| NUIT, subst. fém. I. − [Nuit en tant qu'absence de lumière] A. − 1. Obscurité dans laquelle se trouve plongée la surface de la Terre qui ne reçoit plus, à cause de sa position par rapport au soleil, de lumière solaire. Nuit avancée, épaisse, noire, obscure, opaque, pâle, profonde, tombante, tombée, venue; nuit de pleine lune; nuit sans étoiles, sans lune; à la faveur de la nuit; l'approche, l'entrée, la fin, la tombée de la nuit; c'est la nuit, il fait nuit; la nuit s'achève, s'annonce, s'approche, arrive, avance, monte, tombe, vient. La nuit descend sur l'astre qui se lève (Hugo,Légende,t. 5, 1877, p.1145).Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure (Apoll.,Alcools,1913, p.45).Alors il sentit qu'il ne pouvait pas rentrer comme cela, qu'il fallait tenter encore quelque chose, qu'il fallait épuiser la nuit, et que c'est seulement quand il rentrerait dans le plein jour que la nuit aurait dit non (Montherl.,Célibataires,1934, p.851): 1. Deux compagnies de rouges furent «arrêtées» encore. Raboliot, vers chacune, envoya ses deux coups, le premier sur les perdrix blotties, le second dès l'envol, à un mètre de terre. Une seule bête échappa, que le faisceau suivit longuement, pourchassa aux profondeurs de la nuit.
Genevoix,Raboliot,1925, p.257. ♦ À la nuit close*. ♦ Nuit claire. Nuit éclairée par la lune et les étoiles. Le lendemain de l'exécution, il était nuit, mais une nuit des Tropiques, une belle nuit claire et transparente, inondée de la molle clarté de la lune (Sue,Atar-Gull,1831, p.25). − Poét. L'astre, la déesse, le flambeau de la nuit. La lune. Les feux, les flambeaux de la nuit. Les étoiles. Dès qu'il fut reçu que Délos avait donné naissance au soleil, dieu du jour, on en fit, comme de raison, la patrie de la lune, sa soeur, déesse de la nuit (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.288).Mais bientôt s'avançant sans éclat et sans bruit, Le choeur mystérieux des astres de la nuit (Lamart.,Médit.,1820, p.68). − Par allégorie. [Avec ou sans majuscule] La nuit personnifiée. Les cheveux, le front, le regard de la Nuit. On rencontrera (...) des personnages allégoriques: la Renommée, le Temps, la Nuit, la Mort, l'Amitié (Chateaubr.,Natchez,1826, p.104).Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche (Baudel.,Fl. du Mal,1861, p.134). − Proverbe. La nuit, tous les chats sont gris. De nuit, les choses et les êtres se distinguent difficilement. Rem. La nuit et le jour, le jour et la nuit. V. jour I C rem. 2. P. anal., PEINT., SCULPT. OEuvre d'art représentant cette obscurité ou évoquant une scène ou un paysage de nuit. La Nuit de Michel-Ange: 2. Dans ses estampes, généralement de grand format, et particulièrement dans celles d'après Rembrandt La Ronde de nuit, 1886, tous les procédés sont mis en oeuvre pour concourir à l'effet...
