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OCCASION, subst. fém.
I. − Circonstance favorable.
A. −
1. Circonstance qui se présente à propos et pendant une durée limitée. L'occasion était trop belle; c'est l'occasion ou jamais! Le génie de Kléber ne jaillissait que par moments, quand il était réveillé par l'importance de l'occasion, et il se rendormait aussitôt après au sein de la mollesse et des plaisirs (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.145).Il n'était pas de ceux qui boudent les occasions. La plus mince aventure, en elle-même, l'excitait (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p.235).Un esprit vif et calculateur, prompt à prendre une décision, apte à saisir l'occasion au vol, quitte à courir un risque (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.382).V. dégager ex. 7:
1. L'occasion ne veut pas qu'on la force, mais elle ne nous laisse pas non plus réfléchir trop longtemps. Une seconde d'hésitation, et tout est perdu! Le temps de prendre conscience et déjà l'occasion est irrémédiablement passée, en ne laissant derrière elle que le repentir pour tout héritage. Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p.132.
SYNT. Occasion alléchante, engageante, exceptionnelle, favorable, inespérée, magnifique, propice, providentielle, rare, sûre, tentante, unique; attendre, épier, guetter, manquer, négliger, provoquer, rater l'/une occasion; courir après l'/une occasion; profiter de l'occasion; bondir, sauter (fam.), se précipiter sur l'/une occasion; laisser échapper, s'envoler, passer, perdre l'/une occasion; attendre une meilleure occasion; se réserver pour une autre occasion; l'/une occasion mûrit, naît, s'offre, se présente, tarde, vient.
2. Loc. et expr.
a) Loc. verb. [Suivi de la prép. de]
[Suivi de l'inf.] (Chercher, donner, éviter (toute), fournir, offrir, trouver l'/une) occasion de faire qqc. Où est l'homme qui n'a pas rencontré dans sa vie une seule occasion d'être amoureux? (Balzac,Langeais, 1834, p.252).Les charbonniers s'exprimaient avec lenteur, cherchant leurs idées et pesant tous leurs termes, en hommes qui passent leur vie dans la solitude des bois, et n'ont guère l'occasion de bavarder (Moselly,Terres lorr., 1907, p.110).V. bénéficiaire ex. 3.
Expr. fam. Vous avez perdu une (belle) occasion de vous taire. Vous auriez mieux fait de vous taire. Tu viens de perdre une occasion de te taire. Étant donné ton âge, ces questions ne t'intéressent pas et je ne te demande pas ton avis (Camus,Caligula, 1944, ii, 10, p.47).
[Suivi d'un subst.] Je crois que tous les défauts sont dans toutes les femmes et n'attendent que l'occasion du développement (Constant,Journaux, 1804, p.167).J'ai saisi l'occasion d'un petit tête-à-tête avec Jibé pour lui demander, non sans égards, s'il avait envoyé la somme (Duhamel,Journal Salav., 1927, p.51).
b) Loc. adv.
À l'occasion. Si ou quand le moment se présente; si la situation l'exige ou le permet. Synon. éventuellement, le cas échéant*.Ce peuple, grand par la volonté, l'est aussi par le coeur, à l'occasion (Michelet,Chemins Europe, 1874, p.319).Une voix douce et frêle, qui savait même, à l'occasion, dire des choses très lestes, sans avoir l'air d'y toucher (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.732).V. anneau ex. 4.
À la première (prochaine, moindre) occasion. Dès que possible, dès qu'une occasion se présentera. Il ne vous aime pas. Il est flatté, tout simplement. Il vous lâchera à la première occasion (A. France,Lys rouge, 1894, p.241).Son système nerveux est maintenant tout prêt à s'emballer à la moindre occasion (Goncourt,Journal, 1895, p.830).C'est bon, si elles n'aiment pas le classique, on leur servira du moderne à la prochaine occasion! (Colette,Cl. école, 1900, p.63).
À toute occasion. Chaque fois qu'une occasion se présente. Ils eurent des scènes violentes, et cela se tourna promptement, en habitude. À toute occasion, il lui jetait au front de sèches vérités (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.251).V. femme I B 2 ex. de Arland.
