| OBJECTEUR, subst. masc. A. − Littér. Celui qui fait des objections. Il ne s'anime que lorsque la conversation touche à la politique, qu'il a devant soi non pas un contradicteur, certes un objecteur (...) mais seulement un tiède (Arnoux, Solde,1958, p.92). B. − DR. Objecteur (de conscience). Citoyen qui refuse d'accomplir ses obligations militaires par respect de convictions religieuses, philosophiques ou politiques. L'obligation militaire a néanmoins laissé place, en 1963-64, à l'exception de l'objection de conscience dans des conditions s'efforçant de n'accueillir que les objecteurs d'une part convaincus, d'autre part ne refusant pas toutes les formes de solidarité nationale et prêts enfin à faire un certain nombre de sacrifices pour respecter leur conviction (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p.53): . Des militants de l'antimilitarisme comme des pacifistes comprirent que la défense de la nation et de la justice ne faisait qu'un et que cette défense exigeait parfois que l'on prenne les armes. Des objecteurs de conscience voulurent être des soldats.
Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p.137. − P. anal. J'ai le mauvais esprit de croire qu'il y a des objecteurs d'orthographe comme il y a des objecteurs de conscience, et qu'ils ne rêvent que d'écrire sémafore (Lancelot, Défense de la lang. fr.ds Le Temps, 20 oct. 1938).[La France] rencontre la «politique contractuelle», l'«impératif industriel», puis les «objecteurs de croissance» (Le Point,20 août 1979, p.69, col. 1). Rem. L'anal. entre objecteur d'orthographe ou objecteur de croissance et objecteur de conscience est essentiellement formelle. Dans le cas d'objecteur de conscience on signifie que l'oppos. est motivée par des raisons de conscience, tandis que dans objecteur d'orthographe ou objecteur de croissance, on signifie que l'oppos. est dirigée contre l'orthographe ou contre la croissance ou se développe dans le domaine de l'orthographe ou celui de la croissance. Prononc.: [ɔbʒ
εktoe:ʀ]. Étymol. et Hist. I. 1777 «celui qui fait des objections» (Beaumarchais, Mémoire particulier ds Coménie, Beaumarchais et son temps, 2, 561). II. Ca 1925 objecteur de conscience (d'apr. Rey-Gagnon Anglic.); cf. 1933 (Morand, Londres, p.65); 1933 objecteur (Gide, Journal, p.1180). I dér. de objecter*; suff. -eur2*. II trad. de l'angl. conscientious objector (1899 ds NED) «celui qui refuse au nom de sa conscience, de se soumettre à certaines obligations imposées par l'État (ici la vaccination obligatoire)». C'est ainsi que furent appelés en Afrique du Sud en 1906 les Asiatiques de toute race et de toute religion qui prêtèrent un serment de «résistance passive» à l'égard du gouvernement qui les persécutait (cf. R. Rolland, Mahatma Gandhi, Paris, Stock, 1924, p.22); l'expr. angl. est comp. de conscientious «qui obéit à la conscience morale» lui-même empr. au fr. consciencieux* en 1611 (Cotgr.) et de objector, dér. de to object (lat. objectare, v. objecter) «s'opposer à quelque chose, protester contre quelque chose». Bbg. Gohin 1903, p.242. _ Quem. DDL t.18. |