| OBLATION, subst. fém. A. − RELIG. Action par laquelle on offre quelque chose à une divinité ou à ses représentants: 1. Le sacrifice se composerait de quatre éléments essentiels: oblation, immolation, consommation et communion. Dans le sacrifice de Jésus, la consommation et la communion ne s'accompliront qu'à la résurrection et au ciel; mais l'oblation et l'immolation sont déjà suffisamment réalisées par l'incarnation, pour qu'on puisse regarder, dès lors, l'état et la vie de Jésus comme un sacrifice formel.
Bremond, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.677. Rem. Oblation et offrande sont deux termes voisins de sens mais on ne peut les considérer comme synon.: oblation insiste davantage sur l'action d'offrir alors qu'offrande désigne plutôt la chose offerte; d'autre part, oblation a un caractère plus religieux qu'offrande. − En partic. 1. Offrande faite au clergé par les fidèles de différentes religions ayant recours au ministère d'un représentant de Dieu et consistant soit en dons en nature, soit en produits de quêtes ou de taxes. Il sera pourvu au traitement des pasteurs des églises consistoriales; bien entendu qu'on imputera sur ce traitement les biens que ces églises possèdent, et le produit des oblations établies par l'usage ou par des règlements (Doc. hist. contemp., Convention entre le gouvern. fr. et Pie VII, 1801, p.110). 2. LITURG. CATH. Acte par lequel le prêtre, au cours du sacrifice eucharistique, offre à Dieu le pain et le vin avant la consécration. Les substances, indispensables au saint sacrifice, les deux substances sans lesquelles aucune oblation n'est possible, avaient, elles aussi, été dénaturées: le vin, par de multiples coupages (...); le pain, ce pain de l'Eucharistie qui doit être pétri avec la fine fleur des froments, par de la farine de haricots, de la potasse et de la terre de pipe! (Huysmans, À rebours, 1884, p.289). ♦ P. méton. Partie de la messe au cours de laquelle le prêtre offre à Dieu le pain et le vin. Viennent ensuite l'Offertoire, l'Oblation de l'Hostie et l'Oblation du Calice: sacrificium praeparatum. Puis, le prêtre se lave les mains inter innocentes, en accomplissement de la Loi (Deut., XXI, 6). Ici, je vois distinctement Pilate lui-même... (Bloy, Journal, 1894, p.140). ♦ P. anal. Offrande ayant le caractère d'un sacrifice consenti pour une cause supérieure. Ils ont donné leur vie en oblation, d'abord sans s'en douter, puis par habitude et enfin par résignation ou par religion (Amiel, Journal, 1866, p.65): 2. ... ce prêtre soldat, ces hommes dont quelques-uns seraient tués peut-être le soir, qui le savaient et s'en remettaient au tout-puissant, et l'imploraient pour leur pays et les êtres chers quittés plus que pour eux-mêmes: l'heure, le lieu, le moment, cette ambiance si lourde d'avenir, dégageaient une impression d'oblation entière et consentie, inoubliable.
Pesquidoux, Livre raison, 1932, p.162. B. − P. ext. 1. Littér. Tout don ou sacrifice. Mon oncle de Bedée me fit parvenir quarante écus, oblation touchante de ma famille persécutée (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.444).Mais la dépravation, de simplement monstrueuse qu'elle était, devient excessive si les objets offerts d'une part et franchement acceptés de l'autre sont d'usage intime (...). L'oblation d'une chemise, par exemple, crie vers le ciel (Bloy, Femme pauvre, 1897, p.111). 2. PSYCHANAL. Don de soi. [La conscience morale] se trempe peu à peu dans les renoncements successifs qui mènent de la captation à l'oblation, depuis la discipline sphinctérienne du premier âge, en passant par l'acceptation du sevrage, la victoire sur la crise de personnalité et de possessivité de la troisième année (Mounier, Traité caract., 1946, p.682). Prononc. et Orth.: [ɔblasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «action d'offrir à Dieu» oblatiun (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 39, 9); 2. 1385-96 «offrande pour un mort» (Eustache Deschamps, Le Miroir de mariage, 10326, éd. G. Raynaud, IX, 332); 3. 1559 «offrande ayant le caractère d'un sacrifice» (Amyot, Pél., 38 ds Littré); 4. 1651 «partie de la messe où le prêtre offre à Dieu le pain et le vin, avant de les consacrer» (Pascal, Lett. sur la mort de son père ds Littré); 5. 1660 «don fait à l'église par les fidèles» (Cardinal de Retz, Lettres épiscopales, éd. Ad. Régnier, t.6, p.351). Empr. du lat. eccl. oblatio «action d'offrir; offrande» (Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 42. |