Dans l'occasion (vx). Synon. de à l'occasion (supra).La cour peut confier les forces de l'État aux hommes qui peuvent la servir dans l'occasion avec d'autant plus de succès qu'on leur aura travaillé une espèce de réputation de patriotisme (Robesp.,Discours, Guerre, t.8, 1792, p.87).Celui qui parle ici (...) se reconnaît la force de louer dans l'occasion quiconque lui semble louable, fût-ce un roi (Hugo,Rhin, 1842, p.445).
Par occasion (région. (Canada)). Synon. de à l'occasion (supra).Je suis venue par occasion. Ils doivent m'attendre sur la grève (Guèvremont,Marie-Didace, 1947, p.184 ds Richesses Québec 1982).
c) Expr. proverbiale. L'occasion fait le larron. Une circonstance favorable fait souvent faire des choses que l'on n'aurait peut-être pas songé à faire autrement. Souvent aussi le paysan se fait brigand pour quelques semaines, lorsqu'il sait un bon coup à faire. Il retourne ensuite à son champ. La Grèce est le pays du monde où l'occasion a fait le plus de larrons (About,Grèce, 1854, p.375).
3. MYTH. ,,Divinité qu'on représente sous la forme d'une femme nue, chauve par derrière, avec une longue tresse de cheveux par devant, un pied en l'air, et l'autre sur une roue, tenant un rasoir d'une main, et de l'autre une voile tendue au vent`` (Littré). Un dieu scalpa, comme l'Occasion, Le front serein de la Bêtise humaine (Banville,Odes funamb., 1859, p.259).Vous connaissez votre mythologie et la coiffure de Dame Occasion. Elle revient rarement sur ses pas, la coureuse (Toulet,Corresp. avec un ami, 1920, p.200):
2. Parfois l'Occasion vous contraint à la saisir en vous présentant sa mèche de cheveux devant la main, et de façon si opportune que ce serait sottise pure de ne pas s'y accrocher à pleins doigts; car, lâchée, elle ne revient point. Gautier,Fracasse, 1863, p.135.
P. allus., expr. proverbiale. L'occasion est chauve (v. ce mot A). Prendre, attraper, saisir l'occasion aux/par les cheveux (v. ce mot I C).
4. P. méton., vieilli. Personne fiable par qui on fait passer un courrier, un colis. J'ai huit pages à vous écrire du récit d'un seul jour, mais comme c'est une occasion qui vous porte cette lettre, je renvoie à demain les longs épanchements de mon coeur (Staël,Lettres div., 1793, p.494).Je vous envoie par une occasion sûre la note ci-jointe (Tocqueville,Corresp.[avec Reeve], 1852, p.131).
B. − Acquisition faite à un prix avantageux.
1. Bonne affaire pour l'acheteur. Synon. aubaine.L'étude d'huissier n'était que l'accessoire, le commerce des vieux meubles et des antiquités de tout genre était le principal. Par sa profession, il connaissait les bonnes occasions (Malot,R. Kalbris, 1869, p.61).Le commis faisait l'article, jurait que c'était tout soie, que le fabricant était en faillite, et qu'on ne retrouverait jamais une occasion pareille (Zola,Bonh. dames, 1883, p.621).Ce bateau-là, monsieur Brun ne l'a pas fait faire sur commande; et il ne l'a pas payé au prix d'un canot inchavirable. Il l'a payé 1.500 francs; c'est une occasion! (Pagnol,Fanny, 1932, ii, 3, p.119).V. assoiffer ex. 4:
3. Les occasions. De bibelots, fantaisies, voire même de villas et de châteaux pendant les saisons d'eaux; bons marchés dans les magasins ou à l'hôtel des ventes, ou échange entre gens du monde. Mallarmé,Dern. mode, 1874, p.743.
2. Bien (généralement de seconde main) mis ou remis en vente à un prix avantageux. Synon. usagé ; anton. neuf.Le mot occasion ne signifie pas (...) machine de rebut et la machine que vous achetez aujourd'hui neuve, est demain (...) occasion (Baudry de Saunier, Cycl., 1892, p.456).Là, déjeunaient ensemble deux couples de commerçants bien connus dans le quartier, l'un tenait une librairie, neuf et occasions, l'autre une galerie d'art (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.38).V. coupon ex. 1.
Loc. D'occasion
Loc. adv. [Postposé à un verbe] Acheter, vendre d'occasion; (objet) acheté, vendu d'occasion. Un bourgeois propriétaire se frottait les mains en admirant le canot acheté d'occasion, la veille, pour cinquante francs, à deux hommes qui le lui avaient vendu, comme ça, en passant (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Âne, 1883, p.373).Une paire de chaussures neuves coûtait sept cents francs, d'occasion cent cinquante (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.196).