Dacier1944, p.118. ♦ Effet de nuit. Effet par lequel un peintre cherche à imiter l'obscurité de la nuit. (Dict. xixeet xxes.). V. supra ex. 2. ♦ Bleu de nuit ou bleu nuit. Bleu foncé. Par les hautes fenêtres d'un bleu de nuit ouvertes sur la lagune, les maillons lunaires qui montaient de l'eau toute proche bougeaient sur les voûtes comme un faible murmure de clarté (Gracq,Syrtes,1951, p.106).Marron, moutarde, bleu nuit, «dans l'incarnat», et cette marée flavescente d'un champ de colza (Vient mai), elles [les étendues monochromes des toiles de Tal-Coat] escortent la marche des heures et des saisons (Matin, Tombée de jour, Proche hiver: aucun titre n'est gratuit) (Le Monde dimanche,30-31 mai 1982, p.8, col. 3-4). Rem. Dans le domaine des couleurs, nuit renvoie à la couleur noire. Derrière le tribunal, les dames en toilettes claires semblaient de pâles visions aux yeux dévorants, tandis que les robes des nombreux avocats faisaient une grande tache de nuit, qui peu à peu mangeait tout l'espace (Zola, Paris, t.2, 1897, p.137). C'est une véritable beauté, et si peu anglaise! une peau mate, dorée par-ci, par-là; des cheveux couleur de nuit (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.93). B. − [P. réf. à l'obscurité originelle] 1. [Symbole de destruction (oubli, mort, néant, etc.)] La nuit du chaos; la nuit du tombeau; la nuit éternelle. Ce pauvre Gustave! Il nous manque, il est tombé dans la profonde nuit de la mort! (Krüdener,Valérie,1803, p.214).Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe, En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe, Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons (Hugo,Chants crépusc.,1835, p.38). ♦ Nuit et brouillard. ,,Termes employés par les Allemands pour qualifier certains détenus politiques arrêtés pendant la Seconde Guerre mondiale et qui étaient destinés à périr au plus vite et sans laisser de traces dans des camps d'extermination`` (Lar. encyclop.). 2. [Symbole d'ignorance et d'obscurantisme] La nuit des âges, des temps. Cette nation, qui semblait au moment de se dissoudre, recommençait un monde, comme ces peuples sortant de la nuit de la barbarie et de la destruction du moyen âge (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.12).Mon doute, amas de nuit ancienne s'achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois mêmes, prouve, hélas! que bien seul je m'offrais Pour triomphe la faute idéale de roses (Mallarmé,Poés.,1898, p.50). ♦ Nuit obscure: 3. Habituée [l'âme] pour un temps à l'éblouissante lumière, elle ne distingue plus rien dans l'ombre. Elle ne se rend pas compte du travail profond qui s'accomplit obscurément en elle. Elle sent qu'elle a beaucoup perdu; elle ne sait pas encore que c'est pour tout gagner. Telle est la «nuit obscure» dont les grands mystiques ont parlé, et qui est peut-être ce qu'il y a de plus significatif, en tout cas de plus instructif, dans le mysticisme chrétien.
Bergson,Deux sources,1932, p.245. 3. [Symbole de la condition humaine (destin tragique, esclavage, malheur, impureté, aveuglement, etc.)] Je voudrais qu'elle ne s'effarouchât point de l'amour, que le baiser ne fût pas pour elle le secret des nuits, la chose honteuse, à laquelle il ne faut pas penser, bien que ce soit bon (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.75).Cette voix que j'ai entendue du fond de la nuit où je suis étroitement enveloppée depuis ma naissance comme dans un voile (Claudel,Père humil.,1920, iii, 2, p.531). 4. [Symbole du mal] Une lampe survit au cancer de la nuit (Saint-John Perse,Exil,1942, p.274). ♦ L'ange des nuits. Le démon. Le fils de Dieu n'est ici que le fils de l'homme (...) se demandant si Dieu est mort, si Dieu n'a pas succombé sous l'ange des nuits, et substituant ainsi à la notion de destin celle d'un manichéisme, mais où triomphe enfin le principe mauvais et qui s'achève non par une fin de Satan, mais par une fin de Dieu (Durry,Nerval,1956, p.52). C. − Obscurité, ténèbres dans lesquelles est plongé un endroit particulier par manque plus ou moins grand de lumière. La nuit d'une cave, d'un corridor, d'une ruelle. Il faisait nuit dans l'écurie quand la cloche sonna le dîner (Châteaubriant,Lourdines,1911, p.259). − Au fig. [Nuit va de l'absence de perception proprement visuelle jusqu'à l'aveuglement du coeur et de l'esprit] La nuit de l'esprit humain. Il marchait au hasard, chancelait et butait, incertain, et les mains un peu en avant, au long des trottoirs inégaux. Il n'était pas encore familiarisé avec la nuit de ses yeux (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.208).Quand aurons-nous fini d'asservir la terre et le ciel à la tristesse du péché? La vraie nuit n'est pas cette nuit charnelle, interprète et complice du désir. Nous avons détourné le monde visible de sa fin véritable, comme au long de notre vie, nous avons fait de toute créature vivante qui intéressait notre coeur (Mauriac,Journal 2,1937, p.117): 4. N'ayez pas peur que cette suite de petits cris éteints et affaiblis qui composent un livre de philosophie nous en apprenne trop sur l'univers pour que nous ne puissions plus y vivre. Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur, tandis que l'ignorant reste tranquillement au milieu de la chambre.
