| OBSTRUCTION, subst. fém. Action d'obstruer; résultat de cette action. A. − PATHOL. Action d'entraver la circulation de certaines matières dans un conduit, un organe, etc.; résultat de cette action. Synon. engorgement.Obstruction artérielle (...). La lumière de l'artère diminue et la quantité de sang qu'elle laisse passer à chaque ondée sanguine devient insuffisante pour nourrir un organe qui travaille (Garcin,Guide vétér.,1944, p.194).Ces calculs obstruent plus ou moins complètement le canal cholédoque et gênent l'évacuation de la bile vers l'intestin. Un jour ou l'autre l'obstruction devient plus complète, la bile ne s'écoule plus (Quillet Méd.1965, p.148). B. − P. ext. 1. a) Action d'interposer un obstacle qui rend difficile ou impossible le passage dans une voie quelconque; résultat de cette action. L'ingénieur s'occupa d'obstruer l'orifice de l'ancien déversoir qui aboutissait au lac, de manière à interdire tout accès par cette voie (...). Il se contenta de dissimuler l'obstruction au moyen d'herbes (Verne,Île myst.,1874, p.179).Les terrasses, disproportionnément élargies par le déploiement des chaises et des tables, faisaient l'obstruction plus complète et rendaient la circulation impossible (Gide,Prométhée,1899, p.338). b) SPORTS. Tactique consistant à barrer le passage à un adversaire par des moyens déloyaux. Un joueur qui commet une des 5 fautes suivantes: (...) 3 Ne jouant pas le ballon, faire intentionnellement obstruction à un adversaire, c'est-à-dire courir entre le ballon et l'adversaire, ou s'interposer de façon à constituer un obstacle pour l'adversaire (J. Mercier, Football,1966, p.25). 2. Au plur., MAR. ,,Défenses fixes: filets, estacades, champs de mines, servant à fermer une rade ou un port que l'on veut protéger contre une irruption de bâtiments ennemis`` (Gruss 1952). L'occupation de tous les forts, ouvrages, batteries et défense de tout ordre allemands (...) le dragage et la destruction de toutes mines et obstructions dans et hors les eaux territoriales allemandes (Foch,Mém.,t.2, 1929, p.314). C. − Au fig. 1. Littér. Action de ralentir, d'arrêter le libre cours d'une activité humaine, etc.; résultat de cette action. Synon. obstacle, opposition.Ce qui faisait obstruction et gêne à l'avénement d'une belle et nette époque, (...) c'étaient (...) les restes d'une époque gâtée, −restes d'affectation et de bel-esprit − (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.5, 1859, p.322).Frédéric se heurterait toujours à l'obstruction sournoise d'un homme qui était en place depuis longtemps (Chardonne,Varais,1929, p.191): . Avec les moyens dont l'État dispose, une obstruction immense se crée dans le domaine scientifique, philosophique, littéraire. Notre Université entend accaparer la littérature, la philosophie, la science. Bons et mauvais, ses produits administratifs étouffent donc, en fait, tous les autres...
Maurras,Avenir intellig.,1905, p.84. 2. POL. Manoeuvre visant à entraver un débat, le vote d'une loi, etc., notamment par des discours interminables ou par l'exploitation des lenteurs de la procédure. Faire de l'obstruction. Les socialistes, vrais maîtres de cette Chambre (...); infatigables dans l'obstruction, audacieux dans l'attaque (...). Leurs propositions ne passent pas; leurs idées s'infiltrent, démolissent nos projets de lois, paralysent les majorités intimidées (Vogüé,Morts,1899, p.244).Les aristocrates soutenaient donc l'ajournement, (...) tandis que les patriotes, impatients, les accusaient d'obstruction (Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.148). REM. Obstructif, -ive, adj.,pathol. Qui obstrue ou peut obstruer; qui est causé par une obstruction. L'emphysème obstructif et l'emphysème cicatriciel des tuberculeux (Bariéty, Coury,Hist. méd.,1963, p.603). Prononc. et Orth.: [ɔpstʀyksjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1538 méd. (Canappe, 14elivre de la Méthode thérap. ds Quem. DDL t.1); 2. a) 1721 fig. «désorganisation (du commerce)» (Trév.); b) 1812 au propre «engorgement d'une nature quelconque» (Mozin-Biber); 3. 1890 pol. (Lar. 19eSuppl.); 4. 1907 sports (L'Auto, 5 mars ds Petiot). Empr. au lat. obstructio, au fig. en lat. class. «voile, dissimulation», au propre en b. lat. «action d'enfermer», dér. de obstruere, v. obstruer. Au sens 3, empr. à l'angl. obstruction (1879 pol. ds NED, dès 1656 au fig., ibid.); au sens 4, prob. empr. à l'angl., cf. Bäcker 1975, pp.278-279. Fréq. abs. littér.: 35. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1975, t.39, p.209. _Gohin 1903, p.365. _Quem. DDL t.1, 5, 10. |