Loc. adj. [Postposé à un subst.] Objet d'occasion; livres, meubles, voiture d'occasion. Il avait gardé le gilet d'occasion que lui avait vendu le fripier de la Villette (Ponson du Terr.,Rocambole, t.5, 1859, p.297).J'ai acheté en anglais: Les confessions d'un fumeur d'opium, Thomas de Quincey. Tout neuf et d'occasion (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p.19).
Magasin d'occasion. Commerce où l'on trouve des objets d'occasion. Léon Daudet, dans son Paris vécu, consacre plus de cinquante pages aux seuls quais, à ses bouquinistes et à ses librairies d'occasion (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.76).
Commerçant d'occasion (rare). Commerçant qui vend des objets d'occasion. Nos «assises» se tenaient au premier étage d'un marchand de vins établi au coin de la rue Bonaparte et de la place Saint-Sulpice, vis-à-vis d'un libraire d'occasion (Verlaine,OEuvres posth., t.2, Crit. et conf., 1896, p.258).
[Précédé de l'art. déf.] L'occasion. Ensemble des objets, des marchandises vendus d'occasion. Anton. le neuf.Le marché de l'occasion. En 1981, 4600000 véhicules d'occasion ont été immatriculés contre 1800000 voitures neuves, selon la Centrale des particuliers, qui estime que le chiffre d'affaires de l'occasion et celui du neuf sont du même ordre: environ 80 milliards de francs (Le Monde, Suppl., 13 févr. 1983, p.1, col. 1).
II. − Circonstance déterminante.
A. − [Le plus souvent suivi d'un compl. prép. de] Circonstance qui, sans être la cause véritable d'un fait, le facilite ou le déclenche. Elle aurait voulu avoir un prétexte, une occasion pour le renvoyer tout à fait, et se fâcher avec lui (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p.245).Nous avons eu en dix années bien des hauts et des bas. Les plus grandes occasions d'orgueil, des triomphes et les plus grandes occasions de désespoir, les effrondrements (Barrès,Cahiers, t.9, 1912, p.322):
4. Lettres de Flaubert. Cette liaison avec Louise Colet semble une série d'orages. Toute occasion est bonne au romancier pour contredire et rabrouer une femme qui paraît l'agacer autant qu'elle l'attire. Green,Journal, 1939, p.209.
B. − Locutions
1. Loc. verb.
Devenir, être, fournir l'occasion, une occasion de + subst. Donner lieu à, causer, provoquer, entraîner. Synon. occasionner.Les progrès de la société, la société elle-même n'est-elle que le théâtre, l'occasion, le mobile du développement de l'individu? (Guizot,Hist. civilis., leçon 1, 1828, p.27).La vieillesse, c'est quand tout concourt à devenir une occasion de fatigue (Barrès,Cahiers, t.7, 1909, p.295).Le repas continuait, les plats étaient enlevés les uns après les autres, non sans fournir à Mmede Guermantes l'occasion de spirituelles plaisanteries ou de fines historiettes (Proust,Guermantes 1, 1920, p.208).
Donner, être occasion à + subst. Même sens. Les citations dispendieuses des témoins, qui, par la longueur du procès, commencent à varier à la fin dans leurs dernières dépositions, et qui, par là, donnent occasion à des nouveaux procès aussi ruineux et aussi incertains que les premiers (Insmingds Doc. hist. contemp., 1789, p.35).La coutume [des spectacles dans les temples] fut interdite par les mandarins parce qu'elle était occasion à désordre (Philos., Relig., 1957, p.54-8).
Donner, être l'occasion, une occasion de + inf. Être le prétexte, la circonstance favorable, la bonne raison qui détermine à faire quelque chose. Dans le grand public, on a l'idée que les attachés militaires devraient être mêlés aux histoires d'espionnage, ce qui donne à une partie de la presse française l'occasion de conseiller à nouveau la suppression de l'institution des attachés militaires (Affaire Dreyfus, 1894, p.97).La mort d'un homme d'État est une occasion de méditer; et l'on voit partout des théologiens d'un instant (Alain,Propos, 1923, p.517).
