévy,Carnets, t.1, 1865, p.71). Rem. Employé surtout à l'inf., aux temps composés et au part. passé. Prononc. et Orth.: [ɔksi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2emoitié du xes. (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 12). Du lat. pop. *aucidere, altération du lat. class. occidere «couper, abattre en frappant; tuer, faire périr» (de ob-, préf. marquant la proximité, la cause et de caedere «abattre en coupant; tailler en pièce (terme militaire); frapper avec un instrument tranchant; frapper à mort, tuer»), prob. par croisement avec auferre «emporter» (v. FEW t.7, p.299a). Usuel au Moy. Âge, ocire (refait en occire d'apr. le lat. occidere) ne s'emploie plus que par arch. ou plaisant. (v. Oudin Ital.-Fr. 1642, 2epartie, p.440a). La déchéance d'un verbe aussi usité peut s'expliquer par l'incertitude de sa conjug. (v. Rheinfelder t.2, p.285, § 607) et la régularité de la conjug. de tuer lui a valu la préférence. Fréq. abs. littér.: 39. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, Bordas, pp.252-254. |