A. France,Jard. Épicure,Paris, Calmann-Lévy, 1927 [1895], p.431. II. − [Nuit en tant qu'espace de temps] A. − Espace de temps qui s'écoule, en un lieu donné de la terre, depuis la disparition de la lumière qui suit le coucher du soleil jusqu'à l'apparition du jour qui précède le lever du soleil. 1. [Expression d'une durée] Jour et nuit, nuit et jour; ni jour ni nuit (v. jour II A); de (toute) la nuit, de nuit, pendant une ou deux nuits; ouvert la nuit; une grande nuit; une nuit courte, entière, longue; la première partie de la nuit, le reste de la nuit. Rarement une nuit entière s'écoulait sans qu'il leur vînt faire, son falot à la main, deux ou trois visites d'amitié (Courteline,Train 8 h 47,1888, 3epart., iii, p.236).Il passa la nuit dans le jardin du petit château qu'habitait le général (Maurois,Silences Bramble,1918, p.153): 5. En vérité, je vous le dis, à moins que vous ne vouliez être surpris par l'ouragan, veillez, veillez sans cesse, prêtez l'oreille à tous les bruits, soyez nuit et jour sur vos gardes, n'ayez ni repos, ni trêve, ni répit, et puis tenez vos malles prêtes, afin de n'avoir plus qu'à les fermer au premier coup de tonnerre qui partira de l'horizon.
Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.222. ♦ Nuit polaire. [Dans les régions polaires] Période pendant laquelle le soleil ne se lève pas au-dessus de l'horizon: 6. Là, ils avaient passé des hivers parmi les Hyperboréens blottis dans leurs huttes sordides, puantes, à peine éclairées, et rythmé avec eux l'interminable nuit polaire par la préparation des engins de pêche, de chasse et de commandement, bois de rennes, mâchoires de rennes et de phoques, os de baleine qu'ils gravaient d'images précises comme les souvenirs de leur vie monotone qui recommençait chaque année avec le retour du soleil pâle.
Faure,Hist. art,1912, p.239. P. anal. Nuit extrêmement froide. En Assyrie (...), le régime des inondations nourricières moins régulier qu'en Égypte, un limon malsain, des nuits polaires, une chaleur atroce dans le jour (Faure,Espr. formes,1927, p.99).Rem. En dehors de l'expression du temps, il est à remarquer que les adj. qualifiant nuit ont trait aux rigueurs de la température (froide, glacée, glaciale, etc.). ♦ Expr. Il ne passera pas la nuit. [En parlant d'un malade dont l'état désespéré fait craindre qu'il ne puisse pas vivre jusqu'au matin] Le lendemain du jour où il vous écrivit, sa poitrine et sa tête s'embarrassèrent tellement, que le médecin craignit qu'il ne passât pas la nuit (Krüdener,Valérie,1803, p.274). ♦ La nuit porte conseil. Après une bonne nuit, on est mieux à même de prendre une sage décision. Comme la nuit porte conseil Thomas remit au lendemain le fils Le Berre (Queffélec,Recteur,1944, p.185). − En partic. ♦ DR. Espace de temps qui s'étend de 21 heures à 6 heures. Le domicile est inviolable la nuit; en cas de vol, la nuit est une circonstance aggravante (Lar. encyclop.). ♦ ÉCON. TOURISTIQUE. Nuit (d'hôtel). V. nuitée.Le prix de deux nuits. Le fait de ne retenir que les nuits d'hôtel élimine les séjours tels que séjours de famille, en meublé ou de camping qui sont les séjours les plus longs (Tour. Fr.,1960, p.16). 2. [Expression d'un moment, d'une date plus ou moins déterminés] Au début, à la fin, au milieu de la nuit; à la nuit, en pleine nuit; la dernière, la précédente, prochaine nuit; la nuit suivante; la nuit de tel jour, tel mois; par une nuit d'été, d'hiver, etc.; la nuit du Vendredi Saint; une nuit, l'autre nuit. Joséphine, prenez-y garde, une belle nuit, les portes enfoncées, et me voilà (Napoléon ier, Lettres Joséph.,1796, p.60).Dans la nuit d'hier, une tornade avortée; on étouffe (Gide,Voy. Congo,1927, p.758): 7. Depuis cette nuit de Noël où il a parlé avec tant d'audace, le curé de campagne n'a jamais voulu reprendre un entretien auquel il ne pense plus sans un certain embarras.