Prendre occasion de (vieilli, littér.) + subst. + pour ou de + inf.Prendre prétexte de quelque chose (pour faire quelque chose); profiter d'une circonstance favorable (pour faire quelque chose). M. Canning nous cherche de toutes parts des torts et un prétexte pour reconnaître l'indépendance des colonies espagnoles. Il nous accuse d'avoir le dessein de les attaquer, et il en prend occasion d'envoyer des forces dans le Golfe du Mexique (Chateaubr.,Corresp., t.5,1823,p.73).31 mars - vendredi saint, à Henry de Groux: Mon cher Henry, je prends occasion de la mort de Notre Seigneur pour vous écrire (Bloy,Journal, 1899, p.313).
2. Loc. prép. À l'occasion de + subst.
Lors de. À l'occasion de la mort de ma mère, ma famille rompit toutes ses relations de société (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.88).Leurs maîtres [des esclaves] pouvaient user d'eux à leur guise, voire même les tuer, ce qui se produisait parfois à l'occasion de cérémonies (Page,Dern. peuples primit., 1941, p.115).V. course ex. 4.
[Le subst. désigne une pers. ou une chose] Vieilli. Au sujet de ou à propos de. Il va [Locke] jusqu'à prétendre que le syllogisme n'ajoute rien à nos connaissances, et n'est qu'un moyen de disputer à leur occasion (Cousin,Hist. philos. XVIIIes., 2, 1829, p.468).Je sors justement de chez le juge d'instruction, où j'ai été appelé pour témoigner à l'occasion de ce malheureux enfant (Bourget,Disciple, 1889, p.54).Un long article où l'on défend Verlaine contre J. Lemaitre à l'occasion du sonnet: L'espoir luit comme un brin de paille (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1906, p.74).V. désaccoutumer ex.
C. − Spécialement
1. PHILOS. Synon. de cause occasionnelle (v. occasionnel A 2).Ils [les sens] sont les occasions de la connaissance; ils n'en sont pas les causes; les causes sont en nous et dans notre esprit (Cousin,Philos. écoss., 1857, p.336):
5. ... la cause reste bien la cause, et l'occasion n'occasionnerait même pas si elle ne présupposait la cause éminente qui la rend occasionnelle; l'occasion n'opère que parce que la situation est rendue instable, explosive, virtuellement féconde en effets potentiels grâce à la préexistence latente de la cause. Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p.105.
2. MOR., RELIG. Occasion (de péché). ,,Personne ou chose extérieure qui porte au péché`` (Marcel 1938). L'occasion est qualifiée par son caractère externe et doit donc être distinguée des conditions internes du péché [par exemple une passion violente ou la faiblesse morale du pécheur] (Foit.11968).
III.
A. − Circonstance (en général). Occasion difficile, officielle, solennelle; douloureuse, pénible occasion. Il y a des occasions où l'homme d'honneur doit se montrer (Scribe,Bertrand, 1833, iv, 6, p.201).Il se présenta avec une de ces figures navrées qu'on prend dans les occasions tristes (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Hérit., 1884, p.493).Il pense peu mais, en toute occasion, par une grâce profonde, il fait exactement ce qu'il faut (Sartre,Nausée, 1938, p.81).Comme elle est courte l'épée de la France, au moment où les Alliés se lancent à l'assaut de l'Europe! Jamais encore notre pays n'a, en une si grave occasion, été réduit à des forces relativement aussi limitées (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.245).V. costumier B ex. de Estaunié:
6. Si atroce que fût la douleur, c'est seulement du répit amical apporté cette nuit-là par Roger que j'ai conservé le souvenir. Ce qu'il fut pour moi dans cette occasion, c'est cela même que je voudrais être pour d'autres. Gide,Ainsi soit-il, 1951, p.1238.
Gén. au plur. Grandes occasions. Événements importants, solennels, graves de la vie familiale, sociale. De toute la famille, je n'ai jamais embrassé que maman, et encore dans les grandes occasions (Duhamel,Cécile, 1938, p.72).Une bouteille de vieille chartreuse que je gardais pour une grande occasion (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p.36):
7. Je le vois encore s'en allant aux Tuileries, toutes ses croix sur la poitrine, dans ce bel habit de colonel rouge et or qu'il ne tirait de sa malle qu'aux grandes occasions. A. Daudet,Contes lundi, 1873, p.303.
