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OBOLE, subst. fém.
A. − [Dans la Grèce antique] Unité monétaire valant un sixième de la drachme; pièce de monnaie de cette valeur. On mettait une obole dans la bouche des morts, afin qu'ils payassent à Caron le prix du passage du Styx (Littré).Comme [à Athènes] le théâtre était affermé à un entrepreneur qui percevait deux oboles par spectateur, l'État dut verser cette somme aux citoyens pauvres pour leur permettre d'assister aux représentations dramatiques (A. Jardé, La Grèce antique et la vie gr., Paris, Delagrave, 1914, p.187):
. [Pour les Athéniens] le vrai, le seul gouvernement, c'était le peuple assemblé, soit pour faire les lois, soit pour rendre des jugements. C'est dans ces deux circonstances que chaque citoyen avait droit à une indemnité de trois oboles, mais les fonctions exécutives étaient gratuites. Ménard, Rêv. païen, 1876, p.175.
P. anal. [Au Moy. Âge en France] Unité monétaire valant la moitié d'un denier tournois ou la vingt-quatrième partie d'un sou; pièce de monnaie de cette valeur (v. denier A 2). [Rancé] ne buvait que de l'eau, ne mangeait que du pain; sa dépense par jour ne passait pas six oboles, prix d'une couple de colombes (Chateaubr., Rancé, 1844, p.132).Le nouveau talemelier [boulanger], pendant les quatre premières années qu'il a acheté le métier, doit payer, chaque année, trente-sept deniers et une obole de «coutume» (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p.72).
P. ext., vieilli. Très petite somme d'argent. Ne pas posséder une obole; ne pas avoir une obole de revenu. Je n'en donnerais pas une obole (Ac.).L'enfant du pauvre, qui, détourné par la faim du chemin de l'école, court vendre son âme et son corps à la filature voisine, pour grossir de quelques oboles le salaire paternel (L. Blanc, Organ. travail, 1845, p.xxii).Il est évident que la solidarité n'ajouterait pas une obole à la richesse commune (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.119).
B. − Don, présent de très peu de valeur, de très peu d'importance, qui constitue une modeste contribution (à une oeuvre, une souscription, etc). Donner, verser son obole. Je vous envoie ma modeste obole (Ac.1935).Madame de la Verdelière (...) revint (...) demander à Maurice d'Esparvieu son obole pour les églises de France (A. France, Révolte anges, 1914, p.356).Pour vous en débarrasser [d'un mendiant], Vous y allez de votre obole. Et vous vous dites: «Après tout, S'il a vraiment faim?» (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p.45).
Au fig. C'est peut-être inhumain de lui refuser l'obole d'un seul mot (Vercors, Silence mer, 1942, p.38).J'attendais d'elle un mot, un regard, une obole (...) elle fuyait entre mes doigts comme une eau vive, cristalline, moqueuse (Vialar, Pt jour, 1947, p.200).
[P. allus. à Marc 12, 41-44 et à Luc 21, 1-4] L'obole de la veuve, l'obole du pauvre. Don, présent ayant apparemment très peu de valeur. Merci pour nos mariés des prières que vous avez bien voulu faire pour eux. Ne dites pas que c'est l'obole de la veuve, j'en connais le prix devant Dieu (E. de Guérin, Lettres, 1838, p.229).Guy de Lucé (...) baisant discrètement la petite main qui s'offrait: −L'obole du pauvre, dit-il gaiement (Courteline, Femmes d'amis, Échelle des baisers, 1885, p.57).
Prononc. et Orth.: [ɔbɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1262 «petite pièce de monnaie française du Moyen Âge valant un demi-denier» (Etienne Boileau, Métiers, 272 ds T.-L.); 2. 1350 «sorte de poids» (Ord. II, 362 ds Gdf.); 3. 1567 «dans la Grèce antique, unité de poids et de monnaie valant le sixième de la drachme» (Amyot, Vies, Lysand. ds Gdf. Compl.); 4. 1668 «très petite somme» (La Fontaine, La colombe et la fourmi, Fable, L. II, XII, éd. H. Régnier, t.1, 165); id. «très petite quantité, partie» (Id., Le Serpent et la lime, L. V, XVI, ibid., p.414); 5. 1845 «petite aumône» (L. Blanc, loc. cit.). Empr. au lat. obolus «obole, monnaie grecque», «poids», lui-même empr. au gr. ο β ο λ ο ́ ς «monnaie athénienne valant 1/6 de la drachme attique», «mesure équivalente à 1/6 d'un chénice [mesure de capacité]». Fréq. abs. littér.: 100.