Bernanos,Soleil Satan,1926, p.139. − En partic., HIST. La nuit du 4 Août [1789]. Celle où fut décrétée l'abolition des privilèges. ♦ P. anal.: 8. −En tout cas, dit David, l'affaire est réglée, Roubaix ne travaillera pas. −Même Gayet a voté pour l'arrêt! lui dont l'usine tournait. −C'est magnifique, s'exclama l'abbé Sennevilliers. Une espèce de nuit du 4 août!
Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.136. B. − Espace de temps consacré au sommeil ou à une activité particulière. 1. [Nuit normalement consacrée au sommeil] Nuit sans sommeil; nuit affreuse, pénible, troublée; mauvaise nuit, bonne nuit; je vous souhaite bonne nuit, p.ell. bonne nuit (v. bonsoir); dormir sa nuit, se réveiller la nuit. Jean Valjean se jeta tout habillé sur son lit et ne put fermer l'oeil de la nuit (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.532): 9. Allons, Monsieur Bernard, bonsoir et bonne nuit! dit le Marquis en le saluant de la main; que Monsieur votre père vous envoie de là-haut de doux rêves!
Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.162. ♦ Nuit blanche. Nuit que l'on passe sans dormir ou sans pouvoir dormir. La nuit blanche existe. Elle est rare, mais elle existe. Les neuro-psychiatres disent la constater une fois, deux fois, pas plus, chez certains de leurs patients (...). Mais il y a aussi, beaucoup plus fréquente, la pseudo-nuit blanche, celle qui vous fait dire: «Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit», alors que la personne qui partage votre lit vous assure que c'est faux et que vous avez même ronflé légèrement (Madame Figaro,30 mars 1985, p.104, col. 2). 2. [Nuit consacrée à l'amour, au plaisir] Nuit d'amour, de débauche, de noce(s), de plaisir; folles nuits; passer la nuit avec un homme, une femme. Il prétendait passer ses nuits dans le lit des servantes et se vantait d'avoir vu, de ses yeux, la marquise de Chamarante toute nue (Boylesve,Leçon d'amour,1902, p.33): 10. À Andernach, en avril 1941, la Gestapo vint cueillir au lit chez une Allemande, dénoncée par une de ses voisines, un prisonnier qui avait accoutumé d'y passer les nuits...
Ambrière,Gdes vac.,1946, p.207. 3. [Nuit consacrée à une occupation, à un travail, etc.] Nuit de garde, de veille; nuit passée à...; passer la nuit à (lire, écrire, etc.). Toutes les nuits passées à pleurer (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.294): 11. En 1801, dans une époque qui ne manquait pas d'événements sensationnels, les deux jeunes gens trouvèrent que celui-là était assez important pour qu'ils fissent une nuit de marche.
Béguin,Âme romant.,1939, p.102. ♦ MAR. Nuit franche. Nuit pendant laquelle on est dispensé de quart. (Dict. xixeet xxes.). − VÉN. Faire sa nuit. Venir au gagnage (d'apr. Vén. 1974). C. − De nuit. 1. Qui s'effectue, se déroule la nuit. Garde de nuit; fête, surveillance, vol de nuit: 12. Depuis un an, il y travaillait en bon ouvrier, sobre, silencieux, faisant une semaine le service de jour et une semaine le service de nuit, si exact, que les chefs le citaient en exemple.
Zola,Germinal,1885, p.1253. − Domaines partic. ♦ DR. DU TRAVAIL. Travail de nuit. ,,Le travail de nuit est interdit dans toutes les professions aux femmes et aux enfants`` (Barr. 1974). ♦ RELIG. Office de nuit. V. nocturnal. 2. Qui exerce des fonctions pendant la nuit. Équipe de nuit; gardien de nuit: 13. Et pas un des personnages qu'il fit passer sur la scène, non pas même le veilleur de nuit et le sergent du guet, ne se montra à mes yeux sans y laisser une vive image.