B. − Locutions
1. Loc. adj. D'occasion. Synon. de occasionnel.
a) [Postposé à un subst. désignant une chose] Qui est le fait du hasard, des circonstances. Peu chercheur d'amour, il désirait avant tout une vie calme et se contentait des liaisons d'occasion qu'un jeune homme rencontre toujours (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Passion, 1882, p.825).Cette double fracture malencontreuse me procure (...) une vacance d'occasion (Arnoux,Zulma, 1960, p.7).V. aventure ex. 5.
Péj. De peu de valeur; faux. Héroïsme, vertu d'occasion. Une tendresse d'occasion, une fausse tendresse (Renard,Journal, 1892, p.125).
b) [Le subst. antéposé désigne une pers.] Qui est tel du fait des circonstances; qui accomplit une tâche qu'il n'accomplit pas habituellement ou professionnellement. Le docteur Dalichamp, son parrain d'occasion, un brave homme toujours prêt à adopter les enfants des malheureuses qu'il accouchait (Zola,Débâcle, 1892, p.95).Quelques tailleurs professionnels ou d'occasion parvinrent (...) à s'habiller par leurs propres moyens (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.237).V. égoutier ex.
Péj. Peu compétent; de peu de valeur. C'était pourtant un ramassis de bien vilain monde, ces artilleurs de la Commune. Des canonniers d'occasion, qui ne songeaient qu'à siffler leurs trois francs cinquante de haute paye (A. Daudet, Contes lundi, 1873, p.180).Ces mémorialistes d'occasion inondent les vitrines des libraires et cèdent à l'illusion qu'ils pourront retoucher leur image éternelle, fixée à jamais dans l'Histoire (Mauriac,Gds hommes, 1949, p.226):
8. ... si au lieu d'un homme consciencieux, il y avait ici un type très service, ou simplement un imbécile, il pourrait comme ça, sans contrôle, avec des juges d'occasion, un avocat d'occasion et un général qui signe, faire tout le gâchis qu'il voudrait? Vercel,Cap. Conan, 1934, p.94.
2. Loc. adv. Par occasion. Par hasard; du fait des circonstances. Synon. occasionnellement.La plupart des hommes embrassent un état par occasion, suivant les conjonctures, sans avoir pu comparer les avantages ou les inconvénients qu'il présente (Say,Écon. pol., 1832, p.366).À Londres même, sauf quelques exceptions, les Français notoires qui s'y trouvaient, soit en service, soit par occasion, ne rejoignirent pas la France Libre (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.83).
C. − Vx. Rencontre de guerre; combat. Pauvres généraux des armées du Nord, de Sambre-et-Meuse, de Rhin-et-Moselle, des Pyrénées, de la Vendée, de partout, quelle quantité de combats, de batailles vous aviez livrés en 92, 93, 94, 95, dans des occasions terriblement plus graves, plus dangereuses que celles d'Italie! (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.453).
Prononc. et Orth.: [ɔkazjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ex. d'une graph. descriptive occâsion ds Canada 1930. Étymol. et Hist. 1. 1174 occasiun «raison, motif» (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 834); ca 1462 a l'occasion de «à cause de» (Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, La XCVIeNouvelle, p.539, 11); 2. a) fin xives. «circonstance qui vient à propos» (Aalma, 8304 ds Roques t.2, p.284); b) loc. adv. 1606 par occasion «accidentellement» (Crespin); 1671 dans les occasions «si l'occasion se présente» (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan du 16 août ds Lettres, éd. Monmerqué, t.2, p.321); 1671 aux occasions (Id., Lettre à Mmede Grignan du 23 déc., t.2, p.444); 1859 à l'occasion (Ponson du Terr., Rocambole, t.4, p.359); prov. 1626 l'occasion fait le larron (Ch. Sorel, Hist. com. de Francion, t.4, livre 10, p.754); c) 1826 subst. (Balzac, OEuvres div., t.1, p.188); 1832 marchandises d'occasion (Raymond); 3. 1553 à l'occasion de «à propos de, au sujet de» (La Bible de l'imprimerie Jean Gérard, Gen. 12). Empr. au lat. occasio «moment favorable, temps propice», subst. verbal de occidere «tomber, se coucher (en parlant des astres)». A remplacé l'a. fr. ochaison/achaison (xiie-xvies.) de forme pop. fréq. att. au sens de «accusation, poursuite en justice» d'où le a initial qui vient de accusare, accusatio. Fréq. abs. littér.: 8269. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13320, b) 10105; xxes.: a) 9718, b) 12541. Bbg. Quem. DDL t.6.