A. France,Vie fleur,1922, p.385. ♦ Être de nuit. Assurer un service de nuit. (Dict. xxes.). 3. Qui trouve, la nuit, son utilité, sa fonction, sa raison d'être. Asile de nuit; boîte de nuit; bonnet de nuit; chemise de nuit; sonnette, vase de nuit: 14. Il distinguait l'odeur des rideaux de cretonne, à laquelle se mêlait ce soir une pointe acide, qui lui parut peu agréable tant qu'il l'attribua à la fièvre, mais qu'il respira joyeusement dès qu'il eut aperçu le citron coupé dans une soucoupe sur la table de nuit.
Martin du G.,Thib.,Mort père, 1929, p.1323. 4. [En parlant d'animaux, de plantes] Qui a une vie nocturne. Son regard passa par-dessus ma tête, volant et se cognant aux coins de la pièce comme un oiseau de nuit égaré (Vercors,Silence mer,1942, p.72).Quand ils se taisaient, le souffle régulier de la jeune femme était sensible, dans la chambre, aussi léger que le battement d'ailes d'un papillon de nuit (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.167). REM. 1. Nuitard, subst. masc.,arg. Trieur de courrier travaillant la nuit. Le public est peu informé des conditions matérielles (inconfort, fatigue, salaires) que connaissent les postiers en général et les «nuitards» en particulier (Giraud-Pamart1971, p.165). 2. Nuiter, verbe intrans.Passer la nuit dans un endroit de fortune. Au début de l'automne Glèse qui s'était marié à la solitude au point de refuser un lit, rue Fichte, avait cru astucieux de nuiter, à la barbe de tout le monde, dans l'une des maisons déjà murées de l'impasse du Coq-Fou (J. Sulivan, Quelque temps de la vie de Jude et Cie,Paris, Stock, 1979, p.53). Prononc. et Orth.: [nɥi]. Homon. formes de nuire. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. la noit «temps qui s'écoule du coucher au lever du soleil» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 193); ca 1050 nuit (Alexis, éd. Chr. Storey, 75); 2emoitié du xes. et noit e di «nuit et jour, continuellement» (St Léger, éd. J. Linskill, 195); ca 1170 nuit e jor (Marie de France, Lais, Yonec, éd. J. Rychner, 222); 2. 1606 passer la nuit (à boire, etc.) (Nicot); 1694 il ne passera pas la nuit «d'un malade qui va mourir» (Ac.); 1774 passer une nuit blanche (MmeDu Deffand, Lettre à H. Walpole, t.IV, p.384 ds Pougens ds Littré); 3. 1160-74 de noit «pendant la nuit» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3676); 1510 travailler ... de nuyt (P. Gringore, La Coqueluche ds OEuvres, éd. C. d'Héricault et A. de Montaiglon, I, 191); 1959 être de nuit (Rob.); 4. 1655 «plaisir amoureux pris pendant la durée d'une nuit» (Molière, L'Étourdi, IV, 3); 5. 1874 «prix d'une nuit à l'hôtel» (Lar. 19e). B. 1. Fin xes. «obscurité» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 310); 2. 1604 la nuict du tombeau «la mort» (Montchrestien, Aman, éd. P. de Julleville, p.257); 3. 1611 «ténèbres, aveuglement physique et moral» (M. Régnier, Plainte ds OEuvres, éd. G. Raibaud, p.246); 1669 «condition obscure» (Racine, Britannicus, II, 3); 4. 1621 «tableau qui représente une scène de nuit» (R. Francois, Merveilles de nature, 313, 314); 5. 1682 la nuit des tems (La Fontaine, Belphégor ds Contes et Nouv., éd. P. Clarac, II, p.244). Du lat. noctem, acc. de nox «nuit», «repos de la nuit», «obscurité», «nuit éternelle, ténèbres». Fréq. abs. littér.: 38991. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)45059, b)60428; xxes.: a) 64142, b) 56425. Bbg. Angenot (M.). La Nuit du surréel. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1969, t.7, no12, pp.181-196. _ Bellenger (Y.). La Journée et ses moments ds la poésie fr. du 16es. Lille. Paris, 1975, pp.54-56, 277-295, 354-363, 492-503. _ Genette (G.). Le Jour, la nuit. Langages. Paris. 1968, no12, pp.28-42. _ Gilliéron (J.). Pathol. et thérapeutique verbales. Genève-Paris, 1977, pp.8-10. _ Quem. DDL t.13, 15, 16, 21, 22. |